Les 1231 critiques de Thierry Bellefroid sur Bd Paradisio...

Révolution par Thierry Bellefroid
« Révolution » par Manara, chez Albin Michel.

On a plutôt envie de dire que cet album n'est pas... une révolution, en dépit de son titre. Manara ne fait pas dans la dentelle (en général, il est plus prompt à l'enlever, la dentelle...) et ça se voit. Son héroïne, une jolie (ça vous étonne ?) danseuse du nom de Kay va se retrouver embarquée dans une histoire totalement abracadabrante avec le directeur artistique qui vient de l'engager pour la télévision. Au moment où Kay enlève sa petite culotte, bardaf, des méchants cagoulés investissent le bureau du directeur artistique en question. Leur mission : kidnapper le bonhomme. Ils prennent la jeune fille avec eux (pas de témoins, on ne sait jamais, elle pourrait reconnaître la marque des cagoules !) et vlan, elle fera tout le reste de l'album sans culotte (ça serait pas arrivé si elle avait choisi de se faire kidnapper dans un album de Walthéry, moi je vous le dis). Kay, qui a beaucoup de ressource, parviendra à échapper à ses ravisseurs, menottée à son directeur artistique qui est aussi pleutre qu'une meute de teckels face à un pitt-bull. Et pendant ce temps, on découvre pourquoi ce vieux débris s'était fait kidnapper. Le monde est en pleine révolution. Un nommé Robespierre (rassurez-vous, c'est un pseudo) a décidé de juger et de passer par la guillotine tous ceux qui faisaient de la télévision. Ca commence par un journaliste sportif, puis par un directeur de l'info et devrait suivre au bout du compte notre directeur artistique en fuite. Tout ça est très gros. Manara y livre au passage son dégoût pour la télévision. Mais il le fait avec bien peu d'élégance, surtout lorsqu'il juge les publicitaires pour la raison qu'ils vendent leurs produits en y ajoutant de la fesse... ce qui est exactement son cas à lui ! A moins qu'il ne s'agisse là de la quintessence du second degré ? A priori, tout cela n'a ni queue ni tête et la fin est complètement tarte. Manara est capable de tellement mieux ! Faut-il qu'on lui fasse relire « Le Déclic N°1 » ?
Comme une rivière par Thierry Bellefroid
« Comme une rivière » par Wazem. Dans la collection Tohu Bohu des Humanoïdes Associés.

Que dire de cet album de près de 110 pages si ce n'est tout d'abord qu'il est tiré en longueur ? J'aime les silences dans la BD, les choses qui ne se déroulent pas forcément à toute vapeur. Mais ici, Wazem nous promène, surtout dans les 50 premières pages. Il nous dira que c'était pour installer un climat. Certes, mais point trop n'en faut, au risque de perdre le lecteur en route. Le soliloque pitoyable d'un vieil homme veuf au fond des bois n'est pas des plus excitants. Mais passons. La confrontation entre ce vieil homme et son fils parti depuis de longues années à la ville est, lui, très réussi. Cela sauve donc l'album et lui confère un attrait certain. Il y a beaucoup de sensibilité dans la seconde partie de l'histoire où chaque petit geste de la vie peut prendre des dimensions nouvelles.
Reste un problème et il est de taille. La première page, c'est du Derib. Après un album précédent qui empruntait beaucoup (trop ?) à Pratt, ça ressemble presque à un nouvel hommage. Mais quand on avance dans l'histoire et qu'on croise successivement les styles de Fred, de Blain, de Blutch et de Dupuy et Berberian pour ne citer qu'eux, l'hommage tourne au carnage. D'accord, Wazem sait tout faire. D'accord, il peut sur une même page « chausser » les styles de presque tous les maîtres du noir et blanc. Mais quel intérêt ? Et surtout, quel plaisir, pour le lecteur, de voir du Dupuy-Berberian en moins bien, perdu dans une planche traitée à la manière de Blutch ? Il y a des styles qui se marient difficilement. Il y a surtout cette impression très dérangeante que Wazem n'a pas, lui, de style. Et qu'il se cherche à travers ceux des autres. Viendra-t-il démentir cette impression avec un album au graphisme réellement personnel un jour ? Je l'espère.
Congo Bill par Thierry Bellefroid
« Congo Bill » par Zezelj et Cunningham. Chez Mosquito.

