Les 1231 critiques de Thierry Bellefroid sur Bd Paradisio...

La légende de Potosi par Thierry Bellefroid
« La légende de Potosi », par Toppi. Chez Mosquito.

Mosquito poursuit sa traduction de l'oeuvre de ce grand monsieur de la BD italienne qu'est Toppi. Avec, cette fois, un album entièrement réalisé en couleur directe, ce qui est rare. Ne boudons donc pas notre plaisir et plongeons dans cet univers graphique éblouissant. Les pages sont d'un équilibre absolu, tendues vers une sorte de quête esthétique pure sans pour autant sacrifier la narration sur l'autel de la beauté. La force de Toppi est là : chaque planche peut être exposée telle quelle. Mais ces tableaux à la Klimt sont toujours au service de l'histoire, jamais gratuits. La couleur ajoute à la magie, d'autant qu'elle est très réussie sur cet album, plus en tout cas que sur certains travaux où la gamme chromatique de Toppi pouvait paraître à la limite du mauvais goût. Cet univers personnel, reconnaissable au premier coup d'oeil, est basé sur les volumes et les chocs visuels ; peu d'auteurs pourraient l'imiter.
L'histoire est sans doute l'une des plus intéressantes de celles écrites par Toppi lui-même (rappelons qu'il a également réalisé des adaptations comme le fameux Sharaz-De inspiré des Contes des Mille et Une Nuits, dont une suite est annoncée dans l'année à venir). Elle nous emmène entre réalité historique en pays Inca et imaginaire presque fantastique, sur les traces d'un garçon qui part d'Espagne réaliser son destin et finit sa quête sur une montagne des Andes. Ce récit épique et presque philosophique est mené de main de maître par un Toppi qui reste injustement méconnu hors d'Italie.
Kuklos par Thierry Bellefroid
« Kuklos », de Sylvain Ricard et Christophe Gaultier. Dans la collection Latitudes des éditions Soleil.

« Banquise », premier album du duo paru dans la même collection Latitudes, avait séduit par son côté déjanté, sa fougue, son univers original et irrévérencieux. Mais il pouvait énerver par sa violence gratuite. Prenant le parfait contrepied, les auteurs redonnent dans le récit hyper violent, mais en racontant, cette fois, un tragique épisode de la vie du Sud américain où le Ku Klux Klan occupe toute la place. Ça gicle pas mal, on dérouille, on branche, on bastonne, on traite tous les noirs de négros, on colporte la haine à toutes les pages dans une dévotion qui en rendra plus d'un malade. A tel point que certains ne manqueront pas de se demander comment un éditeur d'origine algérienne qui a eu maille à partir avec le racisme ambiant a pu éditer un tel album. Sans doute le juge-t-il utile au débat. C'est vrai que ce qui apparaît comme l'apologie de la défense de la race blanche n'est qu'une manière de montrer où mène cette violence. Et c'est sans doute là que le lecteur est un peu perdu. Après avoir épousé les causes du Klan pendant près de 80 pages, le héros est tout simplement puni comme il le mérite. Un peu facile, évidemment. Cette fin moralisatrice apparaît presque comme une pirouette justifiant le choix du sujet. Je ne dis pas ici que les auteurs éprouvent quelque sympathie que ce soit à l'endroit du Klan ou du racisme. Je n'en sais rien. Mais la lecture de leur album laisse planer un certain doute, on sent qu'il y a davantage une envie d'explorer des univers glauques et de jouer à se faire peur, ou à provoquer, qu'une démarche intellectuellement assumée. Quoiqu'il en soit, « Kuklos » se lit comme on regarde un film dur, avec un mélange trouble de dégoût et de fascination morbide. L'histoire est celle de l'arroseur arrosé. Les membres du Klan sont victimes de leurs déchirements internes et finissent par payer leur arrogance, mais rien ne se règle hors de la loi du Talion, oeil pour oeil, main tranchée pour doigt coupé. Le graphisme de Christophe Gaultier, tranchant comme le propos, ne parvient pas à faire oublier un instant l'influence de de Crécy. Mais le disciple est doué.

NOTE BD PARADISIO :
La critique de « Kuklos » qui précède a provoqué de vives réactions, quelques heures à peine après sa mise en ligne. Le scénariste, Sylvain Ricard, s’est senti visé, voire diffamé par mes propos. Ceci n’est pas un droit de réponse que lui accorde BD Paradisio - il ne l’a d’ailleurs pas demandé - mais une mise au point. Il semble que je me sois mal exprimé et je m’en excuse auprès des auteurs. Je n’ai jamais voulu insinuer qu’ils adhéraient aux thèses du Klan, mais seulement voulu mettre le lecteur en garde face à un propos et un parti-pris scénaristique qui peuvent mettre mal à l’aise. Je ne déconseille nullement la lecture de cet album, au contraire ; les auteurs ont réussi le tour de force de se mettre dans la peau de héros « indéfendables ». Et si certains ont pu croire que je sous-entendais que Sylvain Ricard et Christophe Gaultier nourrisaient des sympathies pour les thèses d’extrême-droite, qu’ils sachent que je me mettais simplement dans la peau d’un lecteur « lambda » qui pouvait se poser la question si, comme moi, il ne connaissait rien des opinions politiques des auteurs. C’était maladroit.
Voilà qui devait être dit.

