Les 12 critiques de Michaël sur Bd Paradisio...

Dust (Blueberry) par Michaël
Ce dernier tome du cycle "Mister Blueberry" est décevant. C'est d'autant plus dommage qu'à la relecture d'une traite des épisodes précédents, qui faisaient monter la tension et tissaient une intrigue où en apparence rien n'était laissé au hasard, on était en droit de s'attendre un final éblouissant. Mais hélas Giraud conclut assez platement son histoire (fin qu'il semble avoir changé au dernier moment, à cause de la prépublication de "OK Corral" dans "L'Express". Initialement Blueberry devait participer au fameux duel, on enrage d'avoir raté ça...), tout est résolu trop rapidement, de façon assez invraisemblable et on ne croit plus vraiment à ce qui nous est raconté. Niveau dessin, on assiste à une évolution de Blueb dans un style plus proche de Moebius que de Giraud. Reste que tout cela est largement supérieur à l'insignifiant "Jeunesse de Blueberry" et que ce dernier "Mister Blueberry" ne doit pas faire oublier que les précédents étaient très bons.
Après les plutôt sympathiques "Liens de sang" et "Manhattan Beach 1957", Hermann père et fils se ramassent complètement avec ce "Girl From Ipanema" quasi illisible. Les pages sont surchargées de texte explicatifs et assez mal écrits de surcroît, on croirait une mauvaise parodie de roman noir. Narration qui d'ailleurs cache mal une histoire pleine de poncifs plus éculés les uns que les autres au service d'une intrigue déjà-lue (ou déjà-vue). Pour couronner le tout, Hermann s'avère incapable de dessiner de jolies femmes (lorsqu'elles sont censées l'être), et ne parlons pas de leurs tenues totalement anachroniques... Bref, il ne suffit pas d'assembler toutes les vieilles ficelles du roman noir pour que la sauce prenne. Les amateurs se tourneront plutôt vers les romans de James Ellroy, ou vers la récente "Tétralogie du Yorkshire" ("1974", "1977","1980" et "1983") de David Peace pour goûter la substance la plus pure du genre.
"Lupus" c'est un récit initiatique, l'histoire de deux copains qui prennent une année sabbatique pour voyager à travers l'espace, pêcher toutes sortes d'animaux possibles et tester le maximum de substances illicites. Deux copains paumés en fait, Lupus a terminé ses études et Tony a quitté l'armée, ils se retrouvent démunis, sans vraiment de projet ni de perspective d'avenir enthousiasmante. S'ils partent c'est donc qu'ils cherchent quelque chose, autre chose. Quoi exactement ? Mystère. Ainsi la bête énorme qu'ils vont tenter de capturer n'est qu'une représentation objectivée de ce quelque chose qu'ils cherchent, c'est d'ailleurs le plaisir de la lutte avec l'animal qui importe le plus, à la manière d'un capitaine Achab et de sa Moby Dick, du vieil homme d'Hemingway et de son poisson. C'est pourquoi Tony n'est jamais satisfait après ses prises. De même, la prise de drogues constitue une fuite, un échappatoire, on se drogue pour "se remettre les idées en place". Lupus n'est guidé par rien, si ce n'est la certitude qu'il faut aller ailleurs, fuir la bulle aseptisée dans laquelle il a grandi, il navigue dans l'incertitude absolue, le doute permanent. L'arrivée de Sanaa dans sa vie va pousser tous ces éléments à leur paroxysme: la fuite spirituelle devient fuite effective, puisque les voilà recherchés dans tout l'espace par des gens peu avenants, l'amitié sensée tenir sur des bases solides révèle des failles et des non-dits. Sanaa est à la fois celle qui va foutre le plus "innomable bordel" dans la vie de Lupus et celle qui va apporter un certain sens à cette errance absurde, l'élément perturbateur et le fil conducteur, l'objet de la quête et son obstacle. Tout cela est évidemment porté par une maîtrise du découpage et de la mise en scène qui forcent le respect, une justesse de ton, une galerie de personnages et de situations qui font de "Lupus" un chef-d'oeuvre, tout simplement.
Q.H.I. (Sillage) par Michaël
On pouvait reprocher beaucoup de choses aux deux derniers Sillage : impressions d'une Nävis ingénue qui ne servait plus qu'à faire passer des messages sur divers problèmes de notre société actuelle, le terrorisme, le féminisme... Ainsi le tome 5 restait assez fin dans son propos il faut le reconnaître, toute caricature était évitée, mais pour le lecteur (pour moi en tout cas) la consistance d'une véritable histoire, avec des personnages n'étant pas que des moyens de transmission d'idées, était absente. En sachant que ce tome 7 prenait place dans l'univers carcéral, je craignais un album n'existant que pour dénoncer le sort des prisonniers. Eh bien non. Nous avons ici un des meilleurs albums de la série, excellente bande dessinée d'action (la "Morvan touch" dans le découpage) qui creuse le mystère de certains personnages et qui clôt un cycle (même si effectivement la résolution finale est un peu facile). Cet épisode me semble être un tournant, Nävis devient adulte et il est probable que dès le prochain album, elle se lance dans sa plus grande aventure : la quête de son identité. Vivement la suite.