Remarquable album à mi-chemin entre fiction historique et fantastique, ce « Congo Bill » est dérangeant. Le climat dans lequel baigne l'histoire, d'abord. A la limite du territoire du Zaïre (on est encore sous le régime de Mobutu, avant que le Zaïre ne soit rebaptisé Congo), sur le territoire des gorilles qui jouxte le Rwanda, un étrange message a été lancé par on ne sait qui à l'adresse d'un homme des services secrets américains, Devilin DuPaul (habile jeu de mots : Devil-In, l'homme qui incarne le diable). Les têtes de 108 tutsis plantées sur des pieux forment son prénom, vu du ciel. Devilin DuPaul débarque donc à Kinshasa puis remonte le fleuve pour une mission ultra-secrète dont même ses hommes ne savent rien. Et plutôt que de faire de DuPaul le héros de l'histoire, Scott Cunningham a choisi de suivre l'un des « snipers » embarqué dans l'expédition, un noir aux yeux bleus hanté par une vision récurrente, celle d'un enfant qui l'aurait reconnu lors d'une exécution à distance. Cet Afro-américain découvre l'Afrique et ses rites, s'interroge sur la mort, sur sa mort possible, ne cesse de remettre en cause sa présence en ces lieux. Très conforme à la réalité, le Congo -ou plutôt le Zaïre- auquel il est confronté lui renvoie l'image d'une ancienne colonie laissée à l'appétit des prédateurs, Américains en tête. Mais il n'y a pas qu'eux. L'ancien colonisateur belge n'est pas épargné. Mobutu en prend pour son grade, lui aussi, avec une excellente description de ses méthodes d'enrichissement personnel. Kabila lui-même (l'actuel président du Congo, ndlr) n'est pas oublié, puisque les auteurs s'attachent à démontrer comment il conclut des alliances très « rentables » pendant sa guérilla contre Mobutu. Mais au-delà de sa dimension politique, presque pamphlétaire parfois, cet album est une vision d'apocalypse (et le terme n'est pas employé par hasard, « Congo Bill » rappelle « Apocalypse Now » par certains de ses aspects). Il y a « quelque chose » dans les arbres, bête ou démon, qui décapite tous ceux qui s'aventurent dans la forêt. « Quelque chose » d'inquiétant, de terrible, qu'il va falloir découvrir et détruire. L'ambiance est oppressante, le noir et blanc n'empêche pas le Croate Danijel Zezelj (auteur d'un très noir « Invitation à la danse » chez le même éditeur) de faire passer beaucoup d'atmosphère et de mystère à travers son dessin acéré. Le découpage est remarquable et la scène finale est tout simplement fantasmagorique. On oscille sans cesse et avec beaucoup d'intelligence entre réalité et fiction pour aboutir, halluciné, à la fin d'un suspense maintenu pendant près de 90 pages.
« En attendant Fillasse », une aventure de Barjouflasque, par Mattt Konture. Dans la collection Mimolette de L'Association.

A l'heure où il est de bon ton de trouver les fondateurs de L'Association un peu trop éloignés de leurs principes fondateurs et facilement attirés par les grandes maisons d'édition, la moitié d'entre eux est tout de même toujours en train de faire de la résistance. Killofer, dont on attend avec impatience un opus sans concession à paraître au Seuil, Jean-Claude Menu, peu productif mais néanmoins toujours réellement « alternatif » (il a porté à fond le projet « Comix 2000 »). Et Konture, qui nous offre d'un coup un seul deux nouveaux recueils à L'Asso. Bref, si la maison a grandi et s'est professionnalisée, elle ne se renie pas pour autant. Konture est sans doute le plus « anti-commercial » de tous. Publiés dans des revues et des fanzines divers (A table, Jade, Jambon Blindé, La Monstrueuse, etc...) ses récits semi-autobiographiques sont difficilement déchiffrables et ressemblent souvent à des gribouillages d'ado baba cool obsédé par l'oisiveté, le shit et les coups de déprime. Mais derrière cette façade se cache un petit monde peuplé de clins d'oeil. Konture dialogue sans cesse avec Barjouflasque, son « héros » tantôt barje tantôt flasque. Il se montre, se dessine, se déforme, joue sur les codes de la BD, finit par intervertir les préséances. Qui est le vrai créateur de l'histoire, finalement ? Le dessinateur ou le héros qui l'interpelle sans cesse ? A ce petit jeu, Konture est très fort. Et si on se laisse prendre, si on accepte ce dessin foisonnant qui rappelle parfois le génial Crumb, on lira Headbanger (l 'autre nouveauté) ou ce Barjouflasque en se disant que peu de maisons d'éditions alternatives ont su garder leur cap comme l'a fait L'Association pendant 10 ans, tout en arrivant à grandir et à se diversifier.
« L'enquête corse » de Pétillon. Chez Albin Michel.

Ça commence comme un remake d'Astérix en Corse en version moderne. On a l'impression que tout ce qu'on lit, Gosciny nous l'a déjà servi avec génie il y a des décennies. Et pourtant, on marche. Parce que la caricature, pour grosse qu'elle soit, est vachement bien tapée. Et parce que Pétillon va finalement beaucoup plus loin que Gosciny. Non seulement il s'attaque au caractère réputé irascible des Corses, non seulement il souligne leur farouche volonté d'indépendance, leur attachement au clanisme, leur rancune tenace... mais il y a joute les éléments contemporains sans lesquels la Corse ne serait pas la Corse, du moins en BD ! On a donc droit à des flics pas curieux par convois entiers, à un enquêteur qui risque sa peau simplement en demandant si quelqu'un a vu l'homme qu'il cherche, à des sous-factions indépendantistes rivales, à des cafés et des mairies qui explosent plus vite que leur ombre... tout un petit monde que croque joyeusement Pétillon avec l'air de ne pas y toucher. C'est drôle, qu'on le prenne au premier ou au second degré. Ce douzième Jack Palmer est une réussite. Et même s'il ne plaira forcément pas à tout le monde, il a le mérite de sortir en pleine actualité. Aux dernières nouvelles, Pétillon devrait être présent au festival de BD de Bastia, au printemps prochain. Avec une garde rapprochée ?
Trinité par Thierry Bellefroid
« Trinité » par Ambre. Chez Six Pieds Sous Terre.

