« A l'arrière des berlines », premier tome des aventures de Niklos Koda, par Dufaux et Grenson, dans la collection Troisième Vague du Lombard.
Avec IRS, Niklos Koda est la deuxième série exclusivement créée pour « Troisième Vague ». Il était temps ! Difficile de soutenir une collection présentée comme novatrice avec des séries déjà installées comme Alpha et Capricorne. Voici donc Niklos Koda. Et le retour de Jean Dufaux au Lombard, en compagnie du dessinateur de Carland Cross, Olivier Grenson. Première constatation, Grenson a pris le projet au sérieux. Son dessin est à la fois fidèle à lui-même et en nette évolution. Comparé aux derniers Carland Cross, ce Niklos Koda propose un dessin plus achevé, principalement dans le choix des visages et leur exécution. Un bon point.
Deuxième constatation, Niklos Koda, c'est du Dufaux de chez Dufaux. On y retrouve tous les ingrédients chers à l'un des plus prolifiques scénaristes du moment : sorcellerie -ou à tout le moins, paranormal (traité à l'inverse de Claude Klotz dans « Bellagamba », voir par ailleurs)-, jolies femmes, séduction et mystère, héros à l'abri du besoin, récitatifs faisant appel au refrain ; autant de marques de fabrique qui vous font dire de loin que vous lisez du Dufaux. Grenson boit du petit lait, évidemment. Dans Carland Cross, il s'était déjà frotté au vaudou et aux belles femmes. Restait à faire la même chose en mieux, dans un Paris contemporain, ce qui est finalement plus simple que d'imaginer un Londres ancien. Bref, un album facile ? Pas tout à fait.
Même si plus personne ne s'étonne des nouvelles créations de Jean Dufaux, celle-ci mérite qu'on s'y attarde quelque peu. Parce qu'elle offre un univers plus neuf, plus vierge qu'à l'accoutumée. A force d'adapter (de plagier, diront certains) les films qu'il a vus, les livres qu'il a lus, les BD qu'il a aimées, Dufaux nous propose presque exclusivement des « variations sur le thème de ». Koda, sans être totalement novateur dans sa thématique et son univers, ne m'a pas fait cette impression. Les personnages sont résolument ancrés dans leur époque, ne fût-ce que par leur look (une barbe très fin d'années 90 pour le héros, par exemple...) et ne m'ont pas semblé « déjà vus ». « A l'arrière des berlines », phrase connue de la chanson « Osez Joséphine » de Bashung, qui donne son titre à l'album paraît finalement être la seule pièce authentiquement importée. Bien sûr, ce n'est pas la première BD qui parle de vaudou et de sorcellerie, mais on n'attend pas de Jean Dufaux qu'il révolutionne le genre. On attend de lui des scénarios bien ficelés, qui se laissent lire et vous plongent dans d'autres univers. Celui-ci en est un. A confirmer.