Les 1231 critiques de Thierry Bellefroid sur Bd Paradisio...

« Premières chaleurs, tome 1 : du mois de mai... » par Jean-Philippe Peyraud. Chez Casterman.

Difficile de ne pas rapprocher cet album du « Pyjama Party » de Christopher, paru quelques mois plus tôt à La Comédie Illustrée. D'abord, le thème est presque le même. Ensuite, le traitement est similaire. Enfin, il s'agit pour l'un comme pour l'autre d'un premier album en grand format et en couleur. Pour être complet, signalons que les deux auteurs se connaissent bien ; Christopher a publié Peyraud à La Comédie Illustrée. Bref, plutôt que de rechercher le plagiat, il faut davantage voir dans ces deux albums une communauté d'intérêts et peut-être même, le signe de l'émergence d'une école, qu'ont tirée derrière eux -parfois sans le savoir- des auteurs comme Dupuy et Berberian. Non seulement ces dessinateurs se caractérisent par un trait assez proche, mais en plus ils racontent des histoires profondément ancrées dans le quotidien qui, si elles ne sont pas directement autobiographiques, sont largement inspirées de la vie autour d'eux. Ainsi, quand Christopher prenait le parti de laisser parler des filles d'une vingtaine d'années de leurs amours, de leurs parents, de leurs rêves, etc... il les disposait sur quelques coussins dans une chambre et inventait la « pyjama party ». Peyraud, lui, fait à peu près la même chose, si ce n'est qu'il fait parler alternativement un groupe de garçons et un groupe de filles. Les uns sont continuellement en mouvement : on les voit au resto, dans la rue, chez un copain... les autres sont réunies dans un appart' et discutent entre elles tout en faisant participer une copine plus lointaine grâce au téléphone main libre. Pour passer des premiers aux secondes, Peyraud joue sur un procédé souvent utilisé en théâtre, qui consiste à faire terminer une phrase dite par un des protagonistes du premier groupe par l'un de ceux appartenant au second. C'est évidemment amusant, mais c'est vite lassant. Le recours systématique à ce petit truc devient gênant dès le milieu de l'album. En revanche, ce qui est drôle, c'est d'avoir choisi de montrer les deux facettes d'une même bande. Les mecs parlent entre eux de leurs nanas pendant que celles-ci parlent le plus souvent d'eux. Il y a quelques très belles trouvailles (la cocotte qui se promène pendant toute l'histoire, le coup de l'interphone bloqué,...) et surtout, il y a un ton qu'il n'est pas évident de garder tout au long d'un album de 46 pages. Les répliques sont souvent savoureuses, parfois cinglantes, les personnages en font juste assez pour qu'on y croie. Bref, ça tient la route. En revanche, j'avoue préférer le dessin de Jean-Philippe Peyraud sans les couleurs. J'invite ceux qui auraient un doute à lire ou relire le très beau « Il pleut », paru à La Comédie Illustrée.
« L'héritage des trente velus », tome 1 de « La région ». Par Jouvray et Roland. Chez Paquet.

La lecture de cet album m'a replongé dans l'ambiance du dernier Pétillon (L'enquête Corse, Alph'Art du meilleur album à Angoulême, paru chez Albin Michel). Mais ici, tout est imaginaire : le pays, le contexte politique, les protagonistes ; Denis Roland a tout inventé. Comment ne pas penser à la Corse, pour autant ? La trame centrale de l'histoire repose sur un territoire annexé à une métropole où gronde la colère indépendantiste. Dans « La région », puisque c'est comme ça qu'on appelle ce territoire, il y a ceux qui veulent respecter la tradition. Et la tradition, c'est la contrebande, depuis des générations. Et puis il y a ceux qui veulent ouvrir le pays au tourisme, à tout prix. Ceux-là ne jurent que par la proutasse et le pâté de crêtes, les deux spécialités culinaires locales. Les deux clans s'affrontent. le Canal Indépendant Illicite colle ses affiches sur celles du Comité du Typique Universel, des commandos masqués et armés détruisent les stocks d'un cafetier qui ose proposer des boissons non-issues de la contrebande... bref, c'est loufoque, déjanté, drôle... et vrai à la fois. La caricature est à peine poussée. Et en plus, il y a l'enlèvement d'un éminent représentant de la métropole -qu'on appelle la Nation- dès les premières pages de l'album, ce qui vient encore compliquer les choses. C'est tant mieux, car il reste deux autres tomes avant de conclure et on espère qu'ils seront aussi drôles et touffus. Pour l'instant, en tout cas, c'est garanti, on ne s'ennuie pas une minute ! Quant au dessin de Jérôme Jouvray, il se situe quelque part entre Larcenet et Dupuy-Berberian : simple, efficace, agréable.
Sang Noir (Nocturnes Rouges) par Thierry Bellefroid
« Nocturnes Rouges », tome 1 : « Le sang noir », par Nhieu. Chez Soleil.