Après l'ambitieux « Journal d'un looser » réalisé avec Lionel Tran et paru l'an dernier chez le même éditeur, on pouvait attendre un nouvel album grand format. Il n'en est rien, « Trinité » paraît dans la jeune collection Plantigrade, c'est un petit album de 64 pages. Au-delà, on reconnaît la patte de ce peintre et illustrateur lithographe qui manie parfaitement le noir et blanc. Dans ce récit intimiste et fantasmagorique où nous suivons Coeur, Ventre et Tête, les trois « héros » cartographes, Ambre joue sur les contrastes. Tantôt abstraits, tantôt saisissants de vérité, ses décors sont un quatrième acteur. L'architecture de cette ville abandonnée ménage quelques très beaux dessins. Mais la succession de cases et de pleines pages du chapitre trois, beaucoup moins figuratives, provoquent également des émotions chez le lecteur. Du moins s'il accepte de pénétrer un univers qui fait fi de la plupart des codes de la BD. Car il n'est jamais aisé d'entrer dans ce type de récit, moins mû par une logique scénaristique que par une volonté artistique. Ambre donne à voir, à rêver. Et à revenir en arrière, à la recherche d'une image restée floue. Pour amateurs d'art et de BD alternative.
L'Age d'Or (WildC.A.T.S X-Men) par Thierry Bellefroid
« L'âge d'or », tome 1 de la série Wildc.A.T.S X-men. Par Lobdell et Charrest. Chez Soleil.

Soleil s'attaque au Comics US et ma foi, s'y prend plutôt bien. En témoigne ce premier tome d'une série qui réunit deux mythes. D'une part les Wildc.A.T.S (pour « Covert Action Teams ») qui réunit un groupe de combattants génétiquement altérés dépendant des services secrets du gouvernement. De l'autre, les X-Men, des Super héros aux superpouvoirs initialement versés dans la lutte contre le crime à New York et récemment immortalisés par le cinéma. Désormais, les voilà qui combattent ensemble sous la plume de Scott Lambdell. Mutants, extraterrestres, humains et hybrides n'ont qu'un but : sauver la planète des envahisseurs qui la menacent. Dans ce premier volume, on retourne dans le temps jusqu'aux années quarante. Les nazis sont en fait des Daemonites et deux de nos héros vont tout faire pour les empêcher de nuire. L'un appartient aux X-Men, c'est Wolverine. L'autre aux Wilc.AT.S, c'est Soeur Zealot. La rencontre est explosive, parfois drôle, purement « américaine », mais c'est bien ce qu'on espère quand on lit un comics. Et au final, on est pas déçu, notamment grâce au stupéfiant traitement graphique de Travis Charrest !
« L'ère des lumières », tome 2 de la série Wildc.A.T.S X-Men par Scott Lobdell et Jim Lee. Chez Soleil.

Paru presque immédiatement après le premier volume, ce deuxième tome est radicalement différent du précédent. D'abord, il y a le changement de dessinateur. Exit le graphisme noir et blanc de Charrest, d'une précision chirurgicale incroyable. Voici le dessin nerveux et souple de Jim Lee. Tous les deux sont des surdoués. Jim Lee travaillait d'ailleurs sur la série bien avant son rachat par DC et en a assuré plusieurs scénarios en son temps, c'est donc loin d'être un petit nouveau. Son dessin est vif, découpé de main de maître, ce qui nous vaut des doubles pages souvent époustouflantes (comme celle où les ailes d'Angel enveloppent littéralement toute la surface et servent de limite entre les cases). L'alternance de cases pleine page et ultra-découpées (le meilleur exemple étant dans les deux premières planches de l'histoire, magistrales) est visuellement très réussie. Bref, c'est truffé de visions explosives. Explosives, les couleurs le sont aussi, et c'est parfois un peu dur à soutenir. Explosive, l'action l'est forcément, puisqu'on passe en quelque sorte à la vitesse supérieure, en réunissant ici beaucoup plus de mutants et de héros que dans le premier album, finalement assez intimiste. Bref, ça fonctionne parfaitement, à condition d'aimer ce genre d'univers, bien sûr.
La boîte par Thierry Bellefroid
« La boîte » par Pauline Martin. Chez Ego Comme X.

