Les 56 critiques de Arnaud Reymann sur Bd Paradisio...

Go and Go, tomes 1 & 2, de Takao Koyano chez Punch Comics

Avant toute chose, il faut remarquer que Go and Go fait son apparition dans une collection Shonen, c'est à dire destinée à un public d'adolescents mâles. Même si j'ai passé l'âge, j'apprécie généralement le côté délassant des quelques grandes séries proposées en version française.
Un manga sur le Base-ball ne peut qu'évoquer la série « Rookies ». Mais on en reste au stade de l'évocation, car toute autre comparaison serait outrancière. Ici, le lecteur à tout intérêt à maîtriser les règles de ce sport. Le mangaka, Takao Koyano, ne s'embarrasse pas de subterfuges pour tenter de les expliquer, elles sont supposées acquises. On rentre immédiatement dans l'histoire ; quelques lycéens du club de Base-ball d'une école de Tokyo rêvent d'intégrer l'équipe et de participer à un des plus prestigieux des tournois. Sans plus d'explications quant à leur passé ou leurs sentiments, on n'a pas vraiment le temps non plus de s'attacher à ces personnages. Deux choses caractérisent le héros principal : ses passions (dans l'ordre) pour l'onanisme et le Base-ball... un peu limité, cela restreint l'intérêt qu'on pourrait lui porter. Quant à la forme : le dessin est assez simpliste et (ab)use des codes traditionnels du manga. On a beau être habitué à la déformation et la simplification des visages ou des corps des intervenants pour exprimer leurs états d'âmes ou leurs sentiments ; toutes les deux cases, cela désoriente quelque peu le néophyte. Bref, ce n'est pas une série à montrer aux détracteurs de mangas, à moins de vouloir leur fournir la batte pour vous frapper.
Arrowsmith, Tome 2, par Kurt Busiek et Carlos Pacheco, aux Editions USA.

Imaginez un bataillon de Harry Potter, sans balais mais un dragonnet sur l'épaule, menant des batailles aériennes pendant la première guerre mondiale. Dans cette uchronie, la magie est à portée de tous, il suffit d'apprendre. Le jeune Arrowsmith est l'un des officiers de l'unité d'élite aérienne, un engagé volontaire américain parti délivrer le vieux continent. Le scénario a un petit air de déjà vu, mais n'est pas traité de façon compatissante ou méprisante. Il est vrai que les auteurs de comics, ces dernières années, se sont distancés d'une représentation binaire du monde telle celle -souvent- véhiculée par les autorités US. Le récit mêle habilement légendes, magie et faits historiques, et les codes du monde ensorcelé imaginé par Kurt Busiek sont suffisamment simples pour être immédiatement intégrés. Même pour un néophyte comme moi, c'est vous dire...
Ping Pong, Tome 5, par Matsumoto chez Delcourt.

Taiyou Matsumoto est peut-être le plus hors norme des mangakas.
L'homme avoue sa fascination pour les bd européennes, principalement pour Giraud/Moëbius. Ce qui se ressent dans une série comme Number 5, mais le trait de Matsumoto ici rappelle plutôt celui de l'Argentin Munoz. Matsumoto, aime les références ; il n'hésite pas à truffer ses cases d'hommages et de renvois, un véritable jeu de piste pour le lecteur. Les perspectives et le découpage d'une planche version Matsumoto n'obéissent qu'à des règles qui lui sont propres ; cela peut déstabiliser de prime abord, mais comme tout est pensé et dessiné en vue de donner corps aux personnages et au récit, on se laisse prendre par cette (dé)(re)structuration. Mais ce qui me séduit avant tout, dans ses mangas, c'est la puissance qui se dégage de ses histoires : comme dans Amer Béton, le mangaka excelle à décrire des personnages complexes et tourmentés. Et au travers d'eux, une société et ses maux. En refermant ce cinquième volume de Ping Pong, on ne regrette qu'une chose, c'est que la série se termine.
500 mille chevaux, Golden Cup, tome 2 par Pecqueur et Henriet, chez Delcourt.

