Gilles Ratier, secrétaire général de l'ACBD (Association des journalistes
et Critiques de Bandes Dessinées) publie son rapport annuel. 2002
a été l'année de la diversité : diversité
des genres, diversité des maisons d'éditions, diversité
des origines, diversité des supports de pré-publication,
diversité des prix...
* Diversité des genres afin d'éviter le piège de la surproduction
: 1.494 nouveaux albums (contre 1.292 l'an dernier) ont été publiés
en 2002.
Locomotive de l'édition, la BD voit ses ventes augmenter d'année
en année avec une production toujours accrue, ceci pour la 7ème année
consécutive. Notons que cette évolution à la hausse se confirme malgré
une croissance du marché du livre légèrement moins bonne (par rapport
aux deux dernières années) : la désaffection du public et la perte
de prestige de ce support n'est pas encore de mise car la BD est totalement
en phase avec notre civilisation de l'image ; elle sait innover en
proposant des héros ou des séries aux nouvelles thématiques et en
inventant de nouveaux genres graphiques proches de la littérature,
du reportage ou de l'essai.
Pour ne pas être inquiétés par cet incessant développement, les grands
éditeurs diversifient de plus en plus leurs productions. Si l'on met
de côté les 274 livres publiés par les labels indépendants (contre
253 l'an passé) et les mangas (BD japonaises constituant un marché
à part), on peut répartir les albums de BD en 6 catégories :
- Imaginaire (regroupant SF, heroic-fantasy, fantastique…)
avec 270 titres contre 260 l'an passé,
- Humour avec 257 titres contre 217 l'an passé,
- Policier (prenant également en compte BD d'espionnage, romans
contemporains et thrillers) avec 131 titres contre 122 l'an passé,
- Historique (intégrant également western et aventures
de pirates) avec 118 titres contre 101 l'an passé,
- Erotique avec 19 titres contre 32 l'an passé
- BD pour tout petits avec 48 titres contre 38 l'an
passé.
Au chiffre de 1.494 nouveaux albums, on doit encore ajouter 436 rééditions
sous une nouvelle forme (contre 406 l'an dernier), 207 livres de recueils
d'illustrations ou de dessins d'humour réalisés par des auteurs de
BD (contre 146 l'an dernier) et 67 ouvrages d'essais et d'histoire
de la BD (contre 46 l'an dernier). C'est
à dire un total de 2.204 livres appartenant au monde de la BD (contre
1.890 l'an dernier), soit une augmentation de 311
titres (contre 327 l'an dernier) : une part non négligeable des 45.000
nouveaux livres publiés dans une année
Ceci explique aussi un certain encombrement dans les librairies,
surtout quand on sait que 485 nouveautés (plus 222 rééditions et divers)
- soit pratiquement un tiers de la production annuelle - paraissent
entre septembre et novembre : surproduction substantielle si l'on
compare avec le domaine romanesque où plus de 1.500 ouvrages sortent
pendant la même période (on peut dénombrer, pour l'année, dans ce
secteur : 6.500 romans dont 1.200 romans policiers et 600 histoires
fantastiques ou de science-fiction).
* Diversité des maisons d'éditions : elles sont désormais au nombre
de 180 (contre 150 l'an dernier).
L'augmentation du nombre de titres est due non seulement au développement
des nouvelles maisons d'éditions mais aussi au redéploiement des plus
importantes entreprises éditoriales (Glénat, Dargaud, Dupuis, Flammarion
avec Casterman et Audie, Albin Michel, Delcourt, Soleil et Les Humanoïdes
associés) qui ne laissent pas trop de terrain libre à leurs éventuels
concurrents. En 2002, seulement 23 éditeurs publient à eux seuls
la quasi-totalité des albums de BD, c'est à dire les 3/4 de la production
en titres (ce qui représentent vraisemblablement 80 à 90 %
des ventes du secteur).
