Que venez-vous de lire et qu'en avez-vous pensé? (19)

Les 1501 commentaires sont triés des plus récents aux plus anciens .



1451. froggy - 10/05/19 23:17
Moebius, Chroniques metalliques/Chaos

Ou Le Musee Moebius.

Cette chronique sera tres courte car l'album n'est pas un recueil de bandes dessinees mais en, une colection d'illustrations et de travaux divers realises sur commande pour une publicite quelconque ou pour illustrer differents livres et essais mais aussi pour des couvertures de Pilote et Metal Hurlant. Il y a aussi quelques bandes dessinees mais qui sont tres courtes a l'instar du strip de 4 cases qu'il a realise pour Le Trombone Illustre, extrait de la serie realisee comme un jeu de cadavres exquis avec un auteur different par strip, Le maitre des hauts plateaux. L'ouvrage est preface par Danyel Pizzoli que je ne ferai pas l'injure de vous presenter.

Certaines de ses illustrations sont d'une beaute a couper le souffle, d'autres moins, du fait de la nature meme de l'ouvrage, on est beaucoup plus dans la sensation qu'autres choses, si vous il prend l'envie de le lire, vous reagirez plus a certaines qu'a d'autres, et ce ne seront pas forcement les memes auxquelles j'ai reagi et c'est tout a fait normal.

Note finale: 4/5. Tout n'est pas de qualite egale et cet album ravira plus les aficionados du maitre que les autres.

1450. froggy - 10/05/19 22:23
Renseignement pris aupres de ma soeur ainee qui avait recueilli des histoires parentales, il s'avere que la ferme de mon grand-pere maternel a ete occupee par les allemands. Ma mere a ete porteuse de messages et mon grand-pere servait de boite aux lettres et ravitaillait le maquis local. D'apres ma soeur, la ferme servait aussi de halte pour les maquisards, ils embobinaient les allemands evidemment.

Quant a mon pere, il a fabrique des faux papiers grace a sa belle ecriture.

C'est sur qu'ils n'ont pas commis d'actes heroiques comme vos parents et grands-parents mais ils ont contribue a leur maniere et a leur echelle a quelque chose. Ce n'est pas de la resistance active, plutot de la passive mais c'etait suffisamment dangereux pour qu'en cas d'arrestation, ils aient de serieux problemes. Par chance, cela n'est pas arrive sinon je ne serais pas la.

D'ailleurs, je me demande pour ponderer ce qu'a ecrit Philippe si de nombreux francais n'ont pas fait la meme chose et plus qu'on ne l'imagine, a savoir aider d'une maniere ou d'une autre la resistance, ce qui n'allait pas sans risque evidemment, de la resistance a leur maniere telle le pere et la fille du Silence de la mer ou le coiffeur joue par Reggiani dans L'armee des ombres. A moins que ce ne soit aussi de la propagande gaulliste pour mythifier une France resistante.

1449. herve - 10/05/19 18:46
Dans les yeux de Lya #1 Cunha & Carbone

Belle surprise que cette lecture.
Le dessin fait très public pré-ados alors que le récit est plus centré vers une enquête policière menée par une jeune paraplégique dynamique et sympathique qui devrait plaire à un lectorat nettement plus âgé.
C'est frais, drôle , le tout sur un thème assez dramatique, celui du handicap.
J'avoue que je lirai la suite sans hésiter.
Ce n'est certes pas une bande dessinée indispensable mais elle est très agréable à lire.
A découvrir.

note: un généreux 3/5

1448. heijingling - 10/05/19 04:49
pm Mon grand père maternel a failli y passer lorsqu’il a reçu une belle
Il a choppé une MST ? (désolé de mettre ça sur une discussion si sérieuse, pas pu resister. Ne pas resister ne fait pas pour autant de moi un collabo :)

Objectivement, pm a raison, dans des situations extrèmes comme l'occupation, si on n'est pas résistant on est collaborationiste, passif ou actif. Mais d'une part, on ne peut pas exiger des gens qu'ils soient très courageux ou des héros, et d'autre part, la psychologie humaine n'étant pas toujours cohérente et rationnelle, des gens pouvaient être collabos dans certains cas et résistants dans d'autres, aider et travailler pour le régime en croyant en lui tout en aidant des Juifs ou des résistants, sans que ce soit pour autant un calcul opportuniste et cynique (je pense à un certain ancien président, pour le coup de l'opportunisme.)
De même qu'il y avait des gens qui investissaient dans la traire des nègres tout en étant abolitionistes.
De même que la plupart des démocraties préfèrent reconnaitre le régime de Pékin plutôt que celui de Taiwan (Comme c'est des gouvernements, leurs responsabilités ne sont pas les mêmes que celles des individus.)
https://www.theguardian.com/commentisfree/2019/apr/07/bulldozing-mosques-china-war-uighur-culture-xinjiang


froggy: j'avais dit que "La cathédrale engloutie" était bien si on le découvrait à l'époque, ou pour les fans de Jodo.

1447. pm - 10/05/19 00:53 - (en réponse à : Degryse)
Il ne s’agit pas de ressenti et je te félicite d’être issu d’une famille de résistants.
Mon grand père maternel était également un maquisart et a failli y passer lorsqu’il a reçu une belle après avoir stoppé un char allemand avec une grenade. Il a dû faire le mort car les allemands sont venus vérifier s’il l’était bien. Ça se passait dans l’est pas très loin de la frontière Suisse. Sa photo est au musée de la résistance de Besançon.
Des histoires comme ça il y en a des tas, ça ne prouve rien du tout sur le nombre, seuls les faits et données historiques ont de la valeur.
Mes parents étaient trop jeunes mais mon père s’est fait renvoyer du lycée de Tunis avec tous les autres juifs pour ce seul motif.

1446. Mr Degryse - 09/05/19 23:34
Ce n'est pas la vision que m'ont donné mes grands parents et arrière grand parent de cette période. Bon, on était dans la France occupée, détruite et la Belgique, la situation n'était pas le même. Pourtant un minot de 15 ans) passait des messages à la résistance dans les chambres à air de son velo
- mon arriere grand père maternel est un résistant de 1er heure. Capitaine des Ffi ( capitaine Ansart) mort d'ailleurs à la libération en demandant à des allemands de cesser le combat. Une place porte son nom.
- du côté maternel, on était à la campagne où les privations étaient moindres. 2 soldats ont été caché dans leur ferme ( dans le grand tonneau qui servait pour presser le fin).
Cela a cessé quand la ferme a été requusionne par l'armée allemande qui occupait une des pièces. La description est alors clairement celle du silence et la met. Un froid de façade. Ma grand mère sur son lit de malade et sous morphine hallucinant encore en voyant des allemands arrêter son résistant de père.

On peut parler aussi de la grève des
massive des mineurs en 1941 dans notre région. Grève violemment réprimee
( ARResTATION, EXECUTIoN, DÉPORTATION. 2 Oncles de ma grand mère fusiller)
Voilà.

