"Thorgal", quoi qu'on en pense, est un monument de la bande dessinée ; et c'est avec une certaine émotion et tristesse que l'on suit la fin de ses aventures. Van Hamme a voulu achever sa saga, par un feu d'artifices de références aux histoires anciennes. "Le sacrifice" ne renvoit pas moins directement à cinq albums de la série, sans parler d'allusions indirectes à d'autres pérpéties de notre héros (la barque volante, par exemple). Pourtant plus que le scénario, que je trouve bon mais sans plus, même si Van Hamme signe là un de ses meilleurs de la série depuis la fin du cycle du "pays Qâ", c'est le dessin de Rosinski qui retient l'attention. Il continue là sa méthode en couleurs directes qu'il avait initié pour "La vengeance du Comte Skarbek" (sur un scénario d'Yves Sente). Même si parfois, on a du mal à reconnaître Thorgal sur certaines pages, les planches sont magnifiques, en particulier les dernières pages. Et Van Hamme ne peut s'empêcher quelques pirouettes scénaristiques : on ne saura sans doute jamais la question que pose Jolan aux deux gardiens des portes; et le résumé sur deux pages de la "Marque des bannis" fait un peu remplissage mais passons... Mais en un seul album, il réussit à faire passer tout l'univers de Thorgal (de la gardienne des clefs, au village viking, en passant par l'intervention des Dieux, les combats, la magie, et sa famille... il manque tout de même le personnage mythique de la série, à savoir Kriss de Valnor dans cet album (bien que citée plusieurs fois). Quel tour de force ! Parallèlement à la sortie de ce tome 29, parait aussi un tome 29 bis (avec en vis à vis le scénario de Van Hamme et les planches de Rosinski), qui par le commentaire de Van Hamme sur la dernière case de l'album, nous émeut, nous qui avons suivi la destinée de l'enfant des étoiles depuis tant d'années. Merci aux auteurs de nous avoir fait vivre pendant presque trente années, l'histoire d'un homme hors du commun, Thorgal Aegirsson.