Que venez-vous de lire et qu'en avez-vous pensé? (20)

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1201. pm - 26/07/20 18:22 - (en réponse à : Heijingling)
C’est même très clair, Delporte dit que lorsqu’il a vu le physique du personnage il s’est dit «  houlà, on va avoir des ennuis » mais qu’il était trop tard, et ils ont en effet reçu pas mal de plaintes à la rédaction.

1200. heijingling - 26/07/20 17:51
Delporte n’avait pas vu le physique de Monulf quand il lui a fait sa suggestion.

Ça correspond à ce que je suppute, si il avait vu Monulf, il n'aurait peut-être pas fait cette suggestion le concernant.

Par ailleurs l’eo de 64 et la première réédition de 66 comportent ces caractères, qui ont été corrigés par la suite.

Ça a tout de même fini par être supprimé. Pour quelle édition ? Et sait-on pourquoi, ou dois-je m'en tenir à mes suppositions ?

1199. pm - 26/07/20 17:25 - (en réponse à : Heijingling)
Delporte n’avait pas vu le physique de Monulf quand il lui a fait sa suggestion.
Par ailleurs l’eo de 64 et la première réédition de 66 comportent ces caractères, qui ont été corrigés par la suite.

1198. heijingling - 26/07/20 17:15
Pas lu cette bio, mais sur Dayez, j'ai les mêmes préjugés que froggy.

Je reviens sur un point évoqué par Dayez:
Il s'agit d'une polémique récurrente dans le cas de Peyo : certains de ses méchants sont dessinés avec les traits habituels des juifs dans les caricatures antisémites.

Je ne connaissais pas cette polémique, que je trouve absurde et ridicule, comme je l'explique plus bas. Par contre, on ne peut nier que le personnage de Monulf soit une caricature antisémite, même si c'est seulement une terrible maladresse involontaire de Peyo. D'ailleurs, le fait que les lettres hébraïques suggérées par Delporte aient été supprimées pour la version album montre bien que les auteurs ou quelqu'un chez Dupuis a bien vu que c'était la goutte en trop.

1197. pm - 26/07/20 16:42 - (en réponse à : Heijingling)
Wikipedia ne fait que reprendre la bio de Peyo par Dayez ( page 87 ) que j’ai cité de mémoire.

1196. heijingling - 26/07/20 16:31
>Quentin :Nimporte quoi, cette histoire de Monulf qui serait Juif. Voici ce que dit wikipedia sur les accusations d'antisémitisme vis à vis de Peyo

Ce qui est n'importe quoi, c'est d'utiliser Wikipédia comme référence pour les interprétations. Wikipedia est écrit par des anonymes, c'est très bien pour les infos factuelles, mais quand il s'agit d'exprimer un point de vue, il est indispensable de savoir qui l'exprime.
Voyons donc l'explication de Wikipedia.

"C’est Yvan Delporte qui a suggéré à Peyo d’utiliser des lettres yiddish pour les injures du bandit Monulf. L'idée était d'innover dans l'utilisation de caractères incompréhensibles suggérant que les injures étaient censurées. Dans un dessin Monulf s’écrie : « Belzébuth », écrit en yiddish, quoiqu'un véritable utilisateur du yiddish ne l'aurait pas écrit comme ça.

Par ailleurs Monulf a un nez crochu et est petit. Il s'agit d'une polémique récurrente dans le cas de Peyo : certains de ses méchants sont dessinés avec les traits habituels des juifs dans les caricatures antisémites. Mais rien n'indique que les méchants soient juifs pour autant, et les proches de Peyo ont toujours démenti tout antisémitisme de sa part.

Certains sont allés jusqu'à reconnaitre dans Monulf René Goscinny, qui était d'origine juive, mais l'intéressé lui-même haussait les épaules : ce n’était pas le genre de Peyo1. Le nom de Monulf d’ailleurs vient du prince-évêque de Liège Monulphe de Maastricht, donc ne représente certainement pas un juif.

Comme pour l'utilisation du nom « Azraël », il faut souligner que les clins d'œil à la culture juive viennent en général de Delporte, familier avec cette culture pour être lui-même marié à une juive"


Azrael est un nom hebreu, mais en dehors de cela, il n'y a pas de rapport avec la culture juive, c'est un démon connu de nombreuses traditions ésotériques. Ou alors, à chaque fois qu'un personnage a un nom en -el, comme Gabriel, Michel, Daniel, Marcel (hahaha), c'est un clin d'œil à la culture juive ?
Par ailleurs, il y en a beaucoup des clins d'œil à la culture juive dans les histoires de Delporte ? Si ils sont tous du même acabit, c'est du n'importe quoi, cette remarque.
(P.S.: même acabit=makabi=Judas Macchabée. Moi aussi, je peux en faire, des clins d'œil fantasmés à la culture juive.)

Monulf n'est pas un prénom juif, donc Monulf n'est certainement pas juif. Avec ce raisonnement, des gens prénommés Alfred, Alain, Albert, Bernard-Henry, ne sont pas juifs, par contre, Isaac (Newton) ou Gabriel (Fauré) le sont.On continue dans le n'importe quoi.

Monulf a un nez crochu, ou busqué, ce qui est une caractéristique de nombre de méchants chez Peyo. Mais c'est une caractéristique des méchants un peu partout, par opposition au héros au profil grec, comme Buck Danny. Beaucoup de méchants indiens dans Lucky Luke ont un nez busqué, ils seraient donc juifs? Toujours n'importe quoi.
Le problème de Monulf, c'est qu'il n'a pas seulement un nez crochu, comme d'autres méchants de Peyo. Il a un nez crochu+les cheveux frisés+de grosses lèvres+il est lâche+obséquieux+fourbe+adore l'or+en lieu de barbe a un bouc pointu. Il a coché toutes les cases de la caricature antisémite (mes sources: cet article La caricature antisémite pendant l'affaire Dreyfus https://www.persee.fr/doc/homig_1142-852x_1998_num_1216_1_3250 et le Candide de Voltaire illustré par Sfar).
En plus de cumuler toutes les tares physiques et morales attribuées aux Juifs par les antisémites, il parle hébreu.
D'ailleurs, il ne peut pas dire Belzebuth, puisque ce nom compte cinq consonnes, et qu'il n'y en a que trois dans la bulle. Sur ce factuel aussi Wikipedia raconte n'importe quoi.

>pm: Je ne crois pas à l’antisémitisme de Peyo.

Je suis tout à fait d'accord, je l'ai d'ailleurs écrit plus bas. C'est justement pour cela que ce dessin pose problème. Ce serait juste une accumulation de coïncidences malencontreuses ? Peut-être. On ne le saura jamais, tous les intéressés ayant passé l'arme à gauche.

Sinon, c'est qui ce César, un nouveau venu sur le site ? Deux messages, deux sous-textes puants et stupides. Ça ressemble à un troll d'extrème droite.

1195. pm - 26/07/20 15:40
Oui, tes commentaires sont bien à coté de la plaque puisqu’ils ne tiennent pas compte du contexte.
Si Gaston avait été noir au milieu d’une rédaction de blancs européens cela aurait été un signe évidemment raciste puisque mettant l’accent sur un archétype douteux. En revanche si Gaston est un noir paresseux dans une rédaction africaine c’est complètement différent.

1194. César - 26/07/20 14:26
Absurde?

Je ne vois pas ce que j'ai écrit d'absurde. C'est un ressenti.

Il suffit de voir les reproches qu'on a fait un temps à Goscinny et Morris concernant les noirs dans Lucky Luke (En remontant le Mississippi, je crois) montrés comme des paresseux. Il n'y en a pas des paresseux parmi les noirs?

Par contre, Gaston Lagaffe soit paresseux, ça n'offense personne...

Deux poids, deux mesures...

1193. pm - 26/07/20 14:07
Et le reste du message est tout aussi absurde.

1192. pm - 26/07/20 14:06 - (en réponse à : Cesar)
Formidable, tu viens de m’apprendre que les juifs ne sont pas blancs !

1191. César - 26/07/20 14:04
Pourquoi quand un méchant est sous les traits d'un blanc, ça choque personne, mais dès que l'on fait un méchant ressemblant à un arabe, un noir, un juif l'auteur est suspecté de racisme?!