Et plus de la moitié des attentats et sabotages de la résistance en France se dérouleront dans le nord.

Plus de 1200 fusillés. 5000 déportés pour acte de résistance.

Et la grève à Lille suite à massacre d'ascq par les waffen ss. 60000 grévistes. 20000 personnes bravant l'interdiction aux enterrements
Regarde aussi la fusillade du fort de seclin.

Bref, mon ressenti n'est pad le même que toi. Et bien entendu su'"il y avait plus de français qui essayer de survivre ( la famine dans le nord) que de résister. Comme il y avait plus d'allemands normaux que de waffen ss

1445. pm - 09/05/19 22:25
Et d’après l’article ( merci, c’est très intéressant ), l’idée de la porter a été évoquée.
Je peux t’assurer sue Pétain n’y a pas songé une seule seconde.

1444. pm - 09/05/19 22:17 - (en réponse à : Quentin)
J’avais déjà entendu que c’était faux mais je ne me refais pas, quand la fiction est plus belle que la réalité je garde la fiction.
Laisse moi mes rêves !

1443. Quentin - 09/05/19 21:32
pm: Le roi du Danemark n'a jamais porté l'étoile jaune en signe de solidarité avec les Juifs. C'est un mythe. Par contre, le gouvernement Danois a bien exfiltré les Juifs de Copenhague avant les premières rafles (la question qui fait débat est de savoir si la fuite ne vient pas du commandant Allemand lui-même, qui préférait put-être éviter d'avoir à faire ce sale boulot). Tu peux en apprendre un peu plus ici: https://www.dreuz.info/2015/04/20/le-roi-du-danemark-et-letoile-juive-un-hoax-qui-date-de-1942/

froggy sur face de lune: je t'avais prévenu que c'était mauvais :-)

1442. pm - 09/05/19 20:34
Je pense être nuancé en disant que la majorité de la population n'était ni résistante ni activement collaborationniste.
Je ne noircis pas le tableau, les français, mais pas l'état français, ont plutôt davantage caché les juifs que la plupart des autres pays envahis, mais enfin ce n'était pas le Danemark non plus ( pays où le roi est sorti avec une étoile jaune lorsque les nazis l'ont imposée aux juifs).

1441. marcel - 09/05/19 20:20
Comme c'est du Jodorowsky, tout est exaspere, il n'y a pas de demi-mesure chez lui,
Joli lapsus. J'aime.

1440. froggy - 09/05/19 20:04
Je n'ai plus le temps cet apres-midi de continuer cette conversation que je trouve passionnante. Juste une chose, je pense que c'est beaucoup plus complexe que cela. Si effectivement, des juifs ont ete malheureusment denonces par des envieux et jaloux qui voulaient s'accaparer leurs possessions, tout le monde ne l'a pas fait. Je sais que la question juive t'est chere et cela est normal, je ne me permettrai de t'en faire le reproche mais il ne faut pas noircir encore plus le tableau qu'il ne l'est deja. Il faut le nuancer beaucoup plus.

En terme de collaboration, il faut plutot la voir passive dans la majorite de la population qu'active. Seule une poignee de fous furieux est allee a la Milice sur laquelle mes parents m'ont dit, que ses membres etaient litteralament haïs.

1439. pm - 09/05/19 19:49 - (en réponse à : froggy)
Je suis certain que de nombreux juifs lui ont fait confiance cet ete la

Euh non, faut pas exagérer, car Pétain était un antisémite déclaré, à cette époque ce n'était pas le seul, et les lois antijuives sont arrivées très vite, mais de nombreux juifs, français, étrangers et apatrides ont pensé que, malgré tout, la France les protégerait. Funeste erreur.
Si certains français ont vraiment protégé les juifs en les cachant, l'état français s'est vautré dans la collaboration la plus abjecte, et très vite.
Je lis à ce sujet les romans de Slocombe ( le même que celui qui faisait des Bd dans les années 80 ) sur un flic français pendant l'occupation, c'est une série de roman mais basé sur un vrai flic avec le nom à peine modifié ( l'inspecteur Sadorski ) et c'est édifiant jusqu'à donner la gerbe.

Non, Paxton, l'historien, a quand même remis les pendules à l'heure, si la majorité des français essayaient de survivre, la population française était plutôt collaborationniste que résistante, pas toujours de façon militante, mais dans les faits quotidiens. On allait piller les appartements des juifs arrêtés sans aucun scrupule par exemple, certains les dénonçaient à cette seule fin.

1438. froggy - 09/05/19 19:03
Face de Lune, Integrale 1, La cathedrale invisible

Cet album est la reedition du fruit de la premiere collaboration des deux auteurs avant Bouncer.

Dans une societe du futur, dictatoriale cela va de soi, regie par un couple qui a fait fortune en vendant des oeufs, un favorable concours de circonstances leur a permis de prendre le pouvoir. Lui surtout est d'une epouvantable cruaute et impulsif alors que son epouse, a moins que cela ne soit sa soeur est tout aussi cruelle mais plus raisonnee. Evidemment, dans une telle societe, il n'y a que deux classes sociales, la tres haute qui comprend un nombre tres limite de personnes et le reste de la population qui comprend evidemment des rebelles. Ces rebelles vivent dans des grottes immondes. Il y a aussi un village de pecheur quasiment inaccessible par des voies normales qui est sous la coupe d'un espece de pretre gardien d'une femme en letargie qu'il sa'git d'engrosser pour ealise rune certaine prediction. Et enfin, au milieu de tout cela, il y a Face de Lune, l'homme (mais est-ce bien un homme?) sans visage ou presque, rescape d'une des vagues gigantesques qui regulierement deferle sur la ville aneantissant tout sur son terrifiant passage. Ce Face de Lune va se retrouver au centre de tous les enjeux.

Comme c'est du Jodorowsky, tout est exaspere, il n'y a pas de demi-mesure chez lui, si on est du cote des nantis, on est horrible aussi bien exterieurement qu'interieurement. Si on est dans le lumpen proletariat, on est soit un mouton, donc promis a une extermination massive et si on est rebelle, on est promis a une mort dans des conditions epouvantables et horriblement cruelles. Les situations sont aussi excessives que les dialogues qui generalement grace a leur cote outrancier et leur caractere provocateur me font souvent rire. Mais cette fois-ci, ce ne fut pas le cas, au contraire, j'ai meme trouve cela pathetique. Lire un dialogue comme "Par les tetons de ma mere, qui m'a servi ce degoutant produit fecal?", premiere phrase prononcee dans l'album par le dictateur qui s'emporte ainsi contre son cuisinier ne m'a mem pas fait sourire. Surtout, quand apres son epouse/soeur lui dit qu'il ne devrait pas s'enerver car cela va encore lui provoquer une crise d'hemorroides, et lui de lui repondre qu'un leger prurit anal n'est rien. Vous voyez le genre. Situations egalement exacerbees avec la scene des pecheurs frustres de ne pas pouvoir combattre une baleine victime de la pollution des mers comme leurs ancetres avaient coutume de le faire. Ils satisferont leurs frustrations de la maniere le plus jodorwskienne qui soit, si vous etes un habitue de ses BD, vous ne serez pas surpris. Il y a evidemment du sexe avec la scene du bordel mais dont les pensionnaires sont aussi bizarres qu'etranges. Il y a de la drogue bien entendu qui permet a ses detenteurs d'exercer des chantages sur ceux qui y sontaccro. Le dossier introductif deu livre nous raconte que le scenario a ete construit a la va-vite, le scenariste livrait ses pages a dessiner ne sachant pas trop quoi ce qu'il allait imaginer par la suite, ce scenario est donc une suite de sequences ou le seul fil conducteur est Face de Lune, c'est donc une espece de catalogue des idees de Jodorowsky mises ainsi pele-mele mais sans un ordonnancement plus rigoureux comme c'est le cas dans la serie des Incal et de ses derivees. On voit ainsi des cardinaux et leur soutane rouge ecarlate qui sont ami-ami avec le pouvoir en place. Comme JVH et les lesbiennes, Jodorowsky semble avoir un probleme avec l'Eglise Catholique et prend sa revanche sur elle.

