J’avais eu un avis mitigé en lisant pour la première fois “Ame rouge” car le scénario me semblait trop dense, une deuxième lecture plus approfondie m’a gommée une partie de ce sentiment négatif. « Ame rouge » est un album qui regorge de détails secondaires. Ainsi, dans cette bd, le lecteur découvre une réflexion sur l’art, un retour sur l’Allemagne nazi, la chasse aux communistes, quelques découvertes sur le passé de notre héros et j’en passe ! Et pourtant, l’intrigue principale est la course aux armements dans une époque qui rappelle énormément la guerre froide. Ainsi, j’ai eu la sensation de me perdre à la lecture de cet album par la faute de trop de choses à raconter. Une deuxième lecture estompera un peu cette perdition car le scénario est tout de même bien construit mais diable, pourquoi les auteurs n’ont pas pris l’initiative d’allonger cette histoire en au moins deux albums (même s’il faut attendre 2-3 ans pour lire le tome suivant) ? Graphiquement, Guarnido a pris beaucoup de risques avec cet album. Par rapport aux tomes précédents, le lecteur s’apercevra que l’auteur a utilisé une mise en couleurs inhabituelle. Ainsi, les tons orangés et bleuâtres, ainsi que ceux en vert marin apparaissent dans cette bd. Ce qui a eu pour conséquence que j’ai eu le sentiment de me retrouver face à un album moins « polaristique » que les précédents. Il n’empêche que certaines planches comme celles des pages n°21, 27, 43 et 44 sont vraiment magnifiques ! De même, j’ai adoré l’introduction basée sur une partie de poker. Les personnages de type animalier sont dans l’ensemble attachants et me sont apparus très expressifs. Pour ceux qui souhaitent découvrir comment Guarnido a réalisé ses planches, je leur conseille de feuilleter le hors série de «Blacksad » : « L’histoire des aquarelles ». « Ame rouge » est un album en deçà des deux premiers tomes de la série surtout au niveau du scénario qui, à mon avis, fourmille de trop de détails. Cependant, après une relecture, j’avoue l’ensemble demeure tout de même bien construit et très plaisant à lire. Je suis admiratif devant la volonté de Guarnido d’avoir essayé des mises en couleurs plus osées et inhabituelles pour lui, signe que l’auteur aime se remettre en question même quand le succès des deux premiers tomes de « Blacksad » fut au rendez-vous. Chapeau !