 | "Et pourtant, les lecteurs ont dû attendre onze ans pour lire enfin la suite de La Quête.
Explications".
On peut dire que vous avez pris votre temps...
En 87, après cinq années consacrées à La Quête de l'Oiseau du Temps, nous avions besoin, Loisel et moi de faire
autre chose. Chacun est parti explorer d'autres thèmes. Mais le premier cycle nous avait apporté tant de joies que
nous savions bien qu'il ne s'agissait que d'un au revoir.
Pourquoi avoir choisi de raconter la jeunesse de vos héros et non leur devenir comme vous l'aviez
annoncé ?
Il a toujours été évident pour nous que nous explorerions un jour les deux époques. Nous avons commencé par 
traiter la jeunesse de nos personnages pour deux raisons. D'abord, cela nous
semblait plus logique. Mais surtout parce que Loisel, trop pris par son Peter Pan,
ne pouvait pas assurer, pour l'instant, le dessin de la nouvelle série. Et comme il
tenait absolument à se réserver le retour de Pelisse...
Comment se sont passées vos retrouvailles ?
D'abord, nous avons changé notre méthode de travail. Lors du premier cycle,
j'envoyais mes scénarios à Loisel qui, fourmillant d'idées, comme toujours, me
proposait de nombreux changements. Cette fois, nous avons décidé de concocter
le scénario ensemble. En 1992, je me suis rendu chez lui, et là, devant une bonne
bouteille, nous avons commencé à lancer des idées. Pour nous, c'était loin d'être
gagné d'avance. Allions-nous retrouver le souffle qui nous avait animés des années
auparavant ? Prudents, nous n'avions même pas prévenu notre éditeur de cette
rencontre. Si la mayonnaise n'avait pas prise, nous aurions au moins passé un
agréable moment ensemble en descendant une bonne bouteille. Eh bien, ce fut magique ! En une demi-heure, nous
avions retrouvé nos personnages. Les idées fusaient, nous nous livrions à une véritable partie de ping-pong. Un pur
bonheur. En deux semaines, le scénario était bouclé. Deux mois après, je terminais les dialogues. La Quête était
relancée.
Restait à trouver un dessinateur...
Loisel vous en parlera mieux que moi. Mais je me souviens avoir vu à l'époque, chez lui, un dessin de Lidwine. Il
représentait une sorte de jeu dans une taverne. Parmi les personnages on découvrait Pelisse et Bragon. J'en suis
resté sur le cul. Le dessin était comme habité, vivant.
Que représente pour vous L'Ami Javin ?
Un double défi. D'abord, il fallait que la nouvelle histoire soit totalement en osmose avec la première série. Tout
devait concorder. Passionnant, mais parfois un peu casse-gueule quand on pense à la complexité de La Quête. Et
puis, surtout, nous voulions montrer l'évolution des personnages. Pour Bragon, ce fut relativement facile. Nous le 
retrouvons grand couillon de 18 ans, déjà grande gueule et grand coeur. Pour Mara, qui est
un peu la princesse de la nuit de La flûte enchantée, c'est plus complexe. A la fin de la Quête,
elle se révélait être une sacrée garce qui manipulait ce vieux naïf de Bragon. Dans L'Ami
Javin, elle est jeune, belle, innocente. Elle joue avec les hommes, découvre son pouvoir. Elle a
encore le choix, peut basculer vers le bien, ou vers le mal... A la fin de cet épisode, elle se
rend compte qu'à jouer jouer avec le feu, on peut non seulement se brûler, mais faire
énormément de mal aux autres.
Qui sont les méchants ?
On les voit peu pour l'instant. Adeptes d'une secte secrète, ils préparent le retour de l'infâme
Ramon, prince-sorcier enfermé dans une conque depuis des millénaires. Ses fidèles,
insidieusement, se répandent dans la société, faisant des adeptes dans le petit peuple, instillant
leur foi. Ca ne vous rappelle rien ?...
Combien la deuxième époque comptera-t-elle d'albums ?
Quatre je pense. Paraissant au rythme d'un tous les deux ans, deux ans et demi au pire. Dans
chaque nouvel épisode, nous ferons revivre d'autres personnages de La Quête. On reverra Le Rige, le combattant
suprême, Bodias, qui supplantera Bragon dans le coeur de Mara, Bulrog le guerrier avant qu'il ne soit défiguré, et
bien d'autres. Plus tard, lors d'un troisième cycle, nous reprendrons l'histoire pratiquement au moment où se clôt le
premier, lors de la disparition de Pelisse. Car Pelisse, elle aussi reviendra un jour, sous la plume de Loisel, c'est
promis...
Le Tendre
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