Les 66 critiques de Michael Day sur Bd Paradisio...

« La Vengeance du comte Skarbek » tome 1, par Sente & Rosinski. Chez Dargaud.
« Faux-sens », tel est le mot qui me vient à l'esprit après avoir suivi le premier épisode du procès « initié » par le comte Skarbek. À la première lecture, on est émerveillé par la patte de Rosinski. Son travail de peintre, à la vertical sur des planches « géantes », en met plein la vue et laisse béat d'admiration. Le scénario d'Yves Sente, par contre, semble grossier et laisse un arrière-goût d'Alexandre Dumas des plus ternes. À la relecture, par contre, les impressions s'inversent. Le travail du dessinateur flirte régulièrement avec « l'approximatif » - ce rose porcin sur nombre de visages était-il judicieux ? - et l'on se demande si le travail de peinture - et les « tics » graphiques qu'il implique - est réellement en adéquation avec une narration BD des plus classiques. Le scénario révèle, pour sa part, une réelle surprise... Et si nous nous étions joyeusement faits piéger lors de la première lecture. Le récit du comte Skarbek n'est pas un succédané du Monte Christo de Dumas, mais bien la « vraie » histoire - intelligemment reconstruite par le scénariste - qui inspira à Dumas son fameux récit. Cet élément compris, grâce aux multiples indices qui parsèment le récit (et malgré quelques anachronismes ou « hommages » un peu pesants), la lecture prend une toute autre tournure, transformant un banal récit de vengeance en jeu de l'esprit. Les plus pervers d'entre vous, reliront certainement le texte de Dumas pour chercher concordances et dissonances. Bref, cette Vengeance du comte Skarbek n'est peut-être pas l'œuvre la plus originale du moment, cependant elle recèle bien plus d'ingéniosité que ne le laisserait présager une lecture trop distraite.

« On achève bien les cons ! », par Lautner, Chanoinat et Castaza. Chez Soleil.
Le style de l'album étant direct, soyons direct... p'tain de déception ! Tous les ingrédients étaient au rendez-vous pour un moment jubilatoire de lecture. Chanoinat, l'auteur des jouissifs Teigneux, associé à Lautner (Flic ou voyou, Le Professionnel, etc.), on pouvait s'attendre à de la gouaille, du bon humour franchouillard et quelques belles doses de vitriol. Au final, le soufflé de 46 pages fait long feu. Mêmes si certaines répliques et scènes sont savoureuses, le récit tourne malheureusement au procédé et enfonce trop de portes déjà ouvertes. Une parodie d'émission du type « le maillon faible » par ici, la caricature d'une philosophe à la chemise trop blanche par là, l'album se lit et s'apprécie, mais manque étrangement de sel, voire d'épices.
« Pierres de sang », tome 1 de « L'Enfant de l'orage », par Bichebois et Poli. Aux Humanoïdes Associés.
Voici une nouvelle série qui sent bon la fantasy, et ne s'en cache pas. Voici un premier tome qui, comme souvent les premiers tomes, expose le contexte et nous présente les protagonistes de la quête. Normalement, à ce moment-ci de la chronique vous poussez un grand soupir et vous vous apprêtez à cliquer sur un autre lien... N'EN FAITES RIEN ! CETTE SÉRIE VAUT LA PEINE D'ETRE DÉCOUVERTE... Pourquoi ? D'une part, parce que les auteurs osent faire de la fantasy en y croyant, ce qui nous change de 90% de la production dite « fantasy » qui se contentent de parodier ce qui se fait déjà... en BD. D'autre part, voilà enfin un récit qui, bien que reprenant certains archétypes narratifs (la quête initiatique et le mystère des origines), ose créer une race humanoïde à laquelle on croit et on s'attache, ose explorer les liens existant entre un fils (le héros) et son père adoptif, ose introduire des machines de guerre ou une cité à la technologie supérieure à celle rencontrée dans le vieux MedFan des familles, ose présenter des « vrais » méchants... Bref, un récit qui n'est pas un simple prétexte pour dessiner des scènes de baston, mettre au premier plan des gonzesses décérébrées à forte poitrine, ou écrire des jeux de mot nés d'une vision trop intensives de spots publicitaires. Un bon premier tome qui, bien qu'arpentant des chemins connus (et souvent labourés sans finesse), ose ne pas être la énième « auto-parodie MedFan » du mois !
« Le Musée d'airain », tome 1 de « Métal », par Liberge. Chez Soleil.
Féru de récits occultes ou fantastiques, j'avoue avoir eu, jusqu'à présent, un intérêt particulier pour Éric Liberge, en qui je croyais déceler le digne successeur de Lovecraft ou Andreas au cœur de mon imaginaire. La déception ressentie à la lecture de ce premier tome de Métal est, comme il se doit, à la hauteur de mes espérances. Où donc est passée la finesse narrative ? Où donc est passé la « lisibilité » de ce dessin d'ambiance ? Ce premier tome est maniéré à l'envi ; sa narration est trouble à défaut d'être troublante. À moins d'être un exercice de style - auquel cas chapeau, car certains « hommages » à Escher sont néanmoins fascinants -, j'ai vécu ce premier tome comme un rendez-vous manqué. Rendez-vous manqué avec un univers fantastique captivant (et il y a de quoi faire avec les « mondes » parallèles et la mémoire des métaux)... Rendez-vous manqué avec un univers graphique enivrant qui aurait pu (dû) happer le lecteur que je suis dans le tourbillon de ces étranges dimensions... Dommage.
« L'Histoire des 3 Adolf », volume 1, par Osamu Tezuka. Chez Tonkam.
Qu'il est difficile d'être chroniqueur lorsqu'il s'agit de parler d'ouvrages sur lesquels tout peut être dit en quelques mots. L'Histoire des 3 Adolf fait partie de ces titres pour lesquels une simple accroche telle « Attention patrimoine de l'Humanité. Cette série est un chef d'œuvre incontournable ! » suffirait amplement pour exprimer tout le bonheur qu'ils procurent à la lecture. Toutefois, je m'égarerai dans quelques descriptions et critiques hasardeuses afin de convaincre les plus réticents à - quand même - oser découvrir ce manga.
L'Histoire des 3 Adolfs, c'est :
- 4 tomes signés de la main de celui que l'on appelle à juste titre le « Dieu du Manga », Osamu Tezuka. Autant dire que cette série bénéficie d'un dessin et d'une narration exemplaire ;
- à l'instar de toutes les œuvres de Tezuka, une histoire empreinte d'humanisme ;
- le récit d'une amitié, rendue compliquée par la folie des hommes, entre un petit allemand et un petit juif allemand vivant au Japon ;
- l'histoire d'un journaliste japonais qui enquête sur le meurtre de son frère par la Gestapo ;
- un récit historique qui nous éclaire sur les relations, souvent ambivalentes, entre l'Allemagne nazie et le Japon ;
- une oeuvre incontournable !

