Les 1231 critiques de Thierry Bellefroid sur Bd Paradisio...

« Deus ex Machina », le tome 5 de la série Carmen Mc Callum, par Fred Duval et Gess. Dans la collection Néopolis des éditions Delcourt.

La collection Néopolis possède quelques beaux fleurons. Deux d'entre eux, Travis et Mc Callum, sont l'oeuvre du même scénariste, Fred Duval. Avec Carmen Mc Callum, Duval a réussi la parfaite symbiose entre le polar pur jus, la BD d'aventure et la SF. De souche irlando-catalane, Carmen, jeune « surdouée » de l'IRA (l'Armée Républicaie Irlandaise) dans les années 2030-2040, est aujourd'hui mercenaire (nous sommes aux alentours de 2050). Au début du premier tome, les auteurs n'hésitaient d'ailleurs pas à en faire un personnage de tueuse sans scrupule, prenant le risque de « confier » leur série à un personnage antipathique. Mais depuis, Carmen s'est humanisée. Et surtout, elle accepte des missions d'intérêt général pour le compte de l'ONU. Après avoir empêché la fusion entre une entité artificielle et le cerveau d'un parrain maffieux japonais en compagnie de son ami hacker « Bugg » dans le premier cycle, elle était embarquée depuis le tome 4 dans une course contre la montre pour sauver des milliers de vies américaines. Résumons la situation. Carmen, engagée par l'ONU, arrêtait de manière spectaculaire un homme recherché par l'Etat du Nevada, Samuel Earp, un fabricant d'armes apparemment protégé par le gouvernement fédéral américain. L'ONU savait que l'homme disposait d'avancées technologiques secrètes dans ses laboratoires et lui évitait le jugement par l'Etat du Nevada s'il laissait aux Nations Unies un contrôle sur ses usines. Mais Earp avait tout prévu. En cas de capture, il lâchait une armée de nanotueurs invincibles sur quatre cibles avec pour mission de tuer toute forme de vie pendant douze heures. Dans ce cinquième album, Carmen tente d'empêcher le carnage. Mais les ennemis sont nombreux et viennent de partout. Et les embrouilles sont tout aussi nombreuses, car la situation s'est considérablement compliquée depuis le début de l'aventure... trahisons, guerres de pouvoir et secrets militaires bien gardés se succèdent page après page. Heureusement, Carmen n'est pas seule. Bugg, qui a pris la place du parrain japonais à la fin du premier cycle a désormais fusionné son cerveau avec une intelligence artificielle. Il devient une sorte de « justicier » à ses côtés. Le rythme est toujours aussi effréné que lors du premier cycle de trois épisodes. Les personnages sont de plus en plus attachants, notamment l'héroïne, Carmen. Le découpage est parfait, les situations sont crédibles. Bref, c'est de la bonne, de la très bonne SF, servie par des protagonistes taillés pour l'aventure. Rien à dire, ce deuxième cycle se conclut comme le premier sur la mention : très bien. Le troisième sera composé de trois épisodes.
« C'est moi le chef », tome 2 de la série « Les années Spoutnik », par Baru. Chez Casterman.

Loin de « L'autoroute du soleil », Baru poursuit cette « autopsie » de ses années d'enfance (« les années Spoutnik » , par référence à l'époque de ce premier satellite envoyé dans l'espace, pour les plus jeunes qui tenteraient de comprendre la portée mystérieuse de ce titre...). Et si le premier album nous avait essentiellement paru sympathique (ce qui n'est pas toujours le plus beau des compliments), il faut admettre que celui-ci est superbe (ce qui est un vrai compliment !). C'est vrai, Baru n'est sans doute jamais meilleur que quand il dénonce violence, racisme et banlieues, ce qui n'est pas le cas ici. Mais cette touchante histoire d'enfance de gosses aussi immigrés qu'insouciants est peut-être la clé pour mieux comprendre ce qui a poussé l'italo-breton Hervé Baruléa (son vrai nom) à créer des univers si intéressants depuis plus de vingt ans. Les dialogues son truculents, les bagarres de mômes valent bien celles des « grands », les situations cocasses se succèdent à un rythme soutenu, les gueules des gamins sont amusantes et puis, il y a cette pointe de nostalgie qui fait du bien juste où il faut. A la manière de ces groupes de heavy metal qui font chavirer les coeurs dès qu'ils font un slow, le rebelle Baru nous donne ici une vision acidulée et régénérante de l'enfance. Un ton unique.
Boule de gnome (Oscar) par Thierry Bellefroid
« Boule de gnome », tome 1 des aventures d'Oscar, par Durieux et Lapière. Chez Dupuis.