L'Aventure avec un A majuscule. Il n'y manque aucun ingrédient. Un héros, son mentor, les copains du mentor (des papys à la retraite qui étaient les meilleurs dans leur domaine mais qui rempilent par amitié), des moteurs, des méchants, des vengeances et des jolies femmes. Vu ainsi, cela fait un peu cliché. Mais dosés savamment par Daniel Pecqueur, tous ces éléments (indispensables à une bonne histoire d'action) font de Golden Cup une réussite. Un récit très dense où plusieurs histoires s'entremêlent, sans que l'on s'y perde. La course, la destruction de Golden City, un kidnapping, la vengeance de l'ancien boss de Daytona ; toutes ces histoires devraient se résoudre au fil des étapes de la Golden Cup. Il est aussi amusant de constater que cette série qui se situe pourtant dans l'univers de Golden City, née sous les doigts du même scénariste, démystifie un peu la série-mère. La maman du jeune Banks n'apparaît pas ici sous des traits des plus sympathiques. Le dessin d'Alain Henriet est en harmonie avec le scénario, ainsi d'ailleurs qu'avec l'univers de Golden City. Clair, sans surcharge, et assisté au design des véhicules par un Manchu au mieux de sa forme. Le seul élément un peu inquiétant, dans cet opus, est la place grandissante du narratif dans les cases. Il n'en faudrait pas beaucoup plus pour atteindre la saturation. Cela mis à part, ceux qui ont apprécié Golden City ne seront pas déçus par cette série. Pareille, mais très différente.
"Les larmes de la concubine", L'Orfèvre, tome 5 par Warnauts et Raives chez Glénat

La trouvaille, c'est l'acteur principal, Lafleur. Un agent secret plutôt petit, avec un début de calvitie et une tendance à l'embonpoint. A s'éloigner ainsi des stéréotypes, on doit forcément se rapprocher de la réalité... ce choix crédibilise de toute façon le personnage. Dans cet album, suite et fin de l'intrigue développée dans le tome précédent. Lafleur est chargé de résoudre une enquête sur un trafic d'objets d'arts, plus précisément le pillage du patrimoine culturel du Cambodge. Et cela implique bien sûr les plus hauts dignitaires des deux pays, la France et le Cambodge. La localisation de ce récit (plus de campagne Cambodgienne et moins de Paris) permet aux auteurs de donner libre cours à leurs envies graphiques. Les arrières plans sont traités au crayon, et non à l'encre de chine. Cela allège les cases, et permet à l'aquarelle de donner sa pleine mesure. Et pour renforcer ce travail de couleur directe, la ligne semi-réaliste des auteurs tend de plus en plus vers la ligne claire. Le découpage est à l'unisson : moins de cases, et des vignettes plus importantes pour déterminer l'atmosphère et pour le rendu des paysages. Je parle des auteurs de façon indistincte tant il est difficile de déterminer qui fait quoi. Les textes et le scénario sont de Warnauts, mais revus par Raives ; les couleurs de Raives retouchées par Warnauts, et les dessins... à quatre mains ! Ils dessinent donc à deux, sans que l'on puisse déterminer la part de l'un et celle de l'autre, et qui sait s'ils ne sont pas non plus ambidextres.
Sur la terre comme au ciel, tome2, de Tomasi & Snejbjerg chez Soleil.

Suite et fin d'une bd des plus gores, cette année. Depuis la série Preacher, je n'avais pas vu autant de tripes, de tronçonnages, de cervelle et d'hémoglobine réunis dans un comics... mais beaucoup ont pu m'échapper, à vrai dire. Car je ne suis pas vraiment attiré par les scènes d'une précision chirurgicale quant à l'éviscération de mon prochain. Mais il n'empêche, « Sur la Terre.. » est une série plutôt prenante. Cette aventure surnaturelle qui oppose deux archanges voit son aboutissement lors de la seconde guerre mondiale. Les auteurs ont su éviter l'écueil d'une transposition bien/mal au combat Américains/Allemands, car, au final, bien des soldats US sont eux aussi des nephillims (les méchants). Dans sa version originale, l'histoire était découpée en quatre volumes. Le format est quasiment identique à celui d'une bd franco-belge, mais le découpage diffère. Quatre à six vignettes par planche, et très peu de changements de lieux, les albums en v.o. donnent l'impression d'être un peu lights. La version française en deux tomes gagne donc au change. Pour le dessin, pas facile de se prononcer. Certains personnages semblent croqué par Will Eisner, d'autres rappellent le graphisme de Berthet. De la caricature à la ligne claire, cela laisse de la marge... remplie par quelques traits parfois réalistes.
L'ultimatum (Lefranc) par Arnaud Reymann
L'ultimatum de Jacques Martin et Francis Carin, chez Casterman