Et vive la BD alternative ! Elle nous permet de lire des OVNIS parfois bouleversants. C'est le cas de cette « boîte ». Récit autobiographique, « La boîte » est un ouvrage difficile, d'autant qu'il est servi par un graphisme très dépouillé, souvent minimaliste. S'y arrêter serait dommage. Ce serait manquer un rendez-vous avec un auteur qui a décidé de se mettre à nu. L'autobiographie a la vent en poupe, que ce soit en BD, au cinéma ou en littérature. Mais elle sert souvent des histoires plus légères ou plus mouvementées. Ici, Pauline Martin est plus proche d'une démarche de thérapie par le dessin. A la manière d'un David B ou de Fabrice Neaud, elle affiche ses névroses et ses doutes sans fausse pudeur. Son album raconte comment elle a vécu le suicide de son petit ami et comment ce suicide a affecté son comportement dans les mois qui ont suivi. Elle laisse entrouverte la porte de son cerveau et nous invite à y jeter un coup d'oeil complice. Nous découvrons comment la paranoïa l'a tout doucement gagnée, comment on peut se laisser envahir par des sentiments comme la culpabilité ou le doute. C'est très beau, sincère, émouvant. Bien sûr, peu de lecteurs sont prêts à lire des albums à la fois aussi graves et aussi personnels. Mais ceux qui sont prêts à faire l'expérience ne regretteront pas d'avoir lu « La boîte ».
Soba par Thierry Bellefroid
« Soba » par Joe Sacco. Chez Rackham.

Il y a beaucoup à dire, à propos de Soba. Parce que la démarche de Joe Sacco est loin d'être courante. Parti à Sarajevo peu avant la fin de la guerre, en septembre 95, Joe Sacco y a passé plusieurs mois. Il nous restitue près de cinq ans après (mais l'édition originale en anglais date, elle, de 1998) une sorte de reportage documentaire comme la BD en fait peu. Sacco apparaît dans l'histoire à de nombreuses reprises, mais comme un simple spectateur, comme on verrait un journaliste dans le coin de l'image, pour justifier qu'on s'adresse à lui, parfois. Son « héros », c'est ce personnage étonnant, Soba, le poseur de mines qui est aussi et surtout un jeune rocker assoiffé de conquêtes féminines et courtisé par de nombreux médias étrangers en raison de sa forte personnalité. Sacco le laisse parler, il le suit, il le raconte. Sans artifices. Sans dramatisation excessive. Le résultat, c'est ce constat d'une jeunesse perdue, désoeuvrée qui, même si elle est passé à travers les quatre années de siège de la ville sans y laisser sa peau, y a laissé son âme ! Sarajevo sombre déjà peu à peu dans l'oubli. Cette ville est pourtant un symbole. Celui de l'acharnement guerrier et de la bêtise humaine. Celui de la résistance des civils, de l'accoutumance à l'horreur, de l'échec des nations Unies à imposer la paix, que cela soit aux assiégeants -les Serbes- ou aux assiégés -les musulmans. Loin du pamphlet outrancier d'Hermann (Sarajevo Tango, chez Dupuis), loin aussi de récits de guerre parfois malsains de TBC (Fables de Bosnie chez Glénat), il y a dans ce récit une justesse de ton, une retenue journalistique qui l'honore et le crédibilise. Certains trouveront peut-être cela trop bavard et c'est vrai qu'il faut s'habituer aux envahissements de textes de Sacco. Mais l'auteur a réalisé avec « Soba » un très beau travail qui ne fait que commencer, puisque l'album fait partie d'une oeuvre plus large ; nous aurons sans doute l'occasion d'en reparler. Une preuve de plus que la BD peut parler de tout.
L'arbre des deux printemps par Thierry Bellefroid
« L'arbre des deux printemps », par Rudi Miel, Will & Co. Dans la collection Signé des éditions du Lombard.

Quelle brochette de dessinateurs ! Au-delà de l'hommage rendu à un très grand dessinateur disparu, il faut reconnaître que le Lombard a su fédérer sur un même album quelques-unes des plus grandes signatures du moment, justifiant pleinement le nom de sa collection ! Présentée à la presse il y a quelques jours dans les bureaux de la société de Rudi Miel, à Bruxelles, une sélection de planches originales permettait de voir à quel point ces auteurs, dont certains n'ont jamais fait de couleur directe en dehors des couvertures de leurs albums, se sont investis. Dommage que malgré tout le soin apporté à l'impression, le livre rende si peu la flamboyance des ces planches ! Bien sûr, la lecture des cinq premières pages ne peut que faire rêver à ce que la BD eût été sans la disparition de Will. Mais cette transmission du flambeau à travers une planche d'esquisses suivie (comme dans un habile fondu cinématographique) par une planche de crayonnés de Walthéry (et quelle planche ! Pour ma part, je le préfère aux suivantes tant elle est pure et se suffit à elle-même) est une bien belle manière de faire oublier que Will nous a quittés avant d'avoir achevé sa dernière oeuvre. Les dessinateurs qui suivent ont tous mis ce qu'ils avaient de meilleur au service de l'histoire de Rudi Miel qui, si elle n'est pas à tomber par terre, constitue une belle métaphore sur l'art de grandir. Certains sont vraiment au sommet de leur art. En particulier, les trois dessinateurs des « hors textes », Hausman, Frank et surtout, le tout grand Roba (quel dessin, mes amis !). Chapeau aussi à Dany qui, s'il ne change rien à son style, réussit des couleurs magnifiques (surtout ses ciels nocturnes et étoilés) malgré son peu d'expérience en matière de couleurs directes. Mais je n'ai pas envie de distribuer des bons et des mauvais points. Cet album est magnifique, il l'est d'autant plus qu'il constitue un superbe témoignage d'amitié. Rudi Miel a intelligemment distribué le travail et découpé son histoire en séquences (lire son interview sur le site par ailleurs). Résultat, L'arbre des deux printemps se laisse lire sans aucune gêne, malgré les constants changements de dessinateurs. On espère que là-haut, Monsieur Choc en personne a pu voir ça !
Opus Matrice (Fides) par Thierry Bellefroid
« Opus matrice », tome 1 de la série « Fides », dans l'univers Transgénèse. Par Ploy, Pagot et Loïc. Aux Humanos.