Denis Lapière avait-il encore besoin de prouver qu'il était aussi à l'aise dans le registre enfantin que dans les BD adultes comme celles de la collection Aire Libre? Non, sans doute. Son « Ludo » nous a convaincus depuis longtemps. Et à l'opposé, ses collaborations avec Stassen, Gillon ou plus récemment Pellejero sont tout aussi réussies. Bref, le scénariste liégeois tient la forme et il le prouve. Avec un Christian Durieux qu'on attendait dans ce genre d'exercice depuis le magnifique « Benito Mambo » paru aux Humanos dans la collection Tohu Bohu, il réalise ici une très belle histoire qui augure d'une bien jolie série. Révélé par « Avel » chez Glénat (une bonne série injustement boudée par le public qu'il n'est pas trop tard pour découvrir, scénario de Jean Dufaux), Durieux avait enchaîné avec un exercice moins réussi au Lombard (Foudre), avant de surprendre tout le monde avec Benito. Désormais, il mène deux « carrières » de front. Il y aura d'une part le Durieux réaliste, un trait plus sévère qu'il met au service d'Andréas dans la série Mobilis entamée chez Delcourt l'an dernier. Et il y aura le Durieux plus rond, plus naïf, au dessin à la fois dépouillé et expressif, celui d'Oscar. Lapière lui offre sur un plateau les ingrédients d'une jolie série enfantine. Il y a le « héros », Oscar, petit gamin débrouillard qui a fui son orphelinat pour « vivre tout seul », comme il dit. C'est le roi de la tchatche. Il invente comme il respire et se tire, grâce à cela, de toutes les situations. Il est sous la protection d'un SDF, Khartoum, qui se conduit comme son père. Ce duo adorable va tomber sous le charme d'une tout aussi adorable gosse de riche, Gégé. Et jouer au chat et à la souris avec tous ceux qui se sont lancés à leurs trousses. C'est drôle, gentil sans être mièvre, joliment découpé (avec de petites surprises en fin de double page pour maintenir le suspense) et -je me répète- magnifiquement mis en image par Christian Durieux.
Multivitaminé par Thierry Bellefroid
« Multivitaminé », par Woodrow Phoenix et Ian Carney, à La Comédie Illustrée.

Drôle de mélange que celui de ces deux histoires très différentes réunies sous le titre « Multi-vitaminé ». Il y a d'abord un court récit des aventures loufoques de Panta-fourmi, une fourmi justicière abritée par un gigantesque pantalon d'acier aussi truffé de gadgets que la voiture de James Bond. Elle poursuit un cygne barbu qui a décidé de détruire tous les pantalons de la ville. C'est fou, très proche d'un dessin animé sans contrainte, où tout est possible, où le merveilleux côtoie le mauvais goût et le mauvais goût le dispute à l'humour. Drôle, à condition que ce soit à petites doses (ce qui est le cas ici). Et puis, sans prévenir, on bascule dans un univers beaucoup plus réaliste (même s'il est très fantaisiste, lui aussi), celui de deux héroïnes qui vivent leurs aventures à l'agence de détectives Kat&Kat. Sugar Kat et Rebecca Kat sont aussi différentes qu'on peut l'être, bien qu'elles soient jumelles. L'une est la fille la plus jolie et la plus populaire du monde. Même sous ses lunettes noires, n'importe quel clodo la reconnaît. Elle décide de prendre une année sabbatique, délaisse ses affaires très rentables, achète sans la prévenir 51% des parts de la société de détective de sa soeur et l'y rejoint. Rebecca, elle, a toujours vécu dans l'ombre de la belle Sugar. Elle rêve qu'un garçon s'intéresse un jour à elle pour autre chose que pour approcher sa jumelle. En attendant, elle a plutôt les pieds sur terre et voit d'un assez mauvais oeil le « congé sabbatique » de Sugar. Ce couple est drôle et bien exploité par le scénariste, Ian Carney, mais aussi par son dessinateur, Woodrow Phoenix, qui a réussi à donner à Sugar cette apparence de fille parfaite sans pour autant faire de sa soeur un laideron. La mise en page est dynamique et ignore presque totalement le « gaufrier » pour adopter une structure plus éclatée et parfois même très libre qui correspond davantage aux habitudes du comics américain. La ligne est dépouillée, les décors stylisés -voire inexistants-, mais le dessin de Phoenix l'emporte par son dynamisme et sa fraîcheur. Beaucoup moins folle que le court récit de la Panta-fourmi, cette aventure des soeurs Kat m'a semblé plus intéressante et sans doute plus digne de connaître une suite en albums. Il se murmure que Walt Disney aurait acheté les droits et s'apprêterait à mettre de vrais visages sur ceux dessinés par Phoenix...
Politique étrangère par Thierry Bellefroid
« Politique étrangère », par Jochen Gerner et Lewis Trondheim. A L'Association.

