« Prémonitions », tome 1 de « Halloween blues », par Mythic et Kas, dans la nouvelle collection « Polyptique » des éditions du Lombard.
« Polyptique » annonce la couleur : 7 albums pour « Halloween Blues ». 7 albums indépendants les uns des autres, mais résolvant en même temps une histoire commune. L'idée est loin d'être neuve. De nombreuses séries télévisées américaines travaillent sur ce principe. Il permet d'éviter la frustration du feuilleton où le lecteur ne connaît jamais de fin au terme d'un épisode tout en créant un suspense en filigrane, avec sa propre scénographie et ses propres récurrences bien calculées. Il n'en faut pas trop, histoire de ne pas perturber la lecture de l'histoire en cours. Et pas trop peu, histoire de créer une vraie envie de connaître la suite. Ici, il semble que le fil rouge soit destiné à être l'assassinat de la femme de Forester, le flic héros de la série, qui a été blanchi pour ce meurtre mais que le fantôme de Dana poursuit de ses questions. Est-ce que cela suffira à rendre les sept albums passionnants ? Pas sûr...
En marge de ce fil rouge, que raconte ce premier volume ? Une banale machination montée par un propriétaire terrien pour s'approprier les ressources des terres qui jouxtent sa propriété. Seule originalité, le moyen employé pour tromper tout le monde. Pour nous raconter cela, Mythic nous noie sous les dialogues. L'histoire est exagérément bavarde, à tel point que cela en devient rapidement insupportable pour le lecteur. D'autant que ces dialogues sonnent beaucoup trop artificiellement pour donner une vraie épaisseur aux personnages et les rendre crédibles ; ils semblent tous sortis d'un roman de gare et s'expriment dans une langue désincarnée, à la syntaxe presque académique, quel que soit leur milieu social. Quant aux situations rocambolesques, elles ne manquent pas non plus. Quel homme en train de faire main basse sur toute une région laissera entrer chez lui l'une des personnes dont il veut racheter la propriété pour entamer avec elle une conversation apparemment amicale, un fusil braqué sur lui ? Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres...
Bref, pour un premier album devant « tirer » toute une collection sur laquelle on imagine que le Lombard fonde de grands espoirs, on pouvait vraiment espérer mieux. D'autant que le dessin de Kas, souvent figé, statique, aux couleurs parfois franchement criardes, ne sauve pas l'entreprise. Seul le personnage de June semble touché par une certaine grâce.