Reléguée au rang de "lecture en attente", j'avais remis toujours au lendemain, la lecture de cet album (peut-être à cause du scénario assez absent du tome précédent). Et là Ô surprise, Gradimir Smudja fait l'effort d'élaborer un scénario digne de ce nom, avec cette amourette de Toulouse Lautrec et Mimi (ah "Mimi, mon petit bout de chou de rien du tout, Mimi! est -ce que tu m'aimes..." comme le chantait Maurice Chevalier !). Comme dans un tourbillon de la vie, on rencontre le Grand Tolstoï qui reprendra la fin tragique de Mimi dans un de ses plus beaux romans, "Anna Karénine". Oui, car le génie de Smudja est de faire rencontrer les principaux artistes de la fin du 19ème siècle au même moment, au même endroit, à l'image de l'exposition chez Nadar, page 8 et 9. Smudja est donc à la bd, ce que Sacha Guitry était au cinéma avec des films commme "Si Versailles m'était conté". Avec notamment des running gags présents tout au long des deux albums (Eiffel, Le capitaine Dreyfus). L'humour, en outre, n'est pas absent de cet album : la sérénade page 37 et l'artiste qui prend le dessus sur l'amant, toujours page 37 ! En outre, et cela m'a fait plaisir car j'avais adoré le fabuleux "Vincent et Van Gogh", il entremêle dans un formidable chassé-croisé son premier album avec celui-ci. Je ne vais pas revenir sur le fabuleux dessin de Gradminir Smudja (allez jeter un coup d'oeil page 7 ou encore page 27, par exemple, d'ailleurs repris sur la couverure) ni sur les superbes couleurs, pour vous démontrer le talent ce cet auteur complet. Des mises en pages audacieuses (la scène du miroir, page 46) viennent en plus pimenter l'histoire. Si vous aimez la peinture (les impressionnistes), le cinéma (avec des scènes dignes du film "French Cancan" de Renoir), et la bd, lisez le "Bordel des muses", à la fois drôle, tendre et instructif.