« Félix, l'intégrale, Tome 7 », par Tillieux, dans la collection « Anthology » des éditions Niffle.
Sous une couverture signée Ted Benoît se cachent de courts récits datant des années 1955-1956 qui n'ont pas pris une ride. Enfin, quand on dit ça, c'est aussi parce qu'ils ont subi un sérieux lifting. L'état dans lequel Frédéric Niffle a trouvé ces épisodes n'a rien de commun avec celui qui s'offre aux yeux du lecteur de cette anthologie. Entre les deux, 500 heures de travail ( !), nous garantit l'éditeur. Ces neuf derniers épisodes de Félix parus dans « Héroïc-Albums » préfigurent ce qui restera comme la meilleure oeuvre de policier et d'humour en BD : Gil Jourdan. Plusieurs éléments présents dans ces courts récits profiteront d'ailleurs du changement d'éditeur de Tillieux en 1956 pour être recyclés tels quels dans les aventures de Gil Jourdan. (Tillieux lance Gil Jourdan en septembre 1956, alors que « L'affaire des bijoux », soixante-septième et dernier épisode de Félix, paraît en novembre 56, un mois avant la fin de Héroïc-Albums.) A l'évidence, la hasard qui a obligé Tilleux à repenser son trio de choc (Félix devient Jourdan, Cabarez devient l'inénarrable Libellule, et Crouton remplace Allume-Gaz) lui a permis de laisser une oeuvre d'une qualité de loin supérieure. Chez Dupuis, Tillieux soignera davantage ses intrigues et ira plus loin dans le contour de ses personnages principaux. Il faut dire qu'il abandonne les histoires courtes et se lance dès la première aventure de Gil Jourdan, dans un diptyque magistral. A relire ces neuf derniers épisodes de la série fondatrice de Jourdan, on remarquera toutefois que l'humour est déjà là, tout comme les idées et l'économie du dessin (qui est peut-être un peu trop poussée, parfois). Une seule chose disparaîtra avec le passage à Marcinelle : les nombreux belgicismes qui émaillent ces pages de Félix.