Même perdu sur une île déserte, Trondheim écrirait de petites histoires sur le sable, devant sa hutte. Il ne lui faut pas grand chose pour démarrer. La preuve en est cet album réunissant cent strips minimalistes de quatre cases chacun. Difficile de travailler davantage à l'économie ! Pourtant, Lewis Trondheim y transcende son talent. Poussé par la rigueur d'une telle discipline dans laquelle excellent généralement davantage d'Américains que d'Européens, il imagine comment la venue inopinée d'un étranger peut remettre en question toute la vie d'un petit royaume dont nous ne voyons qu'une demi-douzaine de sujets en tout et pour tout. Car les personnages sont aussi peu nombreux que les éléments de décor, il n'est pas utile d'en avoir plus. Il y a le roi, la reine, le chef de la sécurité, un médecin, un geôlier, deux dieux (un blanc et un noir)... c'est à peu près tout. Chaque strip a un début et une fin, il peut se lire sans références aux autres. Mais mis bout à bout, ils forment une histoire savoureuse qui nous en dit long sur la logique, le poids des mots, l'abus d'autorité, le pouvoir, la loi du plus fort... Un exercice brillant, joliment servi par l'encre de Chine un peu épaisse et le dessin minimaliste de Jochen Gerner.
« Green manor, Tome 1 », par Bodart et Vehlmann, dans la collection Humour Libre des éditions Dupuis.

S'il a commencé à dessiner en 1985, c'est un peu plus tard, avec Nicotine Goudron (sur scénario de Yann, albums chez Albin Michel à partir du début des années 90, prépublication dans l'Echo des Savanes) et avec les Affreux (scénario Morel, albums chez Glénat, prépublication dans Circus) que Denis Bodart a rencontré les faveurs du public. Beaucoup ont cependant presque oublié son nom aujourd'hui. Ils s'en souviendront à coup sûr après la lecture de cet excellent premier recueil d'histoires courtes réunies sous le titre générique de « Green manor ». Le point commun entre tous ces récits ? Le lieu et le contexte, d'abord. Nous sommes au « Green manor club », un club anglais comme il en existe tant d'autres, à la fin des années 1870. On y boit et on y devise entre gentlemen. Seul sujet de conversation, les affaires criminelles. Autre point commun entre toutes ces histoires : l'extrême soin qu'y apporte le scénariste Fabien Vehlmann. A chaque fois, il convient de ramasser en quelques pages une enquête singulière, un défi aux lois de la logique, un pari qui a tourné court. Les assassins y sont plutôt sympathiques et leurs méfaits ont l'allure de chefs d'oeuvre. A tel point qu'un des récits du recueil est justement consacré à la tentative de crime parfait que désirent laisser dans l'histoire deux éminents membres du club, « par amour de l'art ». Ce n'est pas désopilant, mais c'est brillant d'intelligence, de finesse. Les références sont nombreuses et l'on pense inévitablement au Baker Street paru l'an dernier chez Delcourt, qui chassait un peu sur les mêmes terres. La mécanique scénaristique est sans doute poussée plus loin encore ici. Quant au dessin de Denis Bodart rehaussé par les couleurs très à propos de Scarlett Smulkowski, il est tout simplement magnifique. Bodart réalise en effet la fusion entre l'école « Marcinelle », comme on l'appelle -l'héritage Spirou, quoi- et une ligne beaucoup plus réaliste qui lui est personnelle. Dommage qu'il n'ait pas soigné davantage sa couverture.
Planeta Games (Les Technopères) par Thierry Bellefroid
Je viens de lire... « Les Technopères, tome 3 », par Zoran Janjetov, Fred Beltran et Alexandro Jodorowsky. Aux Humanoïdes Associés.

Suite du récit des mémoires du Suprême Technopère, Albino, qui nous raconte depuis trois albums maintenant comment il a été formé et s'est forgé son caractère. Et cette fois, on sent qu'il va entrer dans une période décisive puisqu'à la fin de cet album, il s'en va vers un destin inattendu. En attendant, on a droit comme à l'accoutumée au récit croisé de son initiation et à la saga familiale ; Albino continue en effet de raconter l'étrange destin de sa mère et de ses frère et sœur pendant qu'il remonte le fil de ses propres souvenirs. Bref, la vitesse de croisière est atteinte. Avec son paléovocabulaire, le méta-scénariste Jodo nous emmène où il veut puisque tout est permis. Mais y croit-il lui-même ? Il y a des moments où on se pose la question. Sûrement pas la série la plus intéressante du « maître »... Quant à Janjetov et Beltran, ils s'en donnent à cœur joie et usent la 3D jusqu'à la moelle. Je ne dirai pas qu'on s'ennuie, mais qu'on se laisse faire.
« Fouilles mortelles », tome 1 des Manuscrits de sang, par Latil et Julié. Chez Soleil.