Les 12 travaux d'Hercule d'Anne Ploy commencent à prendre forme avec la parution, coup sur coup, du deuxième tome de « L'ancêtre programmé » et du premier album de « Fides ». Rappelons (article complet de mon confrère Dimitri F sur ce même site) que le but est de réaliser une fresque de quatre cycles que l'on pourra lire ou séparément ou les uns derrière les autres, en respectant tout simplement leur chronologie temporelle. Car le premier cycle a trait aux années 2025 - 2028, le deuxième aux années 2029 - 2034, le troisième 2035 - 2039 et le dernier 2040 - 2042. Nous voici plongés dans la deuxième histoire, donc. Toute l'intelligence d'Anne Ploy est de nous offrir un univers qui est la continuité du précédent sans pour autant déflorer la fin du premier cycle. C'est bougrement bien ficelé. Et sur le plan de l'intérêt scénaristique, ce nouveau cycle n'a rien à envier à son prédécesseur. La société dirigée par la secte de l'Arquante donne froid dans le dos. Ultra contrôlée, elle est en passe de devenir un modèle du genre avec l'invention de Fidès, la « puce de la Foi ». Obscurantisme, chasse aux sorcières, science détournée au profit d'une petite oligarchie sans scrupules, tout y est. Y compris les habituels rebelles qui luttent contre l'ordre établi au nom de leur soif de liberté et d'humanisme. Tout ça fonctionne admirablement, comme du Jodorowsky, la psychanalyse en moins. Et ce n'est pas nécessairement pour nous déplaire. Quant à l'univers graphique, il ne souffre nullement du changement de dessinateur. D'abord parce que Loïc supervise le tout et assure le design général. Ensuite parce que Didier Pagot se fond parfaitement dans le moule déjà esquissé par « L'ancêtre programmé ». Vivement la suite !
« Pâleur mortelle », le tome 1 de « Mon nom n'est pas Wilson ». Par Fahrer et Trillo. Chez Casterman.

Quelle erreur de casting ! Casterman base toute sa communication d'automne sur ses « nouvelles têtes, fortes têtes » qui caractérisent son nouveau catalogue tout public. Et voilà que se glisse parmi les fameuses « onze nouvelles séries » (argument de marketing qui n'est pas tout à fait conforme à la réalité puisque Surimi et La Smala existaient déjà...) un véritable OVNI, une BD 100% adulte, « Mon nom n'est pas Wilson ». Ceux qui connaissent les autres oeuvres de l'excellent scénariste argentin Carlos Trillo ne seront guère étonnés. Ses histoires n'ont rien de « tout public ». Certaines comme « Vidéo Noire » (Albin Michel) ou « La grande arnaque » (même éditeur) sont même très glauques. Alors, ou Trillo se découvrait à près de soixante ans une vocation de gentil conteur d'histoires, ou il s'agissait du jeu des sept erreurs... Eh bien, après lecture, on penche immédiatement pour la seconde solution. Pourquoi en faire tout un foin ? Parce que les petits autocollants « nouvelles têtes fortes têtes » placés sur les albums ont pour but de créer une sorte de « communauté d'albums », d'effet de série. Et donc, de faire en sorte que les parents les achètent à leurs enfants les yeux fermés, mis en confiance par l'un ou l'autre titre de la collection. Et là, faut dire qu'ils vont être surpris, les parents ! Et que les grandes surfaces ne vont peut-être pas aimer non plus. Sans être puritain, on peut tout simplement se demander comment une telle erreur de jugement a pu se glisser dans la belle mécanique de cette toute nouvelle vague éditoriale. Signer Trillo était une bonne chose. De là à le faire voisiner avec le « Choco » de Brab et Zidrou...

