« Immondys, au-delà de l'impossible ». Tome Un : Le casse-tête. Par Daniel Hulet. Dans la collection « Carrément BD » des éditions Glénat.
Créée pour lancer la collection « Carrément BD », une collection qui se caractérise, vous l'aurez compris, par son format carré, Immondys est une oeuvre dérangeante, glauque, malodorante, comme on en croise peu. L'auteur s'en excuse presque dans la préface -ou à tout le moins il prévient- : une lecture rationnelle ne s'applique pas à cet ouvrage qui emprunte gaiement les voies de l'inconscient, de l'imaginaire, de l'absurde. Quête spirituelle, quête de sens, tout simplement, Immondys ? Oui et non. Quête artistique avant tout, sans doute. Car Hulet y donne le meilleur de lui-même, balançant au passage quelques superbes dessins de décors bruxellois -ses décors. L'église Notre Dame de Laeken, la rue Royale Sainte Marie, le Botanique, l'hôpital Brugmann, revus à travers le prisme de l'étrange et de l'angoisse. Il y a quelque chose de Bilal dans cet album, mais ce n'est pas du Bilal. Sans doute la même fascination pour les mots, qui défilent presque parallèlement aux images, qui vivent leur propre vie et racontent leur propre histoire. Une attirance pour l'étrange, aussi, pour l'inexplicable surtout. Sans compter cette mise en page torturée pas toujours très digeste, puisqu'elle oblige sans cesse le lecteur à retourner son album afin de lire à l'endroit des cases délibérément placées tête-bêche. Au lecteur d'accepter de cheminer sans lumière, de s'inventer des ponts, des liens, entre les réalités esquissées du bout du crayon par l'auteur. Un homme et une femme se rencontrent dans une autre dimension et tentent de partir à la recherche de leur identité. Mais les clés se dérobent et les réponses se dédoublent. Immondys, c'est ça. Esprits cartésiens et dépressifs s'abstenir.