Ça n'existe pas des méchants, des menteurs, des salauds chez les arabes, noirs, juifs?! Ils sont tous gentils? Non mais arrêtez de les victimiser...


1190. pm - 26/07/20 11:20
Grillé par Quentin.

1189. pm - 26/07/20 11:19
C’est Delporte qui a donné l’idée de l’écriture en Yiddish de Monulf, sans savoir comment ce dernier était dessiné et parce qu’il en avait marre que les insultes soient écrits en chinois. Le nom de Monulf vient d’un prince évêque de Liège.
Delporte était marié à une juive.
Je ne crois pas à l’antisémitisme de Peyo même si les méchants ont souvent des caractéristiques des caricatures antisémites. Je vois ça dans l’autre sens, on dessine un méchant et il se trouve que les antisémites représentent les juifs avec ces mêmes caractéristiques du méchant.
En revanche, bien qu’aimant beaucoup Tintin, je n’ai plus guère de doute sur l’antisémitisme d’Hergé.
Pour Franquin c’est son éducation dont il a dû se défaire, son père étant ouvertement antisémite, d’où la résurgence dans certaines bandes du début.

1188. Quentin - 26/07/20 11:11
Nimporte quoi, cette histoire de Monulf qui serait Juif. Voici ce que dit wikipedia sur les accusations d'antisémitisme vis à vis de Peyo:

"C’est Yvan Delporte qui a suggéré à Peyo d’utiliser des lettres yiddish pour les injures du bandit Monulf. L'idée était d'innover dans l'utilisation de caractères incompréhensibles suggérant que les injures étaient censurées. Dans un dessin Monulf s’écrie : « Belzébuth », écrit en yiddish, quoiqu'un véritable utilisateur du yiddish ne l'aurait pas écrit comme ça.

Par ailleurs Monulf a un nez crochu et est petit. Il s'agit d'une polémique récurrente dans le cas de Peyo : certains de ses méchants sont dessinés avec les traits habituels des juifs dans les caricatures antisémites. Mais rien n'indique que les méchants soient juifs pour autant, et les proches de Peyo ont toujours démenti tout antisémitisme de sa part.

Certains sont allés jusqu'à reconnaitre dans Monulf René Goscinny, qui était d'origine juive, mais l'intéressé lui-même haussait les épaules : ce n’était pas le genre de Peyo1. Le nom de Monulf d’ailleurs vient du prince-évêque de Liège Monulphe de Maastricht, donc ne représente certainement pas un juif.

Comme pour l'utilisation du nom « Azraël », il faut souligner que les clins d'œil à la culture juive viennent en général de Delporte, familier avec cette culture pour être lui-même marié à une juive"

1187. heijingling - 26/07/20 02:26
A propos de cet album et une fois de plus je ne m'etais jamais rendu compte de cela tellement cela ne m'interpelle pas au niveau du quelque part de mon vecu, le dossier explique que Peyo avait ete suspecte d'antisemitisme a cause du physique du mechant, Monulf. On trouvait meme qu'il ressemble a Rene Goscinny. J'ai trouve cela tres etonnant et meme surpris. J'ai l'impression que des gens voient des choses dans des albums auxquelles l'auteur n'avait jamais songees et qui sont meme tres loin de lui.

J'avais eu la meme surprise au sujet de L'etoile mysterieuse de Tintin. Je ne connaissais que la version corrigee d'apres-guerre bien sur et si Herge avait change le patronyme du banquier newyorkais en Bohlwinkel, il n'avait pas pu ou voulu redessiner le personnage. Je n'ai jamais specialement remarque que l'homme a des characteristiques faciales juives. Avec mes yeux d'enfant, je n'y voyais qu'un mauvais et c'est tout. Mais je suis peut-etre aveugle ou je vois les choses innocemment.


Il y a eu ce problème avec Hergé, Peyo, et Franquin.

Franquin a dessiné une case avec un personnage, pas un méchant, mais un frippier, dont la tête est une caricature antisémite. C'était au sortir de la guerre, Franquin était jeune et influencé par la propagande subie durant des années. Il ne le refera plus jamais. Naïveté, pas antisémitisme.
C'est un peu comme toi, ou moi, enfant, on n'y a rien vu de mal, ou même de spécial, mais Franquin jeune adulte a tout de suite compris son erreur, et ne l'a plus faite.

Hergé, c'est pareil, mais il y a des différences fondamentales avec Franquin. Il n'a pas été influencé par la guerre, mais par son environnement, son rédac-chef-mentor, c'est plus direct et personnel. De plus, il était moins jeune que Franquin, à la différence de celui-ci ses personnages caricatures de Juifs sont toujours des mauvais, et il l'a fait plusieurs fois, dans plusieurs albums. Donc, il y avait chez lui de l'antisémitisme réel, mais pas réfléchi, pas militant ou de conviction, c'était aussi de la naïveté, mais à un niveau qui confinait à la connerie. On en avait d'ailleurs déjà parlé, politiquement Hergé n'était pas très futé, et très influençable.

Peyo, c'est différent, c'était longtemps après la guerre, il était adulte avec une longue carrière, et savait ce qu'il dessinait. Son Monulf est clairement une caricature de Juif, et pour qu'aucun doute ne soit permis, il le fait jurer en hébreu (page 43 de la version journal, modifiée dans l'album). Mais c'est la seule occurence dans son œuvre, et en dehors de ça rien ne vient témoigner qu'il aurait été antisémite. D'ailleurs, la charge antisémite dans ce dessin est presque trop grossière pour être vraie. Était-il à ce moment en mauvais termes avec Goscinny, et a-t-il voulu le faire enrager? Étaient-ils au contraire amis et a-t-il voulu, lourdement et maladroitement le taquiner? Une autre raison ? Aucune idée, et je pense que nous ne pourrons jamais le savoir.


1186. froggy - 25/07/20 23:14 - (en réponse à : Piet)
Non, je ne l'ai pas lu. Est-ce bien? Je me mefie beaucoup de Hugues Dayez dont je trouve les commentaires dans les livres de Niffle creux, vides, insignifiants et ininteressants au possible. De lui, j'avais vu des chroniques de cinema de la RTBF sur TV5 Monde et mes bras en sont tombes pour certaines, dont une sur Woody Allen gratinee dans le genre.

Au sujet de J&P, les deux autres albusm que nous avions a la maison etaient La flute a 6 schtroumpfs et Le pays maudit mais aucun de ces deux la n'a eu le meme effet que La guerre des 7 fontaines. Dans Le pays maudit j'adore le debut avec le roi qui s'ennuie. Je trouve cela tres bien vu et le gag recurrent du schtroumpf qui schtroumpf du schtroumpf et Pirlouit de s'exclamer, "CA Y EST, J'AI TROUVE!". Mais j'y trouve le scenario assez convenu et n'ayant pas l'originalite de La guerre.

A propos de cet album et une fois de plus je ne m'etais jamais rendu compte de cela tellement cela ne m'interpelle pas au niveau du quelque part de mon vecu, le dossier explique que Peyo avait ete suspecte d'antisemitisme a cause du physique du mechant, Monulf. On trouvait meme qu'il ressemble a Rene Goscinny. J'ai trouve cela tres etonnant et meme surpris. J'ai l'impression que des gens voient des choses dans des albums auxquelles l'auteur n'avait jamais songees et qui sont meme tres loin de lui.

J'avais eu la meme surprise au sujet de L'etoile mysterieuse de Tintin. Je ne connaissais que la version corrigee d'apres-guerre bien sur et si Herge avait change le patronyme du banquier newyorkais en Bohlwinkel, il n'avait pas pu ou voulu redessiner le personnage. Je n'ai jamais specialement remarque que l'homme a des characteristiques faciales juives. Avec mes yeux d'enfant, je n'y voyais qu'un mauvais et c'est tout. Mais je suis peut-etre aveugle ou je vois les choses innocemment.


1185. Piet Lastar - 25/07/20 22:21 - (en réponse à : froggy)
Je comprends mieux ta préférence pour la Guerre des 7 fontaines, une lecture de prime enfance. Pour moi, ce sont la Source des Dieux et le Pays Maudit.
As-tu lu le bouquin de Hugues Dayez, "Peyo l'enchanteur" ?