Pas de doute, Alain Julié a lu Walthéry, tout Walthéry, dans sa jeunesse. Non seulement son dessin est en filiation directe, mais son héroïne, Annaïs, est un subtil mélange entre la rousse Rubine, dont elle a gardé la couleur, et la blonde Natacha, dont elle a conservé la coupe. A Jessica Blandy, en passant, elle a emprunté la profession d'écrivain qui rédige des romans largement inspirés de ses propres aventures. Mais la comparaison s'arrête là avec l'héroïne de Dufaux et Renaud. Annaïs est un petit bout de femme à qui rien ne fait peur et qui ne recule devant aucun risque pour vivre des aventures palpitantes, à la manière d'un Indiana Jones en tailleur et talons hauts. Son intérêt pour l'archéologie -mais aussi et surtout pour les phénomènes inexpliqués-, va l'amener à se mesurer à une sorte de Golem qui tue tout le monde sur son passage (sauf elle, qui est la seule à se tirer indemne des griffes du monstre) et qu'une vieille prédiction semble avoir réveillé. C'est gros, cousu de fil blanc et éculé jusqu'à la moelle, mais on a aussi envie de se prendre en sympathie pour ces personnages qui manquent totalement de crédulité tant ils sont « enfantins » dans leur psychologie. Bref, une BD pour un public extra-jeune, qui aimera ce dessin à la Walthéry rehaussé d'effets informatiques et cette intrigue de roman de gare menée tambour battant par Dominique Latil qui a l'air d'y croire.

Love & Rockets X par Thierry Bellefroid
« Love & Rockets X » par Gilbert Hernandez. Chez Rackham.

C'est une famille, une galerie de personnages. Ils sont une trentaine au total et j'avoue qu'au début, j'ai eu un peu de mal à suivre. En fait, toute cette petite communauté vit à Los Angeles et se croise, se rencontre, se déteste souvent cordialement (ça ira jusqu'au meurtre de l'un d'eux) sans toujours respecter la logique narrative qui prévaut sous nos latitudes. Mais une fois qu'on emboîte le pas à Gilbert Hernandez, on se prend d'affection pour ses personnages qui se débattent à la recherche du bonheur dans un monde dominé par l'argent, le racisme, l'intolérance et le désenchantement. Toute l'histoire tourne autour de l'organisation d'un concert par le groupe local « Love & rockets », formé par une joyeuse bande de névrosés. Sur la période de quelques jours qui précède et suit ce fameux concert, des amours se tissent et d'autres se dénouent, une petite vieille de la communauté noire est sauvagement battue par trois blancs, un scénariste homosexuel juif en mal d'inspiration cherche une porte de sortie -et accessoirement un compagnon-, sa jeune et superbe fille allume les regards de tous ceux qu'elle croise -filles ou garçons- et décidera finalement de rejoindre sa mère en Irak à la veille de la guerre (signalons en effet que cet album fait partie d'une véritable saga de 15 albums parus à ce jour aux Etats-Unis et que celui-ci se place à la fin des années 80). Bref, une chronique de L.A. où l'on retrouve des blancs et noirs mais aussi des latinos, qui viennent en droite ligne des autres épisodes de la saga de Gilbert Hernandez. Sans en avoir l'air, il s'agit d'un véritable portrait de société qui aborde de front des thèmes comme le racisme ou l'homosexualité (tant masculine que féminine) et s'approche de romans comme ceux de Brett Easton Ellis. Un instantané sans concession. Il faut dire que la couverture annonce la couleur. En la voyant, on n'a pas l'impression qu'on s'apprête à ouvrir un livre de contes de fées.
Des éclats de nuit par Thierry Bellefroid
« Des éclats de nuit » par Richard et Lanzi. Dans la collection Grands Chapitres des éditions Glénat.

Il y a du Muñoz dans cet album. Et ce n'est pas une critique, mais plutôt un éloge. La collection de romans BD étrangers des éditions Glénat nous emmène cette fois dans un univers de violence exacerbée, sur les traces d'un flic sans foi ni loi qui décide de faire le ménage lui-même. Le thème n'est pas neuf : le roman, le cinéma et la BD foisonnent de ces héros qui franchissent la ligne pour faire justice eux-mêmes. Ce qui est intéressant ici, c'est d'avoir choisi un personnage de flic qui, dès le départ, donne des signes de déviance. Violent, sado-maso invétéré mais pas alcoolo (bien vu, car cela évite les poncifs habituels), Elis a décidé de régler son compte à un truand qu'il piste en vain depuis des années. Comment ? En le poussant à bout, pour qu'il commette une erreur. Ce match au sommet va très vite dégénérer et les caractères des deux hommes se révéler. Elis apparaît finalement au moins aussi détraqué que son « gibier », Joseph Pavalli, le truand qui est en passe de devenir un homme respectable en blanchissant son patrimoine... Le climat est malsain à souhait, l'ambiance tendue d'un bout à l'autre et le dessin aux larges aplats noirs tailladés de blanc rehausse encore ce climat. Bref, un polar, un vrai.
« Le bois des mystères ; Les enfants-hiboux » par Deth et Corcal. Chez Casterman.

Ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain, comme on dit : il y a aussi du bon dans les « Nouvelles têtes, fortes têtes » des éditions Casterman. A côté d'une majorité d'albums malheureusement insipides, quelques-uns, comme ces « enfants-hiboux » méritent de sortir du lot et de trouver leur public. (Il y a également le très réussi « Choco » de De Brab et Zidrou). Deth (de son vrai nom David de Thuin) et Corcal animent déjà ensemble dans les pages de Spirou une petite bande souvent drôle, les Zorilles (le tome 2 vient de sortir chez Dupuis, pour ceux que ça intéresse). Corcal est par ailleurs l'auteur des Dragz et collabore aux Rat's de Ptiluc (Humanos). Leur nouvel univers est tout simplement magique et très réussi. Trois gamins qui adorent jouer dans la forêt vont vivre une palpitante aventure avec sorcière, oiseaux qui parlent, potion magique à effet limité, monstre enfoui sous la terre, évasions et combats, ruse et angoisses. Quenouille, Bouture et Filardo (et leur inséparable ami le corbeau Kwartz) ont installé un système de téléphonie à base de pots de yaourt dans les arbres. Enfin, pour être exact, il s'agit encore d'un prototype. L'orage éclate. En rentrant à la maison, le papa de Bouture renverse un hibou. Le garçon le ramène pour le soigner et là, le hibou lui confie...ses plumes et une mission : donner un document de première importance au roi qui se trouve dans le (sinistre) manoir de la Bobèche. Bouture découvre les joies du vol nocturne et se rend au manoir... où la grande aventure peut commencer, mêlant sorcellerie, mythes enfantins (le dragon, les lutins exploités au fond d'une mine pour chercher un trésor) et témérité. C'est plein de trouvailles, de rebondissements, de drôlerie aussi. Et le dessin de Deth est totalement réjouissant. Pour un peu, on croirait lire une sorte de « Donjon » destiné aux plus petits, tant l'inventivité rappelle celle de Sfar et Trondheim.
« Signé Mister Foo », le tome 1 des mémoires d'Amoros. Par Felipe H. Cava et Federico Del Barrio. Chez Amok.

Amok ne nous a pas habitués à la publication de séries. Mais cette fois, le choix s'imposait. Car après l'extraordinaire « Berlin 1931 » de H. Cava et Raùl, il était difficile de renoncer à traduire les autres albums du génial scénariste espagnol qu'est Felipe H. Cava (signalons qu'un autre de ses albums est également paru aux éditions Amok, en 95 (« Fenêtres sur l'Occident ») et que Fréon a publié en 99 « Lope de Aguirre, L'expiation », dessiné par Ricard Castells). Les mémoires d'Amoros font donc leur apparition au catalogue et se distinguent d'emblée de ce que l'on appelle communément les séries. Les histoires proposées ont bien une fin à chaque épisode. Ces épisodes sont construits sur un mode somme toute assez classique, celui du récit des souvenirs du « héros », interviewé par une femme dont on ne sait encore rien pour l'instant. Et ce héros, c'est Angel Amoros, journaliste de deuxième rang, comme il se définit lui-même, qui travaille au quotidien La Voz. Par sa ténacité, il va se retrouver un peu trop près de certaines vérités. L'histoire se passe sous la dictature de Primo de Rivera, dans les années vingt, à Madrid. Elle mêle -comme on pouvait s'en douter chez H. Cava- les éléments historiques à la fiction. L'intrigue policière n'est ici qu'un prétexte pour explorer cette période sombre qui précède la fameuse Guerre de 36 d'une petite quinzaine d'années. La toile de fond choisie par le scénariste, ce sont les conséquences de l'abandon de l'ancienne colonie philippine aux américains, une vingtaine d'années plus tôt. C'est forcément passionnant, intelligent, politique. C'est aussi superbement raconté par le dessinateur, Federico Del Barria, dont le trait d'encre de Chine dessine les visages avec une aisance et une fluidité stupéfiantes. Ses cases sont toutes de véritables petits tableaux (je donnerais cher pour avoir une planche originale !), les cadrages sont à la fois simples et magnifiques, les gris traités avec génie et le mélange de l'encre et de l'eau -à la manière d'un Emmanuel Guibert, par exemple- permet de donner une structure étonnante aux matières les plus floues, comme la laine d'un manteau. En un mot, Federico Del Barrio fait preuve d'une maîtrise exceptionnelle du noir et blanc. Ceux qui ont lu « Relations » et « Simple », deux albums minimalistes parus chez Amok, seront étonnés d'apprendre qu'il s'agit du même dessinateur, caché pour l'occasion sous le pseudo de Silvestre.
« Lise a souvent peur », tome 1 de la série Graines de paradis. Par Makyo. Chez Glénat.