J'ai deja ecrit au sujet d'autres albums a quel point j'aime le dessin de Boucq. Une fois de plus, et bien que ce ne soit pas un travail recent, la premiere edition date de 1992, il m'a epate. La richesse de son dessin est siderante, Boucq cree litteralement un univers pas salace mais impitoyable. Il n'est pas avare de dessiner des details, quasiment toutes les cases en foisonnent. Ses decors sont incraoyablement bien detailles. Il en est de meme de ses personnages et surtout du principal, celui qui donne son nom a la serie, Face de Lune. Le dossier d'introduction nous apprend qu'il il etait prevu au depart qu'il n'aurait pas de visage mais cela etait impossible a rendre tel quel graphiquement. Boucq a donc imagine ce visage avec un minimum de traits et le resultat est tres beau, le jeune homme a un visage lunaire, je presume que le dessinateur a decide d'appliquer cette expression au pied de la lettre. Il respire l'innocence et il apporte une immense bouffee d'oxygene dans cet univers aussi anxiogene que tous les autres imagines par le scenariste dans ses autres histoires.

Note finale, 2,75/5. Le dessin est suffisamment magnifique pour compenser le manque d'originalite du scenario a moins que ce ne soit votre premier Jodorowsky.

1437. froggy - 09/05/19 18:53
Aimer encore Mao, c'est dingue!

1436. heijingling - 09/05/19 18:51
J'agrée avec froggy et pm (que j'arrive parfois à différencier :)
l'humiliation subie par le Traite de Versailles de 1918. Ca, c'est de la motivation.
C'est une des tactiques de base des dictateurs, faire croire à un peuple qu'il a été humilié, et qu'on va lui rendre son honneur; c'est hallucinant la propention des gens à marcher, et à accepter les pires souffrances pour récupérer un honneur imaginaire qui n'a jamais été perdu (incroyable le nombre de vieux en Chine qui vénèrent encore Mao alors qu'ils ont plus souffert sous lui que sous l'occupation japonaise.)

1435. froggy - 09/05/19 18:38
J'agree avec Philippe quand il ecrit que l'immense majorite de la France n'etait ni collaborationniste, ni resistante. Si il faut leur donner un chiffre, on peut dire qu'il y avait 5% de part et d'autre le reste cherchait seulement a manger car c'etait la preoccupation principale des francais surtout dans les villes. C'est du moins ce que mes parents m'ont en partie explique quand je les ai questionnes sur leur vie quotidienne.

Ils ne se sont rencontres qu'apres la guerre mais chacun de leur cote, ilsont plus ou moins vecus la meme chose, ils avaient 20 ans alors. Mon pere etait a l'ecole de Grignon en 40 et quand il en est sorti en 42, il a du chercher du travail car malgre tout la vie economique continuait. Quant a ma mere, son pere etait agriculteur et de fait l'exploitation avec petit elevage et potager leur ont permis de vivre a peu pres convenablement. Ma marraine, qui est une amie d'enfance de ma mere, et vivait a Loudun dans la Vienne m'a raconte qu'elle allait regulierement chez mon grand-pere y cherchait des oeufs, legumes et volailles parce que meme dans cette petite ville de 7.000 habitants, les epiceries etaient vides. C'est vous dire. Ce qui est bete, je n'y ai pas pense, c'est que je ne leur ai pas pose la question de savoir si ils ont ete petainistes en juin 40. Sincerement, je suis incapable de savoir ce que j'aurais fait alors et je defie quiconque de m'en dire autant. Je suis certain que de nombreux juifs lui ont fait confiance cet ete la. Confiance mal placee. nous le savons tous aujourd'hui.

Il faut se rendre compte que le pays etait alors en pleine deroute, les allemands avaient envahi le nord et marchaient sur Paris, l'armee etait en pleine debacle, les politiques avaient fui la capitale et les refugies etaient sur les routes. C'etait l'anarchie totale. Petain, aureole de son prestige ne du premier conflit mondial, est donc apparu comme le seul homme capable de remettre de l'ordre dans tout cela, les francais etaient deboussoles et de Gaulle avait toutes les apparences du traitre et du paria, il avait fui le pays quand on y pense meme si c'etait pour des justes raisons comme l'Histoire nous le dira. Les francais lui ont donc fait confiance. Apres, c'est autre chose. Rappelons nous que Mitterrand a ete a Vichy. Et il n'est pas le seul. Il faut ausi savoir que tres peu de gens ont entendu l'Appel du 18 Juin a la radio. La Resistance n'est pas nee ce jour la ou le lendemain.

C'est une vaste question qui se pose la. De mon cote, je pense que la France n'est plus ce qu'elle fut depuis la defaite de 40 et la capitulation, on ne s'en est jamais remis et je me demande si elle s'en remettra jamais.

Considerant ce qui s'est passe durant la guerre et la collaboration active de Vichy avec les nazis, de Gaulle a tout fait pour retablir l'unite nationale en creant le mythe de la France 100% resistante. Mythe relaye au cinema avec des films comme Boule de Suif, Le pere tranquille et autres Bataille du rail et de nombreux autres jusqu'au Lacombe Lucien de Louis Malle en 1974. Et puis, combien de romans et autres essais ont ete ecrits pour le construire, ce mythe. Il le fallait, c'etait absolument necessaire pour que le pays se reconstruise. Surtout qu'a l'exterieur, les americains voulaient quasiment annexer le pays ou presque, a leur maniere. Ils n'ont pas voulu que de Gaulle aille a Yalta alors que Churchill le voulait bien qu'il n'aimait pas trop de Gaulle personnellement et ils ont tout fait pour que les francais ne soient pas a Reims le 7 mai. C'est entre autre pour cela que de Gaulle a souvent agi pour etre independant vis-a-vis de l'Oncle Sam, economiquement, politiquement et militairement meme si il utilisait les dollars du Plan Marshall dont noius avions tant besoin. Il voulait ainsi la bombe atomique, il s'est allie avec l'allemand Adenauer et a ainsi creer les bases de l'union europeenne et puis il s'est retire de l'OTAN et a vire l'armee americaine du pays en 1966.