Premier tome d'une nouvelle série sur les vampires -encore une ? Eh bien non, pas encore une. « Nocturnes rouges » rompt avec tout ce qui existe déjà dans ce genre qu'on pouvait craindre totalement éculé. Parce qu'Emmanuel Nhieu a eu la bonne idée d'en faire une histoire mi-humoristique mi-onirique. Pour le premier album de sa première série, cet élève d'Arleston et Tarquin prouve en tout cas qu'il a tout compris. Non seulement, il se confond parfaitement dans le paysage des productions Soleil, mais en outre, son récit est efficace et plaisant. D'un côté, les vampires et leur maître. De l'autre, les chasseurs de vampires. Entre les deux : une malédiction. Ethan le chasseur a été forcé de boire du sang, il va à son tour devenir un vampire. Il envoie donc sa fille auprès de son frère, le très respecté (mais pas très respectable) Granite. Et voilà qu'une gamine haute comme trois pommes se retrouve télescopée dans une histoire de quête dont le but est le sauvetage de son propre père. Des ingrédients qui différencient franchement cette série de concurrentes potentielles dans le domaine du vampirisme et la rapprochent au contraire des récits d'Arleston et consorts. J'avoue, j'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce premier album qui, pour être de facture classique, n'en est pas moins très réussi. Pour un nouveau venu, Emmanuel Nhieu se débrouille bien.
La réplique inattendue (Jules) par Thierry Bellefroid
« La réplique inattendue », une « épatante aventure de Jules », par Emile Bravo. Chez Dargaud.

Prépubliées dans le magazine « Okapi », les aventures de Jules s'adressent à un jeune public désireux de lire des BD à la fois fantaisistes, étonnantes et d'y apprendre l'une ou l'autre chose sur le monde qui les entoure. A priori, ces objectifs semblent plutôt inconciliables, car on pense que la BD est avant tout un instrument de pur délassement, surtout pour les plus jeunes. Mais il suffit de repenser à ce que furent les aventures d'Astérix et Obélix, à l'époque de leur parution, pour se rendre compte que même les enfants peuvent apprendre en lisant des bandes dessinées. Ce sera le cas ici, car le thème de « La réplique inattendue » est le clonage. Mais l'auteur ne s'est pas contenté de sortir des clones de son chapeau. Comme les protagonistes adultes sont des scientifiques, il place dans leur bouche des explications techniques intelligentes sur des choses aussi rébarbatives que la composition de l'ADN. Si une émission de télévision comme « C'est pas sorcier » rencontre un succès phénoménal en mettant des mots simples sur des réalités complexes, pourquoi une BD d'aventure ne pourrait-elle pas, au passage, atteindre quelques objectifs similaires ? D'autant que les aventures de Jules ont un double avantage : primo, les héros -les vrais- sont des enfants. Ils permettent donc l'identification. Secundo : l'histoire est drôle, mêlant habilement ingrédients de la vie quotidienne (disputes entre frères et soeurs, par exemple) et éléments de fiction, voir de science-fiction. Un joli cocktail qui devrait trouver son public sans problème auprès des 8-12 ans. A condition d'avoir lu « L'imparfait du futur », le premier opus des « épatantes aventures de Jules », car la plupart des personnages présentés ici y ont fait leurs débuts. C'est tout de même mieux de savoir qui est qui...
La bombe par Thierry Bellefroid
« La bombe » par Benoît Delépine et Stan & Vince. Chez Albin Michel.

Voilà un album qui porte bien son nom. Difficile de regarder la « plastique » de Vic, l'héroïne de cette histoire, sans comprendre le sens du titre. Rien à dire, il s'agit d'un album de mecs fait... pour des mecs. Sur le mode SF (on est en 2035) et avec un certain humour, Delépine nous propose l'histoire d'une fille taillée dans un obus qui rêve de faire du cinéma -mais qui n'a pas tenté de réaliser son rêve jusqu'ici pour ne pas faire de peine au père qu'elle aime tant. Cette superbe brune (à condition d'aimer les modèles hors gabarit !) a gardé à la fois son innocence... et sa virginité. Ce qui doit arriver arrive et dans ce monde de brutes, il y a bien un producteur sans scrupule qui va lui conter fleurette pour abuser d'elle. Seulement, comme on est en 2035, il ne s'agit pas d'une bête histoire de coucherie. Le méchant de service prend une empreinte « hologramique » de la fille et décide ensuite de faire disparaître l'original ; le voilà prêt à lancer Vic sur le marché, sans devoir la payer un franc. Succès immédiat pour le clone qui a pris la place de la jeune ingénue. Mais celle-ci ne va pas se laisser tuer, comme prévu. De naïve, elle se transforme en combattante aguerrie et n'est pas loin de rivaliser avec Rambo (si ce n'est qu'elle fait plus de dégâts avec ses dents qu'avec un couteau) pour accomplir sa terrible vengeance. C'est gros, très gros. Mais si on marche, on s'amuse jusqu'au bout. Inutile de dire que la belle est souvent habillée juste ce qu'il faut, voire pas habillée du tout. Mais Walthéry n'a pas inventé Natacha pour l'affubler de jupes longues, de chemisiers fermés jusqu'au dernier bouton et de talons plats...
La route de Pointe Noire (Tramp) par Thierry Bellefroid
« La route de Pointe-Noire », tome 5 de la série Tramp, par Jusseaume et Kraehn. Chez Dargaud.

