Les 3 critiques de man sur Bd Paradisio...

Du Sokal pur jus. Pur jus, et malheureusement sans surprises... En effet, on a là tous les ingrédients d'un bon "Canardo"; notre bon vieux privé alcoolo et désabusé dans une sordide affaire de moeurs. L'intrigue est très bien ficelée, la fin m'a vraiment surprise, mais je reste quand même sur ma faim. C'est effectivement plutôt réussi, mais je trouve que Sokal a tendance à se répéter : toujours les mêmes personnages, les mêmes ambiances... On aurait aimé assister à une évolution du personnage, à quelque chose de différent, qui permette un renouvellement de la série. Pour l'instant, on a vraiment l'impression que cette BD est une histoire courte qui s'ajouterait à une autre dans le même album... Pourquoi ne pas "vieillir" un peu le brave Canardo ? Pourquoi ne pas lui proposer des énigmes plus compliquées, avec plus de profondeur dans le scénario ?

Moi non plus, je n'ai pas du tout aimé cet album qui est en effet un cliché à lui tout seul. C'est vrai que le dessin est bon (pour info, c'est De Vita qui a dessiné le deuxième tome du Décalogue), mais le scénario est vraiment mince. D'abord, une idée de départ ressassée et rebattue on ne sait combien de fois : un blanc qui est quand même l'héritier spirituel d'un grand chaman indien parce qu'il est sa réincarnation alors que personne ne s'y attendait, il y en a d'autres qui l'ont fait, et autrement mieux... Ensuite les ficelles sont parfois grosses comme des boas constrictors, et rien n'est original ou imprévisible dans cet album. Et il me faudra plus que 4 tomes pour changer d'avis...

Eh bien personellement j'ai beaucoup apprécié ce tome 5, même si c'est vrai qu'il y a quelques petits défauts. Je pense qu'ils sont surtout dus au fait qu'on a attendu six ans pour un album qui n'est pas le dernier de la série, et donc que les défauts sautent plus facilement aux yeux (que les esprits chagrins se rassurent : le sixième tome sera bien le dernier, il est déjà écrit). Tout d'abord il faut souligner l'extraordinaire qualité graphique de cet album, qui se distingue des autres par ses couleurs plus fouillées et la diversité des décors employée à son maximum. Mais il est vrai que Loisel est un peu débordé par l'apparition de tous ces nouveaux personnages (les enfants perdus surtout) sur l'île, et que parfois on a l'impression qu'il ne sait plus comment faire avancer l'histoire. C'est aussi ce qui fait le charme de Peter Pan : une BD qui raconte un personnage, et non pas une histoire. A cet égard l'évolution psychologique du personnage est magnifiquement retranscrite, et on a toujours le même plaisir à retrouver Peter, sa morgue, son manque d'amour et sa fantaisie. On se détache un peu plus du monde morbide de Londres (et c'est dommage, car il assurait l'équilibre de la série et que sa description était parfois très croustillante), mais c'est pour gagner en fantaisie - attention, le côté trash demeure pour mon grand plaisir..