1184. froggy - 25/07/20 19:44
Johan et Pirlouit, Integrale 1 a 4

J'ai un peu hesite a mettre cette chronique de lecture dans ce forum car j'aurais aussi bien pu la placer dans celui sur nos relectures. Vous pensez bien que vu mon grand age (mais pas autant que celui de Philippe, je vous rassure), je les ai tous lus plus d'une fois, certains memes des dizaines car ils faisaient partie des quelques BD que nous posssedions a la maison avant que je ne commence a en acheter. Comme il s'agit de nouvelles editions, j'ai donc mis cela dans mes nouvelles lectures. De toutes facons, cela n'a aucune importance, l'essentiel pour moi est de vous faire partager le bonheur que j'ai eu pendant 2 semaines a relire ces merveilles du 9e Art.

J'envie l'enfant ou l'adulte qui ne connaitrait pas ces 13 aventures et les decouvrirait. J'ai souvent ecrit que je suis vraiment tombe dans la marmite de la BD grace a Ric Hochet et Yoko Tsuno, Tintin et Asterix sont a part a cause de leur stature de totem quasiment intouchable mais qu'en est-il de Johan et Pirlouit? On n'en parle pas souvent mais des qu'on evoque le nom de cette serie, les visages s'allument, les sourires naissent et les conversations s'animent en se rememorant nos souvenirs de lectures et les sequences memorables que Peyo avait imagine pour le plus grand bonheur de ses lectrices et lecteurs. Il y a peu de bandes dessinees qui peuvent pretendre a avoir un tel effet. A quoi cela est du?

Il a fallu du temps a Peyo pour etre engage par Dupuis, c'est par l'intermediaire de son ami Franquin qu'il y est enfin arrive. Le dessinateur de S&F lui aura prodigue de nombreux conseils. J&P sera la premiere serie qu'il creera pour Spirou. Au debut, elle ne s'appelle que tout simplement Johan, le personnage de Pirlouit n'apparaitra dans la serie qu'au troisieme episode, Le lutin du Bois aux Roches. Les deux premieres histoires sont des histoires classiques se deroulant au Moyen-Age, un seigneur qui veut se venger du roi qui l'a chasse du royaume et un autre seigneur qui va reprendre possession de son fief avec l'aide de Johan. Il faut noter dans ce deuxieme episode, l'apparition d'une sorciere, Rachel. Ce sera une constante dans la serie ou on verra regulierement mages et enchanteurs divers et ainsi une succession d'elixirs et de breuvages magiques qui seront souvent des elemetns cles des intrigues a venir. C'est donc un Moyen-Age de fantaisie que nous offre l'auteur, tres loin de celui qu'on verra plus tard dans des series comme Chevalier Ardent, Les Tours de Bois-Maury et autre Jhen. Peyo presente ainsi un divertissement d'une qualite absolument exceptionnelle a son jeune lectorat d'alors. Il n'a pas d'autres pretentions que de le distraire et de l'amuser. Il y reussira comme peu d'autres l'ont fait apres lui.

La serie, telle que nous la connaissons, debute vraiment au troisieme titre, Le lutin du Bois aux Roches, ce lutin, c'est Pirlouit. C'est un nain assez farceur qui ne ressemble pas du tout a celui joue par Peter Dinklage dans Game of throne. Ce personnage est LA trouvaille geniale de Peyo qui va permettre a la serie d'atteindre des niveaux stratospheriques quand il la dessinera. Avant lui, Herge avait cree le cpaitaine Haddock dans Tintin et apres lui, Uderzo et Goscinny creeront Obelix dans Asterix, mais jamais les auteurs n'appelleront leur serie, Tintin et Haddock ou Asterix et Obelix, elles resteront Tintin et Asterix. Peyo ne s'embetera pas et ajoutera le nom de Pirlouit a celui de Johan des le titre suivant, le quatrieme, La pierre de lune. Sur la couverture de ce dernier, il est quand meme precise, une aventure de Johan... et Pirlouit. C'est comme si l'auteur avait encore un peu hesite a le faire mais le personnage a du etre si rapidement populaire que l'auteur s'est senti oblige de mettre son nom sur la couverture de cet album afin de rajouter un argument supplementaire pour son achat. Ces 3 petits points disparaitront des le cinquieme titre et on peut legitimement se demander si la serie avait continue, si elle ne serait pas devenue Pirlouit et Johan tellement le lutin prendra de l'importance au fur et a mesure des aventures suivantes.

On le sait, le comparse du heros sans peur et sans reproche est celui qui donne de la vie a une serie, c'est a celui ci que les les lecteurs vont s'identifier face aux heros irreprochable et monolithiques, ne preferez-vous pas Haddock a Tintin, Sonny Tuckson a Buck Danny, Tapir a Poulain dans La Patrouille des Castors, et combien d'autres? Je mets deliberement de cote Obelix car celui-ci est quand meme un peu bas du front pour empecher une identification totale. Il parait que Peyo avait mis beaucoup de lui-meme dans Pirlouit, quand on lit les 11 albums ou celui-ci intervient, cela est une evidence, le personnage lui tenait manifestement a coeur. Il en devient meme le heros principal dans la toute derniere aventure, le treizieme album (un mauvais signe?), Le sortilege de Maltrochu. Johan ne servira que pour les scenes d'action qui requierent un bon maniement a l'epee.

Un des rares regrets que j'ai dans la serie est le fait que Peyo n'ait utilise qu'une seule fois Romulus, le faucon vegetarien que Pirlouit acquiert dans un des meilleurs episodes, Le sire de Montresor. C'est dommage car d'abord il avait amoureusement dessine l'oiseau, celui-ci a une tete absolument adorable et tres amusante. Et puis, cela aurait ete une bonne source de gags. En lieu et place de l'animal, et comme source de gags, il decidera de faire de Pirlouit un musicien amateur. Mais un musicien de qualite horrible incapable de chanter et de jouer correctement d'un instrument. C'est la premiere planche de l'episode charniere de la serie et qui changera la vie de Peyo du tout au tout, La flute a 6 schtroumpfs. Vous le savez tous bien entendu, c'est dans cet album que le dessinateur creera les petits lutins bleus. Ceux-ci avaient le format ideal pour etre les heros des mini-recits, les supplements detachables, idee de genie d'Yvan Delporte et de Maurice Rosy, alors a la tete du journal Spirou, qu'ils venaient de lancer. Ceux-ci devinrent si poulaires qu'ils eurent tres rapidement leur propre serie. Nous sommes au tout debut des annees 60 et Peyo creera quasiment en meme temps, Benoit Brisefer, et reanimera sa serie de gags en demi-planches, le chat Poussy, pour le compte du quotidien tbelge, Le Soir. Et comme si cela ne suffisait pas, il crera une serie policiere, Jacky et Celestin. Il lui est impossible de tout faire bien entendu. Il creera son propre studio et certains des futurs plus grands noms du FB en feront partie plus ou moins longtemps; Will, Walthery, Derib, Wasterlain, Gos, Francis, Leloup, Degieter. Si leurs noms ne sont pas mentionnes dans ses deux series phares, J&P et Les Schtroumpfs, ils le seront par contre pour les autres.

Pour en revenir a J&P, Peyo qui considerait que c'etait SA serie; devenant de plus en plus accapare par ailleurs ralentit sa production. Alors qu'il livrait un episode par an, la prepublication du Pays maudit, episode 12, se fera principalement a raison d'une planche par numero en 1962, le tout dernier ne commencera sa prepublication qu'en 1967 et encore, elle sera interrompue pour cause de maladie de l'auteur. Cet episode ne trouvera sa conclusion qu'en 1969. Fort heureusement, avant cela, Peyo avait concocte son chef d'oeuvre, celui sur lequel les bonnes fees s'etaient penchees, La guerre des 7 fontaines. Par chance, cet album etait un des 3 que nous avions a la maison et je l'ai lu un nombre incalculable de fois. C'est l'histoire d'un fantome qui a mal agi durant sa vie terrestre et qui ayant ruine son domaine a cause de cela ne peut reposer aupres de ses ancetres tant que les 7 fontaines qui alimentaient en eau potable le pays ne reviendront pas. En outre, il faut faire revenir le dernier des descendant. C'est une merveilleuse aventure que Peyo avait imagine la melangeant habilement paranormal, action, suspense et humour. Ce savant cocktail a fait des ravages chez moi et je ne me suis jamais lasse de relire cet album, je ne l'avais pas fait depuis des annees et c'est avec une indicible joie que je l'ai relu. J'adore le gag final, specialement un dialogue que je trouve irresistible de drolerie, "Mais enfin, regardez mon visage comme il est faux!"