Pour ceux qui veulent en savoir plus, des extraits de la correspondance échangée ces dernières 24 heures entre Sylvain Ricard et moi se trouvent ici sur le site.

Thierry Bellefroid
Parapluie par Thierry Bellefroid
« Parapluie », par Joann Sfar. A L'Association.

Lire et relire les carnets de Joann Sfar, voilà une saine activité pour l'esprit. Non seulement, ils vous permettent de pénétrer le monde -pour ne pas dire l'âme- d'un des meilleurs créateurs du moment. Mais en plus, vous recevez en pleine poire des petits dessins qui n'ont l'air de rien et qui sont souvent de véritables bijoux. Pour avoir vu l'auteur dessiner tout en parlant dans un de ses carnets, je peux dire qu'il n'exagère pas ; non seulement Joann dessine à main levée, sans crayonné (il a suffisamment expliqué pourquoi il était contre cette technique dans ses fameuses leçons de dessin reprises dans « Ukulele », le volume précédent) mais en outre, il dessine comme il respire. Dans « Parapluie » comme dans les deux canrets qui l'ont précédé, la franchise de Joann Sfar s'xprime à travers une joyeuse irrévérence. En guerre totale avec les cons de tous bords -parfois à tort, mais c'est ce qui rend le personnage intéressant-, l'auteur se prend à rêver plus souvent qu'à travailler, et s'épanche sur les siens, la musique, l'art en général, mais aussi la circoncision ou le sexe. Anecdotes de bistrot, soirées entre amis, repas de lobbying, tout est disséqué, raconté, commenté. Jamais gratuits, ses bavardages sont toujours un moment de jubilation, car Joann aime autant s'écouter parler dans ses carnets que dans la vie. Et il sait y faire ! Le seul reproche qu'on lui fera peut-être : de temps en temps, la subjectivité semble avoir bon dos pour présenter de lui ou des événements racontés l'image la plus positive. Pour le reste, de la philosophie à l'introspection, de la critique artistique au journal de bord familial, « Parapluie » est, comme « Ukulele » et « Harmonica », une auberge espagnole. Les lecteurs paresseux n'y trouveront à peu près rien, les autres, rien... que du bonheur.
« Robinson, c'est tous les jours vendredi », par Jak et Myriam. Chez Petit à Petit.

Voilà un album réjouissant, frais et drôle. Partant d'une situation connue, celle de Robinson et de son disciple Vendredi perdus sur une île déserte, l'auteur s'amuse à semer le trouble. Comment ? En jouant sur l'incompréhension entre les deux personnages. Robinson, convaincu de sa supériorité, se désespère d'apprendre sa langue à Vendredi. Le disciple ressent exactement l'inverse. La différence, c'est que Vendredi est non seulement plein de bon sens, mais qu'en plus, il se fait comprendre de tous les animaux de l'île. Résultat, cette incompréhension mutuelle permet des gags basés sur un vieux principe : quand deux hommes parlent de la même chose sans se comprendre, l'un des deux finit toujours par faire exactement le contraire de ce qu'il doit. Le gag final en est la parfaite illustration. Bien sûr, tout cela est sans prétention, vite lu, totalement fantaisiste puisque sur l'île déserte coexistent des espèces qui ne vivent même pas sur le même continent. Qu'importe, l'essentiel est de s'amuser, ce qu'on fait à la lecture de ce petit livre joliment dessiné et habilement dialogué.


Un départ précipité (Jules) par Thierry Bellefroid
« Un départ précipité », une épatante aventure de Jules, par Emile Bravo. Chez Dargaud.

Jules est à la BD de la première adolescence (dix ans et plus) ce que Jojo est à l'enfance : un must. Mettez cette BD dans les mains d'un gosse de dix-onze ans, il va dire : c'est génial, t'en as d'autres ? (j'ai fait l'expérience)
Pourquoi ? Parce qu'Emile Bravo parvient à combiner avec un rare talent des éléments indispensables pour accrocher son public. Le premier est de ne pas prendre ses lecteurs pour des cons, si vous me permettez l'expression. Jules, c'est tout sauf de la BD idiote, gratuite. Chaque album repose sur une importante documentation et des connaissances que l'auteur a si bien digérées qu'il les « régurgite » dans ses BD sans que les gosses s'aperçoivent qu'ils apprennent en lisant. Ensuite, il y a l'identification. Chaque personnage est à sa place et permet, tant aux garçons qu'aux filles, de vivre l'aventure par procuration. Enfin, il y a l'humour. Léger, bien dosé, il est suffisamment présent pour alléger le propos d'une histoire comme celle-ci, basée sur la confrontation avec la mort. Car Emile Bravo n'a pas peur de prendre le taureau par les cornes. Puisque les jeunes adolescents -les moins jeunes aussi, d'ailleurs- sont souvent obsédés par la mort mais n'ont généralement pas encore eu l'occasion de l'expérimenter autour d'eux, pourquoi ne pas aborder ce sujet grave sur un mode apparemment ludique ? Jules voit donc la disparition prochaine de son cochon d'Inde comme la fin du monde et est prêt à tout pour le sauver du cancer qui le ronge. Les ados ne sont pas si cons ; ils auront vite fait le rapprochement avec leur propre univers. Les uns avec leur chien ou leur chat, les autres, si la situation l'exige, avec l'un ou l'autre proche, déjà malade. Et que leur apprend cette BD ? Qu'il ne fat pas vouloir lutter contre l'inéluctable, que la transgression de certaines règles ne peut mener qu'à l'échec. Tout ça sans jamais friser le ton moralisateur ou didactique qui pourrait tout gâcher. Merci Monsieur Bravo, pour ces parents qui ne savent pas comment parler de la mort à leurs enfants et que vos petits Mickey ont peut-être contribué à tirer d'un mauvais pas.
Powers - T. 2 (Powers) par Thierry Bellefroid
« Powers 2 », par Brian Michael Bendis et Michael Avon Oeming. Chez Semic.