Une des raisons que je donne a la defaite de 40 est evidemment la pauvre preparatioon de l'armee francaise, mais cela ne compte pas vraiment, je pense sincerement que le moral n'y etait pas, la victoire de 1918 avait ete faite au prix de plus de 1 million de morts cote francais et ce prix est tellement exorbitant que je suis pense que les jeunes francais qui avaient entendu et ecoute de la part de leurs aines les terribles et epouvantables recits des batailles de Verdun et autres Chemin des Dames avaient peur. Je sais bien qu'en face, les jeunes allemands ont entendu la meme choses mais ils etaient galvanises par la rethorique Hitler et de ses sbires. Et puis tels les francais en 14 qui voulaient reconquerir l'Alsace et la Lorraine, ils voulaient reprendre leur revanche sur la France et de l'humiliation subie par le Traite de Versailles de 1918. Ca, c'est de la motivation.

1434. heijingling - 09/05/19 16:40 - (en réponse à : Quentin)
je maintiens que je trouve les Allemands plus sympathiques car moins nationalistes.
Ha mais si c'est ça, je suis d'accord, mais là où je différais, c'est là-dessus Les Allemands m'ont souvent paru beaucoup plus sympathiques que les autres Européens, du fait l'extraordinaire travail sur la mémoire qu'ils ont accompli
C ette reconnaissance de leurs crimes et le travail dessus est beaucoup plus honorable que la façon dont d'autres pays ont cherché à se défier de leurs responsabilités, honorable, oui, mais je ne dirais pas "sympathique" pour les raisons que j'ai exprimées plus bas.

1433. suzix@bdp - 09/05/19 15:41
Pour savoir le % de résistants (très engagés ou bcp moins), il faudrait déjà qu'ils en aient parlé après guerre. Quant aux familles de "collabo" plus ou moins impliqués, c'est encore pire amha. Les soldats parlent peu de la guerre, les résistants ce doit être pareil voire pire vu que c'était encore plus obscur à expliquer. Mon arrière-grand-père qui avaient fait les tranchées tout jeune de 16 à 18, deux fois blessé, la résistance et qu'il avait repris l'uniforme à la libération de notre ville pour finir le travail (blessé à nouveau). Mais les détails ... à quel niveau il était résistant? ... je sais juste qu'il avait caché des armes (dans un tuyau de poil!) et qu'une fois on lui a fait savoir qu'il ne devait plus retourner chez lui. C'est mince. Il y avait très peu de photos. Il aurait été épicier de 14 à 45 que sa maison aurait été identique! Quant aux armes (que tous ont gardé après guerre) ... ce n'est que quand elles ressortent qu'on sait qu'elles sont là.

1432. Bert74 - 09/05/19 15:23
Collabo ou résistant, il y a quand même un aspect de l'occupation qui reste caché sous silence, c'est celui de guerre civile.
Là d'où je viens (et d'où sont originaires mon père et mes grands- parents), la Haute-Savoie, c'état plus ça qu'autre chose à partir de 43-44. Ma ville natale, Thonon-les-bains, est connue de cette période pour s'être "libérée elle-même" (i.e. avant l'arrivée des forces alliées), mais en fait, c'est libérée "d'elle-même" qu'on devrait dire car c'était principalement FFI contre Milice.

1431. pm - 09/05/19 15:17 - (en réponse à : suzix)
Mais les jeunes généraux sortis de l'école de Guerre, si. De Gaulle s'est fâché avec Pétain sur cette question, bien avant 1940.
J'ai lu mon Lacouture, moi môssieur !

1430. suzix@bdp - 09/05/19 14:58
"souhaitaient"

1429. suzix@bdp - 09/05/19 14:58
donc se construire des fortifications qui avaient manqué précédemment était sans doute ce que les français souhaité ... et les vieux généraux n'avaient pas anticipé l'influence des tanks sur la guerre à venir.

1428. suzix@bdp - 09/05/19 14:53
la France était traumatisée après 14-18. Elle ne voulait pas se battre avec comme preuve la plus flagrante la "drôle de guerre", lorsque l'Allemagne était encore prenable ... il ne faut pas ressortir des décisions de leur contexte.

1427. pm - 09/05/19 14:07 - (en réponse à : suzix)
Il eut été délicat de construire la ligne Maginot sur la frontière belge, par laquelle l'armée allemande est massivement passée.
Si avec l'argent de la ligne Maginot on avait construit des blindés et des avions, le sort de la guerre aurait été peut-être très différent.

1426. suzix@bdp - 09/05/19 13:39
La ligne Maginot n'était pas si conne ... si elle avait été faites sur toute la frontière. Cela n'aurait pas empêché la défaite mais cela aurait rendu les choses plus compliquées aux allemands. Ils auraient été freinés et les troupes françaises auraient pu se regrouper.

1425. pm - 09/05/19 13:33 - (en réponse à : suzix)
Personne ne dit que les soldats ne se sont pas battus en 40, mais que la stratégie pétainiste héritée de la guerre de 14 était mauvaise. Il y a eu une grande controverse entre Pétain et de Gaulle durant les années 30, ce dernier était le secrétaire du premier, sur la guerre de position et la guerre de mouvement. Pétain a malheureusement gagné et on a construit la fameuse ligne Maginot, et on a perdu la guerre.

1424. pm - 09/05/19 13:24 - (en réponse à : Degryse)
Ce n'est pas ma vision c'est celle de l'Histoire, elle a mis un certain temps à faire surface mais maintenant il n'y a plus la moindre ambi guïté.
Je te garantie qu'en 40/41 la France était quasi entièrement pétainiste, mis à part les communistes, sinon elle n'aurait pas réclamé l'armistice , le gouvernement pouvait très bien continuer depuis Alger, et la Grande Bretagne avait même proposé l'unification des deux pays, ce qui est sans doute un des plus beaux actes des anglais, afin re rendre la capitulation impossible.
Il y a eu davantage de collaborationnistes que de résistants, mais je maintiens que la grande majorité de la population n'était ni l'un ni l'autre et essayait juste de s'en sortir.

De Gaulle a mis vraiment longtemps à s'imposer, les communistes, très actifs dans le nord justement, ont joué un jeu trouble jusqu'à l'entrée en guerre de l'URSS. Bref, à part sur la toute fin en 44, la France n'a jamais été gaulliste ni même résistante ( jusqu'à l'unification de la résistance il y avait des mouvements de résistance allant de l'extrême gauche à ...l'extrême droite), c'était le cas d'une petite minorité, très glorieuse et courageuse mais vraiment d'une minorité.
En 1944 avec la préparation du débarquement puis le débarquement les choses ont beaucoup bougé et de nombreux français se sont mis à la résistance, parfois par conviction, parfois par opportunisme, certains passant même allègrement d'un camp à l'autre. Et l'activisme politique de De Gaulle a fait le reste.
J'avoue être très étonné qu'en 2019, contre toutes les preuves historiques, certains soient encore dans le mythe d'une France massivement résistante et plus encore, massivement gaulliste.