Petite remarque à l'usage de ceux qui refusent de lire du manga car « c'est à lire à l'envers » : Tonkam réédite la série en inversant les planches pour qu'elles soient accessibles au plus grand nombre de lecteurs franco-belges. Certes, si l'intention est louable - en espérant que ce « détail » permette effectivement à nombre d'entre eux de passer le pas -, un récit où tous les héros sont gauchers et où les gestes sont inversés (p.ex. le salut hitlérien) laisse un sentiment étrange qui atténue la rigueur dont le récit original jouit.
« L'Armée des néo-déchets », tome 1 de « Yiu - Premières missions », par Téhy, Vax et J.M. Vee. Chez Soleil.
La gamine d'un haut dignitaire vient d'être enlevée. Le deal proposé est clair : 198 000 E$ et la petite est tuée proprement dans les 48 heures, par contre, si 180 000 E$ ne sont pas versés, elle vivra 72 heures de martyr avant de crever. Le tome 1 de cette série dérivée de Yiu nous convie à partager la première mission de la mercenaire-tueuse. Autant dire que le récit va à 200 km/h, que ça blaste, tue, kill, explose, massacre... Bref, ça ne fait pas dans la dentelle, et... on aime ça ! En effet, pour un récit S-F d'action, c'est bougrement bien mené ; découpage, dessin et narration sont en parfaite harmonie et totalement maîtrisés... De plus, pour les fans, ce spin off propose de petites touches de background intéressantes : on y apprend quelques détails « croustillants » sur le choix de carrière de Yiu, sur le clonage, la dictature religieuse... Bref, un très bon récit de genre qui ne décevra pas les amateurs de la série mère et qui offrira un bon shot d'adrénaline aux autres.
« Le Chemin blanc entre les fleurs », tome 3 de « Lone Wolf & Cub », par Koike et Kojima. Chez Panini Comics, coll. Génération Comics.
Alors qu'Hollywood découvre les qualités des films japonais (Tom Cruise en tête), Panini Comics a l'excellente idée de nous faire (re)découvrir une des œuvres majeures mettant en scène « l'honneur des samouraïs ». Cet incontournable est, bien évidemment, à chercher dans la collection Génération Comics ; préparez-vous donc à lire de droite à gauche de petites planches n&b... Et si vous êtes allergique à ce format, prenez sur vous car l'effort en vaut largement la peine ! Cette œuvre culte qui a marqué des générations de cinéastes - Tarantino la cite comme inspiration pour Kill Bill - et d'auteurs de BD porte le titre « français » de Lone Wolf & Cub. Plus connue des cinéphiles que des amateurs de BD, grâce à ses différentes adaptations sur grand écran - sous le titre de Baby Cart - qui furent les dernières grandes saga « de genre » des studios japonais avant leur effondrement (1972-73), cette série raconte la vie d'un samouraï déchu - ancien bourreau - qui parcourt le Japon avec... un landau ! Autre particularité de cet étrange voyageur, il arbore fièrement un étendard sur lequel on lit : « Fils à louer, sabre à louer. » Le ton est donné ! Chaque livre reprend quelques chapitres - 9 pour le tome 1, et respectivement 5 et 15 pour les tomes 2 et 3 - pas toujours classés par ordre chronologique qui sont autant d'aventures et de combats de katana. Le découpage est ultra-dynamique, et les deux héros (le sabreur et son gamin) gagnent en charisme à chaque épisode. La traduction française est accompagnée de pages de lexique bien nécessaires pour appréhender le Japon médiéval. En effet, Lone Wolf & Cub n'est pas seulement un excellent « roman (fleuve) graphique », c'est aussi une bonne occasion d'étudier l'histoire nippone. De plus les plus érudits auront reconnu le nom du scénariste (Kazuo Koike), ce dernier étant aussi celui d'autres séries cultes telles Crying Freeman ou Golgo 13 ; les plus audacieux osant dire de lui qu'il est le Tezuka du manga d'action... Sur ce dernier point, je vous laisse juge...
« Light City », tome 1 de « Plus jamais ça », par Morvan et Vervisch. Chez Carabas.
Un album assez paradoxal que ce premier tome de Plus jamais ça. Ce western « morvanien » est une sorte de kaléidoscope... On sent que Vervisch, le dessinateur, est issu du milieu de l'animation ; certaines scènes sont époustouflantes de dynamisme et d'énergie. Revers de la médaille, d'autres souffrent d'un excès de « minimalisme » ou d'effets caricaturaux. La couverture est excellente et laisse présager certaines ambiances... qui sont étrangement court-circuitées par des moments trop cartoonesques. Côté scénario aussi le lecteur risque de perdre ses repères. D'une part, l'action se déroule dans une ville fondée par un seul homme, polygame, adepte des pratiques incestueuses ; autant dire que c'est tellement « gros » que ça en devient drôle. D'autre part, on découvre un héros phobique, au passé douloureux, qui laisse entrevoir un scénario dur, voire sombre et amer. Au bout des 46 planches, cet album a certes permis de passer un bon moment, mais laisse une étrange sensation de vertige... Trop déroutant ? Trop éloigné des « clichés du genre » ? À découvrir, en attendant un second tome qui devrait recadrer le tout pour offrir, au final, un récit original loin des pistes maintes fois explorées par les descendants du western-spaghetti.
« La Fraternité », tome 1 de « L'Appel du devoir », par Austen, Finch et Zezelj. Chez Panini Comics, coll. Marvel Monster Édition.
Aïe, aïe, aïe... À la lecture du titre et des belles notes d'intention « comics écrit après les événement du 11 septembre... blablabla... rendre hommage au courage... blablabla... évoquer la bravoure des pompiers... blablabla... », j'avoue avoir vite reposé la brique sur ma table de chevet. Par une sombre nuit d'insomnie et de désœuvrement, j'ai quand même daigné jeter un œil dans ce titre que je m'apprêtais à utiliser pour redresser une bibliothèque bancale, et là... le choc ! Non seulement les dessins de Finch et de Zezelj valent réellement le détour (même si l'encrage du dernier cité est parfois des plus plombés), mais, de plus, le scénario d'Austen est bluffant. Alors que je m'attendais à lire un Backdraft* faisant l'apologie de la détermination et de l'abnégation patriotique des hommes du feu, je découvre un récit à la Frequency* (Fréquence interdite en VF) qui utilise intelligemment les angoisses des pompiers pour développer une intrigue d'abord fantastique (l'apparition d'un gamine blonde sur les lieux de crash et d'incendies) puis de science-fiction (à vous de découvrir). Austen mélange allègrement et intelligemment - surtout - les genres pour que cette Fraternité prenne aux tripes. Les personnages sont attachants, les situations héroïques ne font pas dans la dentelle, les rebondissements sont constants... Bref, une découverte surprenante !

