Niklos Koda : un héros pas comme les autres... (suite)



BDP : Pour l'instant, tu t'attaches à Koda. Pas d'autres projets en vue ?

O. Grenson : Non, ça ne fait que commencer. C'est pour ça que le personnage n'est pas cerné. C'est un univers que je ressens et que je peux transcrire graphiquement, mais qui a toutes les possibilités d'ouverture et d'évolution.

BDP : Jean a déjà commencé le deuxième album ?

O. Grenson : Oui, j'en suis déjà à la quinzième planche environ... mais comme Jean travaille aussi avec d'autres dessinateurs, il doit se partager. Normallement, moi je travaille d'abord tous mes crayonnés jusqu'à la fin, et ensuite je travaille la mise au net, l'encrage.. J'aime avoir une vision globale sur l'histoire.. et remodifier éventuellement les premières pages, un personnage ou un décor.. Ca me laisse également un peu de temps pour trouver des documents.. Ici, je tavaille un peu différemment, mais ce n'est pas grave.

BDP : Tes influences au niveau du dessin évoluent-elles également ?

O. Grenson : C'est clair que tout évolue. Mon dessin évolue mais ne change pas du tout au tout. C'est une personnalité qui se développe, qui se précise. Mon style devient naturellement plus réaliste, mais je ne me pose pas de questions formelles, je pense à l'univers, à la psychologie des personnages, le style en découle. J'admire des dessinateurs comme Juillard, Giardino, Gibrat, mais il y en a beaucoup d'autres. Mes influences sont aussi plus picturales, Bilal, Breccia... Tout ce qui me plaît pourrait m'influencer quelque part. Je me nourris autant de dessin que de peinture, de cinéma; etc.. Ca forme un tout.

BDP : En dehors de Dufaux, il y a d'autres scénaristes avec qui tu aimerais travailler ?

O. Grenson : Oh, il y en avait d'autres. Par exemple, j'avais commencé un essai avec Desberg avant de faire les Pendus de Manhattan.. J'avais fait tout un carnet de croquis. Ca se passait au XVIII ème siècle, une époque très différente qui me plaisait beaucoup.. mais il y a quelque chose qui ne marchait pas. Sinon, j'aurais bien aimé Corbeyran (Le chant des Stryges, Lie-de-vin). On s'est déjà croisé à Angoulême et je pense que c'est quelqu'un avec qui j'aimerais assez travailler.

BDP : Tu envisages un jour de réaliser une BD en solo : dessin et scénario ?

O. Grenson : Je ne sais pas. J'aime vraiment beaucoup le travail d'équipe. Cela me permet entre autre de me consacrer entièrement au dessin, de ne penser qu'à ça. J'ai déjà écrit quelques lignes seul. Mais cela ne me tente pas trop. Je pense que cela va me prendre trop la tête, que c'est quelque chose dont je n'arriverais pas à me détacher et à laquelle je penserais non stop (faire évoluer le scénario, contruire l'histoire). Une autre raison : suis-je vraiment capable d'écrire une histoire qui soit bien contruite, originale..

BDP : Tu n'as jamais rencontré de frustration, justement du au fait de devoir suivre le scénario d'un auteur, où toi, tu aurais vu l'histoire évoluer autrement .. ?

O. Grenson : J'aime assez l'idée de me reposer sur les épaules de quelqu'un dont c'est vraiment le métier. C'est vrai qu'on est déjà seul à travailler sur sa planche. Donc c'est un plaisir de partager une histoire et des idées avec quelqu'un d'autre. En plus, du temps où j'écrivais un peu pour le journal Tintin (où je faisais le scénario et le dessin), il m'est arrivé d'imaginer certaines histoires. Mais dès que je mets une histoire en scène, je vois plus la scène comme une séquence de cinéma. Je ne visualisais plus la planche mais davantage le déroulement narratif cinéma.. c'est bizarre mais je crois que je ne saurais pas travailler un scénario BD.

BDP : Avec tes premières influeunces pour Carland Cross, tu aurais aimé travaillé sur un Blake et Mortimer ?

O. Grenson : Non.. même si c'est probablement un jack-pot au niveau financier. Dans l'univers de Blake et Mortimer, j'aimais beaucoup le tavail de Jacobs au niveau de son découpage, la manière dont il installait une certaine lisibilité et symétrie dans ses planches. Par contre, je n'accroche pas trop au côté "texte off". Et puis cela ne m'intéresse pas trop de reprendre un personnage. Ce qui est gai justement, c'est de créer un personnage.

BDP : A côté de la BD, tu enseignes, je pense ?

O. Grenson : Oui, à l'ERG (Ecole en Recherche Graphique - Bruxelles) : c'est une école pluridisciplinaire : on y trouve un champ graphique, narratif, pratique artistique, et image. Moi, je donne un cours de dessin dans le champ narratif (dessins, croquis, modèles vivants).

BDP : quelles sont les BD que tu aimes particulièrement pour l'instant.

O. Grenson : La série du Chant des Stryges, entre autre... Une des dernières BD que j'ai lues et que j'ai beaucoup aimée, c'est Lie de vin. Je ne lis pas énormément de BD en fait. J'avais également beaucoup aimé les deux albums de Juillard, principalement le Cahier Bleu.

BDP : Merci beaucoup Olivier, pour cette interview, et bonne continuation

 

Visitez également la superbe expo de Grenson...

Images Copyright Olivier Grenson et Jean Dufaux
Copyright Editions du Lombard

Certains croquis et dessins repris dans cet article sont actuellement exposés à la Librairie Galerie Ziggourat, du 8 au 30 octobre, 34 rue Dejoncker à 1060 Bruxelles - tel/fax : + 32 2 538 40 37 (du mardi au samedi de 11h à 18h30)


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