Difficile de reprendre du service quand on a si brillamment conclu un premier cycle d'aventures. Jean-Charles Kraehn ressuscite pourtant « Tramp » avec une apparente aisance. Après la parution de l'intégrale reprenant les indispensables quatre premiers volumes, ce cinquième album -le début d'un diptyque- nous replonge avec délice dans une histoire qui mêle toujours aussi parfaitement marine et grande aventure. De prime abord, « La route de Pointe-Noire » est peut-être un peu trop technique. Les annotations de bas de page sont nombreuses, le souci du détail poussé à l'extrême, l'histoire presque repoussée au second plan au début du récit, tant la volonté d'emmener le lecteur dans la réalité du bord est poussée loin. Mais on oublie vite ce petit travers. Pour deux raisons. D'abord, une histoire « policière » dans laquelle Jean-Charles Kraehn laisse planer suffisamment de zones d'ombre pour laisser de la place à l'imagination du lecteur. Qui a tué Avron, le commandant du Ouessant ? Bien malin qui pourrait le dire avec certitude à la fin de cette première partie... L'autre point fort de cet album est incontestablement le magnifique trait de Patrick Jusseaume. Après un tome 4 (« Pour Hélène ») assez violent et peu maritime, il peut donner ici toute la mesure de son talent en taillant des ambiances de moiteur africaine et de lente « croisière » le long des côtes. Il y a une très belle lumière, quelques paysages superbes (même si la terre ferme est plutôt rare dans cet album), mais aussi et surtout une lisibilité et une découpage admirables. Sans parler de couleurs plutôt réussies. L'air de rien, Jusseaume n'a jamais cessé de progresser depuis le début de cette série. Il nous propose ici quelques planches absolument parfaites d'équilibre et de clarté. Tout cela sur une histoire classique, certes, mais intéressante. Une histoire qui exploite à merveille les aspects peu connus de la marine marchande des années cinquante dans les anciennes colonies africaines.

« Caïn et Abel », le tome 3 de « Universal War One », de Denis Bajram. Chez Soleil.

Alors qu'on est à peine à la moitié de l'histoire, Universal War One semble prendre une dimension supplémentaire à la lecture de cet excellent album. Cette fois, on entre dans le vif du sujet avec une explication de ce qu'est le fameux « mur » surgi dans l'espace tout au début de l'histoire. Maîtrisant parfaitement son sujet et ne laissant rien au hasard, Denis Bajram nous propose une aventure complexe, qui délaisse un temps la psychologie des personnages pour s'intéresser à la structure du récit elle-même. Une grande pirouette scénaristique basée sur le fameux principe du paradoxe temporel, brillamment exploité par l'auteur dans cet album. Puisque passer à travers le Mur, c'est changer de dimension temporelle, celui qui se trouve de l'autre côté a transgressé une loi physique. Il court évidemment le risque de mener l'univers au chaos s'il retourne sur ses pas, modifiant le présent qui lui a permis d'arriver jusqu'au Mur. Seul cerveau à mesure de comprendre les dangers de l'entreprise, Kalish va passer tout l'album à tenter d'éviter le pire, allant jusqu'à emprisonner ses coéquipiers. L'histoire est passionnante, complexe, bien développée. Le dessin de Bajram est pareil à lui-même, c'est-à-dire efficace et cinématographique. On a parfois un peu le tournis face aux explications et aux contre-explications qui se télescopent d'une page à l'autre mais c'est sans doute l'album le plus intéressant de la série. Il serait donc dommage de le négliger par paresse.
Nuit polaire (Golden City) par Thierry Bellefroid
« Nuit polaire », le tome 3 de la série Golden City, par Pecqueur, Malfin, Schelle et Rosa.

Un jour, Golden City pourrait voler la vedette à Aquablue. Si la SF écolo du second semble en effet tenir la route, elle ne bénéficie plus pour autant d'un courant de mode aussi efficace qu'à ses débuts. Golden City, en revanche, est en phase totale avec son époque. L'histoire d'Harrison Banks remplacé par un clone à la tête de Golden City pendant que l'original croupit dans un bagne de l'Antarctique à l'abri des regards, contient tous les ingrédients des bonnes séries. D'abord, elle ne s'essouffle pas. Ensuite, le dessin de Malfin (et les couleurs de Schelle et Rosa) est à la fois consensuel et très réussi. Enfin, il y a d'une part le héros qui subit l'injustice depuis les débuts de l'histoire et deux personnages de femmes qui incarnent les deux contraires que sont le Mal et le Bien. Soeur Léa, peut-être un peu effacée jusqu'ici, devient même un personnage clé dans le scénario de ce troisième album. Pecqueur enchaîne les événements à un rythme soutenu, mais il faut quand même admettre une chose : ses albums sont vite lus. Avec pour corollaire que l'on reste à chaque fois un peu plus sur sa faim. Il lui faudrait une petite vingtaine de pages de plus pour rassasier pleinement le lecteur. En dehors de cette petite remarque négative, rien à dire, Golden City est en vitesse de croisière pour le plus grand plaisir de tous...
L'Outrage (Tirésias) par Thierry Bellefroid
« L'outrage », tome 1 de la série « Tirésias », par Le Tendre et Rossi. Chez Casterman.