* Note pour les non-cinéphiles : deux films dont les héros sont pompiers.
« Jojo au pensionnat », tome 12 de la série « Jojo ». Par A. Geerts. Chez Dupuis.

Contexte de lecture : Chaque nouvel album est un moment de bonheur que je ne me refuse jamais. Peinard, à la maison, au calme... avec mon âme d'enfant.

Certainement l'une des séries les plus sous-estimées de la BD, alors que Geerts est, sans hésitation, l'un des auteurs actuels les plus doués pour rendre toutes les forces et les faiblesses de l'enfance. Le contenu de cette douzième régression en enfance ? Peu importe... Quelles que soient les péripéties (ici 4 longues semaines à passer au pensionnat), chaque épisode est un mélange savoureux d'humour et de tendresse, distillé avec intelligence et sensibilité. Jojo au pensionnat est certainement l'un des meilleurs de la série, ce qui ne gâche rien...

Trois étoiles par Michael Day
« Trois étoiles ». Par V. Despentes. Au Diable Vauvert.

Contexte de lecture : Le Diable Vauvert sort une BD ; de Virginie Despentes, en plus... On ne peut qu'être curieux.

Je pensais avoir pu déverser tout mon fiel sur ces romanciers qui, par snobisme, pensent être des auteurs de BD en puissance, lors de la sortie de la « chose » engendrée par Beigbeder (Rester normal). Aujourd'hui, force est de reconnaître que Frédéric le polymorphe, bien qu'ayant placé la barre bien haut dans la vacuité, nous avait offert un chef d'oeuvre en comparaison du « truc » (dire BD me fait trop mal au ventre) que nous livre Virginie Despentes. C'est moche - le dessin l'emprunte à la mauvaise BD érotique sans pour autant titiller nos corps caverneux - et vulgaire ! Voilà un album que l'on aimerait lire du pied gauche - car il paraît que ça porte bonheur - et que l'on apprécierait de voir le plus longtemps possible sur nos étals pour nous rappeler combien la vraie bande dessinée est un art réalisé par des auteurs respectueux de leur oeuvre et de leur public. Pourquoi le Diable Vauvert s'est-il à ce point fourvoyé, lui qui nous gratifie régulièrement de purs chefs d'oeuvre de littérature de l'imaginaire (American Gods, pour n'en citer qu'un).

« Ewane Nagowitch », tome 2 de la série « Une folie très ordinaire ». Par F. Bonnet, A. Mounier, Ph. Jarbinet, E. Moynot et Ch. Godard. Chez Glénat.

Contexte de lecture : Dans le train, après une longue journée de labeur. Animé par l'envie de me détendre.

Qui sont donc « les tueurs aux vagins » ? L'enquête se poursuit, les témoignages se succèdent, les informations récoltées se complètent et... se contredisent. Le principe de l'album « multi-auteurs » est excellent, et rudement bien exploité dans ce cas-ci. Malheureusement, il semble trop souvent être un simple prétexte à aligner les caricatures (de la nymphomane au flic adipeux, on ne peut pas dire que l'originalité soit au rendez-vous). Même si l'enquête est bien menée, et que l'on attend la résolution avec une certaine impatience, force est de reconnaître que Godard s'est déjà montré bien plus inspiré...
Je viens de lire, de Michael Day.

« Exode », tome 2 de la série « Libre à jamais ». Par Marvano et J. Haldeman. Chez Dargaud.

Contexte de lecture : À la suite de la lecture des deux derniers romans de Haldeman : Le vieil homme et son double (Folio-SF) et Le Message (Pocket).

La paix semble définitivement installée dans la galaxie. Taurans et humains vivent donc en « totale » harmonie ; harmonie d'autant plus grande que chaque nouveau-né humain est le clone d'un même patrimoine génétique et d'une même « conscience collective ». Heureusement, d'irrésistibles anciens combattants veillent et vont s'organiser pour échapper à cette globalisation (dit comme ça, ça ressemble à un film de Clint Eastwood, non ?). Certes, la lecture de ce deuxième tome n'est pas désagréable, cela dit, à aucun moment, on ne ressent la flamme narrative qui animait la première trilogie (La Guerre éternelle - Dupuis). Même le dessin de Marvano semble s'être « globalisé » et ne possède plus cette âme accrocheuse qu'on lui connaissait. Un divertissement intéressant, mais qui laisse l'amateur de S-F sur sa faim.