Mais au-delà de cette incongruité éditoriale, que nous réserve ce nouveau héros ? Ma foi, du Trillo pur jus, mais en couleur. Wilson, ancien agent de la CIA reconverti dans une agence privée aux motivations pas très nettes est un bon personnage de série noire. Paranoïaque au dernier degré, il ne cesse de rêver à la mort de sa femme et n'est plus nécessairement d'une fiabilité exemplaire. Ce qui ne va pas l'empêcher d'aller surveiller la petite amie nymphomane d'un riche et peu sympathique avocat italien. A la moitié de l'album, on se demande si on est pas dans le dernier Manara. Il y a de la fesse à toutes les pages, ou presque. Cela n'empêche, sans être ce qu'il a fait de mieux, Wilson est une créature de Carlos Trillo et ça se sent, notamment, dans le côté glauque de ses visions. On devrait en savoir plus dans le prochain épisode. Quant au dessin de Fahrer, qu'en dire sinon que ses femmes ont le sein lourd (plus encore que celles de Philippe Francq) et qu'il ne convainc pas vraiment. Je préfère de loin l'association avec Risso. Sans compter que la couleur nuit plutôt à l'ambiance, qui conviendrait mieux au noir et blanc du même Risso ou d'un Munoz. On regrettera aussi une fin très bavarde. Bref, pas très convaincant...
Le Sablier - II (Ombres) par Thierry Bellefroid
« Le sablier, deuxième partie », tome 4 de la série Ombres par Dufaux et Rollin. Dans la collection Grafica des éditions Glénat.

Après « Le solitaire », cette histoire de sablier est la deuxième pierre de l'édifice que constitueront quatre diptyques. Nous voici donc arrivés à la moitié de cette série. Et force est de constater qu'elle va plutôt en bonifiant. « Le sablier » est une histoire comme Jean Dufaux les aime, où le bien et le mal se mélangent sans jamais pouvoir être pleinement dissociés, où les contraires s'attirent, où le passé resurgit pour faire le solde des comptes que l'on a cru oubliés. Même si l'idée d'un sablier « maléfique » qui entraîne dans la mort ceux qui le retournent n'est pas fondamentalement neuve, Dufaux a construit tout autour une toile dans laquelle le lecteur se laisse prendre sans se débattre. « Ombres » ne constitue sans doute pas son meilleur scénario, mais recèle des qualités intrinsèques à l'oeuvre de ce prolifique scénariste. La part de mystère et de fantastique y est parfaitement dosée, comme à l'accoutumée. Et les réponses, brossées plutôt que données, laissent le lecteur à cheval entre malaise et supputations, prolongeant ainsi l'aventure dans leur univers intérieur. Le dessin de Lucien Rollin convient bien mieux aux parties de l'histoire qui ont trait au passé. Mal à l'aise dans le contemporain, il excelle en revanche dans les vieilles boutiques et les ruelles d'antan toujours un peu brumeuses du premier volet et dans les châteaux gris ou les cryptes du second. On a toutefois l'impression que son dessin « s'aplatit », s'uniformise peu à peu, dans ce quatrième volume, plus proche de ceux de certains ses confrères de la même maison d'édition.
Pauvres mais fiers par Thierry Bellefroid
« Pauvres mais fiers ». Par Tronchet. Chez Albin Michel.

Tronchet est seul dans sa catégorie. Personne ne peut rivaliser avec cet humour vache et décapant toujours si bien observé. Seul Binet a comme lui ce talent de « croquer les beaufs sur le vif ». Mais Tronchet, lui, aime s'attaquer aux bourgeois autant qu'aux beaufs. Il le prouve à merveille dans cet album qui rapproche le destin de deux familles très caricaturales, façon « La vie est un long fleuve tranquille » d'Etienne Chatillez. Et cela donne ces pauvres SDF stupidissimes et crédules d'un côté, cette famille de chefs d'entreprise dégoulinants de bons sentiments mais dépourvus de la moindre sincérité de l'autre. L'album ridiculise les uns et les autres. Avec peut-être une plus grande tendresse pour la famille de SDF. C'est drôle, très drôle. Et corrosif comme du Tronchet. Un Tronchet dont le dessin ne cesse de s'améliorer d'une année sur l'autre, même si les personnages ont grosso modo toujours les mêmes... tronches. Mais quel sens de la couleur ! Sans compter la sobriété de la mise en page qui privilégie l'efficacité à l'effet !
Il y a quelques moments hilarants dans cet album. Notamment, la méthode d'entraînement au football du père Landry (le riche). Pour motiver son fils, il menace de donner 500 francs au fils Poissart (le SDF) si son rejeton rate son coup-franc. Evidemment, celui-ci va placer le ballon en pleine lucarne, les Poissart ont tout juste eu le temps de humer l'odeur du billet de 500 francs...Cruel à mourir. Encore plus cruel quand, à force d'enchères (« si tu rates ton tir, je donne 5000 francs au fils de monsieur Poissart »), les deux fils finissent par s'entendre pour plumer le père Landry, pris à son propre jeu.
Et puis il y a la géniale idée qui occupe la famille Poissart pendant toute une partie de l'album et qui doit la rendre, à terme, aussi riche que les Landry. Je vous laisse la découvrir. C'est succulent. Du Tronchet pur jus.
Terra Incognita (Planetary) par Thierry Bellefroid
« Terra Incognita » T.1 de la série Planetary, par Warren Ellis & John Cassaday. Chez Soleil Comics.

