A l'arrière
des Berlines : Niklos Koda
Nouvelle série de Olivier Grenson et Jean Dufaux Editions du Lombard - Collection Troisième Vague (sortie : octobre 99)
Olivier Grenson, jeune dessinateur ayant travaillé chez Lefrancq pour Carland Cross avec Michel Oleffe, débarque au Lombard dans la Collection "Troisième Vague" avec une toute nouvelle série : Niklos Koda. Il nous accueille gentiment chez lui... BDP : Premier album au Lombard, premier album avec Jean Dufaux, premier album avec Koda : ça fait quoi comme impression ? O. Grenson : C'est une impression de premier album tout simplement. Ca faisait longtemps que je pensais entamer une collaboration avec Jean Dufaux. Je savais en commençant Carland Crosse que ce serait le temps de quelques albums. Pour que mon dessin puisse évoluer, il fallait que je change d'univers et d'éditeur. BDP : Comment s'est passée la collaboration avec Jean Dufaux ? O. Grenson : Jean et moi nous connaissons depuis plusieurs années, on se rencontrait de temps en temps lors de cocktails, expos etc.. On avait déjà discuté de choses et d'autres. Nous sentions tous les deux qu'on avait envie de travailler ensemble et qu'on avait des affinités pour cela. Pourtant, j'ai continué à travailler sur Carland Crosse. D'abord, nous entamions, Michel Oleffe et moi, la production de Carland en dessins animés (26 épisodes de 26 minutes) et d'autre part, je ne me sentais pas encore prêt à changer d'univers, mon dessin n'était pas encore au point et je manquais pas mal d'assurance. Mon dessin n'est sans doute pas encore au point aujourd'hui, mais... ..(rire) BDP : Entre les deux collaborations - Michel Oleffe d'un côté pour Carland Cross et Jean Dufaux pour Niklos Koda - qu'est-ce qui a changé ? O. Grenson : Le changement de scénariste était important pour mon évolution en BD. Pour changer d'univers, il fallait changer de collaboration. La collaboration avec Michel Oleffe a toujours bien fonctionné jusqu'au dernier Cross. Avec Jean, le feeling est aussi passé très vite. Il a le don de voir tout de suite ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas dans mon dessin au niveau de la narration. Il a un autre regard que Michel Oleffe. De plus, il sait ce qu'il veut et il a une très grande maîtrise du découpage, un regard visuel, "cinéma", qui me convient beaucoup. BDP : D'où vient l'idée générale du scénario. Jean seul, ou vous en aviez discuté ensemble ? O. Grenson : On en a discuté et finalement le résultat final est assez éloigné de la direction que je pensais qu'on allait prendre... ce qui est bien finalement.. C'est Jean qui écrit l'histoire, c'est lui qui doit la sentir et il a en fait compris ce que j'avais envie de raconter au travers de mon dessin, .. Tout était possible. A partir des idées qu'on avait échangées, on a commencé à construire les bases. Ce que je voulais faire avant tout, c'était du contemporain,... mais je pensais que cela allait être davantage dans un futur proche plutôt que du présent réellement.. Finalement, c'est plus réaliste, plus ancré dans la réalité. C'est vraiment un travail de symbiose entre deux personnes, deux esprits. Lui, me fait passer ses idées par des mots, des impressions, je m'en fais aussi une image et je la concrétise par mon dessin. La première chose que Jean m'a dite quand il a vu Koda ; c'est qu'il le voyait plus âgé. C'est normal, il ne le voyait pas nécessairement comme ça.. En fait, on a pris un peu de chez Jean, un peu de chez moi, et c'est comme ça que Koda est né. Il aurait travaillé avec quelqu'un d'autre, Koda aurait probablement été complètement différent. C'est ça qui fait la complémentairté entre deux artises. Ce qui fait la richesse de notre association, c'est une entente autre que simplement professionnelle, nous sommes sur la même longueur d'onde. Deux visions différentes d'une même chose qui peuvent se compléter. Ce que j'apprécie également, c'est que Jean travaille aussi beaucoup la psychologie des personnages. BDP : Le fait que le premier album de Koda tourne un peu autour du vaudou dans cet album ne tend pas trop vers la confusion par rapport au dernier album de Carland Cross ? O. Grenson : Non, ce n'est pas vraiment raconté de la même manière. C'était abordé d'une manière assez superficielle dans les Pendus de Manhattan (Carland Cross T. 8). C'est vrai que j'ai été un peu étonné au début, mais finalement cela intervient très peu dans l'histoire. C'est plutôt le fantastique avec les animaux qui est très particulier.. Cette histoire va se raconter en deux tomes, mais après il n'y aura plus de vaudou, c'est propre à ces deux premiers albums. BDP : Pour les personnes qui ne connaissent pas encore Niklos Koda, comment décrirais-tu le personnage ? O. Grenson : Hum hum, bonne question ! Depuis le début du projet, notre désir était d'éviter de créer des personnages stéréotypés. Il faut trouver un personnage qui soit le véhicule d'une série donc d'histoires avec des personnages récurrents mais sans tomber dans l'archétype du détective, du reporter ou de l'espion... BDP : Son activité réelle n'est pas très nette en fait ?! O. Grenson : Non, pas très précise. Koda est un agent secret, peut-être, mais avant tout, il est indépendant de toute organisation et surtout un homme libre. Il a une psychologie complexe qui se dévoilera petit à petit. Au départ, Koda est chargé (comme cela se passe dans le milieu de la diplomatie) d'accompagner les femmes d'hommes politiques, de délégations étrangères, de femmes de président lors de visites culturelles ou autres. Par elles, Koda subtilisera des informations déterminantes. D'où la séduction prend une place importante dans la série. Il est donc engagé pour des missions un peu particulières que lui seul peut mener à bien. Il véhicule surtout l'idée de liberté, d'être libre de toute attaches, de toute dépendance. Mais nous avons encore beaucoup d'albums devant nous pour apprendre à le connaître... BDP : Pour parler davantage de ton propre travail : comment construis-tu tes décors, ils sont vraiment superbes ? O. Grenson : C'est vrai que c'est un de mes plaisirs. C'est assez varié : en fait, il y a trois choses : les livres, mon imaginaire et le repérage. Toutes les scènes de Paris, par exemple, j'ai fait le repérage, les photos, en essayant d'analyser les espaces, la manière dont la narration peut coller avec la réalité. Il y a bien évidemment toute une partie interprétée, imaginée... BDP : Que devient Carland Cross de son côté ? Tu continues la série ? O. Grenson : Non, en fait, pour tout te dire, nous sommes en procès contre l'éditeur (Lefrancq). J'ai arrêté de travailler sur Carland Cross après les Pendus de Manhattan, Claude Lefrancq Editeur étant en perte de vitesse. Nous devrions prochainement récupérer les droits de la série et pouvoir l'éditer ailleurs. De toute façon, je ne pourrai pas continuer deux série de front. Nous cherchons un nouveau dessinateur qui reprendrait Carland. Je continuerais éventuellement à faire le découpage... Visitez également la superbe expo de Grenson... Images Copyright Olivier Grenson et Jean Dufaux Certains croquis et dessins repris dans cet article sont actuellement exposés à la Librairie Galerie Ziggourat, du 8 au 30 octobre, 34 rue Dejoncker à 1060 Bruxelles - tel/fax : + 32 2 538 40 37 (du mardi au samedi de 11h à 18h30) |
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