Makyo ne se donne jamais autant de mal que lorsqu'il dessine lui-même ses histoires (en dehors, peut-être, du tout premier cycle de Ballade au bout du monde). Ce « Graines de paradis » est bien parti pour rivaliser avec Grimion Gant de Cuir ou avec le très beau et partiellement autobiographique diptyque édité dans la collection Aire Libre, Le coeur en Islande.
Makyo est un grand conteur d'histoires. Pas étonnant qu'il ait choisi cette fois de placer le conte au centre de son récit. Car ce sont les mots qui sont les vrais héros de cette nouvelle histoire, les mots et leur pouvoir. A peine quelques cases et l'on est transporté dans un autre monde, bien vite familier. Pierre -l'adolescent aux mots qui soignent- et Lise -la petite fille qui se protège de sa mère en s'imaginant des armées d'alliés parmi les insectes- forment un couple inédit et touchant. Leur histoire familiale les relie. Lise est privée de père, Pierre de mère. Normal, ils sont partis ensemble, laissant là conjoint et enfant. Pour Lise, l'enfer a commencé. Sa mère est devenue folle et possessive. Sans compter que des crises de catalepsie la font mourir... et ressusciter quelques minutes plus tard. A peine le temps pour la pauvre Lise de réaliser qu'elle en est délivrée... et sa mère rouvre les yeux ! Pour Pierre, heureusement, il n'en a pas été ainsi. Son père a su lui donner assez d'amour et de force pour affronter la vie. Car le père de Pierre a un secret, il connaît les contes qui peuvent changer le destin. C'est ce secret que Makyo nous invite à partager, dans cette très belle utopie qui commence. Et si les mots pouvaient vraiment changer la vie, guérir, tracer des destins ?...
« Toutes les fleurs s'appellent Tiaré ». Une aventure de Luc Leroi. Par J-C Denis. Chez Casterman.

Pas étonnant que cet album ait été remarqué par le Grand Jury d'Angoulême. Peut-être n'obtiendra-t-il pas d'Alph Art, mais il a déjà le mérite de sortir du lot parmi une production d'humour plutôt terne, cette année (en dehors de quelques ténors qui continuent de tenir la grande forme comme Tronchet et Pétillon, par exemple). Ami de longue date de Martin Veyron, Jean-Claude Denis a comme lui un amour immodéré pour les personnages qui subissent les pires outrages avec un certain détachement, voire une apparente félicité. C'est le cas de Luc Leroi dont le profil est plutôt à rechercher en négatif (c'est-à-dire en commençant par définir ce qu'il n'est pas plutôt que ce qu'il est). Leroi passe son temps à rater les plus belles occasions. Mais il a le mérite de rester en vie là où d'autres seraient restés sur le tapis. Pourquoi ? Parce qu'il n'est jamais là où on l'attend. Ca vaut pour le lecteur. Ca vaut aussi pour les tueurs lancés à ses trousses. Dans cette drôle de course poursuite, Jean-Claude Denis s'amuse à ne rien montrer de l'exotique décor qu'il s'est choisi : Tahiti. Les événements s'enchaînent à merveille, les situations burlesques se succèdent et Luc Leroi nous étonne toujours, malgré ses vingt ans d'existence, fêtés en marge de l'album dans un petit livret où quelques-uns des amis de l'auteur livrent leur vision du rouquin au costume démodé. Il y a quelques excellents dessins, on regrettera seulement que cet événement n'ait pas pu donner lieu à un supplément de pages au sein même de l'album, qui le méritait bien.
« La traque, Les tribulations de Roxane », par André Taymans. Aux éditions Point Image -JVDH.

Un Taymans qui a tardé à trouver les rayons des libraires, puisqu'il a été achevé en février 98, il y a près de... trois ans ! On y retrouve des ingrédients pourtant très proches du dernier Caroline Baldwin. Trop proches, peut-être, pour être savourés avec le bonheur qu'il se doit par le lecteur. Car comme dans « Angel rock », l'expédition en montagne doit servir ici de révélateur et d'épreuve rédemptrice. Au-delà des similitudes entre les deux albums, ces « tribulations de Roxane » proposent une nouvelle héroïne (c'est presque superflu de le dire, tous les personnages principaux de Taymans sont des femmes hormis le très récent Mac Namara dont il n'est pas le scénariste), une jeune ado en fugue et en révolte contre un grand-père qui n'a pas su lui éviter l'orphelinat. Elle va découvrir que ledit grand-père est moins indifférent à son égard qu'elle le pensait. Elle va aussi découvrir qu'il a de la ressource et une sacrée santé physique. Dans une course contre la montre où Taymans laisse un peu trop facilement percevoir les ficelles qui vont mener au pot aux roses, les deux personnages principaux vont se (re)découvrir. L'histoire est belle, les héros ont des têtes qu'on a déjà vues (on peut presque intervertir les héroïnes des différentes séries) la montagne est magnifique et tout cela sent un peu l'hommage à Cosey, dont André ne cache pas qu'il est son « maître ». Bref, un beau moment, surtout pour ceux qui aiment les sommets enneigés, l'escalade, la nature et les histoires intimistes.
La cérémonie (Les Apatrides) par Thierry Bellefroid
« La cérémonie », tome 1 de la série « Les apatrides », par Plongeon et Peynet. Chez Pointe Noire.