Anachroniques. C'est le mot qui vient à l'esprit à la lecture des dernières aventures de Guy Lefranc. Et cet opus n'y fait pas exception.
Le contexte se veut d'actualité. Grand banditisme, terrorisme et haute technologie. Mais Jacques Martin fait évoluer ses personnages comme il le faisait il y a déjà quelques décennies. Lefranc version 1950, mais dans un décor 2004. Le mouvement, le découpage, les dialogues, les réactions des protagonistes ; tout semble daté et frappé du sceau de l'immuable. Bref, toute la trame du récit semble en décalage avec son contexte. Le scénario pêche aussi par manque de cohérence. Exemple : la police et les services secrets se déchargent en grande partie de l'enquête sur une menace terroriste pour la confier à Guy Lefranc... un journaliste ! Mais tout cela se veut ultra réaliste.
Jacques Martin, à qui il a été reproché de ne pas intégrer suffisamment de femmes dans ses œuvres, innove tout de même un peu. Lefranc hérite donc d'un nouveau compagnon (certains disent faire-valoir) ou plutôt une nouvelle compagne. Sophie, apprentie photographe. Que les puristes se rassurent, pas d'histoire de coeur à l'horizon, la belle est sa cousine. Puristes qui apprécieront aussi la présence d'Axel Borg, l'ennemi intime du reporter, toujours au rendez-vous. Dernière précision ; le dessin est dorénavant assuré par Francis Carin en lieu et place de Christophe Simon, sans que cela ne se ressente sur la « ligne Lefranc »... pareille à elle-même.
L'Enragé, tome 1, de Baru chez Casterman

C'est du Baru, le récit se passe donc sur fond de chronique sociale, dans un quartier de HLM. Sauf qu'Anton, le héros, est décidé à tout faire pour sortir de ce qu'il considère comme de la misère. Il met donc tout son talent de boxeur à accomplir son but.
L'histoire ne peut que rappeler celle -véridique- d'un des plus grands champions du ring, Mike Tyson. Jusqu'à cette caricature de son mentor, Don King. Une histoire qui ne perd en rien de sa force, transposée dans un décor français. Les sentiments et la relation amour/haine d'Anton et de son père sont poignants, et donnent toute sa force au scénario. La narration est basée sur une suite de flash-back savamment dosés, on ne perd donc pas le fil du temps ou des lieux. Mais s'il me faut tempérer ma joie à la lecture de cet album, ce serait pour une petite constatation graphique ; Baru ne semble pas trop apprécier les arrière-plans, quasiment inexistants. Ce qui peut parfois surprendre dans certaines vignettes, mais n'enlève rien à la puissance de ce premier volet.

Sleeper - T. 1 (Sleeper) par Arnaud Reymann
Sleeper, Tome 1. Par Ed Brubaker et Colin Wilson, chez Semic.