A ces merveilleux scenarios, il fallait des merveilleux dessins. Celui de Peyo n'a pas la flamboyance de celui de son ami Franquin, il est par contre d'une clarte exemplaire. On peut constater de visu l'amelioration de son dessin dans la premiere aventure, Le chatiment de Basenhau, les premieres planches sont pataudes et maladroites, les dernieres le sont moins et l'auteur aura pris suffisamment d'assurance pour dessiner sa premiere sequence d'une foule d'hommes en train de batailler. On verra plus tard dans l'oeuvre la meme scene de bataille, c'est dans La guerre des 7 fontaines ou la case y est d'une composition admirable. Il n'y a rien qui va arreter l'oeil afin que le lecteur lise l'album d'une traite. Dans La nuit americaine, Francois Truffaut faisait dire a son personnage du metteur en scene qu'il joue lui-meme dans le film, "Les films sont plus harmonieux que la vie, [...]. Il n'y a pas d'embouteillages dans les films, il n'y a pas de temps morts. Les films avancent comme des trains, tu comprends ? Comme des trains dans la nuit.". C'est exactement cela avec Peyo, ses BD avancent comme des trains dans la nuit, tout y est harmonie, il n'y a pas d'embouteillages. C'est merveilleux de lire cela. Il est evident que son maitre ne pouvait qu'etre Herge, le maitre de la clarte et de la lisibilite en son temps. Les lecons que Peyo a tirees des albums de Tintin demontrent qu'il avait tout compris de ce que devait etre une BD. Je dirais meme plus, ce que devrait etre une BD.

A l'art de dessiner avec clarte, il faut ajouter un decoupage egalement exemplaire. Celui des J&P, l'est assurement. Je citerai les exemples de la sequence du tournoi dans La fleche noire ou tout d'un coup, Pirlouit se retrouve a l'extremite de la lance d'un chevalier, je continue a admirer la maniere dont l'auteur a agence sa sequence tout en conservant le principe de l'unite de la planche (cela s'etale sur deux planches) et en respectant celui du suspense de fin de planche. Le deuxieme exemple est la scene ou Pirlouit va se faire pendre dans Le sire de Montresor et comment il arrive a s'evader. C'est du grand art tout simplement.

Les 8 premiers albums font 44 planches, a partir du 9eme, La flute a 6 schtroumpfs, ils en feront 60. Cela ravira Peyo qui s'est immediatement senti plus a l'aide dans ce format. Pour la premiere fois, j'ai ressenti cela en lisant le dernier episode qui fait 44 planches Le sire de Montresor. En effet, j'ai trouve que Peyo etait alle un peu vite pour atteindre la conclusion de son histoire. Le resultat est impeccable bien sur mais j'ai senti qu'il manquait quelque chose. Des cette Flute, on voit combien l'auteur arrive a tenir la distance sans aucun probleme sur 60 planches. Cela tombe bien, lire 16 pages de plus de J&P par episode, ce n'est que du bonheur.

Le beau travail est toujours invisible, ce que l'on ne realise pas toujours est que ce beau travail est tres difficile a obtenir. 5% d'inspiration, 95% de transpiration dit le dicton, j'imagine Peyo suant a grosses gouttes sur ses planches pour arriver a un resultat aussi admirable qu'exemplaire.

Chaque album est precede d'un dossier ecrit par Alain de Kuyssche. Le plus interessant reside dans la riche iconographie qui consiste en des photographies, des reproductions de planches, les premieres pages des Spirou dans lesquelles les episodes debutaient mais aussi la planche censuree du premier episode ou le troubadour se fait torturer, et celle ou Boustroux adopte un deguisement horrible dans La pierre de lune, tout cela etait trop epouvantable pour les enfants des annees 1950. Il faut aussi ajouter les premieres planches de la tentative qui eut lieu dans les annees 60 de redessiner completement Le lutin du Bois aux Roches. Cela ne fut jamais termine. Et enfin, les albums contiennent tous les courts recits de J&P ecrits soit pour Spirou, soit pour Risque-Tout. Tout cela est donc tres complet et devrait ravir les plus exigeants.

Nous ne saurons jamais malheureusement ce que Peyo avait en tete pour sa serie. Il avait envisage une aventure qui se serait appelee Les barbares, les auteurs des dossiers y disent qu'il n'y a pas de veritable scenario et que cette hsitorie n'est restee qu'a l'etat d'ebauche. Malgre cela, J&P fut repris apres un hiatus de 24 ans sous la direction de Thierry Culliford, le fils de Peyo. Cette reprise ne dura que le temps de 4 albums, et ne convainquit personne tellement elle est en deca de ce que les 13 albums qui firent la renommee de la serie furent. La magie avait disparu et ne reviendrait pas.

Parmi les grandes series classiques de la BD FB, on pense toujours a Tintin, Blake et Mortimer, Spirou et Fantasio, Alix, Buck Danny, mais j'ai toujours l'impression que Johan et Pirlouit est injustement neglige. Je l'avais ecrit quand je vous ai fait part de mon acquisition de ces 4 albums, ils sont indispensables a toute collection de BD qui se respecte. Je n'imagine meme pas qu'on ne puisse pas les aimer.

Note finale, 5/5. Magique

1183. torpedo31200 - 18/07/20 18:30 - (en réponse à : pm - post # 1182)
Yes, 220 pages contre 40-44 de la collection Pilote en 1983.
Ca me disait un truc, j' avais du le lire dans le magazine. Merci à toi.

1182. pm - 18/07/20 18:13 - (en réponse à : Alvar Mayor)
C’est une réédition augmentée du broché de chez Dargaud de 1983 ?

1181. torpedo31200 - 18/07/20 16:49 - (en réponse à : I Latina)
2 très beaux bouquins chez I Latina, scénarisés par Trillo à 34 ans d' écart.

Bolita, dessin de Risso, dernier script de Trillo publié en Argentine en 2011. Passé outre la couverture qui n' est qu' un agrandissement du détail d' une case. Une femme de ménage bolivienne issue de classe populaire, engagée chez de riches et décadents bourgeois brésiliens à Buenos Aires. Très immersif, Risso à son meilleur et Trillo était décidément un très bon scénariste BD.

Alva Mayor, dessiné par Enrique Breccia (le fils) en 1977 et 1978. Récits courts de 17 pgs à 10 pgs autour d' un aventurier/guide en Amérique du Sud, entre la Patagonie et l' Eldorado. Les premiers récits sont très classiques (cupidité, expédition) mais très vite s' articulent autour de légendes, rêves et drames.
Un Corto Maltese amélioré, selon moi. Très bien dessiné, malgré une narration parfois inégale mais inspirée.

1180. froggy - 13/07/20 01:07
Tronchet, Le chanteur perdu

Je n'ai achete cet album que sur le pitch dans sa page de presentation sur le site Dupuis. Vous conviendrez que c'est risque. Il y a des fois ou cela tourne au desastre, La petite souriante de Springer et Zidrou pour le nommer explicitement, et il y a des fois ou on se dit qu'on a eu le nez creux et on tombe sur la gemme. C'est le cas de ce Chanteur perdu. C'est une sensation bien agreable, je vous assure. Je ne comprends pas pourquoi personne ne parle de cet album tellement il est bien. Corrigeons le tir et faisons en sorte que cet album ne soit pas perdu pour tout le monde.

Jean est victime d'un enorme surmenage. Ce qui le met en disponibilite. Il se debarrasse de tout ce qui encombre son appartment, sa bibliotheque, sa discotheque, sa filmotheque et donc bien sur sa television. Dans le vide ainsi cree, il retrouve une certaine cassette audio. Cette cassette est la copie de l'unique disque enregistre par un chanteur francais, Remy Be. Les chansons ont accompagne Jean depuis ses annees d'etudiant quand il a decouvert le chanteur par le plus grand des hasards. Or, ce chanteur a disparu depuis l'aube des annees 70. Et Jean a une idee folle, le retrouver. Ses seuls indices sont bien maigres, tout d'abord la photo illustrant le disque, le chanteur avec en arriere plan le pont ferroviaire de Morlaix en Bretagne et les textes des chansons. Tel un veritable Sherlock Holmes remontant le fil d'Ariane, Jean va donc mener son enquete. Celle-ci le menera des cotes de la Manche a celles de la Mer du Nord pour finir dans l'Ocean Indien dans une petite ile au large de Madagascar.