On attendait depuis longtemps un prolongement à « La gloire d'Héra ». Non pas une suite, mais un album dans le même ton. Cinq ans ont passé. Et le résultat est à la hauteur des espérances. Il les dépasse, même, tant le dessin de Christian Rossi a évolué entre les deux albums. Poser côte à côte « La gloire d'Héra » et ce premier volume de « Tirésias » vous en convaincra. Rossi est ici au sommet de son art avec un dessin vigoureux, plus réaliste, plus personnel aussi (on l'a trop longtemps présenté comme un simple « suiveur » de Giraud) et magnifiquement mis en couleurs. Quant à l'histoire, on peut faire confiance à Serge Le Tendre, il sait ce que c'est. Tirésias nous emmène à Thèbes, dans un monde cruel dominé par la guerre, la gloire personnelle et la soumission aux dieux. Un monde qui semble aux antipodes du nôtre mais que le scénariste nous rend plus proche que jamais. La recette est à la fois simple et difficile à mettre en pratique avec tant de brio : créer des héros mythiques aux histoires universelles, captivantes. Tirésias en fait partie. Son destin incroyable correspond très exactement à ce que Le tendre maîtrise le mieux : le sens de la quête. Une quête pour retrouver son identité, une quête pour quitter le corps de femme dans lequel il est emprisonné, lui, le fier guerrier. C'est passionnant, admirablement raconté et tout aussi bien dessiné.
Temps nouveaux par Thierry Bellefroid
« Temps nouveaux » de Tomaz Lavric (TBC) dans la collection Grands Chapitres des éditions Glénat.

Il y avait d'abord eu le fameux « Fables de Bosnie », puis « La cavale de Lézard ». Voici que TBC entre de plein pied dans l'univers Glénat avec deux albums. L'un est paru, il s'agit de ce « Temps nouveaux ». L'autre est à paraître, ce sera l'un des dix tomes du Décalogue, l'histoire imaginée par Frank Giroud (voir dossier par ailleurs). A n'en pas douter, celui-ci sera le plus personnel. Plus encore, peut-être, que « Fables de Bosnie » auquel on pouvait reprocher un certain académisme. « Temps nouveaux », c'est la Slovénie d'aujourd'hui, cette petite république jouxtant l'Autriche qui n'a guère eu de problèmes à se séparer de la Grande Yougoslavie, au début des années 90. Après une guerre éclair contre les troupes yougoslaves, les Slovènes gagnaient en effet le droit de devenir indépendants et ils allaient se tailler une réussite économique sans commune mesure avec ce que vivraient leurs voisins. Leur chance : avoir sur leur sol une unité ethnique et religieuse, contrairement à la Croatie, à la Bosnie-Herzégovine ou même à la Serbie. Dix ans plus tard, la Slovénie mesure le prix qu'elle a payé pour être dans le peloton de ceux qui réussissent. L'ancienne république socialiste de la Yougoslavie titiste est aujourd'hui confrontée à de nouveaux dangers, à des plaies jadis inconnues qui la gangrènent : violence urbaine, chancres, drogue, bandes néo-nazies, prostitution organisée, anciens membres de la police secrète reconvertis en « recouvreurs » de dettes... Ce sont ces phénomènes et ces gens que TBC a choisi de raconter à travers quelques courts récits durs, directs, sans concession. Une image fulgurante de ce que le capitalisme a pu amener dans un pays qui n'y était pas préparé et qui peut aussi bien s'appliquer aux pays baltes, aux anciennes composantes de l'URSS ou au reste des Balkans. Pour y avoir voyagé ces dernières années, j'ai retrouvé dans cet album des ambiances et des sensations plusieurs fois éprouvées dans ces pays de l'ex-bloc communiste. TBC, qui y vit, les rend mieux que personne et s'autorise un album engagé, polémique, dénonciateur. Un album que son trait noir et blanc réaliste transcende d'un bout à l'autre. Jouant tantôt sur les aplats noirs tantôt sur la précision de l'encrage, Tomaz Lavric prouve à ceux qui en doutaient encore qu'il est un grand dessinateur... et qu'il a des choses à dire !
Attaque (Capricorne) par Thierry Bellefroid
« Attaque », le tome 6 de la série Capricorne, par Andréas, dans la collection Troisième Vague du Lombard.