Prosopopus par Michaël
Ce "Prosopopus" de De Crécy est une merveille. Ce récit muet, s'il demande un fort investissement de la part du lecteur, n'est cependant pas hermétique. Il s'appuie sur une histoire classique de polar, dévoilée au fil de la lecture par des flashbacks. Ce point de départ posé, la suite s'avère plus ardue. Les évènements comme les couleurs (blanc et rouge souvent présents, qui contrastent avec le fond noir-gris) offrent de nombreuses interprétations et si globalement on voit où l'auteur veut nous amener, ce qu'il a à nous dire, certains points restent assez obscurs. Mais tout cela est fait avec génie et des scènes resteront gravées dans la mémoire du lecteur, ainsi ce passage où sont montrés en parallèle une scène d'amour, érotique, et la dissection d'un cadavre. La chair revêt des aspects bien différents, et la mise en commun de l'amour et de la mort nous appelle à s'interroger. "Prosopopus", c'est la poèsie des images au service d'un récit sur la vengeance, l'art et l'amour (selon moi bien entendu), poèsie du glauque et du grotesque.
Comme il l'a déjà été dit, Callède, Denys et Hubert, c'est le trio gagnant de "Comptine d'Halloween", histoire qui reprenait tous les clichés du cinéma d'épouvante mais qui fonctionnait cependant à merveille, avec une fin décevante du point de vue des révélations, mais impressionante en ce qui concernait la mise en scène. Ici les auteurs délaissent citrouilles et patelin paumé pour nous emmener du côté de la possession. Il n'y a rien à dire, c'est efficace. Père qui plonge dans la folie et les hallucinations, fille traumatisée rejetée par son entourage, duo de flics un peu bourrus qui cherchent à comprendre, et... animateur radio dont on se demande quel sera le rôle dans la suite des évènements, tout cela est mise en scène avoir savoir faire. Si on ne peut pas encore dire que l'angoisse est réellement présente, malgré quelques scènes chocs, l'ambiance est néanmoins glauque à souhait. Un album qui tient ses promesses et une histoire qui s'annonce palpitante: messieurs beau travail! Petit bémol : pourquoi le nom de Hubert ne figure-t-il pas sur la couverture ? Son travail de coloriste est apporte beaucoup !
Mon avis sera un peu moins enthousiaste que les précédents. "Règlement de contes" part d'une bonne idée, réutiliser des contes et des personnages connus de tous et les mélanger joyeusement dans un western. Hélas des contes originaux il ne reste plus grand chose sinon les personnages et une ou deux situations. Très vite en effet, les auteurs se détachent de ce qui leur sert de base, et nous entraînent dans un western très classique, il s'agit ici des trois petits cochons voulant étendre leur pouvoir sur la ville, à l'aide des loups. On a alors l'impression que les références à "Pierre et le loup" ou "La chèvre de monsieur Seguin" ne sont plus que des clins d'oeil. Le dessin quant à lui n'est pas encore très assuré bien que sur certaines cases il rende les personnages véritablement vivants (cf page 23). Les personnages, justement, constituent le point fort de cet album, tous possèdent une certaine forme de charisme et échappent à la caricature à deux exceptions près. Et c'est là que se situe le grand intérêt de cette bd, les relations entre loups, humains et cochons laissent émerger le problème du racisme et de la tolérance, finements mis en place. Cette scène dans laquelle les loups sont affamés par l'odeur du lard grillé, alors même que leur employeur de cochon est avec eux ("cannibales!" s'écrit-il) illustre l'ambiguïté de ces rapports, ambiguïté incarnée par Wolf, qui outre le fait qu'il soit terriblement attachant, risque d'avoir un rôle plus important dans la suite. Un album, donc, où l'on ne trouve pas son compte (c'est la cas de le dire) dans l'ambition première affichée, mais qui accroche par ses personnages. Alors on attend la suite, qui de toute façon ne pourra être que meilleure, aussi bien graphiquement que scénaristiquement.
