Si vous n’aviez qu’un album à lire ce mois-ci, lisez « le désespoir du singe ». Déjà avec un titre aussi énigmatique et beau, vous ne pouvez que succomber à la tentation. En outre la couverture est, à mon avis, une des plus belles de cette année 2006. Pourtant, ne connaissant pas du tout l’oeuvre d’Alfred, mais uniquement celle de Peyraud (et encore simplement comme dessinateur) j’ai tout de suite été conquis par cette bande dessinée. Une romance pour ne pas dire une histoire romantique dans un monde Kafkaïen, où des mystérieux chantiers d’irrigations semblent indispensables au pouvoir en place, dont le bras armé ressemble à des êtres difformes. Dans cet univers prêt à exploser, deux êtres, un peu bohèmes, un peu fous mais surtout amoureux vont bouleverser l’ordre établi. Car il s’agit bien de cela, d’une histoire d’amour, magnifiquement dessinée et mise en scène, sur un fond dramatique. Beaucoup de références et d’allusions dans cet opus (on songe notamment au «dictateur» de Chaplin, pour le contexte ; scènes sur les toits, les manifestations, la fuite programmée du pays, ) Un dessin élastique (les personnages semblent fait en caoutchouc) d’Alfred, magnifique, servi par les couleurs forts réussies de Delf. Lecture indispensable pour tout bédéphile qui se respecte. Faites comme moi, ne demandez qu’à tomber sous le charme de Vespérine. Ma bd coup de cœur du moment.