Les éditeurs les plus prolifiques sont :
Glénat |
(144 nouveaux titres contre 122 l'an dernier), |
Dargaud-Kana |
(126 nouveaux titres contre 97 l'an dernier), |
Panini |
(100 nouveaux titres contre 35 l'an dernier), |
Delcourt |
(98 nouveaux titres contre 87 l'an dernier), |
Tonkam |
(80 nouveaux titres contre 70 l'an dernier), |
Soleil |
(67 nouveaux titres contre 57 l'an dernier), |
Dupuis |
(58 nouveaux titres contre 59 l'an dernier), |
Casterman |
(57 nouveaux titres contre 54 l'an dernier), |
Pika |
(52 nouveaux titres contre 51 l'an dernier), |
Albin Michel |
(36 nouveaux titres contre 38 l'an dernier), |
Vents d'Ouest |
(35 nouveaux titres contre 37 l'an dernier), |
J'ai Lu -
Flammarion |
(37 nouveaux titres contre 24 l'an dernier), |
Lombard |
(31 nouveaux titres contre 32 l'an dernier), |
Les Humanoïdes
Associés |
(28 nouveaux titres contre 16 l'an dernier), |
Semic |
(25 nouveaux titres contre 19 l'an dernier), |
Paquet |
(23 nouveaux titres contre 13 l'an dernier), |
L'Association |
(21 nouveaux titres contre 17 l'an dernier), |
Audie |
(19 nouveaux titres contre 12 l'an dernier), |
Bayard |
(14 nouveaux titres comme l'année pasée), |
Bamboo |
(14 nouveaux titres contre 13 l'an dernier), |
Les Requins
Marteaux |
(13 nouveaux titres contre 19 l'an dernier), |
Hors Collection |
(18 nouveaux titres contre 4 l'an dernier), |
BD Erogène |
(12 nouveaux titres contre 10 l'an passé), |
Hors Collection |
(11 nouveaux titres contre 18 l'an passé)… |
Notons qu'en 2001, ils étaient 25 à regrouper le plus fort de la
production annuelle. Il faut souligner que si les plus importantes
maisons d'éditions en BD ont de lointains rapports avec les grands
groupes éditoriaux, l'effondrement et le rachat de Vivendi par Hachette
auront des conséquences, notamment au niveau de la diffusion. Un tableau
joint permet de comparer les productions des principaux éditeurs,
en tenant compte de leurs filiales. Enfin, il ne faut pas négliger
les nouveaux arrivants (L'An 2, EP Editions, Jet Stream, Temps Forts…)
et surtout les petits labels indépendants (Atrabile, Bulle Dog, Carabas,
Clair de Lune, La Comédie Illustrée, Cornélius, Le Cycliste, Drozophile,
Ego comme X, Erko, FLBLB, FRMK alias les ex Amok et Fréon, Joker,
Loup, Mosquito, Petit à petit, PLG, PMJ, Point Image, Psikopat, Rackham,
Reporter, Six Pieds sous Terre, Treize étrange, USA, Vertige Graphic….)
qui publient régulièrement de la BD et ce depuis plusieurs années,
construisant ainsi un catalogue non négligeable : ils réalisent un
travail de fond en découvrant de nouveaux talents, même si leurs tirages
tournent seulement autour de 2000 exemplaires par titres (certains
peuvent néanmoins atteindre les 10 000).
* Diversité dans les plus gros tirages et les ventes : de nombreux
titres atteignent des chiffres faramineux alors que le tirage moyen
diminue.
Le nouvel album de "Titeuf" de Zep est le plus gros tirage de l'année
(1.400.000 ex. + 100.000 ex. en retirage) et les anciens titres de
cette série se placent également dans les meilleures ventes (toutes
catégories confondues) ; en dix ans, ce héros a réalisé une percée
spectaculaire, soutenu par un bouche à oreille fracassant dans les
cours d'école et, plus récemment, par l'adaptation de ses gags en
dessins animés, pour devenir le héros favori des 8-12 ans. Notons
enfin que le collectif "Mégatchô", où ce personnage apparaît également,
est tiré à 140.000 ex.
2002 confirme aussi le succès des grands classiques (valeurs sûres).