S'il est question de super-héros, ou plutôt d'homme aux super-pouvoirs, Sleeper s'apparente plus au polar noir de la grande époque, celle d'il y a longtemps... Spilane et Hammet, par exemple. Aussi bien dans le ton ; dur et incisif. Dans la forme ; raconté à la première personne. Dans le caractère des personnages principaux ; en acier trempé. Et bien sûr dans l'histoire ; violente et rythmée. Les amateurs du style vont donc apprécier, quoique la narration soit parfois un peu confuse en raison de trop nombreux flash-back.
Un comic aux allures définitivement européennes. Le personnage principal à des airs de Gord (Denayer) en plus abouti. Les seconds rôles semblent tout droit sortis d'une BD de Giraud. Cette dernière remarque s'explique sans doute par des réminiscences de la collaboration de Wilson avec Charlier et Giraud, sur la série Blueberry. Dans quelques cases, en cherchant bien, on retrouve d'ailleurs un troisième couteau qui ressemble fichtrement à maître Gir himself, croqué par Wilson. Se lit donc aussi facilement qu'un bon roman, même s'il ne va peut-être pas laisser un souvenir impérissable.
« Je veux le prince charmant » d'Hélène Bruller, chez Albin Michel

« Je ne dois pas avoir de préjugés en lisant une nouvelle bande dessinée ». Belle profession de foi, difficile à appliquer ! Et c'est quand vous commencez à l'oublier qu'un album vous y ramène. Ainsi, « Je veux le prince charmant » se présente comme un énième recueil de crobards dont on se dit qu'ils ont dû paraître dans un magazine quelconque. Tellement quelconque d'ailleurs, le mag, qu'on l'a raté dans la salle d'attente du dentiste.
Bon, c'est donc l'histoire d'une fille qui analyse ses rapports aux hommes, les autres filles, et le reste de la terre. De l'introspection comportementaliste : original, tiens ! Chaque semaine, on sort quelques dizaines de bd de ce genre, pas plus. Deux planches plus tard, vous souriez, car « ça », votre tendre moitié vous l'a déjà dit. Encore deux planches de plus, et vous riez... Cette fois, c'est vous qui avez tenu ce discours à votre aimé(e). D'ailleurs, vous ne résistez pas au plaisir d'interrompre votre lecture pour appeler votre conjoint(e) et lui montrer tel ou tel gag. Bref, les pages passent vite, au rythme de vos zygomatiques. Vous finissez même par trouver que ces dessins sont plutôt expressifs, la caricature bien tapée. Marrant, parce que au début, cela vous rappelait plutôt l'oeuvre de votre petit neveu. Mais c'est vrai, vous aviez oublié que « je ne dois pas avoir de préjugés en lisant une nouvelle bande dessinée ».

Dernière précision ; si vous êtes misanthrope, ou si vous avez vécu ces dix dernières années à l'écart de vos congénères avec pour seul ami Fifi, le canari et votre collection de bd, alors suivez vos préjugés. Aucune chance qu'Hélène Bruller vous fasse rire.
Eternal Sabbath, tome 3, Fuyumi Soryo, chez Glénat

La fin de l'excellente série « Parasite » chez l'éditeur il y a quelques semaines a laissé un vide dans le catalogue de la science-fiction manga. Aussi la sortie de ce troisième volume tombe de façon très opportune. ES est de la science fiction où le mot science prend toute son importance. Un enfant créé dans un laboratoire possède le pouvoir de pénétrer les esprits, et de les remodeler à sa guise. Ou d'agir dessus. Mais tous les êtres humains ne sont pas aussi perméables à ce pouvoir. Tout à son désir de revanche, le gosse laisse derrière lui nombre de cadavres. Face à lui, son clone, doté du même pouvoir, et une jeune scientifique.
Comme souvent, ce n'est pas par le dessin que ce manga se distingue, mais bien par le scénario. Original, efficace et bien ficelé. On peut par contre lui reprocher de distiller les éléments au compte goutte. Il faut donc faire preuve de patience, car le rythme de parution d'ES n'est pas des plus réguliers.

"Le sommet des dieux", de Jiro Tanigushi et Yumemakura Baku. Aux éditions Dargaud - Kana.