J'ai enormement aime cet album car il est construit comme un roman policier ou un roman d'aventures au choix. Tronchet a tres bien bati son scenario divise en deux parties de longueur a peu pres egale, l'enquete puis la rencontre avec le chanteur. Les rencontres que Jean fait durant la mission qu'il s'est donne a lui-meme sont toutes bien ecrites car les personnes ainsi rencontrees ont ete bien characterises en quelques traits essentiels, la longueur de ces scenes n'est ni trop longue, ni trop courte. Il en est de meme de la derniere partie et de comment Jean va pouvoir rencontrer le chanteur. La justesse de ton de l'ensemble de cet album fait de sa lecture un moment des plus agreables. J'ai tourne les pages rapidement car c'est une intrigue policiere et qu'on a envie de savoir ou l'auteur va vous emmener. Qui plus est, le personnage de Jean est tres attachant et cela n'est pas pour rien dans la reussite de l'ensemble. Car dans cette quete, il se cherche lui-meme bien entendu.

C'est le premier album dessine par Tronchet que j'achete, je n'ai jamais ete tente par sa production passee. De son dessin, je ne connaissais que les couvertures de ses albums. C'est donc bien maigre. Ici, il me rappelle celui de Loustal mais un Loustal avec bulles pas avec textes en dessous de l'image. Les cases ne sont pas bordes, cela aere les pages et va bien avec le ton general de l'album. Les personnages sont tous bien characterises et leurs expressions sont egalement bien rendues. Les decors ne sont la que pour etre en arriere plan, Tronchet ne leur accorde pas une place preponderante dans ses cases sauf pour la deuxieme partie ou il prend plus d'importance car c'est pour ce genre d'endroit que le chanteur a decide de quitter la France, en l'occurrence une plage tropicale et puis egalement lors de la sequence de l'ouragan ou les intemperies prennent temporairement le dessus. C'est un bon dessin qui n'a pas une personnalite fulgurante certes mais qui en a suffisamment une pour l'apprecier a sa juste valeur.

L'album se termine par une postface qui explique que le chanteur en question existe vraiment, il s'appelle Jean-Claude Remy et a ete produit par Pierre Perret, qui fait une participation en guest star dans la bande dessinee. L'enquete que mene Jean est celle que Didier Tronchet a lui meme faite bien qu'il l'ait romancee. C'est une histoire tres belle en definitive.

Note finale, 4,25/5. Il serait vraiment dommage que vous passiez a cote de cet album tellement il est reussi.

1179. Quentin - 12/07/20 22:45 - (en réponse à : marcel)
Ce n'est pas tout à fait le même registre que Black Hole, qui traite d'une épidémie dégénérative et d'une société en déréliction alors que Dédales est ancré dans le présent. Mais je dirais que Dédales promet d'être au moins aussi bon que Black Hole, si pas mieux encore: la plongée dans les tréfonds de l'âme tordue de Brian laisse extrêmement mal à l'aise, et Dédales est en couleurs - très réussies d'ailleurs.

1178. pm - 12/07/20 22:01
Et graphiquement c’est top.

1177. pm - 12/07/20 21:59 - (en réponse à : marcel)
D’accord avec toi concernant black hole, qui est bien caractéristique de Burns. Pas encore lu dédales ni sa série précédente, celle avec des couvertures qui rappellent Tintin, mais tout à l’air très bien.

1176. marcel - 12/07/20 21:06
Pour ceux qui ont lu les deux : c'est au-dessus de Black Hole ?...

1175. marcel - 12/07/20 21:01
Vu que c'est un debut de serie (j'ai pas encore lu), et si tu ne connais pas encore Burns, je te conseillerais plutôt Black Hole, qui a l'avantage d'etre finie (je pense que l'integrale doit etre encore dispo, non ?).

1174. pm - 12/07/20 20:51 - (en réponse à : Froggy)
Burns est sans doute l’auteur le plus lynchéien que je connaisse. Et j’aime les deux.

1173. froggy - 12/07/20 18:38
Je ne sais plus qui d'autres a lu Dedales ici et qui en a ecrit le plus grand bien egalement.

Cela m'incite a aller voir ce qu'il en est.

1172. Quentin - 12/07/20 13:23
Quatorze Juillet, de Vivès et Quenehen, chez Casterman. Polar de facture relativement classique, même si c’est mis au goût du jour dans le contexte des attentats terroristes. C’est pas mal ficelé mais sans grande surprise, bref, assez quelconque.

Le transperceneige, extinctions actes 1 et 2, de Rochette et Matz chez Casterman. La préquelle du transperceneige. Histoire qui tire en longueur, digressions inutiles, pseudo dilemmes étiques hyper clichés et gros comme des cachalots, dialogues ampoulés... Matz au scénario déçoit grandement. On ne rentre jamais dans l’histoire et on ne trouve jamais le souffle épique du premier tome, voire même des 3 tomes suivants. Il ne reste que le plaisir des yeux, avec les dessins de Rochette toujours plus sombres. C’est peu.

Seuls tome 12, de Gazotti et Vehlmann chez Dupuis. Ce tome, comme les précédents, amène son lot de nouvelles pistes qui compliquent tout et ne seront jamais refermées. Je continue d’acheter pour mon fils, mais c’est vraiment portnawak.

Hilda et le roi de la montagne, de Pearson chez Casterman. 6ème (et dernier?) tome de la série Hilda, il conclut le cycle ouvert dans le tome 5, à la fin duquel Hilda se réveille transformée en Troll. Sa mère ne baisse pas les bras et remue toute la montagne pour la retrouver, tandis qu’Hilda se débat pour arrêter la destruction annoncée de Trollbourg (spoiler: tout finit bien). Hilda est une des séries pour enfants les plus originales et atypiques du moment. Une belle réussite.

Dédales, tome 1, de Burns chez Cornélius. Dans un bled de l’Amérique profonde, Brian, adolescent à l’imagination débordante, est fan de films de série B. Il s’immerge entièrement dedans. Il produit d’ailleurs les siens avec ses copains. Arrive Laurie, une belle rousse, qui lui inspire de nouvelles visions mi-gores, mi-érotiques. Laurie tiendra-t-elle le rôle principal dans le prochain film de Brian? Sans doute, mais l’ambiance lynchienne, l’esprit retors de Brian, ses fantasmes débridés, voire sa perversité sous-jacente, ne laissent rien présager de bon. Charles Burns est au sommet de son art et démontre une maîtrise parfaite de son dessin et de sa narration. Dédales est sans aucun doute ma meilleure lecture des 12 derniers mois et j’attends la suite avec impatience. A noter que l’édition française est en fait l’édition originale (elle est sortie avant l’édition Américaine).

1171. froggy - 09/07/20 01:40
Supergroom 1, Justicier malgre lui

Apres le Petit Spirou, la serie derivee du groom le plus celebre de la BD FB creee par Tome et Janry alors qu'ils avaient en main la serie officielle avec le succes critique et commercial que l'on sait, voici Supergroom, la deuxieme serie derivee creee par les actuels repreneurs, Yoann et Vehlmann.

Son principe est une mise en abime, en effet, Spirou est un heros has-been et pour relancer les ventes du magazine, il decide de se metamorphoser en un superheros, Supergroom, donc. La mode etant aux superheros americains qui ont tant de succes, il faut qu'un des heros les plus emblematiques de la bande dessinee d'expression francophone reprenne du poil de la bete et redevienne aussi populaire qu'il ne l'etait avant. L'idee est qu'apres avoir realise quelques exploits, il se revelerait au grand public et tout le monde d'applaudir a tout rompre et Spirou de redevenir celui qu'il n'aurait jamais du cesse d'etre. Grace a l'aide du comte de Champignac qui a modifie le fantacoptere, il pourra ainsi accomplir ses exploits dans les nuits bruxelloises. Malheureusement, tout ne se passe pas comme prevu, des catastrophes ont lieu, dont la destruction de l'immeuble du Lombard avec l'effigie de Tintin sur sa terrase (vous aviez dit mise en abime) et Supergroom de disparaitre aussi rapidement qu'il etait venu et Spirou de garder le secret.

