« Tête de Nègre », tome 1. Par Picouly et Jürg. Chez Emmanuel Proust Éd.
Contexte de lecture : Tout le monde, dans mon entourage, fait la peau à ce bouquin. Étrange, étrange... Picouly ne manque pas d'idées, Jürg a déjà fait ses preuves au Masque, et leur coloriste (F. Lavollay) est un illustrateur de talent... Un tester, donc !
Amis de la fraîcheur et du classicisme passez votre chemin, cette chronique n'est pas pour vous. À la lecture de cette « suite » de L'Enfant Léopard (Prix Renaudot 1999), l'allégorie musicale s'impose. Si vous êtes adeptes de musique classique (lire « ligne claire ») ou de pop édulcorée (comprendre « déclinaisons largowinchiennes »), vous serez écoeurés, outrés, dégoûtés par cette production qui relève du métal le plus lourd. Pas celui commercial à souhait, version Linking Bizkit, destiné à un public de jeunes « gens biens » épris de sensations « fortes », non, celui qui se cache au fond des rayons de rares magasins Virgac ou chez quelques disquaires spécialisés. Vous l'aurez compris, l'histoire « burlesque » - de deux héros black (Ed Cercueil et Fossoyeur Jones) en mission dans les rues de Paris, en 1792 - est lourde, gore et sans compromis. De jeux de mots vaseux en anachronismes miteux, la « ligne grasse » de Jürg, rehaussée par des couleurs criardes sans compromission, offre un morceau succulent... à qui accepte de le digérer en écoutant Napalm Death ou Cannibal Corpse. Vivement la suite !