Harmonica (Carnets) par Michael Day
« Harmonica ». Par J. Sfar. Chez L'Association.

Contexte de lecture : Les derniers albums de Sfar m'avaient « fatigué » ; ils me semblaient plus proche de l'exercice de style et de l'épanchement narratif, que de la bande dessinée sincère et intelligente à laquelle l'auteur m'avait habitué.

L'homme à l'harmonica est de retour parmi les grands ! En 125 pages, Sfar nous prouve qu'il n'a rien perdu de sa verve, de son talent, de son regard sensible... et qu'il sait rudement « bien » dessiner (n'en déplaise aux plus récalcitrants des ayatollahs de la ligne claire et de l'école franco-belge). Ce premier carnet de bord sfarien - qui trouve son origine dans les fameux et tout aussi jouissifs Carnets de bord du sieur Trondheim - est un pur concentré de sensibilité et d'émotions. Mieux que toutes les interviews lues dans tel ou tel media, Harmonica est une rencontre vraie et honnête. À lire impérativement pour rencontrer un peu plus l'homme.

« Le roi barbare », tome 2 des « Nouvelles aventures de Mic Mac Adam ». Par A. Benn et L. Brunschwig. Chez Dargaud.

Contexte de lecture : Un album de Brunschwig, ça ne se refuse jamais. Un Mic Mac Adam, encore moins...

Le premier tome de cette « reprise en mains » m'avait convaincu, celui-ci m'a, par contre profondément ennuyé. Pourquoi ? Aucune idée... À moins de me lancer dans une psychanalyse - mais ce n'est ni le moment, ni l'endroit - je ne comprends pas à quoi est dû un tel rejet, car les qualités du premier tome sont toujours présentes (dessins harmonieux, volonté de donner du corps aux personnages, récit fantastique mâtiné de légendes...). Peut-être les causes sont-elles à chercher du côté de cette langue imaginaire (et du lettrage qui l'accompagne) ? Du sentiment diffus que ce deuxième tome est moins dense que le premier ? Ou, plus simplement, de la nécessité de résoudre une énigme en faisant appel à certains thèmes classiques (peuple hors du temps, conflit entre deux divinités...) agrémentés d'une forte dose de bons sentiments ? Et si c'était juste une question de nostalgie ? Bref un album qui, objectivement, ne peut pas être jugé comme « mauvais », mais, qui, affectivement, n'a pas permis à la sauce de prendre...

Opus 0 (Phenomenum) par Michael Day
« Opus 0 », tome 1 de la série « Phenomenum ». Par J. Kaminka et M. Vedrines. Chez Glénat.

Contexte de lecture : Une première lecture lors de la sortie de l'album (septembre). Une seconde, quelques mois plus tard (novembre).

À la première lecture, j'ai hurlé de joie devant cette excellente mécanique. Une vraie claque, et le commun des lecteurs de BD rencontrés semblait partager cet avis. Un super polar fantastique. À la relecture, par contre, le « phénomène » s'effondre. Quel besoin avaient les auteurs d'utiliser un texte rimé (chose qui ne m'avait pas marqué la première fois, mais m'a littéralement exaspéré lors de la relecture) ? Que fait réellement le héros ? Ralentir le temps ? Accélérer son temps ? Que manipule-t-il réellement et comment ? Alors qu'une première lecture « consumériste » m'aurait fait parler d'un album dense, cohérent, intelligent, un second passage au crible « plus attentif » laisse un goût de trop peu et quelques doutes. Avec du recul, Phenomenum est une bonne illustration de la différence existant entre cinéma et bande dessinée : une vision rapide et passive fournit un excellent délassement, alors qu'une lecture attentive, à laquelle le « spectateur » donne son propre rythme et profite des facilités offertes par l'album (retour en arrière, comparaison de scènes...) font de cet album une bonne série en devenir (pour peu que les petits détails qui foisonnent ici et là soient réellement exploités). Comme quoi, relire un album n'est parfois pas inutile...


Cambouis par Michael Day
« Cambouis ». Par Luz. Chez L'Association.

Contexte de lecture : Durant une nuit d'insomnie.