La suite de l'un des meilleurs comics du moment. « Powers », c'est du thriller réaliste sur fond de fantastique. Une grande ville des Etats-Unis, une brigade qui enquête sur des crimes en série et l'ombre de super héros désormais hors la loi qui plâne sur le tout. Dans le milieu du jeu de rôle entre étudiants, pourtant, certains cultivent la nostalgie des panoplies de Triphammer, Diamond ou Zora. Ils vont y laisser leur peau, ce qui nous vaut une nouvelle enquête de Christian Walker et Deena Pilgrim. Une enquête tout sauf banale, avec ce découpage si particulier de Brian Michael Bendis, capable de se servir aussi bien de la page entière, de ses contours ou des deux pages en vis-à-vis pour raconter une séquence ou plusieurs séquences simultanées. Parfois, son défaut est d'être exagérément bavard au risque de perdre le lecteur en route. Mais très souvent, au contraire, le dialogue supplante l'action. Les personnages cachent leurs failles, les relations entre eux sont toujours un peu troubles, les limites légales ne le sont pas moins. Mais de ce magma étrange, on ressort à chaque fois avec cette impression d'avoir lu autre chose, d'avoir pénétré un monde que la BD franco-belge ne pourra jamais qu'effleurer.
« Maudit soit le fruit de ses entrailles », tome 5 de Sambre, par Yslaire. Chez Glénat.

Que dire encore de cette série mythique que des milliers de lecteurs -et de lectrices- attendent patiemment depuis des années ? Ce deuxième cycle commence sur un mode plus sombre encore que le premier. De romantique, le qualificatif qu'on a pu appliquer à tort à la série à ses débuts, elle devient dramatique, dans le sens le plus noble et le plus premier du mot. Car le drame, plus que l'aventure romanesque, permet à Bernard Yslaire de laisser les personnages se révéler. Et à la lecture de ce cinquième album, on se dit que l'auteur s'en est donné à coeur joie ! L'intensité dramatique croît à mesure qu'on s'approche de la dernière page, avec cette image que tout le monde redoute et qui relance « La guerre des yeux » sur un mode quasi oedipien. Mais elle n'est rien en regard de la profondeur presque désespérée des deux héroïnes. L'une, Julie, partagée entre la haine pour ses tortionnaires et l'espoir de revoir son fils. L'autre, Sarah, qui tente de se substituer à la mère naturelle et projette sur le fils de son frère la haine qu'elle voue à Julie. L'une est prisonnière, recluse, humiliée sans relâche. L'autre est aveugle et folle à lier. Toutes les deux, pourtant, renvoient une image de la mère et tentent de régler leurs comptes avec la vie. Le résultat est passionnant, intense, rendu tant par la virtuosité du scénario que par le dessin sans faille de Bernard Yslaire. Jouant sur les couleurs comme il l'a toujours fait, mais aussi sur les oppositions de décors et sur les cadrages, l'auteur confirme qu'il est un véritable metteur en scène. Comme le réalisateur de cinéma, il surveille à la fois la direction d'acteurs et la lumière, le rythme et la musique. « Sambre » est reparti pour un tour, et on est presque sûr que les lecteurs seront plus nombreux encore à attendre le suivant. Mais qu'ils ne s'emballent pas trop vite. En matière de délai de « confection », Bernard Yslaire peut presque rivaliser avec un certain Laurent Vicomte...
Char de fer par Thierry Bellefroid
« Le char de fer », de Jason, adapté de Stein Riverton. Chez Atrabile.

