Les 54 critiques de Laurent Fabri sur Bd Paradisio...

Louis Riel : l'insurgé par Laurent Fabri
Louis Riel L'insurgé, de Chester Brown, chez Casterman - Collection Ecritures.

Mentionné dans la sélection officielle du prochain festival d'Angoulême, et pour le prix prestigieux du meilleur album de l'année s'il vous plaît, Chester Brown prouve si besoin était que le média bande dessinée se prête aussi au travail d'historien. Chester Brown ne fait rien d'autre en retraçant les aventures et la vie de Louis Riel, rebelle métisse francophone dans les prémices de la création du Canada. Le travail est fouillé, regorge de références et d'explications, qui rendent les événements accessibles pour le commun des mortels européens.
Brown se contente visiblement des faits le plus simplement possible, en tentant de ne pas prendre parti. Mais il ne faut pas s'y tromper. Les protagonistes en prennent pour leur grade. Que ce soit Riel lui-même de plus en plus aveuglé par le mysticisme ou le Premier ministre canadien McDonald, roublard et fin politique. L'apparente simplicité du récit est portée par un graphisme d'une grande pureté, avare de détails dans les plans rapprochés mais d'une précision qui confine à la miniature dans les plans larges.
Volumineux, le livre, découpé au cordeau dans des planches invariablement construites sur la base de 6 cases carrées par planche, n'est cependant pas très facile à lire. Mais il mérite que l'on s'y attarde à petites doses. Pour mieux y goûter.

Just Before Present, Le Messager, Tome 2, par Richez et Mig, chez Bamboo - Collection Grand Angle.

L'Eglise a bien du mal à se maintenir au milieu du village pour l'instant, si l'on en juge par le nombre de récits de fiction qui tourne autour de sa hiérarchie, de ses origines et de son pouvoir. Ce n'est pas l'engouement suscité par le Code Da Vinci qui va apaiser cette fièvre ésotérique et cette « catholic fantasy ». Le deuxième tome du Messager de Mig et Richez, fonctionne parfaitement dans cette veine. Mais laisse du coup une très large impression de déjà vu. Par le fait d'aborder les travers de l'Opus Dei, Le Messager marche sur les mêmes plates-bandes que le Code Da Vinci, en plaçant la lance qui a percé le flan du Christ au centre des luttes de pouvoir, notamment sur fond d'idéologie nazie, on rejoint Le Gardien de la Lance paru chez Glénat dans la très ésotérique collection Loge Noire. On retrouve aussi des parallèles avec Le Triangle Secret, le Troisième testament... Mais il ne faut pas croire pour autant que ce Messager n'a rien de personnel à faire valoir. Ce serait trop réducteur. Le personnage du père Gabriel, ancien agent secret entré dans les ordres ne manque pas de charme et permet des situations scénaristiques intéressantes. Le rythme du récit et son découpage se veulent assez dynamique même s'ils ne font pas mouche à tous les coups, insuffisamment servis par un graphisme qui manque un peu de cogne. Mais bon, cela se lit sans effort. C'est ce qu'on demande après tout...
Union Station par Laurent Fabri
Union Station, Ande Parks et Eduardo Barreto, Akileos.

Du polar noir, américain, dense et lourd comme des balles de sulfateuses. Si vous n'avez jamais lu de comics américains policiers, celui-ci suffira à palier cette lacune dans votre culture du neuvième art. L'histoire se base sur les événements qui ont porté le FBI sur les fonds baptismaux, des oeuvres de Edgar Hoover. Au début des années 30, un obscur malfrat est ramené à Kansas City pour y purger une peine de prison. Ce qui devait se dérouler comme un banal transfert de prisonnier en train va se transformer en une fusillade mortelle et confuse. Suffisamment confuse pour que Hoover en profite pour asseoir son autorité et commence à régir le monde à sa manière...
Pour son premier scénario, Ande Parks, qui jusqu'ici a encré des séries de super-héros comme Spider-Man ou Superman et travaillé sur Green Arrow, ne manque pas son but. C'est vif, incisif, diablement bien construit et les dialogues percutent comme des rafales. Le découpage et le dessin en noir et blanc (très noir) de l'Uruguayen Eduardo Barreto achève de donner à cet album une efficacité redoutable. La scène de la fusillade à elle seule vaut le détour. Huit pages muettes qui se passent en effet de tout commentaire !
Destins (Peter Pan) par Laurent Fabri
Destins, Peter Pan tome 6, Loisel, Vents d'Ouest