1423. suzix@bdp - 09/05/19 13:10
et des français qui ont combattu dans l'armée également. En mai & juin 1940 les français se sont battus. Les estimations sont de l'ordre de 60.000 morts au combat sur ces 40 à 50 jours de campagne + 10.000 belges et néerlandais. 1500 à 2000 morts par jour. Pas mal pour des soldats qui ne se sont pas battus. Côté allemand c'est moitié moins mais c'était pas non plus une balade de santé. Même à pied il ne faut pas 1 mois et demi pour atteindre Paris.
Il y a eu aussi des français qui se sont réengagés en 44 à la libération. Ce fut le cas de mon grand-père et de mon arrière grand-père qui avait aussi fait 16-18. Je crois qu'ils avaient qq baffes à rendre ... (;o)

1422. Mr Degryse - 09/05/19 12:56 - (en réponse à : Pm)
Ta vision est aussi partisane que celle des gaullistes....
Je te garantie que dans le nord la France était plus résistante que collabo

1421. pm - 09/05/19 12:51 - (en réponse à : Quentin)
La confusion sur le rôle de la France durant WWII a été entretenue depuis que De Gaulle s’est invité, ou a réussi à se faire inviter, au rang des vainqueurs. Il y a eu le mythe de la France résistante alors qu’elle a été davantage collaborationniste et en fait le plus souvent ni l’un ni l’autre, chacun essayant de s’en sortir de façon individuelle.
Pour l’Allemagne c’est quand même beaucoup moins ambi güe, son rôle dans l’horreur est premier et outre les traditions religieuses il n’y avait pas grand chose d’autre à faire qu’assumer et faire profil bas. Cette démarche a fonctionné jusqu’à maintenant ou presque, mais avec la montée de l’AFD, les vieux démons sont souvent comme le phénix. C’est d’autant plus inquiétant et dangereux qu’on sait comment ça se termine. La vague populiste est certe généralisée au monde occidental mais en Allemagne Waouh quand même.

1420. suzix@bdp - 09/05/19 10:21 - (en réponse à : quentin)
Les allemands ne sont pas nationalistes dans le mauvais sens du terme mais ils sont pro-allemands qd même. Je travaille quotidiennement avec eux. Ils ont plein de qualité dont le fait d'être des "faiseurs" lorsque le français est plus dans le concept. Mais je te l'assure ils privilégient bcp les produits allemands et ils mettent sur un piédestal tout ce qui vient de leur pays : produits industriels, culture, sport ...

1419. Quentin - 09/05/19 09:15 - (en réponse à : Heijingling)
Oui il y a un peu de protestantisme là dedans (même si la moitié de l'Allemagne est Catholique, notamment la région d'où vient Nora Krug). Mais le nationalisme m'est tout à fait antipathique. Et du nationalisme, il y en a plein dans les pays protestants également (Danemark compris). Il y en a tellement partout que c'en est à vomir. Donc je maintiens que je trouve les Allemands plus sympathiques car moins nationalistes. Les Belges aussi d'ailleurs - difficile de trouver un Belge qui est fier de l'être. C'est sans doute pourquoi je me suis souvent senti plus proche ou plus à l'aise avec les Allemands que les Francais que je rencontre à l'étranger. Les Francais sont souvent très nationalistes. Il suffit de voir comment ils présentent la 2e guerre mondiale comme une victoire au lieu d'une défaite (il paraît que c'est le général Leclerc qui a libéré Paris, hahaha).

Il est également intéressant de comparer Krug et Tardi. Même démarche, mais résultat très différent. Et là où Heimat est une brilliante réussite, Stalag IIB tome 3 est un échec retentissant. Tardi n'a pas le courage de confronter ses ancètres comme le fait Krug. Il s'intéresse à peine à son père et il se noie dans les faits historiques et un discours anti-militariste de pacotille. Aucune profondeur. Pareil pour les films sur la 2e guerre mondiale. Les films Francais sont tous des daubes, glorifiant la plupart du temps la résistance et ceux qui ont caché des enfants Juifs. Les films Allemands sur le sujet sont toujours infiniment plus intéressants, beaucoup plus nuancés et profonds.

1418. heijingling - 09/05/19 01:54 - (en réponse à : Quentin)
Les Allemands m'ont souvent paru beaucoup plus sympathiques que les autres Européens, du fait l'extraordinaire travail sur la mémoire qu'ils ont accompli, et par l'humilité et la honte qui en ont découlé.
C'est leur côté protestant, confession publique, les Étatsuniens font ça aussi avec leurs films. Rien à voir avec les cathos, confession privée, en Italie, en France, en Autriche, on ne revient pas trop sur les aspects peu reluisants du passé.
Politiquement et éthiquement ce travail sur la mémoire est évidement bien mieux, mais comme le but de la confession publique à la base est, comme tu l'écris, de rendre les gens humbles et honteux, "sympathique" n'est pas le qualificatif que j'aurais choisi.

1417. Quentin - 07/05/19 21:08
Heimat, de Nora Krug, chez Gallimard. Comment accepter d'être Allemande quand la chance est grande qu'un de ses grand parent a été Nazi et a commis des crimes de guerre? L'auteure veut en avoir le coeur net et fait des recherches pour établir le rôle et la responsabilité de ses ancêtres dans les années 1930 et 1940. Partagée entre le désir de disculper ses grands parents, et le besoin de se mortifier pour expier les crimes collectifs de l'Allemagne nazie, elle avance pas à pas pour essayer d'établir la vérité. Fascinante plongée dans l'identité Allemande des babyboomers. Les Allemands m'ont souvent paru beaucoup plus sympathiques que les autres Européens, du fait l'extraordinaire travail sur la mémoire qu'ils ont accompli, et par l'humilité et la honte qui en ont découlé. On trouve peu de nationalistes arrogants et triomphants, en tout cas parmi les Allemands que je connais de ma génération. Je n'en voyais que les aspects positifs, mais je ne m'étais jamais rendu compte à quel point l'héritage de l'Histoire pouvait les étouffer.

Comme Lobabu, j'ai trouvé cet album tout à fait passionnant.

1416. stefan - 06/05/19 08:38 - (en réponse à : froggy #1414)
Pas facile de donner envie de lire un livre, si on est mesuré, on ne donne pas forcément envie, si on est dithyrambique, ce qui a tendance à être mon cas quand j'ai vraiment aimé quelque chose, les gens sont souvent un peu déçus après.
J'ai l'impression que si tu l'avais découvert sans avoir lu ma critique avant, cela aurait pu être une bonne surprise que tu aurais encore plus appréciée, content que ce livre t'ai quand même globalement plus.

1415. froggy - 06/05/19 01:15
Gomont, Malaterre

Ou Gomont nous offre du cinema de papier.