Le premier "Exterminateur 17", de Dionnet et Bilal, ne m'avait pas totalement convaincu. La réflexion proposée n'était pas assez poussée, l'album se lisait trop vite, restaient les dessins de Bilal et une petite ambiance poètique, nostalgique, qui en faisaient un album agréable malgré tout. Cette suite, qui est le premier tome d'une trilogie, prend place après les évènements du premier "E17". Il est difficile de porter un avis sur cet album, en effet il s'agit essentiellement d'un tome de présentation. On y assiste à une unification entre trois mafias, à une lutte contre ces dites mafias et la secte du Lotus Blanc, on devine que tout le monde est manipulé, probablement par l'Exterminateur. Le lecteur est donc en face d'un puzzle, avec beaucoup d'éléments étranges, ainsi celui qui nous est présenté par le narrateur comme le héros apparaît à peine, quant à l'Exterminateur on devine son poids sur les évènements mais à part ça on ne sait pas trop ce qu'il fait là, et je ne vous parle même pas de la scène de la voiture, assez amusante en tant que telle, mais dont on a du mal à voir la connection avec le reste. Au niveau du dessin, Baranko succède plutôt bien à Bilal, même si son trait est parfois un peu imprécis. Nous avons donc là un tome qui s'appréciera plus quand on aura la suite sous la main.A signaler que les costumes d'un mauvais goût assumé, les personnages à l'air bouffon peuvent déplairent à certains.
Après avoir lu les deux premiers tomes de Batman Dark Victory (il y en a deux autres à venir), j'en arrive à la conclusion que cette histoire est un excellent polar. Oui, un polar avant une histoire de super-héros (d'ailleurs Batman est un héros, pas un super-héros). Les histoires s'entrechoquent, un serial killer élimine un à un les flics de Gotham, les familles mafieuses se déclarent la guerre, les pires ennemis de Batman se sont évadés d'Arkham, manipulés apparemment par Double Face qui était autrefois Harvey Dent, grand ami de Wayne/Batman. Traîtres, complots, manipulations tous les ingrédients sont là pour tenir en haleine. Le dessin de Tim Sale est étonnant, il alterne impressions de fragilité et de puissance (voir les cases entre Batman et Catwoman, ou celle où la chauve-souris est face au Pingouin), tout en contraste, ceci renforcé par les couleurs. Sur Batman Dark Victory plane l'ombre du grand Frank Miller pour lequel les auteurs ne cachent pas leur admiration.
J'ai acheté cet album au vu des critiques précédentes, jusque là je n'avais lu de Larcenet que "Les cosmonautes du futur" (avec Trondheim au scénario). "Le combat ordinaire" traite des sujets lourds, qui sont a priori larmoyants: un photographe dont l'objectif a saisi tous les génocides de ces dernières années, qui n'a plus envie de travailler, n'a plus envie tout court d'ailleurs, et reste dans l'inactivité entre mère possessive, frère fumeur de pétards et chat irascible. Mais il va faire deux rencontres qui vont le changer... et nous aussi. Cet album est une réussite totale, chacun s'y reconnaîtra et chacun y puisera sa morale. Et tout cela est traité avec réalisme, avec réalisme cela signifie qu'on rit aussi (aahh l'entrée chez le vétérinaire!!!), le dessin décalé participe à ce traitement antidépressif, regardez donc les changements d'expression de visage, en deux cases trois coups de pinceau un personnage passe de la stupéfaction au rire. En l'achetant je me suis dit que le grand format n'était peut-être pas indispensable au style de Larcenet. Il l'est, comme cette oeuvre est indispensable dans votre bibliothèque.
Ce nouveau Blacksad est un très bon polar, tout simplement. Moins noir, moins sombre que le précédent il est vrai. On le voit dans les couleurs qui semblent avoir été "décrassées", elles sont plus lisses (comparez avec le premier tome), en même temps elles collent parfaitement avec l'atmosphère enneigée. De plus l'humour est plus présent, moins cynique, notamment avec le personnage du renard qui semble appelé à devenir un faire-valoir pour la suite. Quant au scénario il s'est considérablement amélioré. Bien sûr il n'est pas vraiment original (meurtres, ségrégation, veangeance...) mais il est solide, il s'inscrit dans une lignée classique qui ne cessera jamais d'être efficace. Les personnages sont tous habités, attachants, le fait qu'ils soient des animaux n'y est pas pour rien, cela permet des ellipses psychologiques, le vieux tigre a peu de dialogues, pourtant on cerne immédiatement sa personnalité. Le seul reproche qu'on puisse faire à cet album concerne le fait qu'au début, des personnages sont évoquées sans qu'on sache qui ils sont. Le lecteur s'y perd un peu. Heureusement ce problème se dissipe au bout d'une dizaine de pages. Les dialogues sonnent avec justesse, le scénario tient la route, les personnages sont crédibles, le dessin est magnifique, bref, Blacksad doit figurer en bonne place dans la bédéthèque de tout amateur de polar.
Après un premier tome de présentation un peu poussif, mais qui suscitait l'intérêt par les questions qu'il posait, nous entrons dans le vif du sujet avec cet album. L'histoire se teinte franchement d'épouvante, les personnages apparaissent plus ambigus et il ne serait pas étonnant que dans la suite on arrive à de la science-fiction pure et dure. Un bon album donc avec pour seul défaut la tendance des personnages à vouloir baiser à tout prix, un ça va, trois ça devient caricatural. Ceci dit ça n'empiète pas sur le plaisir de la lecture.

 
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