On s'était habitué aux histoires muettes de ce dessinateur norvégien inclassable. Et voilà que tout à coup, Jason se met à parler. Enfin, ses personnages se mettent à parler. La raison est simple. Jason a choisi cette fois d'adapter un roman, « Le char de fer », un classique de la littérature de son pays. Ecrit au début du vingtième siècle, le roman de Stein Riverton est une histoire policière finalement assez conventionnelle. Peut-être pas si classique pour l'époque, mais très proche de la plupart des enquêtes du genre que l'on voit en BD depuis des décennies. C'est sans doute pour cette raison que le lecteur n'a jamais le sentiment de se trouver face à l'adaptation d'un roman. Au contraire, le savoir-faire de Jason est tel qu'on oublie qu'il ne s'agit pas d'un scénario original. Le dessinateur n'a pas pour autant renié sa marque de fabrique. Comme dans ses histoires muettes, les corps humains de ses personnages sont coiffés de têtes animales, chiens ou oiseaux pour la plupart. Cela ne rend pas toujours aisée l'identification des personnages, surtout dans cette intrigue touffue, il faut donc être attentif pendant la lecture. Mais en revanche, cela contribue à une réappropriation complète de l'oeuvre. Une oeuvre que Jason a choisi d'amputer de sa partie narrative. Tout est raconté par le dessin et les dialogues, exit le narrateur de Riverton. Pour le reste, on retiendra le climat de cette histoire semi-campagnarde au début du siècle dernier et on ne se formalisera guère d'avoir très vite deviné qui était le coupable. Une belle adaptation, d'une lecture extrêmement linéaire, Jason privilégiant à de rares exceptions près des planches construites sur le modèle du gaufrier à six cases, avec un minimum de décor et une très jolie bichromie.
Anja (Le Jour des Magiciens) par Thierry Bellefroid
« Anja », tome 1 de la série « Le jour des magiciens », par La Neve et Nizzoli. Aux Humanoïdes Associés.

Voilà une histoire qui aurait pu passer inaperçue dans le catalogue d'un autre éditeur, si elle s'était trouvée noyée au milieu d'une kyrielle de titres d'héroïc fantasy. Mais les deux Italiens qui ont conçu cette série ont eu une idée intéressante. Plutôt que de faire s'affronter les magiciens dans des mondes imaginaires et intemporels, cette quête du pouvoir absolu entreprise par un magicien renégat se déroule en plein vingt et unième siècle, à Berlin. L'histoire mélange les ingrédients traditionnels de la fantasy à un univers tout à fait contemporain, réel. Cela ne leur en donne que plus de force. Le lecteur s'identifie à la pauvre Anja, victime involontaire des forces en présence ; le récit est clair, dépouillé, on y entre comme dans n'importe quel livre, sans passer par l'inévitable mise en place d'univers parallèles et de règles complexes que les scénaristes ne posent généralement que pour mieux les faire transgresser par leurs personnages. Bref, « Le jour des magiciens » se laisse lire. Il faut dire que La Neve est loin d'être un novice. En Italie, il a déjà réalisé les scénarios de centaines d'histoires, notamment pour la série Dylan Dog. Quant au dessin de Nizzoli, il réussit à jeter des ponts entre des graphismes que tout semble pourtant éloigner : Giardino, Manara et un zeste de Moebius. Une sauce qui prend plutôt bien. En espérant qu'elle ne retombe pas dès le deuxième tome !
« Le fortiche de la triche », neuvième tome de la série « L"élève Ducobu », par Zidrou et Godi au Lombard et « Chute des cours », tome 5 de la série « Les profs » par Pica et Erroc chez Bamboo.

La guerre de la rentrée scolaire se passe entre « Les profs » chez Bamboo et « Ducobu » au Lombard. Celui qui parviendra à supplanter l'autre dans les cours de récré se prendra à rêver de devenir un jour le nouveau Titeuf. Même si l'on peut douter que l'un comme l'autre parvienne jusque-là un jour, les tirages sont en hausse considérable et les objets dérivés fleurissent : agenda des Profs, classeurs, cartables et sacs à dos Ducobu dans les magasins Cora... La lutte est âpre ! Bamboo annonce avoir vendu 600.000 exemplaires des Profs depuis la création de la série, Le Lombard tire le nouveau Ducobu à 135.000... Mais à la lecture, il n'y a pas photo. L'une des deux séries piétine, l'autre avance.

Les Profs font du surplace, c'est évident. Après avoir convoqué une excellente brochette de personnages, Pica et Erroc sont en roue libre ; ils exploitent leur fond de commerce et allongent des gags qui sont de moins en moins drôles et de plus en plus répétitifs. Leur grande spécialité : dans tel cas, il y a les profs qui... et les profs..., suivi d'une série d'exemples caricaturaux et convenus en une case. A la longue, ça lasse ! La sauce ne prend plus et seuls les afficionados ou les nouveaux lecteurs prendront vraiment du plaisir à la lecture de ce cinquième album.