"Titeuf"
de Zep |
(1.400.000 ex.), |
"Largo Winch"
de Francq et Van Hamme |
(556.000 ex.), |
"XIII" de
Vance et Van Hamme |
(500.000 ex.), |
"Thorgal"
de Rosinski et Van Hamme |
(350 000 ex.), |
"Cédric"
de Laudec et Cauvin |
(304 000 ex.), |
"Lucky Luke"
de Morris et Nordman |
(250 000 ex.), |
"Les Schtroumpfs"
du studio Peyo |
(220 000 ex.), |
"Les Bidochon"
de Binet à 210 000 ex. |
(210 000 ex.), |
"Les Tuniques
bleues" de Lambil et Cauvin |
(205 000 ex.), |
Viennent ensuite :
"Kid Paddle"
de Midam |
(200 000 ex.), |
"Trolls de
Troy" de Mourier et Arleston |
(180 000 ex.), |
"Les femmes
en blanc" de Bercovici et Cauvin |
(120 000 ex.), |
"Marsupilami"
de Franquin |
(120 000 ex.), |
"La caste
des Méta-Barons" de Gimenez et Jodorowsky |
(120 000 ex.), |
"Yakari"
de Derib et Job |
(110 000 ex.), |
"Buck Danny"
de Bergèse |
(102 000 ex.), |
"Léonard"
de Turk et de Groot |
(100 000 ex.), |
"Les Profs"
de Pica et Erroc |
(100 000 ex.), |
"Les guides
en BD" |
(collectifs à 80 000 ex. par titres) |
"Bételgeuse"
de Léo |
(80 000 ex.), |
"Alpha" de
Jigounov et Mythic |
(80 000 ex.), |
"Bouncer"
de Boucq et Jodorowsky |
(80 000 ex.), |
"Sillage"
de Buchet et Morvan |
(80 000 ex.), |
"Atalante"
de Crisse |
(80 000 ex.), |
"Renaud :
BD d'enfer" |
(80 000 ex.), |
"Lefranc"
de Martin et Simon |
(75 000 ex.), |
"Le scorpion"
de Marini et Desberg |
(70 000 ex.), |
"Le Chat"
de Geluck |
(70 000 ex.), |
"Les Technopères"
de Janjetov et Jodorowsky |
(70 000 ex.), |
"Aquablue"
de Tota et Cailleteau |
(65 000 ex.), |
"Pierre Tombal"
de Hardy et Cauvin |
(64 000 ex.), |
"Golden city"
de Malfin et Pecqueur |
(62 000 ex.), |
"Ric Hochet"
de Tibet et Duchâteau |
(60 000 ex.), |
"Mégalex"
de Beltran et Jodorowsky |
(60 000 ex.), |
"Wayne Shelton"
de Denayer et Van Hamme |
(60 000 ex.), |
"Les chroniques
de la lune noire" de Pontet et Froideval |
(60 000 ex.), |
"IR$" de
Vrancken et Desberg |
(60 000 ex.), |
"Momo le
coursier" de Margerin |
(60 000 ex.), |
"Rester jeune
à tout prix" de Jim et Fredman |
(60 000 ex.), |
"Calvin et
Hobbes" de Watterson |
(55 000 ex.), |
"Papyrus"
de De Gieter |
(52 000 ex.), |
"Les Psy"
de Bédu et Cauvin |
(50 000 ex.), |
"L'élève
Ducobu" de Godi et Zidrou |
(50 000 ex.), |
"Plume aux
vents" de Juillard et Cothias |
(50 000 ex.), |
"Marlysa"
de Danard et Gaudin |
(50 000 ex.), |
"Tanguy et
Laverdure" de Fernandez et Laidin |
(50 000 ex.), |
Même des BD reposant sur le seul nom de leurs auteurs, comme celles
de
Tardi |
(tirage de 200 000 ex. pour "Le cri du peuple") |
Loisel |
(150 000 ex. pour "Peter Pan") |
Gibrat |
(75 000 pour "Le vol du corbeau") |
Schuiten
et Peeters |
(50 000 ex. pour "La frontière invisible") |
Hermann et
son fils Yves H. |
(50 000 ex. pour "Manhattan Beach 1957")… |
... ou des séries au concept original comme "Le décalogue" de Giroud
(60 000 ex. par titres) et "Le triangle secret" de Convard (50 000
ex. par titres) obtiennent des scores qui font des envieux dans le
monde de l'édition.