Avec un dessin réaliste efficace et des couleurs plutôt réussies, Frédéric Peynet n'a pas à rougir de son manque d'expérience. Isabelle Plongeon non plus. Le premier tome de cette trilogie (le second paraîtra en mai prochain) nous emmène sur les traces de deux adolescents que tout devrait séparer. Eva est une jeune fille sage, son père a été gardien dans la cité. Mathieu, lui, est un « exclu », du moins en a-t-il l'apparence. On reconnaît les exclus au fait qu'ils n'ont pas les cheveux blancs. Car dans la cité, toute pigmentation a disparu, du fait de la prise obligatoire d'un étrange produit. Ceux qui arrêtent de le consommer retrouvent la couleur originale de leurs cheveux, c'est le cas de Mathieu. Mais s'il a désobéi, Mathieu n'a pas pour autant conscience de ce qu'il défie. L'Autorité de la cité saura se rappeler à son souvenir. D'autant qu'une singulière rencontre va amener le jeune adolescent à aller plus loin dans la recherche de la vérité. Il va découvrir un terrible secret qui plonge ses racines dans le passé de l'espèce humaine et se perpétue sur le principe de l'horreur absolue. Dans ce monde où les bouchers sont rois, Eva et Mathieu vont se battre pour être libres. Peut-être faudra-t-il pour cela abandonner le confort de la cité et son dôme apaisant...
Les deux prochains volumes devraient nous entraîner dans une histoire passionnante, du moins si l'on se fie à cet excellent prologue. Isabelle Plongeon maîtrise bien son intrigue et dose ses effets. Elle peut compter sur le découpage classique mais sans faille de Frédéric Peynet. Les « apatrides » ont donc tout pour plaire.
Caricature par Thierry Bellefroid
« Caricature » de Daniel Clowes. Chez Rackham.

Le pape de l'underground US nous revient après une année 99 marquée par deux excellentes traductions : « Ghost World » (même éditeur) et « Comme un Gant de velours pris dans la fonte » (Cornélius). Dans ce « Caricature », on retrouve son intérêt pour les histoires courtes, proches de la nouvelle, où le texte est une voix-off nous permettant d'entrer dans l'intimité d'un personnage souvent névrosé, toujours prisonnier de quelque chose. Ces petits portraits qui se suivent forment une seule grande toile -ou une caricature ?-, ils parlent du mal-être et de la vacuité. Tous les personnages de Clowes (des hommes pour la plupart, mais l'une des histoires est un portrait de femme) semblent planer sans fin au-dessus du vide de leur existence, dépeignant le monde qui les entoure avec une sorte de fatalisme constant. Mais il y a le sens de l'observation, il y l'originalité des situations et des protagonistes, il y a les polaroïds de la société américaine qui justifient pleinement ce nombrilisme apparent et donnent un sens à ces petites histoires au ton si pessimiste. Du grand art.
« Comme un vol de Flamants, tome 1 », par Ramon Finster et Franck Dumouilla. Chez Pointe Noire.

C'est une belle histoire que nous conte là Franck Dumouilla. Une histoire qui a elle-même une histoire. De sa rencontre avec le peintre, romancier et poète Ramon Finster est né le personnage de Julien, un petit vieux tout ridé qui décide de s'offrir une seconde jeunesse en se battant contre toutes les injustices. Il ne s'agit pas à ce moment d'une Bande Dessinée mais bien d'un roman où Finster met beaucoup de lui dans le personnage principal. Revigoré par un amour tardif avec une jeune fille de vingt ans nommée Louise, Julien se prend pour Don Quichotte et s'en va de par le monde, s'attaquer à « ses » moulins. En commençant à écrire son histoire, c'est à lui, Don Quichotte, que pensait Finster. Quand son ami Franck Dumouilla a commencé à adapter son roman en BD, l'auteur a marqué son enthousiasme. L'aventure a continué. Mais Ramon Finster n'a pas vu le résultat final, il est disparu avant la fin du premier album. Franck Dumouilla navigue donc à vue et tente de coller au mieux aux mots de son ami. Et ma foi, cette adaptation est plutôt réussie. Il y a dans ce premier tome une poésie touchante, de très belles envolées de mots empruntés à la langue de Finster et « déposés » dans la BD. Il y a aussi ces personnages attachants au premier rang desquels on trouve ce vieux barbu, Julien le rêveur, l'écorché vif, révolté contre toutes formes d'abrutissement, contre toutes les privations de liberté. Parti avec le narrateur à la recherche de la fameuse Louise, son amour « tardif » disparu un beau matin sans laisser de trace, il profite de l'énergie que cette femme lui a insufflée pour pourfendre en cours de route toutes les injustices qui ont le malheur de s'offrir à son regard. Le plus beau moment -le plus poétique en tout cas- est sans doute celui où il sort son violon pour pousser les flamants roses de Camargue à s'envoler vers la migration avant que leur présence dans les marais ne se retourne contre eux. Ma seule réserve, peut-être, vient d'un dessin parfois inégal et qui -s'il est généreux- manque de maturité. Mais ce n'est qu'un petit bémol, le reste est bien plaisant.
« Hôtel particulier, Première partie », par Christophe Bec et Stéphane Betbeder. Chez Soleil.