Quelque part en Afrique equatoriale, Gabriel a rachete Malaterre, le nom de l'exploitation forestiere familiale fondee par ses ancetres et qui avaient ete vendue par son grand-pere. Gabriel est marie, il a 3 enfants, une fille d'abord puis deux garcons mais ses frasques, son alcoolisme et surtout ses mensonges permanents font que le couple se separe et la garde des enfants est confiee a la mere. Apres 5 ans d'absence, Gabriel revient voir ses enfants pour mieux les seduire. En effet, il reussit a emmener ses deux aines avec lui en Afrique. Mais tout ne va pas se passer comme prevu bien entendu, sinon il n'y aurait pas d'histoire.

Le dessinateur et scenariste s'est attache a nous depeindre un homme foncierement antipathique d'un egoisme forcene et qui est capable de tout pour arriver a ses fins. D'entree de jeu, on sait que cela finir mal pour lui car Gabriel meurt terrasse par un infarctus des le debut de l'album. Son histoire est racontee par son avocat, le recit est donc construit en un tres long retour en arriere qui se conclut par un epilogue relatif a la succession. Dans ce genre de recit, un des suspenses reside a se demander ce qui va se passer pour en arriver la. Gomont nous le presente dans la scene d'introduction comme un homme fini professionnellement, reduit aux abois et pret a tout pour sauvegarder les pauvres restes du domaine, alors qu'il s'entretient avec son avocat et ami, il parle fort hurlant presque, fume comme un turc, boit comme un polonais alors que cette scene a lieu en tout debut de journee. Il est de mauvaise foi, nie l'evidence que tout est fini pour lui et il refuse la main que lui tend son ami. Il en arrive au point meme ou il le vire et decide de changer d'avocat. Mais 2 minutes plus tard, le destin en aura decide autrement pour lui. Malgre tous ses defauts et malgre tout ce qu'il fait, on entre en legere empathie avec le personnage car l'auteur nous le depeint comme ayant enormement de charme, il le sait et il en abuse aussi bien dans la vie privee que dans ses affaires. On entre en empathie mais pas trop, l'homme est excecrable apres tout, il ment a tout le monde, sa femme, ses enfants, a lui meme aussi et tout le monde d'en subir les consequences. A cote de lui, l'auteur a place ses deux aines qui decouvrent une terre mysterieuse et pleine de contraste, l'Afrique Noire. Ils sont jeunes adolescents et il est certain que lorsqu'on debarque de Paris et de sa civilisation ultra-urbanisee, le contraste est saisissant, je peux me permettre de le savoir l'ayant vecu par de par moi meme lorsque j'avais 18 ans. La, ils decouvriront un autre univers meme si ils ne frequentent que enfants d'europeens expatries et du meme age qu'eux. Les rares rencontres avec des autochtones ne sont dues qu'au pere car ces noirs sont ses employes. Il y a ainsi une sequence que j'ai beaucoup aimee, c'est celle de l'arrivee des enfants en Afrique et de leurs premieres heures quand il decouvrent la jungle, ses odeurs etranges et inhabituelles a leurs mnarines et ses bruits d'origine mysterieuse pour eux car ils sont arrives de nuit.

C'est le premier ouvrage de l'auteur que je decouvre. J'avais eu tort quand j'avais ecrit ici meme l'annee derniere que son dessin etait du sous-Blutch car les deux styles n'ont strictement rien a voir. La preview que j'avais lue rendait mal justice a celui-ci. Je ne vais pas jouer au jeu des comparaisons parce qu'il n'y a pas lieu ici. Gomont ne dessine pas des patés. Tout ce que je peux en ecrire est que c'est un style que j'ai bien aime mais je n'en suis pas tombe fou amoureux non plus. Il n'est certainement pas dans le canon du classique FB, il est un petit peu deconcertant par moment, les visages sont quasiment tous des caricatures, celui de Gabriel en tete que l'auteur a constamment rdessine avec une fumee exagerement representee de la cigarette qu'il a constamment pendue a ses levres. Il en de meme des decors qui auraient fait fremir Bob de Moor si il les avait vus, ils sont precis aussi mais tres caricatures egalement, les contours des elements qui le composent ne sont pas definis, ce sont les couleurs qui les definissent. Il en est ainsi des immeubles , automobiles, arbres, animaux vivant dans la jungle. C'est un dessin tres personnel qui ne demande pas a ce qu'on l'aime immediatement mais qui a indeniablement son charme, a l'image de Gabriel quand on y pense.

Note finale, 3,75/5. J'ai beaucoup aime cet album pour toutes les raisons ecrites ci-dessus mais j'aurais voulu l'aimer un peu plus. Je pense que le personnage de Gabriel aurait du reveler un aspect positif, meme infinitesimal, cela l'aurait rendu plus nuance et meme encore plus interessant. Ce qui fait l'interet d'un personnage, c'est entre autre les contradictions qu'il recele en lui.

1414. froggy - 03/05/19 00:41
Duhamel, Le retour

Ce n'est pas vraiment une nouveaute, l'album est sorti en 2017. Je l'ai acquis grace a la bonne critique de Stefan qu'il a ecrite ici meme mais je ne sais plus quand.

On retrouve dans sa voiture le corps de l'artiste mondialement connu Cristobal. Il etait revenu de nombreuses annees auparavant dans son ile natale. Constatant les degats causes a l'environnement par des promoteurs, il decide de les contrer et de faire de son ile entiere une oeuvre d'art. A cette fin, il s'adjoint les collaborations de quelques uns de ses meilleurs amis tout aussi artistes que lui et tout aussi connus que lui, ils sont peintre, sculpteur, architecte. Mais tout n'ira pas de soi. La preuve, sa mort. Est-ce un crime ou un simple accident de la circulation? La police enquete, elle aura fort a faire pour denouer tous les fils de cette tenebreuse affaire.

L'auteur a construit son recit sous la forme classique de retour en arriere, chaque scene du passe est l'illustration du temoignage des proches et moins proches de la victime. Vous me retorquerez qu'on a deja vu cela 100 fois ailleurs, de la maniere la plus brillante et la plus etourdissante notamment dans Citizen Kane, le film d'Orson Welles. Procede ecule certes mais qu'est-ce qui ne l'est pas de nos jours? Ce qui fait l'orginalite de cette histoire est le point de vue global. Cristobal a certes des intentions louables et sympathiques, mais l'homme ne l'est pas vraiment. Il fait dans le forcing a tout va afin d'exprimer son opinion, en invoquant des raisons ecologiques entre autres et protectrices de l'environnement. Mais son but ultime, ne serait-il pas autre chose en fait? Peut-etre satisfaire un enorme ego? En effet, son but est de faire de son ile, une oeuvre d'art. Est-ce seulement realisable?