Voilà un album qui relance l'intérêt d'une série qu'on croyait entrée en phase quasi routinière. D'un coup, Andréas balaie les ingrédients des cinq premiers tomes, ou presque. Il ne garde d'eux que le personnage central, Capricorne. Tous les seconds rôles, tous les faire-valoir sont absents. Absentes également, la ville de New York, la grande bibliothèque, les histoires de SF basées sur les sources énergétiques. Cet album -qui pourrait aussi bien s'appeler « Rupture »- nous emmène dans une réplique à peine transformée de l'univers concentrationnaire nazi. Victime d'une rafle dans laquelle ont été emportés plusieurs centaines de voyants, chiromanciens et autres médiums, Capricorne se retrouve dans un camp de concentration, aux mains de tortionnaires sadiques, ivres d'autorité ; ils servent la secte mondiale « Concept » qui a pris le pouvoir un peu partout, par la force des armes. Plus réaliste que jamais, le récit privilégie les ambiances, les couleurs et même les cadrages classiques auxquels Andréas tourne généralement le dos. Le résultat est à la mesure de l'entreprise. On est véritablement prisonnier du climat de cet album. Et on redécouvre à quel point Andréas, débarrassé de ses tics, peut faire passer émotions et action avec un minimum d'artifices. Difficile, au stade actuel, de savoir où va mener cette histoire (dont la fin est assez déconcertante et ouvre à toutes les suppositions) mais une chose est sûre, elle témoigne d'une vitalité et d'une volonté de ne pas céder à la facilité qui honorent cet auteur de cinquante ans... C'est aussi un acte de courage et de foi pour un dessinateur né dans le pays responsable des camps de concentration.

Le contrat par Thierry Bellefroid
« Le contrat » de Paul Gillon. Chez Albin Michel.

Il y a cinquante ans qu'il dessine et Paul Gillon ne semble pas ressentir la moindre lassitude. Il le prouve une fois encore avec ce « contrat », récit de science-fiction comme il les aime, c'est-à-dire gentiment érotique, mais aussi et surtout politico-psychologique. Au début, l'histoire fait penser à « Peau de chagrin », de Balzac. On retrouve l'idée d'une vie qui s'amenuise à mesure qu'un objet perd peu à peu de son intégrité. Ici, l'objet en question est le corps du héros, Gerfaut. Homme d'affaires séduisant (et séducteur), Gerfaut est envoyé à Chaisemorte, un pénitencier, pour avoir « volé » le coeur de la petite amie d'un puissant homme d'affaires avec lequel il est en cheville. L'homme en question monte une machination et avant d'avoir pu réaliser quoi que ce soit, Gerfaut intègre ce pénitencier qui sert de banque d'organes pour les plus riches du pays. Mais on lui fait une proposition. S'il accepte de léguer des morceaux de son corps, on lui fabriquera des prothèses, on le libérera et surtout, on le guidera pour qu'il puisse accomplir sa vengeance. Gerfaut accepte et se retrouve d'abord privé de quelques centimètres carrés de peau, puis de membres entiers pour finir sous l'apparence d'un zombie tel qu'on peu le voir en couverture de l'album. A mesure qu'il est dépossédé de son corps, il avance dans le règlement de compte téléguidé qu'il a entrepris. Mais le temps est compté. Et les ennemis d'hier sont peut-être moins importants que les « alliés » d'aujourd'hui. Gerfaut entame une descente aux enfers au terme de laquelle il pourra découvrir toute l'horreur de sa situation, un final qui n'est pas sans rappeler « Le vol des cigognes », le roman de Jean-Christophe Grangé. On pense aussi à « Double Je », le diptyque de Toff et Béhé récemment réédité sous forme d'intégrale par Vents d'Ouest. Pourtant, la ressemblance ne concerne qu'une partie du propos. Car Gillon nous offre une histoire originale, qui se sert habilement des éléments d'anticipation pour exacerber les côtés les moins glorieux de la nature humaine.
Fondation Aquablue (Aquablue) par Thierry Bellefroid
« Fondation Aquablue », tome 8 de la série Aquablue, par Cailleteau et Tota. Chez Delcourt.

On a déjà écrit beaucoup de choses sur ce nouveau cycle d'Aquablue. Qui ignore encore que désormais, Nao consacrera son temps à défendre la nature à la tête d'une fondation librement inspirée du modèle de la Fondation Cousteau ? Qui ignore que Ciro Tota, désormais seul dessinateur à bord, est de taille à remplir le contrat ? Son dessin est vif, précis, à la fois carré, musculeux et en phase avec les options choisies. Sur une planète nommée Doyle-1800 (la référence à Conan Doyle semble évidente) menacée par un voïvode (un trou noir de petite taille, dirons-nous pour ne pas être trop technique) vivent des espèces préhistoriques que Nao s'est mis en tête de sauver, à la manière de Noé avant le déluge. Mais il n'est guère facile d'embarquer des dinosaures à bord d'un engin spatial. Surtout quand un troupeau rendu fou par des rabatteurs démolit toutes les installations sur son passage. Et c'est la rencontre entre le « gentil » Nao et les « méchants » chasseurs, une puissante société qui organise des safaris pour milliardaires. On croit qu'on va assister à une bagarre en règle. Et finalement non, car Thierry Cailleteau est loin d'être à court d'arguments : un troisième type de protagonistes entre dans la danse. La SF écolo semble en tout cas avoir encore de beaux jours devant elle. Nul doute que ce nouveau cycle rencontrera les faveurs des aficionados. Mais peut-être a-t-il perdu un rien de la magie d'antan... En tout cas, après avoir mis Cybot très en avant dans « Etoile blanche », on regrette que l'amusant robot joue davantage ici les moralisateurs que les réels complices. Même si cela n'enlève rien à l'humour général, toujours aussi bien dosé par Cailleteau.
Monsieur Khol par Thierry Bellefroid
« Monsieur Khol », par Dieter et Moynot. Dans la collection « Carrément BD » des éditions Glénat.