Notons aussi l'atout que représente la répartition en collections
qui correspondent à différents segments de marchés et facilitent la
vente. Le succès ne se dément pas pour les collections "Aire Libre",
"Repérages", "Troisième vague", "Néopolis"… et cela explique la multiplication
de ces dernières en cette année 2002 (chez Casterman et Soleil, par
exemple). Même si, comme dans tous les secteurs de l'édition, les
tirages sont souvent supérieurs aux ventes (le nombre de retours restant
imprévisible), la BD est toujours aujourd'hui le domaine qui connaît
la plus forte croissance et le plus fort développement !
Les chiffres des tirages ont été communiqués par
les attachées de presse ou les responsables éditoriaux. Merci à Jérôme
Aragnou,Virginie Arbib, Marlène Barsotti, Maud Beaumont, Pol Beauté,
Régine Billot, Anne Caisson, Evelyne Colas, Cécile Cuillerier, Kathy
Degreef, C. Humbert-Droz, Cédric Illand, Michel Jans, Emmanuelle Klein,
Christophe Latger, Lise Louvet, Frédéric Mangé, Philippe Morin, Thierry
Mornet, Loïc Néhou, Tanaquil Papertian, Stéphanie Parrault, Estelle
Revelant, Olivier Sulpice et Hélène Werlé.
* Diversité des origines : en matière de BD étrangères, les séries
traduites du japonais et de l'américain sont toujours très présentes
sur le marché.
Les mangas sont les plus appréciées puisque 377 BD japonaises
ont été publiées (contre 269 l'an dernier, soit une augmentation
non négligeable de 108 titres pour ce marché de plus en plus porteur).
Concentrées chez peu d'éditeurs (Glénat, Kana, Tonkam, Pika, J'ai
Lu, Génération Comics, Akuma, Dynamic Visions, Akata, Atomic Club,
Végétal Manga…), leurs principaux succès sont "Yu-Gi-Oh", "Love Hina",
"G.T.O.", "Kenshin", "I''s", "Family Compo", "Ken le survivant", "Slam
Dunk", "Hunter X Hunter", "Angel Sanctuary", "Novices Rookies", "Card
Captor Sakura"… (tirés entre 8000 et 30 000 ex.). On dénombre aussi
129 BD américaines (contre 99 l'an passé), 27 BD italiennes
(contre 23 l'an passé), 13 BD espagnoles (contre 10 l'an passé),
10 BD argentines (contre 11 l'an passé), 9 BD flamandes, 6
allemandes, 3 autrichiennes, 2 norvégiennes, 1 anglaise, danoise,
finlandaise, uruguayenne, bosniaque, polonaise, serbe, slovène… :
soit 586 traductions -tous horizons confondus- (contre
433 l'an passé), c'est à dire plus d'un tiers de la production annuelle.
Par ailleurs, remarquons que si les éditeurs produisent de plus en
plus d'œuvres non francophones, ils sont toujours à la recherche de
nouveaux marchés dans les pays étrangers : ils convoitent désormais
l'Asie du Sud-Est, les pays de l'Est et même les USA, malgré les déboires
qu'ils y ont connu à la fin du siècle dernier.
* Diversité dans les supports de pré-publications, même si l'album
reste le support principal de la BD.
