Rencontré à Angoulême, Bonifay nous a gentiment accordé une interview "sur le pouce" au sujet de la sortie du dernier Zoo.

BDP : Comment avez-vous perçu l'idée de départ de Frank ? Comment perceviez-vous ce rapport à la nature et cette envie d'une histoire qui se déroule dans un zoo ?

Bonifay : J'ai accroché très rapidement. Même si j'ai une perception assez forte de la nature, ce n'est pas vraiment du même niveau que celle de Frank, ni au niveau de sa connaissance des zoo. Je n'ai pas grandi dedans comme lui. Mais je pense que je pourrais écrire une histoire en partant de n'importe quel cadre. C'est le sens des choses qui m'intéressent en définitive....l'histoire, outre le cadre, ce sont les personnages qui y vivent qui m'intéressent. Outre le plaisir de travailler avec lui, quand Frank m'a présenté son idée de départ, l'idée de la force des émotions et du sens de l'histoire m'ont séduit. Après cela, je l'ai appréhendée avec ma propre sensibilité. Je pense que si cette collaboration a si bien fonctionné, c'est également parce que je suis parvenu à trouver la psychologie juste des personnages.

BDP : Comment est venue l'idée des 4 personnages. Comment sont-ils nés ?

Bonifay : En fait, j'ai très rapidement trouvé les personnages. j'étais au zoo avec Frank, il s'est absenté quelques minutes pour prendre des photos. Quand il est revenu, ils étaient nés dans mon imagination. Je ne sais pas comment, comme une sorte d'illumination au zoo, avec la certitude que ces personnages sonnaient juste. L'histoire tournant autour du nez est venue un peu plus tard avec l'idée d'associer un personnage à un sens. Frank ayant été très marqué par Le Parfum de Suskind, et l'odorat n'étant pas un sens très souvent développé dans la littérature ou la BD, nous avons choisi cette association - Anna & l'odorat.

BDP : Que pouvez-vous dévoiler sur la suite de Zoo ?

Bonifay : Qu'Anna va pouvoir traverser des événements - où d'autres n'auront pas nécessairement la force pour la suivre - et qui montreront qu'elle aussi possède une âme. La suite sera très triste et très forte en émotions.

BDP : Que vous a apporté votre collaboration avec Frank ?

Bonifay : C'est un grand plaisir de travailler avec lui. Frank est quelqu'un de très intelligent, de très intéressant et de particulièrement sensible. Nous sommes parvenus à construire une histoire forte avec nos sensibilités différentes.

BDP : Même question qui a déjà été posée à Frank : avez-vous une tendresse particulière pour l'un des personnages en particulier ?

Bonifay : Je pense que je vais vous donner la même réponse que lui. Je n'ai aucune préférence. Ces personnages, c'est nous, autant Manon qu'Anna et les autres, c'est Frank et moi. Ils sont fait de nos émotions, de nos ressentis.. Il est clair que nous sommes influencés par notre propre vie, notre entourage. Cocteau disait lui-même : "On ne fait qu'écrire ce que l'on est".

BDP : Frank nous parlait du procédé de déstabilisation utilisé dans le tome 1 pour que le lecteur laisse tomber ses habitudes, ses codes, et se laisse à vivre ses émotions. Que pensez-vous de la réaction du public, certains n'ont pas compris ou ont été un peu surpris ?

Bonifay : Tout est une question de confiance en l'auteur. Un auteur n'écrit rien au hasard. Même si le lecteur ne comprend pas tout tout de suite, il doit avoir confiance, il comprendra par après. Pour vivre les émotions, nous donnons tous les éléments nécessaires pour comprendre toutes les clefs de l'histoire et que tout ait été compris à la fin du tome 3. C'est ce qu'on appelle la maîtrise technique (rire).

BDP : 3 albums, 1 cycle. Pas de suite, c'est certain ?

Bonifay : Non, certainement pas de deuxième vague en tout cas. Peut-être un seul album, un one-shot... Ce serait sympa de voir Manon plus vieille..

BDP : Quels sont vos projets actuellement en BD ?

Bonifay : Le second tome de Jane chez Casterman avec Falque au dessin. Une série sur les pirates sous le règne de Louis XIV chez Casterman également avec Terpant comme dessinateur. Et également un projet sur le Père Noël avec Béatrice Tillier mais pour plus tard.

Un grand merci, Philippe Bonifay, pour cette interview éclair.