Les super héros ne sont pas morts, ils ont juste changé. La preuve, lisez ce Planetary, et vous en découvrirez trois, les trois personnages principaux de cette série, qui sont aussi les trois employés d'une étrange agence privée. Leur job ? Traquer les phénomènes inexpliqués. Eh oui, il y a quelque chose d'X-Files dans cette BD. Mais à la sauce comics. Donc, en lieu et place d'agents bien normaux, on trouve ici des super héros. Jakita Wagner, dont la force et la rapidité sont redoutables. Cette belle et pulpeuse brune habillée de cuir vaut bien L'Ombre de Richard Guérineau dans « Le chant des Stryges » ! Drummer, qui est en lien avec tout ce qui est composé d'électronique. Les machines lui parlent et il leur parle. Et Elijah Snow, l'homme qui contrôle la température, sans doute le plus mystérieux des trois. Avec trois lascars pareils et un postulat qui est de les faire enquêter sur tous les phénomènes inexpliqués, l'imagination est au pouvoir. Tout est possible. Et Warren Ellis, en excellent raconteur d'histoires qu'il est, ne se prive pas. Il est servi par le dessin sans faille et sans artifices de John Cassaday. Ça donne un album incisif, musclé, qui se lit d'une traîte.
« Quelque part entre les ombres », tome 1 de la série Blacksad. Par Canales et Guarnido. Chez Dargaud.

Derrière une couverture qui évoque a priori le Raspoutine de Sokal (non, Blacksad n'est pas le Canardo de Dargaud) se cache un des plus beaux albums de l'année (je n'irai pas jusqu'à dire le plus beau, comme certains, car il en faut plus pour me faire oublier d'autres perles, comme par exemple « Le capitaine écarlate »). Blacksad a tout pour séduire un large public. Un privé bien campé, à la voix off parfaitement dosée. Une atmosphère rehaussée par les profils animaliers superbement exploités ici. Un dessin à couper le souffle. Des décors d'une minutie et d'une richesse graphique exemplaire. Des cadrages d'excellence. Des couleurs superbes. Un sens de l'action magistral, comme celui de la narration, d'ailleurs. Et je ne parle pas de la maîtrise de la lumière qui pourrait presque faire l'objet d'une thèse. Alors, qu'est-ce qui cloche ? Rien, ou presque. Ces deux auteurs inconnus sous nos latitudes débarquent avec un produit presque parfait. Une oeuvre, comme on dit. Son talon d'Achille, il faut peut-être aller le chercher dans le scénario. Canalès raconte bien, très bien. A tel point qu'on pourrait ne pas s'apercevoir qu'il n'y a rien de neuf dans Blacksad. Un privé dont l'ex-petite amie s'est fait descendre décide d'élucider l'affaire. Coup de pot, il tombe aussi vite sur les renseignements qu'il lui faut que dans les emmerdes. Pas d'enquête tordue, pas d'indices savamment distillés. Rien qui révolutionne le genre. Et pourtant, Blacksad est une BD magnifique. Car l'expérience d'animateur chez Disney de Juanjo Guarnido et celle de scénariste d'animation de Juan Diaz Canales se conjuguent pour nous livrer un album d'une vivacité exemplaire et d'une beauté stupéfiante. Bref, on leur pardonne aisément de nous avoir concocté un scénario finalement assez banal, tant le reste est réussi. Et puis comme ça, au moins, ils pourront faire encore mieux la prochaine fois...
« Pas de quartier ! », tome deux des aventures de La Mort et de Lao Tseu. Par François Boucq. Chez Casterman.

Quatre ans après un premier album, revoici Boucq, sa faucheuse cynique et son cochon, le tout en noir et blanc. Et quand on se trouve en face d'un aussi grand coloriste que lui, rien que ce choix paraît déjà incongru. Mais La Mort et Lao Tseu ont des qualités indéniables. On ne rit pas à toutes les pages. Certaines histoires sont cependant très drôles. « La mort broie du noir » m'a par exemple beaucoup amusé. Comme toujours chez Boucq, la ligne frontière entre le rire et la vulgarité reste floue. Il y a donc aussi quelques histoires qui ne sont pas fondamentalement intéressantes, comme celle où le cochon Lao Tseu s'initie à la gaudriole. En revanche, il y a cet excellent gag sur le saut en élastique (dont je vous laisse la surprise) qui est sans doute le meilleur moment de l'album. Bref, c'est inégal, très inégal. Et ça ne remplace pas les collaborations de Boucq avec quelques grands scénaristes comme Jodo ou Charyn, des collaborations qui se font trop rares sur les présentoirs des libraires. Reste un dessin dont on ne dira jamais assez à quel point il est génial. A lire pour ne pas oublier que Boucq est virtuose. C'est beau, même quand il fait des gammes !
Gloire à Satan ! (Mac Namara) par Thierry Bellefroid
« Gloire à Satan », tome 1 de la série Mac Namara, par Taymans, Wesel et Delperdange.

