« Mistral noir », Sans Pitié 1, de Génot, Pradelle et Thomas. Emmanuel Proust Editions, collection Trilogies.
Marseille, la Canebière, le Vieux Port. Pour nombre d'entre nous, ces noms évoquent le soleil, une journée arrosée de boisson anisée et rythmée par le claquement des boules de pétanque. Pour les amateurs de polar noir, la cité phocéenne est surtout celle d'un renouveau du genre. Souvenez-vous de Jean-Claude Izzo et de sa magnifique trilogie Marseillaise (Total Kheops, Chourmo et Solea). Loin de Paris ou de New-York, on découvre un monde où les meurtres sont plus violents, les motivations plus complexes, car tous se connaissent. Les auteurs de Sans Pitié poursuivent ici dans la même veine : le soleil méditerranéen met en lumière les crimes et la corruption, la nuit ne peut cacher le sang et la violence. L'histoire répond aux exigences de l'éditeur parisien Emmanuel Proust, connu pour sa prédilection d'albums au contenu fort, à la frontière entre le roman et la bande dessinée. Le scénario très sombre de ce premier opus est parfaitement orchestré, chaque détail y a son importance car les auteurs ont eu à coeur de livrer non pas un simple récit mais une ambiance. Le dessin est très réaliste, tout aussi sombre, de même que les couleurs. Bref, un incontournable pour les amateurs de série noire. Et pour les autres aussi d'ailleurs.
Je viens de lire, de Arnaud Reymann.
Second avis : « Mistral noir », Sans Pitié 1, de Génot, Pradelle et Thomas. Emmanuel Proust Editions, collection Trilogies.
Attention polar. Les amateurs, les vrais, ceux qui aiment les ambiance moites suintant la peur et la mort, les scénarii chauffés à même le bitume, les personnages à la dérive, apprécieront sans réserve cette plongée en apnée dans les zones d'ombre de la cité phocéenne. « Mistral noir » est de ces albums dont la vocation est de disséquer le côté obscur de la force, de regarder dans les yeux tout ce que le monde compte comme pourris, entre parrains cyniques, ravers junkies et flic ripoux. La trilogie « Sans pitié » démarre sur les chapeaux de roues par la mise en scène d'un jeu de dupes. Des figures du milieu marseillais livrent une rave en pâture à la police pour mieux détourner son attention d'une importante livraison de drogue. Ils ne se savent pas épiés par un (ancien ?) militaire aux motivations troubles, assez prompt à faire le ménage devant lui. Façon commando... L'ensemble évoque certaines pages du maître Izzo ou de Jean-Hugues Oppel, portraits au couteau de loosers magnifiques ou de tueurs torturés, dans une Marseille multiethnique mise à mal par les inondations. Génot et Pradelle frappent fort, soutenus par le dessin réaliste d'Olivier Thomas, littéralement au service de l'histoire. L'album arbore comme caution artistique une préface de Didier Daeninckx, gage de qualité. Voir la bande dessinée honorer cet engagement est un pur bonheur.