Quant à Ducobu, au contraire, il s'affine de page en page. Le dessin de Godi est fidèle à lui-même mais les scénarios de Zidrou, eux, sont plus subtils et plus drôles qu'auparavant. S'appuyant sur des personnages aux contours pourtant bien définis et connus du lecteur, Zidrou parvient à renouveler ses gags, même si la qualité est inégale. Les deux premières planches sont éculées jusqu'à la moelle, on craint le pire, et puis, heureusement, le reste décolle, grâce à une belle complicité entre le dessin et le scénario, exactement ce qui manque aux « Profs ». Ma série préférée de Zidrou reste « Choco », sans hésitation, mais il faut reconnaître que « Ducobu » l'a de loin supplantée au hit-parade des ventes de BD enfantines. Les cancres plaisent toujours.
Chute des cours (Les profs) par Thierry Bellefroid
« Le fortiche de la triche », neuvième tome de la série « L"élève Ducobu », par Zidrou et Godi au Lombard et « Chute des cours », tome 5 de la série « Les profs » par Pica et Erroc chez Bamboo.

La guerre de la rentrée scolaire se passe entre « Les profs » chez Bamboo et « Ducobu » au Lombard. Celui qui parviendra à supplanter l'autre dans les cours de récré se prendra à rêver de devenir un jour le nouveau Titeuf. Même si l'on peut douter que l'un comme l'autre parvienne jusque-là un jour, les tirages sont en hausse considérable et les objets dérivés fleurissent : agenda des Profs, classeurs, cartables et sacs à dos Ducobu dans les magasins Cora... La lutte est âpre ! Bamboo annonce avoir vendu 600.000 exemplaires des Profs depuis la création de la série, Le Lombard tire le nouveau Ducobu à 135.000... Mais à la lecture, il n'y a pas photo. L'une des deux séries piétine, l'autre avance.

Les Profs font du surplace, c'est évident. Après avoir convoqué une excellente brochette de personnages, Pica et Erroc sont en roue libre ; ils exploitent leur fond de commerce et allongent des gags qui sont de moins en moins drôles et de plus en plus répétitifs. Leur grande spécialité : dans tel cas, il y a les profs qui... et les profs..., suivi d'une série d'exemples caricaturaux et convenus en une case. A la longue, ça lasse ! La sauce ne prend plus et seuls les afficionados ou les nouveaux lecteurs prendront vraiment du plaisir à la lecture de ce cinquième album.

Quant à Ducobu, au contraire, il s'affine de page en page. Le dessin de Godi est fidèle à lui-même mais les scénarios de Zidrou, eux, sont plus subtils et plus drôles qu'auparavant. S'appuyant sur des personnages aux contours pourtant bien définis et connus du lecteur, Zidrou parvient à renouveler ses gags, même si la qualité est inégale. Les deux premières planches sont éculées jusqu'à la moelle, on craint le pire, et puis, heureusement, le reste décolle, grâce à une belle complicité entre le dessin et le scénario, exactement ce qui manque aux « Profs ». Ma série préférée de Zidrou reste « Choco », sans hésitation, mais il faut reconnaître que « Ducobu » l'a de loin supplantée au hit-parade des ventes de BD enfantines. Les cancres plaisent toujours.
« Le monstre des mers », une aventure du Professeur Stratus, par Counhaye, au Lombard.

Guy Counhaye a lu et relu Jules Vernes, c'est sûr. De « Vingt mille lieues sous les mers », il semble avoir gardé une nostalgie évidente. Son Professeur Stratus cumule toutefois les aventures marines et un un zeste de propos policier façon Agatha Christie. Une observation attentive du serpent géant qui est le héros de l'histoire et hop, le brave Professeur résoud l'énigme des bateaux coulés. L'histoire est limpide comme l'eau d'un lagon, la fin ne surprendra personne et la lecture, bien qu'agréable, semble surtout destinée à prolonger les souvenirs de nos lectures d'enfance. Même s'il est évident que la question de savoir à quoi sert un BD ne se pose pas lors de sa lecture, on ne peut s'empêcher d'y penser au moment de refermer ce genre de livre. Gentil, manichéen, nostalgique et même un brin passéiste, le récit de Guy Counhaye a les défauts de ses qualités : il est gratuit et aussi vite oublié que lu.
Là-bas par Thierry Bellefroid
« Là-bas », par Tronchet et Sibran. Dans la collection Aire Libre des éditions Dupuis.

A la question « peut-on émouvoir avec des gros nez ? », la réponse est désormais oui ! Tout le monde connaît le graphisme humoristique de Didier Tronchet. Qu'on se souvienne de Raymond Calbuth ou de Jean-Claude Tergal. Parfait pour se moquer de ces beaufs que Tronchet aime tant railler. Mais pour dessiner l'histoire d'une petite fille qui tente d'instaurer un dialogue avec un père brisé par le déracinement ? Eh bien oui, ça marche, surtout grâce à la magie des couleurs, que Tronchet a su maîtriser et qu'il utilise comme une béquille pour son dessin. On ne se moque pas des personnages de cette histoire, on les suit, on les observe tantôt avec tendresse tantôt avec compassion. Les mots d'Anne Sibran tressent une longue déclaration d'amour au père. Mais la collaboration entre la romancière et le dessinateur n'est pas en reste. Peut-être aurait-on vu plus facilement quelqu'un d'autre derrière les pinceaux. Il n'y aurait cependant jamais eu une telle complicité entre la romancière et un autre dessinateur. Tronchet a réussi à donner vie au premier roman de sa compagne et à insuffler de la poésie au-delà d'une langue qui en débordait pourtant déjà. Le résultat est une bande dessinée, tout simplement. Pas un roman en images. Pas un produit hybride. Tout y est. Les cases qu'on n'oublie pas, baignées de lumière ou de couleur, tragiques ou tendres, et les phrases parcimonieusement choisies. Mais aussi le propos, celui du retour des Pieds Noirs au lendemain de l'indépendance algérienne, et enfin la galerie de portraits, tous plus justes et plus bouillonnants de vie les uns que les autres.
Artifices (Sillage) par Thierry Bellefroid
« Artifices », tome 6 de la série « Sillage », par Buchet et Morvan. Chez Delcourt.