Luz s'épanche sur sa honte d'avoir été français d'avril à août 2002, et de s'être trouvé acculé à soutenir le « candidat » Chirac contre l'avancée irrésistible et terrifiante d'un individu dont je tairai le nom. Dessiné avec les tripes et la rage au ventre, ce livre décape tout ce qu'il peut trouver dans le joyeux petit monde de la politique hexagonale. Le ton (et la forme) engagé tourne tout en dérision, et frappe là où ça fait mal. Seul regret concernant cette BD (plus qu'engagée) : trop de pamphlet tue le pamphlet. En effet, si en « fascicules » isolés la pertinence du propos fait mouche à chaque fois, en album elle lasse et peut provoquer l'effet contraire : Luz ne commet-il pas le même péché que ces « intellectuels de gauche » qu'il conspue ?

« La Vraie Vie », tome 1 de la série « Le Retour à la terre ». Par Manu Larcenet et J-Y. Ferri. Chez Dargaud.

Contexte de lecture : Chez le coiffeur... j'ai sacrifié mon tour pour terminer l'album !

Jou-i-ssif ! En l'espace de quelques saynètes - deux par pages... faites le compte -, Jean-Yves Ferri (sorte de reporter de guerre revenu du front appelé « campagne ») aide Manu Larcenet à nous relater son aménagement au grand air. Cet album ne connaît aucune fausse note, tant le ton adopté est juste et homogène. Tantôt drôles, tantôt émouvantes, les situations évoquées ont une qualité en commun : elles sont toutes attachantes. À la manière d'un "Journal de Bord" façon Trondheim - en moins narcissique mais tout aussi égocentrique, peut-être - le duo Ferri/Larcenet nous offre une oeuvre à dimensions humaines d'une rare richesse. Oeuvre ? N'ayons pas peur des mots : chef d'oeuvre !
« Tête de Nègre », tome 1. Par Picouly et Jürg. Chez Emmanuel Proust Éd.

Contexte de lecture : Tout le monde, dans mon entourage, fait la peau à ce bouquin. Étrange, étrange... Picouly ne manque pas d'idées, Jürg a déjà fait ses preuves au Masque, et leur coloriste (F. Lavollay) est un illustrateur de talent... Un tester, donc !

Amis de la fraîcheur et du classicisme passez votre chemin, cette chronique n'est pas pour vous. À la lecture de cette « suite » de L'Enfant Léopard (Prix Renaudot 1999), l'allégorie musicale s'impose. Si vous êtes adeptes de musique classique (lire « ligne claire ») ou de pop édulcorée (comprendre « déclinaisons largowinchiennes »), vous serez écoeurés, outrés, dégoûtés par cette production qui relève du métal le plus lourd. Pas celui commercial à souhait, version Linking Bizkit, destiné à un public de jeunes « gens biens » épris de sensations « fortes », non, celui qui se cache au fond des rayons de rares magasins Virgac ou chez quelques disquaires spécialisés. Vous l'aurez compris, l'histoire « burlesque » - de deux héros black (Ed Cercueil et Fossoyeur Jones) en mission dans les rues de Paris, en 1792 - est lourde, gore et sans compromis. De jeux de mots vaseux en anachronismes miteux, la « ligne grasse » de Jürg, rehaussée par des couleurs criardes sans compromission, offre un morceau succulent... à qui accepte de le digérer en écoutant Napalm Death ou Cannibal Corpse. Vivement la suite !
« La Peau des ombres », tome 1 de la série « H.A.N.D. ». Par Vegliona et P. Pelot. Chez Dupuis, collection « Repérages ».

Contexte de lecture : J'adore l'écrivain Pelot. Qu'il s'attaque à la BD, aubaine ou non ?

La larme à l'oeil, je referme le livre page 25. Quel choc ! Quelle déception... Les idées sont bien présentes pour entamer une grande fresque de S-F (manipulations génétiques, clones, société hyper-contrôlée...). Les intentions du romancier sont, elles aussi, discernables. Malheureusement, le tout est mal raconté, et la sauce ne prend pas. On peut aussi regretter un excès cette volonté de créer un jargon hispanisant, qui n'a ni la force ni la folie des créations de Jodorowsky. Même si certaines ambiances S-F sont bien rendues, le dessin lui aussi pèche par manque de fluidité, et par cette envie de trop bien faire, de trop montrer. Preuve est, malheureusement, encore faite que ce qui aurait fait un excellent roman se révèle une BD bien terne.
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