Je ne dirai qu'un mot: Superbe. J'ai littéralement été pris dans le tourbillon de l'histoire.C'est fort bien documenté et ce volume mérite amplement les deux années d'attente. Quant l'histoire rencontre la grande Histoire, cela peut donner les pires commes les plus belles choses. Ici Gibrat nous plonge avec maestria dans les prémisces de la révolution russe, où bolchevicks, menchevicks, anarchistes et russes blancs se disputent encore le pouvoir vacant. Dans cet indescriptible chaos, nous retrouvons Mattéo,notre héros, une fois de plus embourbé dans des histoires d'amours déçues, tiraillé entre son engagement anarchiste et Léa,pur produit du bolchévisme. Autant le premier volume,nous nagions dans un monde malheureusement familier et connu(celui de la première guerre mondiale, souvent traité en bande dessinée -voir le magnifique "Notre mère la guerre" de Kris et Maël) autant ce présent opus nous amène vers des territoires moins exploités dans le monde de la bd, à savoir Pétrograd en 1917; même si le retour sur Paris à la fin de l'album nous ramène plus près de chez nous - d'ailleurs la vignette en bas de la page 46 ne vous fait pas songer à un célèbre poète parisien à une table de bar ? Le dessin de Gibrat est toujours aussi réussi, aussi bien dans les scènes russes, que dans les scènes parisiennes ou champêtre.Certes, comme l'a précedement écrit Coacho, les personnages, surtout féminins, se ressemblent d'une série à l'autre (Comme si l'héroïne du "Sursis" était condamnée à vivre toutes les aventures imaginées par Gibrat), mais moi, je ne me lasse guère du trait du dessinateur. Un album dépaysant, riche en dialogues, dense, et , je le répète superbement illustré...bref une réussite, une de plus pour Gibrat.