Parmi les « nouvelles têtes, fortes têtes » qui constituent le nouveau catalogue tout public des éditions Casterman, Mac Namara devrait évidemment trouver son public parmi les fans nombreux d'André Taymans. Au risque qu'ils soient déçus. Car André s'est à ce point démultiplié (quatre sorties le même mois, c'est beaucoup pour un dessinateur, fût-il rapide...) qu'il ne peut désormais plus assurer seul le dessin de toutes ses séries. Résultat, il embarque son coloriste Bruno Wesel dans l'aventure. Le résultat tient la route, du moins au début. Jusqu'à ce qu'on arrive à une certaine page 18 où c'est la chute brutale ! Que d'imperfections sur une seule planche ! On croirait qu'André a laissé ses enfants jouer avec ses marqueurs... Bref, dessiner à quatre mains n'est pas un exercice aisé. André Taymans s'était jusqu'ici contenté de déléguer les décors d'une de ses séries (Les filles d'Aphrodite). S'il veut conserver sa crédibilité -et l'amour des lecteurs pour cette très belle ligne claire qui le caractérise-, il faut peut-être qu'il n'aille pas plus loin.
Passé ce gros défaut de régularité dans le dessin, et si l'on excepte une couverture très Paris Match qui n'est pas vraiment du meilleur goût, Mac Namara est une BD tout public, bien découpée, servie par un scénariste qui réussit le passage du roman à la bande dessinée. L'histoire recycle des éléments connus qui ont fait la une de l'actualité à plusieurs reprises (la plus célèbre restant le suicide collectif des adeptes de la secte du Temple Solaire) et les personnages sont très typés, mais le résultat tient la route. Seule interrogation, pourquoi le personnage qui tire les ficelles dans l'ombre reste-t-il justement... dans l'ombre jusqu'à la fin ? Etant donné le rôle essentiel qu'il joue à la page 41 (non, je ne vous dirai pas quoi !), c'est un peu court, même si on imagine aisément qu'on en entendra encore parler dans une prochaine aventure... Bref, Mac Namara n'est pas du niveau de Caroline Baldwin. D'autant que l'album est alourdi par un humour un peu forcé (notamment dans les jeux de mots, genre le magasin de photo qui s'appelle « Photo Houtard... Vous y viendrez ! » ou le commissaire principal fumeur de cigares qui s'appelle justement « Alexandre de Sighard de Leste ») qui tombe parfois comme une pizza quatre fromages à l'heure du petit déjeuner !
Les trois Chemins par Thierry Bellefroid
« Les trois chemins », par Sergio Garcia et Lewis trondheim. Chez Delcourt Jeunesse.

Il nous manque, Sergio Garcia. Entré en BD par la grande porte, chez Dargaud, avec les « Géographies Martiennes », cet illustrateur espagnol n'a pas pu aller au-delà des trois premiers albums. C'est bien dommage. Son univers et surtout son graphisme ne cessaient d'évoluer, de surprendre. Allez savoir comment il lui est venu à l'idée de travailler avec Lewis Trondheim. Toujours est-il que ces deux-là étaient faits pour s'entendre. Leurs « Trois chemins » pourraient bien prendre celui d'un prix à Angoulême. Car cet album est l'un des plus inventifs et des plus originaux qu'il m'ait été donné de lire dans cette catégorie « jeunesse » qui s'adresse aux plus jeunes lecteurs. Entrer dans « Les trois chemins », c'est entrer dans son propre cerveau ; personne ne lira cette BD de la même manière que son voisin. Pourquoi ? Tout simplement, parce que cette histoire, comme son nom le laisse sous-entendre, emprunte plusieurs chemins à la fois. Pas de cases, juste trois niveaux de lecture (parfois plus) qui se croisent périodiquement et où les héros vivent des histoires à la fois linéaires et en rapport avec le niveau du dessus et celui d'en dessous. Je sais, dit comme ça, ça a l'air un peu compliqué, mais quand on ouvre l'album, on tombe sous le charme. A chaque page, on peut choisir sa façon de lire : commencer par en bas, par en haut, suivre un des niveaux jusqu'à une intersection avec l'autre et suivre l'autre jusqu'à une intersection avec le troisième ou bien lire un seul niveau d'un bout à l'autre de la page avant de passer aux autres... Chacun fait fait fait... ce qui lui plaît plaît plaît ! C'est drôle, intelligent, ça provoque une lecture très active, loin du fast-food qu'on sert trop souvent dans la BD. Une BD à faire lire à vos enfants, neveux, nièces, petits cousins...
20 précédents - 20 suivants
 
Actualité BD générale
Actualité editeurs
Actualité mangas
Actualité BD en audio
Actualité des blogs des auteurs
Forum : les sujets
Forum : 24 dernières heures
Agenda : encoder un évènement
Calendrier des évènements
Albums : recherche et liste
Albums : nouveautés
Sorties futures
Chroniques de la rédaction
Albums : critiques internautes
Bios
Bandes annonces vidéos
Interviews d'auteurs en videos
Séries : si vous avez aimé...
Concours
Petites annonces
Coup de pouce aux jeunes auteurs
Archives de Bdp
Quoi de neuf ?
Homepage

Informations légales et vie privée

(http://www.BDParadisio.com) - © 1996, 2018 BdParadisio