Sillage est l'une de ces rares séries qui progresse constamment depuis sa création. Il faut dire que le dessin de Buchet a connu une évolution incroyable en quelques années. Aujourd'hui, le dessinateur de Sillage passe avec brio de l'action à l'émotion, il campe des scènes complexes et des décors ouvragés avec une apparente aisance qui doit rendre quelques-uns de ses collègues jaloux. Seul bémol, des pages parfois trop remplies. A force de vouloir tout dire et tout aborder de front, on a l'impression que Morvan essaie parfois de faire passer un scénario de 54 planches en 46. Et c'est son dessinateur qui en fait les frais, ce qui est un peu dommage.
Comme à chaque fois, le convoi de Sillage (en l'occurrence, le convoi est absent de l'histoire, qui se concentre autour des deux héros, Nävis et Snivel) croise quelques-uns des grands thèmes contemporains. Cette fois, Morvan a mis tout ce qu'il avait dans les tripes. La référence à la guerre des tranchées est évidente, elle permet d'ailleurs un petit hommage au steam punk avec l'utilisation de décors de gare et de trains du début du vingtième siècle. Mais il y a aussi beaucoup d'autres choses dans cette histoire : la lutte de l'homme contre la machine, l'émancipation féminine, la manipulation sadique du bourreau qui maintient sa victime en vie pour la voir souffrir plus longtemps. Autant de thèmes qui peuvent paraître un peu grandiloquents, alignés comme ça, l'un derrière l'autre, mais que le scénariste parvient à aborder intelligemment, sans jamais donner l'impression de faire une thèse, de se prendre au sérieux ou d'oublier son histoire. Nävis, on le sait, va s'en sortir à la fin, et avec les honneurs s'il vous plaît. Mais ce petit bout de femme qui constitue l'un des meilleurs personnages actuels de SF parvient entre-temps à nous faire frissonner ou à nous émouvoir. Comme chaque fois.
Kim (Mèche rebelle) par Thierry Bellefroid
« Kim », tome 1 de la série « Mèche rebelle », par Zidrou et Matteo. Chez Dupuis.

Zidrou, là où on ne l'attendait pas. Après avoir multiplié les collaborations dans le domaine de la BD enfantine et humoristique, l'ancien enseignant se lance dans la BD ados, cadrant parfaitement avec l'esprit de la collection « Repérages ». De la même manière que Philippe Tome avait surpris tout le monde en signant des scénarios noirs pour Berthet d'abord (« Sur la route de Selma », en 1991), pour Ralph Meyer ensuite (« Berceuse assassine », de 1997 à 2002), Zidrou prouve qu'il peut changer de registre et retomber sur ses pattes. « Mèche rebelle » est à des années-lumières de « L"élève Ducobu », ce qui n'en fait pas pour autant une BD d'une originalité sans pareille.

Bien sûr, d'autres histoires d'anges ont fleuri ces dernières années, c'est dans l'air du temps. Mais ce qui frappe, ce sont les similitudes ou plutôt les convergences entre ce « Mèche rebelle » et le dernier roman de Marc Lévy, « Sept jours pour une éternité ». Quand on connaît les délais de fabrication d'une bande dessinée, il n'est même pas imaginable de penser qu'il s'agit ici de plagiat ; simplement, la transposition d'une idée commune aux deux auteurs, à travers des voies différentes. Zidrou et le dessinateur italien Matteo, ancien architecte, jouent le camp des anges contre celui des démons, mais comme s'il s'agissait d'une partie entre les agents de deux entreprises rivales. Au milieu de ce chassé-croisé, deux filles, deux soeurs, aussi différentes qu'on peut l'être. L'élue, c'est Kim, quinze ans, mèche rebelle et beauté endiablée (sic). Elle croque la vie à pleines dents. La « ratée », c'est Alicia, boulotte, confidente de la première, elle vit le bonheur par procuration. Autour d'elles, des personnages secondaires parfois intéressants, qui ont tous un rôle à jouer dans la mécanique d'horlogerie mise en place par Zidrou. Le final ressemble à un joyeux bordel, les morts ne sont pas ceux qui étaient prévus au programme et on se prend à avoir envie de lire la suite pour savoir comment tout ça va se terminer. C'est donc que le pari est gagné.
Mister George - tome 1 par Thierry Bellefroid
« Mister George, tome 1 », par Rodolphe, Le Tendre et Labiano, dans la collection Signé des éditions du Lombard.