Ceux qui connaissent les nombreux albums qu'ont déjà produits Dieter et Moynot (ensemble ou pas) ne manqueront pas d'être étonnés par cette histoire atypique. Une histoire qui profite d'une collection tout aussi atypique pour s'éloigner des canons de la bande dessinée. Moynot, qui n'est jamais le dernier à s'essayer à de nouvelles techniques, s'aventure ici dans l'aquarelle directe en omettant l'étape de l'encrage. Sous la peinture, le crayonné se laisse deviner, mais les contours sont plus flous, les traits moins cassants. L'ensemble dégage une impression de légèreté, un parfum aérien. Et cela tombe bien, puisque l'histoire de Monsieur Khol, c'est celle d'un homme sans visage et sans personnalité qu'un simple séjour à la campagne va révéler à lui-même. Un scénario qui surprend quand on connaît le cursus des auteurs, plus prompts à écrire des histoires policières ou gentiment anarchistes que des chroniques campagnardes. Force est pourtant de constater qu'ils sont très à l'aise dans cet exercice et que l'on ressort de cet album avec l'impression d'avoir pénétré un bel univers. Les couleurs de Moynot sont magnifiques, tout comme la construction des pages. Pas de blanc entre les cases, tous les dessins d'une planche se touchent et composent une sorte de tableau narratif. C'est du beau travail. Seul le début paraîtra peut-être un rien académique. Mais il serait dommage de s'y attarder, tant la douce poésie de cette histoire est touchante. Elle s'accommode en tout cas parfaitement d'un dessin dégagé des contraintes, peu soucieux de l'exactitude des lieux, presque impressionniste. Et elle tire parti du format carré de l'ouvrage, ce qui est bien sûr la moindre des choses pour un album de cette collection !
Les vagues de la mer (Zambada) par Thierry Bellefroid
« Les vagues de la mer », tome 1 de Zambada, par Autheman et Maltaite. Dans la collection Bulle Noire des éditions Glénat.

Avec « Zambada », c'est un peu le Autheman de Vic Valence que nous retrouvons. Il y a le même ton désinvolte, la même faune échouée sur une île des tropiques, le même humour. Mais sous le trait d'Eric Maltaite. A l'époque de Vic Valence, Autheman lui-même avait suggéré à Henri Filippini de faire dessiner ses histoires par un dessinateur qui aurait un trait plus commercial. Cette fois, c'est le cas et c'est dans la collection du même Henri Filippini que réapparaît Jean-Pierre Autheman après avoir « boudé » Glénat pendant quelques années au profit de Dargaud et d'Albin Michel. La boucle est donc bouclée.
« Zambada » est un excellent polar ensoleillé. Sur une petite île imaginaire, Delgado dirige une police locale très laxiste. Un peu alcoolo, très amoureux d'une femme indigène qui le pousse à considérer ceux-ci avec sympathie, Delgado est le prototype du mec qui n'aime pas les emmerdes. Mais quand il découvre qu'un ponte du « continent » a décidé d'en finir avec les indépendantistes locaux, il n'hésite pas à mouiller sa chemise. L'histoire n'est pas toujours très surprenante, mais les personnages et le climat seuls suffisent au bonheur du lecteur. Car Autheman a un don pour écrire ce genre d'histoires et placer dans la bouche de ses personnages nonchalants des dialogues qui sonnent juste. Il a trouvé en la personne du fils de Will le complice idéal. Maltaite retrouve en effet le climat des îles qu'il avait développé dans son dernier ouvrage (Robinsonne, chez Albin Michel) mais il renoue ici avec un dessin plus traditionnel propre à la BD d'aventure et d'humour qui lui va tout aussi bien. En tout cas, il trouve en la personne de Jean-Pierre Autheman le scénariste qui lui manquait pour faire rebondir sa carrière. On ne peut que s'en réjouir.
« Prémonitions », tome 3 de la série « Oki, souvenirs d'une jeune fille au pair », par Godard et Juszezak. Dans la collection Bulle Noire des éditions Glénat.

