Cyclone BD
La Réunion : l'eden aux mille pluies



Saint Denis de la Réunion : le festival préféré des auteurs
Portrait d'un auteur de bande dessinée atypique : Charles Masson

L'île de la Réunion, à deux cents kilomètres de Maurice et 800 de Madagascar, est une sorte miracle de la nature. Surgie des eaux à la faveur des éruptions, cette île récente déploie ses sommets à 3.000 mètres et se cache le plus souvent sous les nuages. Pour voir ses trésors, il faut savoir se lever tôt. Il n'est pas rare que les plus beaux endroits se voilent dès huit heures du matin… et jusqu'à la nuit tombée. Très peuplée tout le long de l'Océan Indien, ou presque -une bande de terrain du Sud-Est, parcourue de coulées de lave récentes, reste inhabitée, on a vite compris pourquoi- elle est quasi déserte à l'intérieur. Mais les endroits les plus inhospitaliers, où il pleut chaque jour pendant des heures pour ne pas dire pendant presque toute la sainte journée, ont aussi leurs villages. On les appelle les "îlets". Perdus dans les cirques inaccessibles qui correspondent aux anciens cratères écroulés, ils sont habités par des agriculteurs qui ne parlent que le créole, de cette manière si belle, si chantée, si inimitable.

Salazie, Cilaos et surtout Mafate, trois cirques majestueux. Avec leur végétation exubérante, leurs chutes d'eaux étincelantes. Avec leurs parois verticales et d'un vert émeraude qui les sertissent comme des bijoux. Leurs pluies quotidiennes et leurs routes en lacets. Pour parvenir à Cilaos, il faut mériter 500 tournants ! Pour Salazie, à peine moins. Pour Mafate, cinq heures de marche, car ce cirque pourtant habité n'est relié à aucune route.

La Réunion, ancienne île Bourbon, a cessé d'être une colonie en 1946. Depuis, ce département d'outre-mer semble avoir choisi de se faire tout petit sur la carte et dans les livres d'histoire. Loin de la métropole, on s'informe de ce qui s'y passe, mais on vit entre îliens, voire entre zoreilles, sans trop se préoccuper du reste du monde. La vie coule, comme les cascades et comme le rhum. Mais la canne à sucre, le vetiver, le geranium rosat et la vanille ne font pas vivre tout le monde. Le chômage, ici comme ailleurs, n'est pas une vue de l'esprit. Et l'alcoolisme touche une part importante de la population, surtout parmi les plus jeunes. Même l'eden a ses petits défauts… Des défauts que le visiteur de passage ne verra sans doute pas, ébloui par les côtes sauvages, les montagnes de chlorophyle et les chemins de traverse.

par Thierry Bellefroid

Suites de l'article :
Saint Denis de la Réunion : le festival préféré des auteurs
Portrait d'un auteur de bande dessinée atypique : Charles Masson

 


© BD Paradisio 2006 - http://www.bdparadisio.com