La BD est de plus en plus présente dans toutes sortes de journaux
(du quotidien au trimestriel) et aussi sur Internet. Cette année,
269 BD ont d'abord été publiées en revues (contre 259 en 2001). Il
y a même, aujourd'hui, 16 magazines de BD vendus en kiosques et maisons
de la presse (citons, par exemple, Spirou, Le Journal de Mickey, Picsou,
Kid Paddle, Tchô, Fluide Glacial, Psikopat, Lanfeust Mag, Pavillon
Rouge, Vécu…) -soit un de plus qu'en 2001-, même si 11 revues préfèrent
la distribution en librairies spécialisées, à l'instar de Métal Hurlant
qui réalise un come-back réussi. Notons également l'importance des
périodiques parlant de la BD qu'il s'agisse des incontournables Bo
Doï, La Lettre, DBD et L'Avis des bulles, des Wizard et Comic Box
spécialisés dans les super-héros ou du dernier-né : Calliope. Par
contre, dans ce même réseau, on note toujours une légère baisse des
magazines publiant des BD américaines surtout consacrées au fantastique
et aux super-héros ("Spider-Man", "X-Men", "Spawn"…) : 54 fascicules
(tirés entre 25 000 et 50 000 ex.) paraissent régulièrement (contre
66 en 2001) dans ce secteur dominé par trois groupes (Panini, Semic,
Dino).
N'oublions pas non plus les BD en petits formats ("Rodéo", "Kiwi",
"Zembla", "Mustang", "Yuma", "Captain' Swing" et "Akim") qui atteignent
des tirages d'environ 15 000 exemplaires par titres : ces pockets
populaires, qui ne sont qu'au nombre de 8, publient des BD anciennes
ou d'origine italienne tout en s'efforçant de proposer des créations
originales.
* Diversité dans les prix proposés grâce à différentes opérations
promotionnelles organisées par les éditeurs traditionnels de BD.
Dargaud, Glénat, Delcourt, Lombard, Dupuis (par exemple) s'appuient
sur des produits à un prix modique ou offrant un plus (un autre album,
un ex-libris, un cahier supplémentaire...). Notons, également, que
les formats de poche qui ne dénaturent pas l'original se multiplient
: après Librio (filiale de Flammarion) et Le Livre de Poche (filiale
d'Hachette), voici Rivages (filiale du Seuil) qui propose désormais
les "Peanuts" de Schulz dans une version de poche.
* Diversité dans les appréciations : à quelques exceptions près,
comme dans toutes cultures de masse, les albums à très gros succès
ne correspondent pas toujours aux coups de cœur de la critique. Il
en faut pour tous les goûts !
La preuve, voici la liste (classée par ordre alphabétique d'éditeurs)
des 20 albums, parus en 2002, les plus appréciés par les journalistes
et les spécialistes du 9ème art :
- "Le chemin de Saint-Jean" par Edmond Baudoin à L'Association
- "Persépolis T.3" par Marjane Satrapi à L'Association
- "Dr Jeckyll et Mr Hyde" par Lorenzo Mattotti et Jerry Kramsky chez
Casterman
- "Quartier lointain T.1" par Jirô Taniguchi chez Casterman
- "Carnets d'Orient T.6 : La guerre fantôme" par Jacques Ferrandez
chez Casterman
- "David Boring" par Daniel Clowes chez Cornélius
- "Isaac le pirate T.2 et 3" par Christophe Blain chez Dargaud
- "Le chat du rabbin T.1 et 2" par Joann Sfar chez Dargaud
- "La valse des alliances" par Will Eisner chez Delcourt
- "Jimmy Corrigan" par Chris Ware chez Delcourt
- "Quelques mois à l'Amélie" par Jean-Claude Denis chez Dupuis
- "Vitesse moderne" par Blutch chez Dupuis
- "Journal T.4" par Fabrice Neaud chez Ego comme X
- "Le jeu lugubre" par Paco Roca chez Erko
- "Le dérisoire" par Olivier Supiot et Eric Omond chez Glénat
- "Norbert l'imaginaire T.2" par Nicolas Vadot et Olivier Guéret au
Lombard
- "Garduno, en temps de paix" par Philippe Squarzoni chez Les Requins
Marteaux
- "Torso" par Brian Michael Bendis et Marc Andreyko chez Sémic
- "Berlin, la cité des pierres T.1" par Jason Lutes au Seuil
- "Petit Polio T.3" par Farid Boudjellal au Soleil
Notons cependant que si la population francophone d'Europe lit de
plus en plus de BD, elle s'estime toujours aussi mal informée sur
l'actualité du 9ème art et elle met le doigt sur ce déficit, notamment
à la télévision et dans la presse écrite. Les journalistes et spécialistes
critiques ne sont bien sûr pas en cause : leur bonne volonté et leurs
efforts ne suffisent pas à infléchir la politique et la programmation
des médias !