Souvenez-vous, Oki, c'est cette jeune Japonaise traumatisée par la mort de son fiancé qui décide de tout plaquer pour venir s'installer en France et y vivre, d'abord comme jeune fille au pair (d'où le sous-titre de la série) puis comme traductrice. Voilà que la Yoko Tsuno de l'édition imaginée par Christian Godard (père, entre autres, de Martin Milan, du Vagabond des Limbes mais aussi de la série Le Cybertueur dans la même collection) se retrouve embarquée dans une sombre affaire de manipulation par un certain Pablo Fontane, dont le nom rappelle étrangement celui de... Paco Rabanne. Ce n'est pas un hasard, puisque Fontane a les traits du styliste, qu'il est dans le métier de la mode et qu'il a... des prémonitions ! En clair, la fameuse prédiction apocalyptique que Paco Rabanne nous avait servie pour l'an 2000 -et qui a beaucoup fait parler de lui- aura fait germer cette histoire dans le cerveau du scénariste. Il faut dire que l'affaire est tout à fait plausible (même s'il y a certains éléments dont je ne peux vérifier la pertinence, comme par exemple la santé financière du groupe Rabanne) et que la petite Oki a tout à fait le profil de l'emploi. On y retrouve son protecteur, le gentil flic Lambert Lambert, dans un rôle qui lui va, lui aussi, à merveille. Bref, tout ça fonctionne bien. C'est du Bulle Noire, c'est-à-dire, du polar populaire. De la série B en BD, quoi. On a pas envie tous les jours de lire du Felipe Cava ou du Dave Mc Kean, non ? Alors, même si ça reste en-dessous de ce que fait Jean-Charles Kraehn, et même si le dessin de Juszezak reste le principal handicap de la série, c'est l'occasion d'un gentil défoulement.
Baraka la cata (Choco) par Thierry Bellefroid
"Baraka la cata", une aventure de Choco. Par De Brab et Zidrou. Chez Casterman.

Carine de Brabanter ne se contente pas d'avoir relancé « Sac à puces » aux éditions Dupuis. Forte de son trait rond et chatoyant, elle aborde cette nouvelle série enfantine plus onirique qui lui réussit admirablement. De Brab propose en effet aux plus jeunes un dessin dépouillé, extrêmement clair et en même temps très poétique qui va à ravir à cette histoire animalière placée dans le contexte du cirque. Les personnages imaginés par Zidrou sont excellents, à commencer par le « héros », un petit garçon du nom de Choco qui rêve de monter sur la scène pour faire des numéros avec son papa, regrette le temps où celui-ci et sa maman étaient ensemble (désormais, il passe la semaine dans la roulotte de sa maman et retourne le w-e dix mètres plus loin, dans celle que son papa partage avec une nouvelle partenaire), et est secrètement amoureux de sa « soeur de divorce » comme il appelle la fille de sa belle-maman. L'aventure exalte des thèmes merveilleux, mais aussi celui de l'amitié. Choco est un peu trouillard, ça ne le rend que plus sympathique et plus crédible. Mais quand il faut défendre une cause qui en vaut la peine, il s'appuie sur la sagesse de Madame Ku-Hi (comme Q.I, quoi), la puce savante, et sur la fougue de son amoureuse, Lola Sparadrap (fille de Carmina Burana, une référence que seuls les parents comprendront...). Bref, tout cela est frais, bien emmené, et ma foi, peut ravir un public d'adultes un rien nostalgiques en plus des enfants eux-mêmes.
« Les gamins dans l'espace », par Eric Omond et Alexis Nesme. Chez Delcourt Jeunesse.

Parmi les rares collections de BD pour la jeunesse, celle des éditions Delcourt est incontestablement la plus intéressante. Pour plusieurs raisons. D'abord, le nombre d'albums publiés, qui incite à prendre au sérieux cette collection. Ensuite, la qualité du travail graphique, pourtant très diversifié, de ses différents auteurs. On y trouve aussi bien l'excellent Yoann et son Toto l'ornithorynque que le dessin sensible et merveilleux de Sandrine Revel avec Un ange gardien. On peut désormais y ajouter le talent d'Alexis Nesme. A l'instar de Yoann, justement -et avec le même scénariste, ce qui n'est sans doute pas un hasard-, il renouvelle le genre en poussant très loin le mélange des encres, craies, gouaches ou crayons de couleur. Cela donne un ton, une atmosphère, qui capturent l'attention du lecteur dès la première page. Il y a une vitalité aussi, dans ce dessin, qui est proche de l'animation en BD. Et puis il faut dire que l'histoire que lui a concoctée Omond est particulièrement propice à l'inventivité. Des gamins imprudents se retrouvent catapultés dans l'espace à bord d'une machine prototype et échouent sur une planète inconnue où des robots combattent tout ce qui n'est pas totalement droit et plat : hommes, animaux, objets ou montagnes. Prétexte à une aventure loufoque mais réjouissante, cette histoire est pleine d'une fraîcheur enfantine dont les plus jeunes raffoleront. Ils auront au passage l'oeil aiguisé pour aborder plus tard la BD des « grands », car Alexis Nesme les aura déjà emmené très loin dans ce qu'il est possible de faire, visuellement, en bande dessinée.
« Autoportrait du vampire d'en face », volume 2 des « Lettres au maire de V. », par Alex Barbier. Editions Fréon.