Je decouvre l'auteur Bruno Duhamel avec ce livre. Il signe là scenario et dessin. Celui-ci est du pur FB, gros nez chez quasiment tous les hommes ou au bord de la caricature. A contrario, les femmes sont mieux respectees surtout si elles sont jeunes et plutot belles, si vous etes vieilles, c'est fini pour vous. Quant aux decors, ils sont en parfaite harmonie avec les personnages, Duhamel n'a pas lesine sur les details dans certaines cases, il a egalement pense a creer les oeuvres imaginaires de Cristobal, il y a un joli exemple dans l'illustration du 4e plat. Quant aux couleurs, tel Claude Lelouch dans certains de ses films, le passe est evoque en couleurs et les scenes du present sont en noir et blanc

Beaucoup de choses sont evoquees dans cet album, la celebrite mondiale au 21e siecle pour un artiste avec ses enormes avantages mais aussi ses enormes inconvenients; l'ecologie et la protection de l'environnement; et puis encore le developpment touristique dans certaines parties du globe, generalement des pays pauvres qui voient dans l'afflux de touristes une manne inesperee. De quoi faire reflechir en quelque sorte.

Note finale, 3,75/5. C'est une BD ambitieuse avec entre autres un sujet original mais elle m'a un peu laisse sur ma faim malheureusement. C'est cependant une tres bonne lecture.

1413. herve - 02/05/19 10:52
Rosa #2/2

Formidable galerie de portraits que nous présente François Dermaut dans ce second volume qui clôt une histoire qui aurait pu vite dériver vers une bande dessinée plus graveleuse, voire vulgaire.
Mais le talent de l'auteur est là!
Les personnages, parfois grossiers au premier abord, deviennent plus touchants, une fois seuls avec Rosa, qui, elle, au fil du récit, s'émancipe de plus en plus des codes moraux et religieux. Mais l'histoire ne s'arrête pas au défi relevé par Rosa, mais elle relate aussi la vie mouvementée d"un petit village normand, avec ses querelles "politiques" et ses secrets enfouis mais pas pour tout le monde.
Et que dire du dessin qui est admirable en tout point.
Comme je l'avais écris à propos du premier opus, je pense qu'il y a du Maupassant dans cette histoire.
Bravo à l'auteur.

note:4/5

1412. heijingling - 02/05/19 04:46 - (en réponse à : en vrac)
Désabusé ne lui convient pas, en effet, mais je l'ai utilisé dans le contexte de situer ces nouveaux héros apparus dans les années 60 par rapport aux traditionnels.
Désabusé dans le sens où c'est un personnage qui plait aux lecteurs qui, dans les années 60, ne voulaient ou ne pouvaient plus être abusés par les héros à plein temps qui occupaient tous les magazines.
Désabusé, il peut sembler l'être aussi lui-même, par la distance et l'ironie qu'il affecte en face de ses amis parfois trop enthousiastes, mais c'est aussi une pose qu'il prend,dans laquelle il se complait comme tu le dis, pm. Cela fait partie de la mise en scène de cette série.

Martin Milan est bien plus désabusé que Corto, il est romantique mais ne va jamais s'engager comme Corto le fait. Martin Milan ou Blueberry cherchent à éviter les coups, mais quand Corto va en Irlande en pleine guerre civile, en Picardie, au Moyen-Orient ou en Italie pendant la première guerre mondiale ou en Russie post-révolutionnaire (il était pas bien dans les îles du Pacifique?) , il les cherche tout de même un peu. Passif et contemplatif, c'est en surface, dans le fond, c'est un vrai aventurier à l'ancienne.

L'intérêt de cette bande, c'est l'effet que produit ce personnage d'aventurier sans en avoir l'air plongé dans les turbulences politiques du début du XXième siècle, avec lesquelles Pratt réglait ainsi ses comptes.

Dans les reprises actuelles de Corto, il n'y a plus aucun de ces enjeux, elles n'ont pas de sens pour moi.



1411. marcel - 01/05/19 20:34
... ou entre Corto et Martin Milan.

1410. pm - 01/05/19 19:57 - (en réponse à : Corto)
J’aime beaucoup ce que tu écris à propos de Corto.
Sauf que je ne suis pas sûr qu’il soit vraiment désabusé, il remet le couvert assez facilement et presque avec un enthousiasme naïf. C’est son caractère passif et contemplatif, dans lequel il se complait pour notre plus grand plaisir, qui lui fait subir les choses qui donnent cette impression d’être désabusé.
J’attends une thèse de littérature dessinée comparée entre Pratt et Taniguchi.

1409. heijingling - 01/05/19 05:54 - (en réponse à : et aussi Quentin#1396)
Corto Maltese, très bel exemple de ces héros désabusés apparus dans les années 60.
Mis à part la personnalité du personnage qui avait tout pour séduire à l'époque, il est intéressant par rapport à la vie de son créateur (qui lui-même ferait un excellent personnage d'aventures adulte), construit entre plusieurs cultures, et traite justement de la construction mythique des peuples ou groupes (irlandais, fascistes, helvétiques, francs macons) , avec un permanent glissement du mythique au mystique, qui est une approche vraiment intéressante de la politique, vue seulement dans peu d'ouvrages (chez Conrad aussi). Le romantisme permanent peu énerver, mais c'est aussi une forme d'appréhension de la position et la place de l'individu par rapport a un groupe.

1408. heijingling - 01/05/19 05:36 - (en réponse à : froggy #1397)
J'ai été trop succint et parlais en fait de trois choses distinctes. D'abord, l'humour de ton incipit "Ah, l'autobiographie en BD! Voila, le sujet d'avenir. " ne passe pas pour moi, trop décalé dans le temps, cela aurait pu marcher dans les années 70, car prémonitoire d'une forte tendance qui aura éclaté 20 ans plus tard.
Ensuite, par rapport aux héros monolithiques détectives d'avions pirates de courses, je citais d'autres types de personnages apparus début des années 60, avec une personnalité plus complexe, ou encore des anti-héros comme Gaston (dès 57). D'autres tendances apparaitront, comme les B.D. autobiographiques, mais plus tard, et Gaston n'en est pas une bien sûr, juste la première magnifique alternative aux héros sans taches faits d'une pièce.
Enfin, pour Marc Dacier, les aventures d'un gamin (il est très jeune dans ses premiers albums) reporter débrouillard n'étaient je pense déjà plus crédibles lors de sa création. Les héros postérieurs que tu cites sont tous virils.