Spirou a du lire Voltaire car tel Candide, il veut tout arreter et cultiver son jardin loin de tout et de tous. Il considere que son mode de vie a aller de par le vaste monde est contre ses principes ecologiques et que son bilan carbone est trop eleve. Malheureusement pour lui, son editeur a decide de modifier les termes de son contrat, les revenus sont a la baisse et Spirou d'aller vivre dans une maison particulierement delabree. Mais qui est cet autre Supergroom qui fait une publicite monstre sur internet et est interviewe par les journaux televises constate Spirou stupefait en regardant la television?

Supergroom est ne dans les pages du journal pour un petit recit complet. La toute premiere histoire a ete publiee dans un hors-serie de la collection officielle en 2017 intitule Les folles aventures de Spirou. On trouve le resume de cette histoire en prologue du present album. Yoann et Vehlmann ont considere qu'il y avait matiere a developper ce personnage, ils ont propose le projet a Dupuis qui a accepte. Je ne suis pas dans le secret des dieux, loin s'en faut, mais il semble que les tirages des derniers S&F soient en baisse compares a ceux de Tome & Janry, la mode est encore plus aux super-heros qu'elle ne l'etait avant a cause des films du MCU, les gamins sont moins attires par les BD aussi, ils leur preferent autre chose. Il faut donc relancer le buzz (pour parler djeun'), et il est vrai qu'a part Imbattable, le FB manque cruellement de superheros. Les Mr Boulier de chez Dupuis ont du faire des etudes de marche aussi savantes que poussees et ont du se dire, pourquoi pas? Tentons notre chance et peut etre que Supergroom sera le premier pas vers un succes commercial planetaire. En attendant, il faut convaincre le marche local et cela n'est pas facile, le premier film tire de la serie officielle a ete un gros echec au box-office, celui tire du Petit Spirou a marche seulement un peu mieux , les ventes des albums sont en baisse, les auteurs actuels sont voues aux gemonies sur le forum d'en face etc. On ne peut pas dire que cela aille fort. Qui plus est, l'autre serie derivee, le Spirou de ... a des albums qui sont de veritables best-sellers, les Bravo. Chez Dupuis, on ne sait plus a quel saint se vouer pour que cela repart pour le personnage le plus emblematique de la venerable maison d'edition.

La premiere surprise quand j'ai achete l'album a ete de constater le format, il est plus petit que celui de la serie officielle. C'est probablement pour se mettre a l'echelle de la concurrence. Est-ce que cela veut dire que son prix a ete egalement ete revu a la baisse? Que nenni! Un cartonne ordinaire de chez Dupuis est actuelleemnt propose a la vente a 10,95 euros, celui-ci est a 13,95. Ceci s'explique par le fait qu'il est petit peut etre mais qu'il est plus gros egalement, il fait 86 planches c'est a presque deux fois plus qu'un album ordinaire de 44 planches. Comment vous la preferez? Plus petite mais plus epaisse ou bien plus grande mais plus fine? Je parle de votre BD bien sur.

Maintenant que j'ai parle de la forme, parlons du fond, c'est a dire du contenu de cet album. Il y a du bon et du mauvais, le bon, c'est l'ensemble du scenario. Vehlmann a imagine une intrigue a priori assez decousue au debut mais ou tout prend forme regulierement. Il ramene egalement des elements de la serie officielle qui n'avaient pas ete utilises depuis tres longtemps, les serums X1 et X4, en l'occurrence, cela ne peut que renforcer le lien entre ces deux series. Cela bouge beaucoup et tres vite, je ne me suis pas du tout ennuye en lisant cette histoire. Le mauvais est la construction plus que laborieuse du debut. En effet, il semble que le scenariste ait eu du mal a trouver un point de depart a son histoire. Se servant de Spip comme narrateur, alors qu'ils survolent Bruxelles tous les deux durant la nuit, celui-ci raconte comment Spirou a cree Supergroom en resumant l'histoire racontant la genese de ce nouveau superheros. Puis ca part bizarrement, on voit Spirou et Fantasio a Hollywood assistant au tournage d'un film, alors qu'ils sont de retour de Palombie ou ils ont laisse le marsupilami a son sort dans la foret equatoriale. C'est la que Spirou a sa crise de conscience et qu'il retourne a Bruxelles notifier a Dupuis sa decision. Il voit donc un autre Supergroom a la tele. Il part voir ce qui se passe habille en superheros bien sur. Il rencontre l'autre qui a pris son costume. Poursuite. Et un autre arret dans l'action ou Spip nous raconte qui est cette autre personne, et nous avons droit a un nouveau retour en arriere pour introduire ce personnage. Quelle maladresse! J'ai ete surpris de la part d'un scenariste qui a deja suffisamment d'experience pour ne pas commettre une erreur de construction aussi grossiere. Vehlmann nne connait pas les vertus du decoupage d'actions paralleles et simultanees qui vont finalement se rencontrer? Etonnant, non? Cet intermede une fois fini, le recit repart de plus belle pour arriver a son terme, sachant que l'album se termine par un suspense. Cela ne peut qu'inviter le lecteur a attendre patiemment la suite. Une autre chose qui agace est le fait que Vehlmann a la legerete d'un elephant dans un magasin de porcelaines quand il s'agit d'evoquer des sujets qui lui tiennent manifestement a coeur; l'ecologie, le racisme, les pauvres et les riches etc. C'est du lourd comme vous pouvez le constater. Si le troisieme est un des elements cles de l'intrigue, les deux autres sont amenes dans l'histoire et nous sont assenes pour nous dire que l'ecologie c'est bien et que le racisme c'est pas bien. Tiens donc! Je n'aurais jamais cru ca! J'admets que je suis plus age que le lecteur moyen a qui cet album est directement adresse mais il me semble que cela aurait pu etre amene plus intelligemment et surtout plus subtilement que la maniere dont Vehlmann l'a fait. Il faudrait qu'il travaille mieux ses scenarios et relise sa copie avant de l'envoyer tel quel a son dessinateur. Il faut etre spontane bien sur mais il faut aussi polisser sa matiere brute.

Yoann, le dessinateur a change son style pour s'adapter au coda superheros tel qu'on peut le voir de ce cote de l'Atlantique. It's a marvel!

Le style graphique a change. C'est assez gradue au fur et a mesure que le recit avance car les dessins de la fin sont aux antipodes de ce que Yoann fait dans la serie officielle. C'est spectaculaire et j'ai eu l'impression qu'il faisait plus d'effort ici que dans l'autre car il aurait moins de contraintes de la part de l'editeur qui tente d'y respecter une certaine unite de ton et de graphisme. Je crois aussi qu'il est plus motive car c'est son personnage, sa creation comme cela le fut pour Tome et Janry pour Le Petit Spirou. A cela, il faut aussi ajouter un decoupage en consequence, tres "comics". Les planches vont de 2 a 4 bandes, parfois la case n'a pas de bord et le dessin remplit la page imprimee. Il ne manque plus que les mots importants en caracteres gras pour que cela fasse vraiment super heros. Cela sera probablement pour le prochain episode.

Note finale, 3,5/5. Au diable les purs et durs qui continuent a ne jurer que par Franquin et consorts, c'est un bon album tres divertissant malgre les erreurs de construction du scenario que j'ai mentionnees. Que demander de plus a un Spirou, je vous le demande?

1170. marcel - 09/07/20 00:41
Laurent, tu avais le langage plus vert avant. Te serais-tu assagi? lol.
Ben, bizarrement, cet avis assagi, presque modere (enfin, faut pas exagerer non plus), n'en semble que plus dur pour le bouquin.

1169. marcel - 09/07/20 00:37
Pas encore lu mais un ami, pourtant généralement TRES bon client, dit omme vous.

1168. froggy - 08/07/20 23:51
Laurent, tu avais le langage plus vert avant. Te serais-tu assagi? lol.

De mon cote, comme je l'avais ecrit dans ma chronique, je n'ai tellement pas aime cet album que je n'en lirai pas la suite a moins que tout le monde vienne ecrire partout que c'est exceptionnel. Mais je n'y crois pas, c'est tellement mal parti.

A part nous deux, qui d'autres l'a lu ici?