Loisel termine sa réécriture de Peter Pan de la pire ou de la meilleure manière qui soit. De la pire parce qu'il détruit irrémédiablement le mythe du gentil Peter Pan érigé tant par Walt Disney que par Barry lui-même (mais je dois bien avouer que je n'ai pas lu l'original). De la pire parce qu'il laisse un tas de question en suspend.
Mais de la meilleure aussi parce qu'il laisse un tas de questions sans réponse. Et donc au lecteur de se faire sa religion sur la paternité de Crochet, sur l'identité de Jack L'Eventreur... Et cela fait aussi partie de la lecture que de s'interroger et de laisser libre cours à son imagination.
De la meilleure parce qu'il atteint le paroxysme de la tragédie. L'innocence des enfants de l'île enchantée se mue en une cruauté sans fard. Témoins, la disparition de Maman Rose dans un « crock » affreux, la folie de Picou dont les yeux respirent la souffrance, l'insouciance des enfants qui cherchent la solution pour se débarrasser de ce « bébé fou qui n'arrête pas de geindre »... Avec cette faculté tout aussi horrible qu'ont les habitants de cette île « merveilleuse » d'oublier rapidement les souvenirs les plus affreux. Et de pardonner, forcément, ce dont on ne se souvient plus.
Loisel, dont le dessin reste fidèle à lui-même, faussement frais, tremblotant, lumineux et formidablement lisible, pousse également jusqu'au bout la psychologie de ses personnages, particulièrement celui de la Fée Clochette, assassine par jalousie, et celle de Peter, en dictateur aveugle de son royaume. Personne n'échappe à cette fable cruelle. Pas même le lecteur.
Le tour de valse par Laurent Fabri
Le tour de Valse, par Pellejero et Lapière. Editions Dupuis, Collection Aire Libre

Après "Un peu de fumée bleue" et" Agadamgorodok", "Le Tour de Valse" de Lapière et Pellejero, qui avaient déjà signé ensemble le premier nommé, apparaît comme le troisième volet d'une trilogie russe. Très attiré par le romantisme de l'âme russe, Lapière revient sur ces amours rendues impossibles par les barbelés. Ici ceux des goulags staliniens. En effectuant des recherches pour Agadamgorodok, Lapière était tombé sur des documents relatant la naissance d'enfants dans ces camps où pourtant hommes et femmes étaient séparés. En creusant davantage, il a pu étayer l'existence de ces « tours de valse », où des camions entiers de détenus des deux sexes étaient mis en présence pour des séances de sexes sur commande, « offerts » comme des gratifications aux plus méritants de ces travailleurs de la mort. Il n'en fallait pas plus pour tisser de ces relations humaines complexes et intimistes dont Lapière a le secret. Comme à son habitude, l'auteur liégeois s'intéresse en effet davantage aux sentiments humains, à l'attente, à l'absence et au pardon plutôt qu'à la Grande Histoire. Celle-ci n'apparaît que comme un cadre général sous-jacent. Comme Lapière, Pellejero ne s'embarrasse pas des détails historiques, se contentant de créer une ambiance faite d'ombres, de regards, de silences aussi qui reflète à souhait le caractère intimiste et délicat de l'histoire. On avait été séduit par "Un peu de fumée bleue". On l'est tout autant par ce "tour de valse".
Magie Noire (Niklos Koda) par Laurent Fabri
Magie Noire, Niklos Koda tome 6, Dufaux et Grenson, Le Lombard Collection Troisième Vague.

