Comme beaucoup, et surtout comme certain, "Je suis né dans un siècle qui regardait en arrière". Alors Montparnasse, ses intellectuels, ses peintres et surtout leurs muses, je les connais depuis longtemps. Ce monde tant de fois dépeint, notamment par Yves Courrière dans "Jacques Prévert, en vérité" (édition Gallimard, Folio) : "Elles s'appelaient Kiki, Thérèse, Treize, Lucie Krohg&.et tas d'autres. Modèles, femmes du monde ou de demi monde, aventurières... égéries..." Lisez voire relisez cet ouvrage et vous retrouverez tout l'univers décrit par Bocquet et Catel, qui après l'étonnant "sang des Valentines" nous livre ici une oeuvre magistrale, une biographie fort bien documentée, digne de figurer dans votre bibliothèque près de celle de "Marie Laure de Noailles" (Laurence Benaïm), personnage d'avant-garde pourtant assez méconnue dans la présente bande dessinée et également mise en valeur par Man Ray, amant officiel de Kiki (son nom n'est mentionnée que dans une seule case). Fort de 336 pages, cet ouvrage se lit pourtant d'une traite. Découpé en courts chapitres relatant la plupart des épisodes de la vie de Kiki, j'ai apprécié ce pavé extrêmement bien documenté et très intéressant. Instructif, passionnant et parfaitement illustré, Casterman nous offre, une fois de plus, un livre qui, je l'espère restera dans les incontournables de cette année 2007. Hasard de l'histoire récente et de l'histoire des années folles, ce livre s'achève sur le cimetière de Thiais, cimetière des indigents et des oubliés, tristement célèbre lors de la canicule de 2003 mais aussi, cimetière où repose Kiki, oubliée de tous ...