Il n'y a pas que cet hôtel qui soit particulier, pour paraphraser le titre de cette BD. Il y a le climat qu'on y trouve. Et il y a surtout le fait qu'elle soit publiée chez Soleil. BD réaliste qui se propose comme une réflexion sur l'art de choquer et sur l'art tout court d'ailleurs, elle se présente comme un ouvrage alternatif en noir et blanc et sera ultérieurement complétée par un document vidéo. Bref, le genre de livre que publie plus volontiers un collectif qu'un éditeur grand public comme Soleil. Au-delà de cet étonnement, force est de constater que les auteurs sont parvenus à leur fin. En racontant comment un petit groupe d'artistes vit sous la domination d'un jeune « gourou » qui dirige leurs créations en vertu de principes de provocation, ils nous plongent dans un univers glauque, sur les traces de ce personnage peu sympathique et dominateur. Les dialogues sont souvent cruels car ils dénotent l'absence totale de scrupule et de sentiments de ce personnage central qu'on aurait du mal à nommer « héros ». Les visages sont d'une telle fidélité à leurs modèles qu'on pourrait croire qu'il s'agit d'un roman photo en noir et blanc. Cela accentue bien évidemment le malaise du lecteur qui assiste, comme un voyeur, à ces petits moments d'humiliations et de mort. Le dessin n'est pas facile d'accès pour autant et certaines séquences sont parfois difficiles à décrypter. On voudrait évidemment en lire davantage pour savoir où les auteurs veulent nous emmener et s'ils peuvent tenir la distance. Rendez-vous est pris.
« Le nouveau rêve », tome 1 de « Après L'Incal ». Par Moebius et Jodorowsky. Aux Humanos.

Le grand retour de Moebius aux côtés de Jodo explique évidemment l'opportune réédition de l'Incal, ces deux dernières années. L'Incal, ce pilier de la littérature SF en BD, est l'ossature sur laquelle Jodo a bâti toutes ses séries, même celles qui n'ont pas de rapport direct avec l'univers original de John Difool, comme Megalex ou les Technopères. La relecture (ou l'achat ?) des six tomes de l'Incal (291 pages initialement parues de 81 à 88, dans Métal Hurlant, pour rappel) mais aussi celle des six tomes d'Avant l'Incal (dessinés par Janjetov) est évidemment hautement recommandée avant d'entamer la lecture de ce nouveau cycle, qui -contrairement à ce que laisse supposer son nom- ne se situe pas après le cycle original, mais bien au milieu du cinquième tome de l' « Avant ». La deuxième partie de ce cinquième tome, le sixième et les six volumes de « l'Incal » tout court (vous suivez ?) n'auraient été qu'un rêve. John Difool, le fameux détective de classe « r » se réveille. Et peut maintenant vivre la réalité (quoique ? Avec Jodo, on peut s'attendre à ce que ce soit finalement exactement le contraire). Sur cet audacieux postulat, Jodo repart en croisade et nous en redonne pour notre argent. Certains diront que ce n'était pas nécessaire de remettre le couvert. Mais à la lecture de cet album, on retrouve la marque de la parfaite entente entre les deux créateurs de l'Incal. Evidemment, il faut s'habituer à voir du Moebius retouché à l'ordinateur par Beltran et complété par des effets de décors en relief. Mais la première page seule est déjà l'indication du plaisir que le maître a dû prendre à dessiner cet épisode, renouant avec une période à jamais marquée par l'inventivité et la liberté. Quant à Jodo, il axe évidemment ce nouveau cycle sur les qualités intrinsèques de son (anti-)héros, qui se résument au fait qu'il s'agit d'un être de chair et de sang. C'est ça qui sauvera le monde, menacé par la soif de pouvoir des machines. Car, une fois de plus, Difool est amené à sauver le monde. On ne se refait pas !
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