Avec Niklos Koda, le très prolifique Jean Dufaux joue un peu sur la même corde que pour Jessica Blandy. Savant mélange de polar diplomatique et de magie noire, les aventures de Koda oscillent au gré des albums entre le réalisme d'une enquête et les arcannes de la magie avec une bonne dose de fantastique. Dans ce sixième tome, on est franchement dans le second registre. Mais à force de jongler avec les non-dits, les allusions et les ellipses, Dufaux, pourtant passé maître dans ces exercices en général, y perd un peu son lecteur. Ou c'est le lecteur qui s'y perd, ce qui revient sensiblement au même. On referme l'album avec une sorte de goût de trop peu en se gratouillant le haut de crâne avec perplexité, en attendant la seconde partie de ce dyptique qui donnera sans doute les clés de l'intrigue. Reste le dessin de Grenson, qui n'est jamais aussi bon que lorsqu'il dessine finement des portraits en gros plans. Avec un sens aigu des détails et des lumières dans ces décors, notamment cairotes. Grenson continue à améliorer ses dessins dont la finesse et l'élégance donnent une couleur particulière à la série. Mais aussi parfois une certaine froideur.
Prisonnières, Gil Saint André tome 7, par Jean-Charles Kraehn et Sylvain Vallée, Editions Glénat - Collection bulle noire

Si la collection Bulle noire de Glénat manque singulièrement de bolck buster pour l'imposer franchement, la série Gil Saint-André sort cependant du lot. Lancée il est vrai avant la collection, elle s'en démarque par un traitement plus soutenu et des scénarios nettement moins évidents. Après un premier cycle bouclé en 5 tomes, le défi qui s'imposait à Kraehn et Vallée était de pérenniser le héros titre, homme d'affaire de son état peu enclin à l'aventure, n'était la disparition aussi subite qu'étrange de sa chère et tendre. Bouclée en 5 tomes, cette saga policière se devait de trouver une nouvelle dimension. Reprenant des éléments de la première partie, Kraehn est effectivement parvenu à relancer le débat, jouant sur les relations ambiguës tissées entre Saint-André et la jolie flic beurette qui l'avait aidé dans sa première enquête. Dans le deuxième volet de ce qui sera une trilogie, le scénariste ne passe certes pas à côté de certaine évidence (les relations entre Gil et sa femme se sont forcément délabrées alors qu'il est forcément un peu trop préoccupé par le destin de la flicette). Mais Kraehn organise son récit sur fond de fanatisme islamique, qui ne manque pas de crédibilité. Le dessin de Vallée, qui a repris la série depuis le deuxième tome, est pareil à lui-même, sans réelle surprise mais précis et efficace.
Tensions alimentaires, Que du bonheur tome 1,par Jannin, Editions Le Lombard

20 ans après, il nous remet ça. Le facétieux Fred Jannin revient à ses premières amours et à ce qui fit son succès. Mais le brave Germain et sa bande ont pris un coup de vieux. A moins que ce ne soit pas vraiment eux. C'est bien connu, les héros de BD ça ne vieillit pas. Mais cette nouvelle galerie de portraits de « jeunes parents » éléments de familles décomposées, recomposées d'ex en ex, de nouveaux jules en nouvelles nanas leur ressemble vachement. Et ils ont plutôt bien vieilli finalement. Ni trop vieux cons, ni trop éternels ados sur le retour. Tout comme Jannin ne devait pas se forcer pour trouver l'inspiration de Germain, on sent le vécu dans Que du Bonheur. Les organisations de famille en garde alternée qui nécessitent une gestion assistée par ordinateur, les bassesses et vacheries à l'égard des nouveaux venus dans le circuit, les réactions des gosses qui profitent allègrement de la situation... Tout est prétexte à gags comme les conflits des générations l'étaient dans Germain. Jannin reste, lui, fidèle à lui-même. Que du bonheur !
"Le duel des esprits, Les sarcophages du 6ème Continent", Blake et Mortimer tome 17, par Sente et Juillard. Editions Blake et Mortimer - Dargaud.