C'est donc une adaptation bd d'une oeuvre d'un célèbre romancier japonais. A ce titre, l'atmosphère du monde créé par Tanigushi est sans doute moins intimiste que dans ses dernières bd, mais reste époustouflant...
Ce n'est pas du manga, dans l'acceptation « traditionnelle » du terme. Cela signifie que les codes usuels des mangakas n'ont pas cour ici. Pas de déformation des personnages, de dessins « suggestifs ». Par contre, un des avantages évidents de la bd nippone sur la bd franco-belge donne toute sa mesure dans les albums de maître Jiro : 2 à 300 pages par opus permettent de cerner au mieux les personnages, de détailler les situations et les ambiances. Et c'est là un art où Tanigushi excelle.
Après un deuxième tome à peine moins percutant que le premier, le récit reprend en force. Il donne l'impression au lecteur d'avancer pas à pas, mais que le sommet final n'est pas encore atteint.

Hikaru-no-Go, tome 12, par Hotta & Obata. Editions TONKAM

Chaque thème, chaque métier, chaque activité de la vie (ou presque) à son manga. Du golf à la pêche à la mouche en passant par les études, le foot et le jeu de Go ! Le Go, c'est ce jeu où deux adversaires disposent l'un de cailloux noirs, l'autre de blancs, à disposer sur un goban (sorte d'échiquier). Les pions d'un joueur doivent encercler ceux de l'autre camp, pour les faire changer de couleur.
Et oui, une bd sur le Go peut être passionnante. Tout au long de la série, on rentre dans cet univers pourtant assez hermétique. Les auteurs ont eu l'intelligence de prendre pour héros Hikaru, un garçon plutôt turbulent, qui ne connaît rien aux subtilités de ce jeu ancestral. Jusqu'au jour où Hikaru est hanté par Saï, un joueur de génie décédé plusieurs siècles plus tôt. Pour satisfaire Saï, Hikaru rentre peu à peu dans le monde du Go, entraînant à sa suite le lecteur.
Au niveau dessin, rien que de très classique, usant des habituelles ficelles du graphisme manga. Tout l'intérêt réside ici dans les personnages. Car comme Hikaru se prend au jeu, il se trouve confronté à un grave dilemme. S'il laisse jouer Saï, son « fantôme », il acquiert certes la renommée, mais non pas pour son jeu à lui. Or Hikaru a décidé de devenir l'un des meilleurs. Il s'est fixé un objectif, battre le plus prometteur des jeunes professionnels. Objectif qu'il veut atteindre à l'aide de son développement de jeu, et non celui de Saï.
Au-delà de l'histoire, ce manga permet aussi de percevoir certains des enjeux de la société orientale. L'exaltation de valeurs morales, mais surtout intellectuelles. La rigueur des convenances, l'obsession d'être le meilleur.
Attention, après lecture, donne une étrange envie de jouer au Go.

« Le baiser d'Arakh », Aquablue tome 10, par Cailleteau & Siro. Chez Delcourt

Pas de répit pour les héros. A peine le temps, pour Nao, d'embrasser sa compagne et son fils nouveau-né que le revoilà parti aux confins de la galaxie. Cette fois, le jeune milliardaire servira de passeur d'armes malgré lui. L'aventure le laissera en bien fâcheuse posture, à suivre donc au prochain épisode.
La série Aquablue s'est imposée, au fil des ans, dans l'univers SF de la bande dessinée. Un space opéra bien ficelé, qui n'est pas sans rappeler les mondes créés par des grand maîtres tels Frank Herbert (Dune) ou Isaac Asimov (Fondation). Cet opus voit le retour de Vatine au story-board, les débuts de Siro au dessin et bien sur Cailleteau, l'incontournable créateur de la série, toujours présent au scénario. La passation de pouvoir, au niveau graphique, est réussie. Une des raisons de l'encadrement de Siro par le duo Cailleteau/Vatine. Les auteurs poursuivent le concept d'histoire en deux tomes, et ce de façon assez heureuse. Car le scénario de ce 10ème volume est dense et mérite ce développement en deux fois 46 planches.
Seul bémol : une case, où les auteurs ont joué du « floutage informatique » pour rendre les impressions de Nao, revenant à lui après avoir été assommé. Une tentative graphique que je regrette, car elle ne trouve pas vraiment sa place au côté du dessin de Siro. Et la force de la série, pour moi, réside aussi dans le fait d'avoir évité l'informatisation à outrance, du moins dans son rendu. Mais bon, il s'agit là d'un tout petit bémol, qui ne gâche en rien le plaisir ressenti à la lecture de l'album.
Parallel - T. 2 (Parallel) par Arnaud Reymann
« Parallel », tome deux, par Kobayashi chez Panini Comics.