1407. froggy - 30/04/19 01:09
Swan 1, Le buveur d'absinthe

Apres le plus que memorable Stupor mundi, Nejib presente son nouvel ouvrage. Cette fois ci il nous emmene dans le Paris de la deuxieme moitie du 19e siecle, l'action commence en 1859. Scottie et sa soeur Swan arrivent de leurs Etats-Unis natal dans la capitale. Ils sont acccueillis a la gare St Lazare par leur cousin, un certain Edgar Degas. Leur reve est d'integrer l'Academie des Beaux-Arts, le probleme pour Swan est qu'etant une femme, cela lui est impossible. Rapidement, ils font la connaissance d'Edouard Manet alors qu'ils visitent le Louvre. Cela est un bon signe pour Swan car il lui permettra d'etre introduite a Thomas Couture, un peintre plus connu aujourd'hui pour avoir eu comme eleve Manet donc, mais aussi Fantin-Latour et Puvis de Chavanne. Au pres de professeur renomme a Paris, Swan sera donc un nouvel eleve. De son cote, Scottie reussit a integrer les Beaux-Arts et assiste a la premiere seance de sa promotion, seance ouverte par Ingres, rien de moins. La, il sympathise avec un certain Roqueplan qui sera le candidat officiel de l'ecole pour le plus prestigieux des prix artistiques, le Prix de Rome car il est tres talentueux. Mais des jalousies sont nees et des secrets inavouables dont les possesseurs entendent bien en garder le controle ont malheureusement pour eux ete decouverts. Il faut dire que dans ce Paris artistique, on ne peut pas faire confiance a grand monde. Les trahisons peuvent venir de personnes qu'on n'aurait pas soupconnees.

Le propos de Nejib semble moins ambitieux que celui de son ouvrage precedent mais il n'en est pas moins louable. Prenant le contrepied de ce que nous avait offert Colonnier dans le tout aussi memorable, Gustave Caillebotte, un rupin chez les rapins, l'auteur a ecrit une histoire totalement romanesque sur les artistes peintres de cette epoque dont emergera le mouvement impressioniste dont Degas sera un des createurs. Mais on n'en est pas encore la. Nejib dresse donc un tableau (jeu de mot involontaire) de ce Paris artistique a l'aube d'un des plus importants mouvements que la peinture connaitra. Le lecteur s'identifiera donc a ces deux americains qui vivront de l'interieur et seront les temoins de ce bouillonnement artistique. Plutot que de nous en ecrire une histoire officielle, Nejib nous la montre par le petit bout de la lorgnette en s'attachant a un nombre limite de personnages afin que le lecteur ne s'y perde pas avec tous ces intervenants. Il melange allegrement personnage ayant reellememnt existe et personnages fictifs. Ce qui fait qu'a la fin de l'ouvrage, je suis alle google pour savoir qui etait qui car il y avait des noms qui m'etaient inconnus jusque la. Cela ne m'a pas derange du tout, bien au contraire. Nejib a divise son recit en chapitres, c'est tres bien ecrit, decoupe et dialogue, les personnages sont bien ecrits et bien developpes. Pour faire court, c'est passionnant et j'ai tourne les pages avec avidite car bien qu'il y ait des surprises attendues, il y en d'autres qui le sont moins. Genre romanesque oblige.

Cet album confirme l'attrait que le dessin de Nejib a sur moi. C'est d'autant plus etrange qu'a priori, il est tres eloigne de mes canons habituels. Comme vous le savez tous, j'ai ete sevre des mon plus jeune age au classique FB. Et pourtant, je trouve au dessin nejibien, une force, mais aussi une elegance que cache une fausse simplicite. En effet, a priori, ce dessin a l'air fort simple mais il ne l'est pas du tout. Bien qu'ils ne se ressemblent pas du tout et n'ont rien en commun, il m'a rappele dans cette apparente simplicite le dessin de Gipi dans la mesure du fait ou le lecteur mauvais en dessin se dirait qu'il est capable d'en faire autant alors qu'en fait il en serait bien incapable car tel celui de l'italien, le dessin de Nejib est maitrise de bout en bout. Il est tellement personnel et unique qu'evidemment, il ne peut pas plaire a tout le monde, je comprends tres bien que des lecteurs rejetteront ce style immediatement. C'est d'autant plus ironique que c'est un des themes de cet album et que cela donne lieu a la sequence ou les peintres exposent leur dernieres creations pour etre inclues au prochain Salon de Paris et que certaines sont rejetees avec vehemence par le jury pour cause de laideur. Il en est ainsi de la toile de Manet, Le buveur d'absinthe qui donne donc le titre a la premiere partie de cette histoire.

4,5/5. Passionnant du debut jusqu'a la fin.

1406. suzix@bdp - 29/04/19 21:57
J'aurais mis 3/5 ou 3,5/5. Donc on est raccord. Mais je mets plus souvent que toi des 5/5! (;o)

1405. herve - 29/04/19 21:35
Un putain de salopard #1

J'avoue avoir hésité avant d'acheter cet album. D'une part, j'ai peur que Régis Loisel nous réitère le coup de la trilogie en 9 volumes comme sur "Magasin général" et d'autre part, les derniers opus d'Olivier Pont ne m'avaient guère tentés ("Bouts d'ficelles" et "DesSeins"). Mais j'avoue que l'alchimie des deux auteurs m'a intrigué.
J'ai retrouvé dans ce premier volume, la fraicheur du dessin d'Olivier Pont que j'avais très apprécié avec "là où le regard ne porte pas". Les personnages sont très facilement identifiables et ont tous des trognes particulières. Je dois saluer au passage les couleurs de François Lapierre qui réalise là un travail remarquable sur cet album.
Que dire du scénario? Et bien, je ne me suis pas ennuyé une seule seconde à la lecture de cet album de près de 88 pages. C'est rondement mené , cela va très vite, même si les cris des "coco,Chacha, Cricri"m'ont fatigué.
Bien sur, on devine que les routes parallèles des deux infirmières idéalistes au sein de la forêt amazonienne et celle de Max vont une nouvelle fois se recroisées.
J'espère seulement qu'au vu de la dernière planche (magnifique pleine page au demeurant) que le petit côté fantastique que j'entrevoie, ne l'emportera pas sur le récit de la recherche du père de Max.
Un apriori plutôt positif pour ce premier album d'une série qui en comptera trois selon les dires des auteurs (enfin, je l'espère)

note:3/5

1404. herve - 29/04/19 20:40 - (en réponse à : suzix)
Je viens de lire cet album de Loisel et Pont,et je dois dire que je ne me suis pas ennuyé en le lisant.
J'y reviendrai plus tard.

1403. suzix@bdp - 29/04/19 19:53
c'est tout-à-fait ça ici aussi. C'est super fluide. Je trouve juste qu'il y a une grosse dichotomie entre le traitement "guilleret et léger" et les évènements.

1402. Piet Lastar - 29/04/19 19:41
J'ai bien aimé Magasin Général, ça se lit bien, ...



 


Actualité BD générale
Actualité editeurs
Actualité mangas
Actualité BD en audio
Actualité des blogs des auteurs
Forum : les sujets
Forum : 24 dernières heures
Agenda : encoder un évènement
Calendrier des évènements
Albums : recherche et liste
Albums : nouveautés
Sorties futures
Chroniques de la rédaction
Albums : critiques internautes
Bios
Bandes annonces vidéos
Interviews d'auteurs en videos
Séries : si vous avez aimé...
Concours
Petites annonces
Coup de pouce aux jeunes auteurs
Archives de Bdp
Quoi de neuf ?
Homepage

Informations légales et vie privée

(http://www.BDParadisio.com) - © 1996, 2018 BdParadisio