Troisième tome depuis la reprise par le duo Sente et Juillard, qui commence à s'installer dans la série et lui donner une certaine personnalité, n'en déplaise aux puristes pour qui Blake et Mortimer post-mortem ne seront jamais plus Blake et Mortimer. Sans revenir sur le fait de poursuivre la série après Jacobs, à la lecture de ce nouvel opus, on ne peut s'empêcher de penser que le fait de cadrer les histoires des deux héros dans un contexte temporel figé gène un peu les auteurs aux entournures et pose certains problèmes de crédibilité. Là où Jacobs pouvait laisser libre cours à ses talents de visionnaire, Sente et Juillard sont obligés de composer avec les faits historiques. Mais bon passons et imaginons que l'on nous a caché des choses sur les coulisses de la construction de l'Expo58...
Après un premier volet très attachant qui avait l'immense mérite de proposer une vision de la rencontre entre Blake et Mortimer et d'observer les premiers émois amoureux du scientifique qui n'était pas encore barbu, ce second tome revient à une structure plus classique. Certes, on y apprend le fin mot de la rupture entre Morti et la princesse. Et on peut deviner que notre fumeur de pipe ventripotent gardera quelque chose de cette déconvenue amoureuse.
Les personnages gagnent ainsi encore en personnalité. Mais pour le reste, pas de véritable surprise, la facture graphique et narrative est bonne, mais manque sans doute encore de flamme. Les engins ne cassent pas des barreaux de chaise et le combat virtuel entre Olrik et Mortimer, par ectoplasmes interposés, manque un peu d'originalité (relisez Alef Tau par exemple dans un autre registre). On attendra maintenant l'exercice sous la plume de Van Hamme, avec Sterne au crayon en remplacement de Ted Benoit pour retrouver un nouvel attrait.
"Chansons pour les yeux", Jean-Jacques Goldman, Collectif. Editions Delcourt

Il n'est pas toujours facile de transposer le texte d'une chanson en BD. Pourtant de nombreux ouvrages s'y sont essayés : de Gainsbourg à Renaud en passant par Eddy Mitchell ou Piaf, Brel, Brassens voire Bobby La Pointe. Avec plus ou moins de bonheur il faut bien le dire. Une chanson est d'abord et avant tout faite pour être dite, pas pour être lue. A chacun, en fonction de la sonorité et de la musicalité des mots de coller sur le texte les images que cela peut évoquer.
Zep avait suivi les coulisses d'un enregistrement du dernier album de Goldman « Chansons pour les pieds » et en avait sorti un livret plaisant. C'est donc à lui que revient l'honneur de présenter cet album collectif consacré à un best of des textes de Goldman fort opportunément titré « Chansons pour les yeux ». Suivent une douzaine de titres et quelques élucubrations sur l'univers de JJG commis par une quinzaine d'auteurs. Quelques-unes de ces transpositions sont à épingler. La galerie de portraits féminins de Manu Larcenet ne manque pas d'intérêt. On la prend dans un sens, dans l'autre, on s'attarde sur celle-ci ou celle-là, indépendamment du texte. J'ai un faible pour « Là-Bas » de Letturgie. Dépassant le texte dont il reprend quelques bribes, Letturgie imagine plusieurs scénarios de ces départs qui sont des fuites. C'est simple, juste et déclinable à l'infini. « Sache que je » mis en image par Götting et « Tout était dit », sous le crayon gracieux d'Isabelle Dethan, restent... muet ou presque. C'est donc tout à une interprétation de l'esprit de la chanson plutôt que de ses lettres que ces deux dessinateurs se livrent. Réussi.
« Na Zdorovié, Shaniouchka », Lady S tome 1, par Van Hamme et Aymond. Chez Dupuis.