1167. suzix@bdp - 08/07/20 18:23
ouh il te faisait envie celui-là pour qu'il passe devant tellement d'autres lectures en retard!
J'ai aussi été tenté mais je n'ai pas été séduit pas le dessin que je trouve un peu lourd. J'y rejetterai qd même un coup d'oeil à ma prochaine virée.

1166. marcel - 08/07/20 18:16
J'ai lu Rover Red Charlie de Garth Ennis et Michael Dipascale.



Le sous-titre est "Trois meilleurs amis a la fin du monde".
Idee amusante. Pour une raison inexpliquee (et c'est pas important), les humains sont devenus fous et s'entretuent ou s'autodétruisent de manière tres violente (c'est du Ennis, hein).
On suit donc le parcours de trois chiens, copains de promenade-pipi au parc, qui ne comprennent pas grand-chose a ce qu'il se passe mais décident de fuir le chaos qu'est devenu ce qui semble etre New York.
La bonne idee d'Ennis, c'est d'une part de nous mettre a niveau de chien. Ainsi, on comprend tout ce qu'ils disent, mais pas ce que disent les humains, sauf si ceux-ci repetent le meme mot. La, au bout d'un moment, on comprend. Comme un chien quoi.
D'autre part, le choix graphique de ne pas faire de l'anthropomorphique mais bien des chiens (et autres animaux) tres réalistes me semble plus que judicieux. Ici, pas de dessin facon Disney a la con, les chiens ont de vraies attitudes de chiens, c'est a peine si leur regard est un peu exagere pour lui donner plus d'expression (et encore...).
Mais au point de vue caractere, ils sont tres bien differencies : Rover est le cynique/defaitiste au langage leste (avec forcement quelques expressions typiquement britanniques), Red est le gentil fonceur pas fut-fut, et Charlie est le "leader", qui ne sait pas tout mais est le moteur de l'equipe. Ca pourrait presque correspondre a un platoon de ses nombreuses histoires de guerre.
Mais l'interet (ludique) est qu'ils n'ont pas non plus une intelligence d'homme, et ils le disent eux-meme, y a des trucs qui les dépassent, et leur vocabulaire est parfois limite ("splash" pour un bras de mer, "bi g splash" pour l'ocean… et "feeder" pour les humains). Mais ca reste lisible, c'est pas lourdingue une seule seconde.
Ennis essaye vraiment de les faire sortir le moins possible de vraies reactions de chiens (meme s'ils ne sont pas censes avoir un tel langage articule pour communiquer entre eux).
Comme toujours avec lui, c'est fun, un peu trash par moment (mais pas trop), et tres ludique.

1165. Victor Hugo - 08/07/20 09:46
J'ai lu Thérapie de groupe, Larcenet, et comme Froggy je trouve que cet album est complètement raté et n'a strictement aucun intérêt. Ce n'est même pas drôle, c'est plutôt génant, voire pitoyable. Larcenet est évidemment totalement égocentrique et mégalo, et même sous couvert d'humour (pas drôle en l'occurrence, mais l'humour doit-il être drôle? Moi je pense que oui) ça ne fait pas un livre, à peine un propos. En plus c'est bavard, poussif, indigeste. Bref j'ai pas aimé.

De Larcenet je me relirai volontiers les Eaux lourdes et les Cosmonautes du futur.

1164. heijingling - 06/07/20 16:22 - (en réponse à : Quentin)
"Mon jugement n'est pas à l'emporte pièce; il est réfléchi et assumé et je suis tout à fait capable d'avancer des arguments pour l'expliquer.

Jamais prétendu le contraire, c'est vrai que tes avis sont toujours motivés, je relevais juste l'extrèmisme de tes jugements, un bouquin est soit un must, soit à jeter, pas de ventre mou dans ta bibliothèque.
La mienne par contre est pleine de bouquins que je ne trouve pas extraordinaires, mais dont un aspect, parfois minime, parfois un détail, me plait ou m'intéresse.
Tu me diras que pour cela il faut avoir le luxe d'une vaste bibliothèque. Et je dois avouer que la plupart de mes B.D. et autres bouquins sont entassés dans des cartons depuis des années, et il faudrait que je prenne le temps d'y faire le tri un jour. Je suis sûr que j'y retrouverai des merveilles et des déchets que j'ai oublié posséder, dont j'ai même vraisemblablement oublié l'existence.

Quant à Boucq, c'est un très bon dessinateur, mais il ne touche pas ma sensibilité, trop grouillant, trop outré.
C'est pourquoi, même si je ne suis pas fan de l'histoire, j'aime bien Face de lune, assez aéré par moments.
Et j'aimais bien l'humour absurde des Jérome Moucherot lors de leur lecture il y a longtemps, il faudrait que je les relise pour voir s'il fonctionne toujours sur moi.

1163. froggy - 05/07/20 21:09
Apres avoir consulte mes archives, il s'avere que j'ai fait l'inverse en fait, j'ai chronique La femme du magicien et Little Tulip en 2014 mais pas Bouche du Diable alors que j;'ai achete ces 3 albums la meme annee.

Je ne me souviens plus de ce qui s'est passe pour que je n'ecrive rien sur cet album. J'ai trop fume, j'ai perdu la memoire. Bizarre autant qu'etrange n'est-ce pas?

1162. Quentin - 05/07/20 20:35 - (en réponse à : Glingling)
J'avais quasi tout de Boucq à une certaine époque, sans doute une vingtaine d'albums. J'ai gardé ces 2 albums scénarisés par Charyn qui sont absolument superbes (ainsi que little tulip, même s'il est moins bon que les 2 autres) et je me suis débarassé du reste: tous les Moucherot, Face de lune, le premier Bouncer, et quelques albums de jeunesse et autres petits trucs. Mon jugement n'est pas à l'emporte pièce; il est réfléchi et assumé et je suis tout à fait capable d'avancer des arguments pour l'expliquer. Contrairement à pm: l'humour de Boucq et Jérôme Moucherot ne me laisse pas de marbre, il m'horripile. Les scénarios de Jodo aussi.

Et toi, que penses-tu de tous ces albums? Lesquels gardes-tu et lesquels jettes-tu?

1161. heijingling - 05/07/20 18:24
En fait Quentin, les gros mots en moins, a des jugements aussi nuancés et tempérés que ceux de VH. Soit c'est un must, soit c'est à jeter.
Pas de place pour les tièdes :)

1160. Quentin - 05/07/20 17:02
Pareil que pm et Marcel. Bouche du diable et la femme du magicien sont des musts. Le reste est à jeter.

1159. froggy - 05/07/20 16:23 - (en réponse à : Marcel #1155)
Je les ai. Je les avais achetes apres avoir lu Janitor. Je l'avais fait car ce sont des one-shots et non une serie. J'ai beaucoup aime, je crois n'avoir chronique que Bouche du Diable, il faudrait que j'aille consulter mes archives.

1158. marcel - 05/07/20 12:31
Beaucoup préfèrent Bouche du diable mais, personnellement, je prefere La femme du magicien, peut-être parce que j'etais tres jeune quand je l'ai lu (13 ou 14 ans) et qu'il m'avait beaucoup impressionne. C'est un des albums qui m'a donne envie de lire (A suivre) un peu plus tard (pile au moment de la prepub de Bouche du diable, justement).

1157. pm - 05/07/20 11:06
marcel a raison, les Boucq/Charyn sont très bons, le dernier un peu moins, bouche du diable étant un must.
En revanche je n’accroche pas à l’humour de Boucq, Jérôme Moucherot me laisse de marbre.

1156. Piet Lastar - 05/07/20 03:02
J'aime beaucoup Bouncer. C'est sûr que ce n'est pas pour les pieds-tendres.

1155. marcel - 05/07/20 01:56
Un des rares trucs de Jodo que je trouve lisibles.
Mais si t'aimes le dessin de Boucq (je parle pas de ses trucs humoristiques), c'est La femme du magicien ou Bouche du diable qu'il faut lire.

1154. froggy - 05/07/20 01:40
Boucq & Jodorowsky, Bouncer, (l'integrale des albums des Humanoides Associes, l'edition du 90e anniversaire)

Ou comment Jodorowsky a amene ses scenarios d'heroic-fantasy dans le cadre de l'ouest americain de la fin du XIXe siecle.