Quand deux scénaristes comme Rodolphe et Le Tendre s'attaquent à quatre mains à un projet de diptyque, on peut s'attendre à une histoire hors norme. Sans doute le sera-t-elle. Mais à l'heure de refermer le premier volume, le lecteur est bien en mal de précisions. Oui, les deux scénaristes installent un climat angoissant, une intrigue apparemment pasionnante, un rythme de narration et une véritable écriture. Mais ils coupent aussi l'herbe sous le pied du lecteur à la page 48, le renvoyant inéluctablement à la case « frustration ». Les auteurs ont gardé leurs cartouches pour le deuxième volet de l'histoire. On en est réduit aux hypothèses et aux fantasmes. Reste une histoire bien racontée, dessinée avec rigueur par un Labiano qui passe de la vieille Amérique (Dixie Road) aux Etats-Unis contemporains. Son dessin accroche parfois étrangement la rétine, avec ces visages trop larges et posés trop en avant sur les corps des personnages. Mais c'est la patte du dessinateur de « Matador » depuis ses débuts, et on finit par s'y faire. En revanche, le contexte plus moderne et plus thriller ne le gêne d'aucune façon ; Labiano s'en tire grâce à un mélange de réalisme et d'action bien restituée. Bref, tout cela démarre très bien. On aurait juste aimé un coup d'audace de la part de l'éditeur et une parution intégrale de l'histoire.
« Inventaire avant travaux », une aventure de Monsieur Jean, par Dupuy et Berbérian, dans la collection Expresso des éditions Dupuy.

Nouvel éditeur pour Monsieur Jean qui se voit, du coup, offrir l'écrin d'une nouvelle collection nommée « Expresso ». Il faut dire que Dupuis n'a pas négligé les efforts pour récupérer le fleuron du duo parisien. Possédant déjà Henriette, l'éditeur voulait absolument y ajouter Monsieur Jean. C'est chose faite, mais ce sera sans le fonds, resté aux Humanos. Dupuis a cependant respecté le lay-out de la série ; les nouveaux livres seront en harmonie avec leurs aînés et les lecteurs qui ne prennent guère attention au nom des éditeurs ne se rendront compte de rien. En revanche, ils devraient remarquer une chose : Dupuy et Berbérian n'ont rien perdu de leur humour, de leur sens aigü de l'observation, de leur humanisme du quotidien. Le chassé-croisé que se livrent les personnages de ce subtil récit sont aussi différents qu'intéressants ; rien n'est gratuit, même les clodos qui paraissent faire tapisserie au début de l'histoire et qui en deviennent non seulement un moteur mais aussi l'un des principaux centres d'intérêt. Au passage, Philippe et Charles dépeignent avec grâce ce Paris du Canal Saint Martin qu'ils connaissent bien, font passer quelques messages en douceur, traversent les portes du réel pour ouvrir celles de la conscience de Monsieur Jean, « tourmenté » par les fantômes de ses grands-parents. C'est drôle, fin, doux-amer, d'une justesse admirable. Parfois un peu étriqué dans la mise en page, c'est le seul reproche que j'aurais envie de faire. Mais cela renvoie en tout cas très très loin derrière eux tous les clones de Dupuy et Berbérian qui se content de « faire » du quotidien en BD.
« Astérix et la rentrée gauloise », par Goscinny et Uderzo. Aux éditions Albert René.

Tout ça pour ça, par Toutatis ! Un million cinq cents mille exemplaires mis en place pour ce recueil d'histoires courtes présentes, pour la grande majorité, dans la précédente édition de « La rentrée gauloise », en 1993. Il y a de quoi y perdre son latin. C'est vrai, les quatre cents mille exemplaires de la première version s'étaient arrachés comme des petits pains ; Uderzo aurait eu tort de se gêner. Mais la lecture de ce recueil est loin de procurer le plaisir de celle d'un album période Goscinny. Il y a quelques moments savoureux, soit. On ne peut peut pas dire pour autant qu'on rit à toutes les pages. Sans compter le remplissage obligatoire pour parvenir au format d'album classique (page d'intro inintéressante, notes d'une planche entière pour chacune des quatorze histoires...).
Côté contenu, la juxtaposition d'histoires imaginées par Goscinny et de courts récits signés Uderzo fait mal : la différence de talent saute aux yeux. Uderzo ne fait qu'appliquer des recettes, avec plus ou moins de bonheur (souvent moins, d'ailleurs, tout comme pour les scénarios qu'il a commis en solo depuis la mort de Goscinny, ce qui ne l'a pas empêché de faire décoller les ventes... cherchez l'erreur !). Heureusement, son dessin est un vrai régal ; les planches les plus récentes ne font que prouver à quel point il a continué à évoluer graphiquement. On ne le dit peut-être pas assez souvent : Uderzo est l'un des plus grands dessinateurs de la bande dessinée.
Les histoires scénarisées par Goscinny sont de loin supérieures à celles d'Uderzo, mais le génial scénariste d'Astérix ne parvient cependant pas à donner toute sa mesure dans ces exercices étriqués, au thème souvent imposé. Même « bridé », son talent d'humoriste transparaît pourtant dans chaque dialogue ou récitatif, la marque des grands ! En tout cas, on préférera de loin « La mascotte » ou même « Latinomanie » au « Chanteclairix » dessiné en 2003 par Uderzo et que le service communication des éditions Albert René est en train de faire passer dans les médias comme la huitième merveille du monde. (Faut-il qu'on soit lobotomisés pour se réjouir d'avoir cinq pages absolument inédites dans un livre qui en compte 56 !) Bref, si cet « Astérix et la rentrée gauloise » n'est pas une arnaque, c'est à tout le moins un produit formaté pour la grande distribution. L'album va se vendre sur la marque, la notoriété et la nostalgie. Pressés, entre l'achat des poireaux et des yaourts, des centaines de milliers de gens l'achèteront, sûrs d'avoir en mains le nouvel Astérix. Ce n'est qu'à la maison qu'ils verront l'inscritption en bas à droite sur la couverture : 14 histoires complètes. Dommage, avec les euros qu'ils auront dépensé pour cet album très inégal et peu instructif, ils auraient pu découvrir une BD d'aujourd'hui, moins connue mais plus prometteuse.
« Sœurs de larmes », tome 6 de Gil St André, par Kraehn et Vallée, chez Glénat.