Jean Van Hamme avait annoncé sa volonté de lever le pied, et dès lors l'abandon progressif de certaines de ses séries phares. Thorgal, dont le 28ème tome vient de sortir, devrait s'arrêter au trentième épisode. L'auteur a promis de donner enfin le fin mot des origines de XIII d'ici deux albums. Wayne Shelton a été lancé sous son nom avant que le flambeau ne soit repris par Cailleteau après deux volumes (au grand dam d'Huguette Van Hamme qui avouait enfin un faible pour un héros créé par son mari !). Tout cela sentait finalement la pré-retraite pour le scénariste aux 130 histoires. Mais c'est mal le connaître ! Il suffisait d'une demande pressante de Dupuis, qui rêvait de trouver une série télégéniquement transposable, dans la foulée de Largo Winch, pour faire sortir des tiroirs de Van Hamme et de son cerveau fécond les bases d'une nouvelle série au long cours. Avec en sus, c'est une nouveauté pour l'auteur, le premier rôle confié à une femme. Après les grands paysages fantastiques de Thorgal, le business et la finance de Largo Winch et le perpétuel baroud de XIII, Van Hamme prend pour cadre les arcanes de la diplomatie. C'est sans doute là la vraie surprise de cette nouvelle série, formatée pour faire un succès grand-public. Mais ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, ce n'est pas mauvais pour autant. Que du contraire ! Sautant de flash-back en souvenirs, Van Hamme distille le profil de son héroïne, tour à tour voleuse à la petite semaine, tire-laine, fuyarde et assistante d'un ambassadeur plénipotentiaire américain. On le voit, tous les ingrédients sont là pour tisser une intrigue dont Van Hamme a le secret. Si la construction du récit est assez alambiquée, le lecteur ne s'y perd pas. Et le dessin de Philippe Aymond, qui se contente d'une facture très classique, facilite la lecture. Par rapport à ce qu'il a fait avec Bollé dans Apocalypsemania, Aymond s'interdit ici des mises en pages audacieuses ou des découpages trop innovants. Mais cela n'en fait pas une bd moins intéressante pour la cause. Il se plie simplement au ton du récit, ce qui est plutôt une qualité.
L'écharde tome 1, Secrets, par Duvivier et Giroud, chez Dupuis Collection Empreinte(s)
Le serpent sous la glace tome 1, Secrets, par Jovanovic et Giroud, chez Dupuis Collection Empreinte(s)

Frank Giroud est un habitué des projets au long cours. Avec Le Décalogue, il se la disputait avec Didier Convard (Le Triangle Secret) pour savoir qui des deux mèneraient son projet le plus loin, lequel des deux aurait recours au plus grand nombre de dessinateurs... Dans cette espèce de match commercial, Giroud l'a sans doute emporté : 10 tomes contre 7, autant de dessinateurs et un plus grand succès de librairie. Mais juge-t-on une bande dessinée en ces termes... Toujours est-il que ce premier opus n'a pas refroidi Giroud, qui remet son ouvrage sur le métier en lançant un nouveau projet d'envergure. Première sortie marquante de la nouvelle collection Empreinte(s) de chez Dupuis, les Secrets de Giroud apparaissent comme une sous-collection. Le vocable chapeautera en effet divers one-shot, diptyque ou triptyques confiés à des dessinateurs différents. Avec en fil rouge des secrets de famille, de ceux qui minent les relations, que l'on doit crever comme des abcès. Coïncidence du planning des sorties, l'ossature de ces Secrets ont quelques similitudes avec Lady S, la nouvelle série de Van Hamme qui fait, elle aussi, largement appel aux flash-back pour expliquer le présent.
Pour les deux premiers volets de cette mini-collection, Giroud fait appel au dessinateur ex-yougoslave Milan Jovanovic, qui démontre une fois de plus la bonne santé de la Bd dans les Balkans. Son style se ressent d'ailleurs de cette école graphique. Résolument réaliste, assez noir, moderne, mais, sa jeunesse expliquant cela, abritant encore certaines imperfections.
Le dessin de Marianne Duvivier n'est plus à présenter. Elle a déjà largement fait ses preuves, même si elle ne se départit pas de ses tics graphiques, qui font que la plupart de ses personnages ont un air de famille et qu'ils ressemblent un peu tous à d'éternels adolescents. La mère des deux protagonistes principaux semble ainsi être tout juste leur sœur aînée... Mais Giroud a eu l'intelligence de faire appel à une femme pour dessiner cette histoire de... femmes essentiellement. Et Duvivier met toute sa sensibilité dans cette histoire pour la rendre plus crédible encore.
« Le testament des ruines», tome 4 de la série Le cri du peuple, par Tardi et Vautrin. Chez Casterman.