Cette jeune série parue chez Panini Comics est LE cas d'école pour aborder ce qui est commun à bon nombre de mangas : les fantasmes des mangakas, et surtout de leur lectorat. A savoir : les lycéennes, leurs sous-vêtements et les formes (féminines) généreuses. Trois éléments que l'on retrouve dans un grand nombre de séries manga, et ce quelque soit le thème abordé. Des histoires de ninjas à celles traitant d'ados.
Parallel appartient à cette dernière catégorie. Nekota (le cancre de service) est amoureux de Hoshino (la première de classe). Leurs rapports, déjà très tendus, vont se compliquer lorsque le père de l'un va épouser la mère de l'autre ; pour pimenter le tout, les parents vont devoir s'absenter un an, laissant les deux jeunes vivre ensemble. Bref, le scénario est propice au développement de très nombreux quiproquos, et permet surtout aux auteurs de mettre en scène et d'ordonner les fantasmes mentionnés plus haut. Les dessins et la dynamique de cette série sont assez classiques, dans l'univers manga. Les visages paraissent familiers tant ils ont peu changé depuis l'époque de Candy. Les cases sont émaillées de croquis très simplistes, qui expriment les états d'âmes des protagonistes.
Sans être exceptionnel, Parallel est pourtant agréable à lire. Le scénario est original, il devrait en tout cas plaire aux amateurs du genre. Mais ce n'est sans doute pas la bd à recommander à un néophyte qui souhaite lire son premier manga.
Blue par Arnaud Reymann
« Blue » de Kiriko Nananan, chez Casterman (collection Sakka).

« Blue », ou le manga indépendant. Casterman décide de frapper fort pour le lancement de sa nouvelle collection manga ! L'album peut déplaire à tous comme séduire dès la première lecture. Du manga, l'album garde les conventions : 200 pages permettent d'exprimer bon nombre de choses uniquement par le dessin, de faire la part belle à des seconds rôles. Aux indépendants, l'auteur emprunte tout le reste. En abordant un thème aussi intimiste que les relations entre deux lycéennes, attirées l'une par l'autre, sans que leur sexualité en soit pour autant définitivement définie, l'éditeur prend ici un risque évident. Car les codes en vigueur au Japon ne sont pas encore totalement assimilés chez nous, en Europe. Mais là, deux jeunes étudiantes (nipponnes) semblent se séduire. Elles ne rejettent pas les hommes pour autant, au contraire. Pour mener une vie normale (selon leurs codes moraux), c'est-à-dire aider ses parents dans leur vie future, l'une d'elle envisage son amour saphique comme du bonheur entre parenthèses. Seul le mariage est envisageable, obligée qu'elle est de prévoir la vieillesse de ses géniteurs. Ces errements, balbutiements et hésitations sentimentales se font sous la plus dépouillée mais peut-être la plus pure des encres de chine. Très peu de décors, un maximum de gros plans, découpés comme dans une scène au ralenti. Reste bien sûr, un inconvénient majeur pour le lecteur occidental. L'auteur use du prénom ou du nom de famille avec une totale indifférence, les héroïnes se ressemblent, sans parler des héros... bref, l'opus nécessite quelques relectures (à moins d'être plus doué que moi) pour être certain de ne pas se tromper entre les personnages. Mais au final, la marque laissée par cet album est indélébile... bleue, comme la fleur, aux relents de mélancolie ! Bref, comme dans les mangas d'exception, on perçoit une facette supplémentaire de la vie Japonaise au quotidien. Et ce sans tomber dans les ficelles habituelles du genre. Pas de fantasme « culotte ou poitrine généreuses », ni de bas de cases simplistes pour résumer l'état d'esprit des protagonistes. Faut-il préciser que la mangaka, Kiriko Nananan, est une femme ?
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