Après avoir mis fin à un très long suspense (cinq albums) qui semblait ne pas pouvoir avoir de suite, Jean-Charles Kraehn rebondit avec ce deuxième cycle de façon totalement inattendue et intelligente. S'appuyant sur le personnage le plus fort du premier cycle, la belle Djida, il parvient à changer radicalement de cap et d'ambiance. De l'univers du chef d'entreprise pris dans un engrenage, on passe à celui des cités et de l'islamisme, sans que les personnages paraissent aucunement être à côté de leurs pompes. Cette pirouette permet non seulement de relancer l'intrigue, mais elle a aussi le mérite de mettre en avant le personnage de Djida. Contrainte de s'effacer face au retour de la légitime épouse de Gil St André, elle réapparaît dans un rôle différent et entraîne le héros dans une nouvelle aventure alors qu'il est lui-même confronté aux suites de la première affaire. Les deux intrigues se croisent, se nouent pour n'en former qu'une seule. C'est forcément encore plus intéressant. D'autant que Kraehn semble décidé à moins forcer la dose, laissant davantage ses personnages vivre leurs émotions et guider le scénario. Bref, c'est de la vraie bonne BD populaire, agréablement dessinée et mise en scène avec une simplicité qu'on ne regrettera pas.
Rio Guyas (El Nino) par Thierry Bellefroid
« Rio Guayas », tome 2 de « El Nino », par Perrissin et Pavlovic. Aux Humanos.

Plutôt agréable et bien charpentée, la première partie de cette histoire reposait sur un atout indéniable : camper une héroïne infirmière dans le milieu des ONG. Ladite infirmière recherchait son jumeau, Kolya, ce qui constituait la trame de l'histoire. Véra poursuit ici sa quête, abordant cette fois la face cachée de l'Equateur. Toujours très réaliste, le dessin de Pavlovic est sans cesse à la recherche de crédibilité. Et cela fonctionne. Le dessinateur manque parfois d'élégance, mais c'est pour servir le propos du livre et cela se compense par une excellente utilisation des décors et de la documentation. Malheureusement, ce qui faisait l'attrait du premier album a tendance à disparaître dans ce deuxième tome. Vera en fait trop. Pour retrouver son frère, elle met d'autres personnes en danger, ment aux volontaires de la Croix Rouge qui l'entourent, se sert des uns et des autres. Bien sûr, c'est une manière de montrer qu'il n'y a pas que des saints dans les ONG. Mais le récit perd de son sel en s'éloignant de ce qui le différenciait des autres histoires du genre. A ce train-là, il finira vite par ressembler à une version féminine de certains XIII. Ce n'est pas ce qu'on lui souhaite, car en BD comme ailleurs, les clones font rarement de vieux os. Peut-être Perrissin a-t-il simplement voulu mouiller son héroïne et la frotter aux dures réalités de la vie. Mais elle se laisse faire un peu trop facilement...
20 précédents - 20 suivants
 
Actualité BD générale
Actualité editeurs
Actualité mangas
Actualité BD en audio
Actualité des blogs des auteurs
Forum : les sujets
Forum : 24 dernières heures
Agenda : encoder un évènement
Calendrier des évènements
Albums : recherche et liste
Albums : nouveautés
Sorties futures
Chroniques de la rédaction
Albums : critiques internautes
Bios
Bandes annonces vidéos
Interviews d'auteurs en videos
Séries : si vous avez aimé...
Concours
Petites annonces
Coup de pouce aux jeunes auteurs
Archives de Bdp
Quoi de neuf ?
Homepage

Informations légales et vie privée

(http://www.BDParadisio.com) - © 1996, 2018 BdParadisio