Tardi n'a jamais caché ses sentiments de vieil anar'. Mieux, il les assume haut et fort dans le quatrième et dernier tome de la saga historique qu'il a consacrée à La Commune. Et de ponctuer l'album d'un retentissant « Ni dieu, ni maître », slogan des anarchistes de tout crin. La série en quatre volumes se pose comme une oeuvre majeure dans le travail de Tardi. Si son dessin reste reconnaissable entre mille, on sent néanmoins le plaisir jubilatoire que l'auteur a pris au long de ces quelques centaines de planches toutes en longueurs. Il se renouvelle cependant en introduisant çi et là des hachures parmi les zones blanches ou noires qui se juxtaposent tel un damier. Une sorte de renvoi aux gravures de l'époque. Déjà très familier des adaptations, notamment celles des romans de Leo Mallet pour Nestor Burma (un personnage qu'il transmettra par ailleurs à Moynot), Tardi ne faillit pas à la règle dans ce Cri du Peuple. S'il dit avoir conservé mot pour mot les dialogues du roman initial de Vautrin, Tardi s'est aussi fait plaisir en rajoutant une sérieuse couche d'argot qui donne encore plus de gouaille à sa galerie de personnages de fiction. Ceux-ci évoluent dans un cadre historique rigoureux, l'histoire se mêlant à l'Histoire. Avec ce dernier tome du Cri du Peuple, qui constitue le point d'orgue sanglant d'un crescendo rythmé, Tardi démontre une fois encore son talent de raconteur d'histoire.
« La Torpille», tome 1 de la série Double Masque. Par Dufaux et Jamar. Chez Dargaud.

Dessinateur totalement autodidacte (il gribouillait des petits chats très « franquinesques » dans les marges de ses cours de droit), Martin Jamar améliore son graphisme à chacune de ses nouvelles séries. Depuis François Jullien, son trait s'est sensiblement délié et gagne en force sans y perdre en détail. Ce premier opus de la nouvelle série historique qu'il lance avec Jean Dufaux démontre encore cette évolution. Le trait est plus jeté sur le papier et en devient plus dynamique, même si Jamar n'excelle pas encore dans les scènes d'actions pures ou de bagarres qui restent empreinte de raideur. Dufaux et Jamar avaient commis ensemble Les Voleurs d'Empire. Ce Double Masque, s'il reste historique, se veut aussi nettement plus léger. Le personnage de La Torpille, le héros éponyme de ce premier tome n'est d'ailleurs pas sans rappeler Giacomo C, le dragueur de la Sérénissime. L'intrigue policière prend le pas sur le fantastique morbide des Voleurs, même si, Dufaux oblige, on n'échappe pas à une dose de symbolique. Destinée à devenir une série au long cours, si les dieux de la BD lui prêtent vie, Double Masque doit consacrer un ou deux albums, indépendants ou en diptyque, à chacune des années du règne de Napoléon. Dans ce récit bien charpenté, Dufaux revisite la grande Histoire et mélange des personnages fictifs et des pointures historiques. Ce premier tome, qui comme chacun constitue une mise en place, pose déjà suffisamment d'éléments pour ouvrir l'appétit du lecteur. Affaire à suivre...
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