Cela faisait longtemps que je voulais lire la serie. Je ne sais plus pourquoi j'ai rate la sortie du premier en 2001 alors que je suivais deja les nouveautes du scenariste. Le temps passaient, les albums s'ajoutaient les uns aux autres et vous savez comment c'est, on achete d'autres nouveautes et je ne pensais plus trop a cette serie. Je devenais cependant de plus en plus impatient de la lire apres que j'eus vraiment decouvert Boucq dont je n'avais jamais vraiment rien lu avant le premier Janitor, sa serie d'espionnage avec Yves Sente au scenario. Je n'etais pas attire du tout par sa serie, Jerome Moucherot, chez Casterman, ainsi que ses one-shots chez le meme editeur, j'en saisis mal l'humour. J'ai bien fait d'attendre car j'ai apprecie mais pas autant que cela.

Comme son nom l'indique, Bouncer, est un videur de saloon dans une petite ville de l'ouest americain, Barro City. Sa particularite est d'etre manchot. En effet, il lui manque le bras droit. L'action se passe quelque temps apres la Guerre de Secession. Dans le premier cycle des aventures, on fait la connaissance du heros et de sa famille. Cette famille est assez dysfonctionelle comme on s'en rendra compte tres rapidement. L'enjeu de cette histoire reside dans un diamant de tres grande valeur que convoite le frere de Bouncer, une brute epaisse. Leur mere a cache la pierre fine que le frangin qui sent vachement mauvais cherche desesperement. Le deuxieme cycle a trait a une serie de meurtre commis par un indien, aux amours contrariees du heros et finalement a la tentative de mainmise de la ville par un riche proprietaire. Le troisieme et dernier cycle met en scene une mysterieuse femme qui tente de controler la region en s'appropriant la source de la riviere souterraine qui coule dans la region. Cette riviere alimente en eau potable tout aux alentours, et celui qui controle l'eau controle tout le reste, a cette fin, elle dirige des hommes de mains aux methodes epouvantables.

Ceux qui connaissent bien les scenarios de Jodorowsky savent tres bien qu'une de ses caracterisques est leur violence. Je ne m'attendais pas a un tel dechainement dans Bouncer, cela prend place des le debut et est quasiment permanent. On ne compte plus les viols, decapitations, demembrements divers, mutilations et autres tortures, fusillades, pendaisons, personnes brulees vives etc, un veritable festival a rendre jaloux Gerard de Villiers quand il ecrivait ses SAS. Je n'ai pas ete enormement choque, je connais le bonhomme mais j'ai trouve que cette violence etait trop outranciere considerant le genre dans lequel la serie s'inscrit, le western. Je sais que les hommes de l'ouest n'ont pas ete des enfants de choeur surtout lors des massacres des tribus indiennes et dans les combats qui marquerent la Guerre de Secession, il y a de nombreux cas celebres, mais la, Jodorowsky a un peut trop force la dose a mon avis. Il n'y va pas de main morte. Les mauvais sont tous plus epouvantables les uns que les autres, surtout le dernier, Axe-Head, qui a une hache enfoncee dans son crane (d'ou son nom) et est d'une sauvagerie sans limite. A son sujet, Jodorowsky franchit une limite que je ne pense pas avoir lu ailleurs, les 5 enfants de ce monstre, sont aussi terrifiants, si ce n'est plus que leur geniteur, ce sont des gamins dont le plus age ne doit pas avoir 15 ans et qui n'hesitent pas a massacrer les gens quand ils l'estiment necessaires. C'est d'autant plus interessant que cela place le lecteur dans une situation inconfortable car le scenariste a enfreint le tabou de l'enfant fictionnel gentil, doux et aimant. Cela n'est pas du tout le cas, en mettant en scene des etres aussi corrompus par le mal qui ne peuvent pas du tout connaitre la redemption, le lecteur peut a'attendre a tout. Il ne sera pas decu.

On retrouve ici certains themes chers au chilien, les familles dechirees, les vengeances terribles qui n'epargnent personne, les amours impossibles etc. Et puis le lieu de la cachette du diamant, McGuffin du premier cycle est digne du personnage, il est le seul scenariste que je connaisse a pouvoir penser a un tel endroit. Je n'ai pas pu m'empecher de sourire et de me dire; Sacre Jodo1 Tu es bien le meme!".

Je ne veux pas trop faire la fine gueule car il fut un temps ou j'aimais beaucoup ce qu'il faisait. Je ne vais pas detruire mes idoles, bien que Jodorowsky n'en est jamais ete une pour moi, seulement quelqu'un dont j'aimais suffisamment ce qu'il faisait pour acheter sa production. J'esperais simplement autre chose de sa vision du western et non un decalque quasi entier de son univers d'heroic-fantasy.

Si j'ai ete decu par l'ensemble des histoires, il n'en est pas du tout de meme pour le dessin de Boucq qui m'a litteralement enthousiasme du debut jusqu'a la fin, je n'ose imaginer maintenant ce qu'aurait donne le projet que Giraud voulait faire avec lui, le mort-ne Blueberry 1900, que Philippe Charlier a empeche. Cela aurait ete absolument grandiose. Il y a des planches sublimes de beaute dans Face de Lune, il y en a des encore plus belles dans Bouncer comme si cela etait possible. Je me suis regulierement arrete sur les grandes cases au format panoramique qui s'etalent parfois sur deux pages tel un film en Cinerama, avec ces cases, on est tout de suite dans l'ouest, le vrai. Ce sont les scenarios qui nous rappelle que ce n'est pas tout a fait le veritable ouest. J'ai souvent rapproche Boucq et Giraud sans connaitre Bouncer, et je ne m'etais pas trompe, les dessins de l'un sont aussi somptueux que ceux de l'autre, les decors, les paysages demesures et la place que les personnages y occupent dans la case, la composition de de ces cases et donc des planches, le decoupage, tout cela demontre amplement la virtuosite graphique de Boucq et qu'il maitrise parfaitement l'art de faire une bande dessinee. Vous savez tous et aussi bien, si ce n'est mieux que moi, que ce n'est pas donne a tout le monde. Rien que pour le dessin, l'acquisition de cet album est indispensable si vous aimez les maitres de la BD et il ne fait pas l'ombre d'un doute que Boucq en est un. Vous le saviez deja bien entendu, moi aussi mais pas a ce point la. C'est siderant, la lecture de Bouncer est une veritable fete pour les yeux.

Si le scenario avait ete a la hauteur du dessin, c'est a dire que si Jodorowsky avait ete a Boucq ce que Charlier fut a Giraud, ou Greg a Hermann, j'aurais qualifie cet album de genial bien que je n'aime pas trop utilise ce mot employe aussi bien a tort qu'a travers. Malheureusment, ce n'est pas le cas, puisque je connais bien les autres histoires de Jodorowsky. Par contre si vous decouvrez le scenariste avec cette serie et que la violence ne vous derannge pas plus que cela, vous devrez beaucoup aime cet album.

J'ai vu que les deux albums suivants ont egalement ete ecrits par Jodorowski avant que Boucq ne la reprenne completement tout seul. Je ne sais pas ce qu'ils valent mais je pense que je vais faire l'impasse sur la suite et que je vais me contenter seulement de ce recueil. J'ai bien aime mais mais pas plus que cela et malgre la splendeur du dessin boucquien, un scenario pas folichon de Jodorowsky est penible a lire, On le sait, il commence bien ses series et sagas, mais leur conclusion est generalement mauvaise voire insignifiante. Vous avez compris que j'arrete d'acheter du Jodorowsly a l'aveugle. Il etait temps me diront certains ici meme.

Note finale, 3.5/5. Une note un peu basse tout de meme a cause des reserves que je fais sur les scenariis. Le dessin etant definitivement un 5/5. Je recommande toutefois mais avec les reserves que j'ai ecrites ci-dessus.

1153. suzix@bdp - 03/07/20 11:11
Gorn c'est une autre époque oui.
Ses westerns sont pas mal en général.

1152. longshot - 03/07/20 10:55
Tiburce Oger ! Je n'ai jamais rien lu de lui que Gorn, qui dans mon souvenir était une BD fantastique un peu gothique gnan-gnan, avec elfe et princesse et preux chevalier fantôme, mais avec beaucoup de charme. J'empruntais ça à la bibliothèque, je relirais avec plaisir, surtout que je n'ai jamais lu la fin, mais je me demande quand même si ça a bien vieilli…



 


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