Il est frappant de constater les directions très différentes prises par les deux « leaders » de la BD indépendante francophone, le français L'Association et le belge Fréon. L'Asso -l'aînée, puisqu'elle existe depuis onze ans maintenant- se caractérise par une bande dessinée érudite, privilégiant le noir et blanc et les histoires autobiographiques, cherchant à réinventer la BD tout en continuant à en épouser la plupart des codes. Fréon, au contraire, tente depuis sa création il y a un peu plus de huit ans, de déconstruire le médium en lui appliquant les pires traitements : renoncement aux techniques du dessin lui-même (avec l'apparition des collages, des découpages, des techniques mixtes les plus diverses), abandon presque total des phylactères, narration éclatée, récit non linéaire, appel aux codes du cinéma et de la vidéo... L'une s'appuie sur une culture très française à la fois littéraire et picturale, l'autre se construit par opposition, cherchant à intégrer les arts plastiques à la bande dessinée. Avec pour résultat que Fréon attire dans son giron des auteurs étrangers (Barbier, mais aussi Stefano Ricci ou encore Gabriella Giandelli) qui trouvent au sein de cette petite structure bruxelloise l'interlocuteur éditorial qui leur convient. Fréon fait-il encore de la BD ? Le débat existe, les avis sont tranchés. Je dirais que oui, dans la mesure où ces albums racontent des histoires par une succession ou une juxtaposition de « dessins » (le terme est à prendre dans son acception la plus large) et de texte. En ce sens, l'étrange suite aux « Lettres au maire de V. » (le premier volume était paru en 98) d'Alex Barbier est bel et bien une BD. Elle l'est d'autant plus que pour une jeune génération d'auteurs, Alex Barbier est désormais considéré comme un chef de file -tout comme l'allemand Martin Tom Dieck ou l'italien Stefano Ricci.
Dans cet « autoportrait du vampire d'en face », ce qui frappe d'emblée, c'est le travail sur la couleur. En opposition aux teintes les plus sombres -le noir, entre autres- qui ont pour signification de symboliser la nuit et la mort, on trouve des teintes parfois très vives, souvent très tranchées. Le peintre Matisse (par exemple le tableau « Intérieur au violon », de 1917) employait déjà cette technique ; le noir rehausse la couleur mieux que le plus bel écrin, et guide l'oeil vers elle. L'autre premier étonnement est cette attirance pour les leçons d'anatomie très crues qui parsèment le livre un peu à la manière de dissections cliniques. Elles rappellent l'autopsie poursuivie tout au long de « Gloria Lopez », l'ouvrage majeur de Thierry Van Hasselt paru l'an dernier dans la même collection (voir « coup de coeur » sur ce site, dans la rubrique consacrée aux dossiers). Ce n'est pas un hasard, c'est en effet Thierry Van Hasselt lui-même qui a prêté un manuel à son alter ego français. Si la carnation de Gloria Lopez était un motif d'étonnement et de fascination pour le héros du livre du bruxellois, les organes des vampires exercent sur l'observateur aquarelliste de Barbier le même pouvoir presque « jubilatoire ».
Pour le reste, cet « autoportrait » est une oeuvre poético-fantastique, proche du surréalisme à certains moments, proche de l'écriture automatique à d'autres. Barbier y démontre en tout cas son incontestable maîtrise technique et se laisse aller, sans aucun tabou, à une autopsie maniaque d'un microcosme attiré par la mort, le sang et le sexe, où chacun est le voyeur de l'autre.
« Le phare d'Alvéona », tome 1 des « Larmes d'Ostasis », par Ouali. Chez Soleil.

Voilà un beau premier album, même s'il n'apporte rien de neuf à la BD d'aventure ou d'héroïc fantasy. Construit sur le mythe de l'Atlantide -ce continent englouti avec tout son savoir pour le malheur du reste de l'humanité-, Ludovic Ouali nous propose en guise d'Atlantide, une ville du nom d'Ostasis. Ses secrets sont bien gardés, la légende est peut-être fausse ; d'ailleurs, à force, plus personne ne sait si elle contient un fond de vérité. Cinq héros ne vont pas tarder à le savoir. D'abord, il y a Mossec, taillé dans son costume de héros : grand, beau, musclé, vif, protecteur du plus faible et j'en passe. Il tient une auberge sur une île où personne ne vient en compagnie de sa soeur, Fida, une rouquine qui rappellera peut-être certaine créature « loiselienne » aux lecteurs. Un bâteau aborde, avec un mourant à son bord, et hop, c'est la grande aventure qui commence, comme chez les Thorgal. Mossec et Fida rejoignent les trois autres protagonistes qui vont constituer le groupe de « héros » de cette aventure. Il y a un ami de leur père, sa fille (avec laquelle Mossec a un vieux contentieux) et son jeune petit-fils. Ces cinq personnages sont bien campés et empêchent le lecteur de s'ennuyer, même si la surprise ne l'attend pas à chaque page. Le scénario, classique, se déroule de manière tout à fait linéaire et louche vers quelques autres productions, tout comme les décors qui rappellent parfois un peu trop ceux de Finkel. Mais en dépit de ces petits défauts, on se laisse faire, grâce, notamment, à un dessin lui aussi classique mais efficace et à de belles couleurs. On attend la suite pour voir si Ludovic Ouali a vraiment une belle histoire à nous raconter.
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