* Diversité dans les métiers de la BD : ils emploient régulièrement,
sur le territoire francophone européen, 1.240 auteurs (dessinateurs
et scénaristes).
Ils n'étaient que 1.100 l'an passé à avoir un contrat pour au moins
trois albums ou pour des publications systématiques dans la presse
et à vivre (plus ou moins bien) de la BD. Ceci dit, notons que ces
créateurs travaillent aussi de plus en plus pour d'autres médias :
jeux vidéos, Internet, cinéma, télévision, presse généraliste ou spécialisée…
Parmi ces 1.240 auteurs remarquons que 150 d'entre eux sont scénaristes
sans être également dessinateurs. Cette corporation, en constante
augmentation, prend d'ailleurs de plus en plus d'importance. Dans
l'année 2002, pas moins de 6 ouvrages lui sont exclusivement consacrés
: le champion des ventes Jean Van Hamme accorde un long entretien
à l'éditeur Niffle, le mystique Alexandro Jodorowsky romance ses mémoires
chez Albin Michel, la face obscure de Jacques van Melkebeke est dévoilée
chez Vertige Graphic, le vétéran André-Paul Duchâteau raconte ses
souvenirs chez Memor, un bel album souvenir (aux éditions des Arènes)
nous rappelle que 25 années ont passé depuis la disparition de René
Goscinny et l'histoire de la BD est revisitée en partant uniquement
du point de vue de ces raconteurs d'histoires ("Avant la case" chez
PLG). Notons également que parmi les dessinateurs et les scénaristes,
les femmes sont seulement au nombre de 85 (elles étaient 80 en 2001)
et n'oublions pas non plus tous les métiers annexes de la BD (coloristes,
lettreurs, maquettistes, traducteurs, éditeurs, responsables éditoriaux,
journalistes, organisateurs de festivals…).
Enfin, évoquons les disparitions (rien que sur le territoire francophone
européen) de Pierre Joubert (illustrateur de romans pour ados), Maurice
Limat (scénariste et romancier populaire), Guy Vidal (scénariste,
rédacteur en chef de Pilote et directeur de collections chez Dargaud),
Jean-Marie Ruffieux (dessinateur de BD historiques), Marcel Denis
(un de ceux qui ont œuvré sur "Tif et Tondu" et "Barbe Noire"), Marc-René
Novi (dessinateur pour Marijac, Fillette, Lisette, Mickey…), de Jean
Pape (dessinateur d'innombrables pockets) et de Charles Dupuis (éditeur
du journal Spirou).
* Diversité dans les adaptations : la BD continue à être très
souvent adaptée dans d'autres formes d'art ou pour d'autres médias.
Au cinéma, elle est à l'origine
des succès qui culminent au top des entrées avec "Astérix" et "Spider-Man"
("From Hell", "Ghost World", "Blade", "Jean-Claude Tergal" et "Road
to perdition" sont aussi sortis en 2002 et de nombreux projets sont
en cours dont "Les Pieds Nickelés", "Jack Palmer", "XIII", "Bob Morane",
"Blake & Mortimer", "Blueberry", "Michel Vaillant", "Lucky Luke",
"Tintin", "Thorgal", "La femme piège", "Neige", "Tanguy et Laverdure",
"Monsieur Jean"…)
On retrouve aussi des BD sous forme de téléfilms
("Jeremiah" aux USA ou "Ric Hochet" en tournage), de dessins animés
("Corto Maltese", "Arzach", "Titeuf", "Lucky Luke", "Jack Palmer",
"Agrippine", "Petit Vampire", "Kaput & Zösky"…), de jeux vidéos ou
de société ("Astérix", "Thorgal", "XIII", "Lucky Luke", "Papyrus",
"Largo Winch"…), de comédies musicales ("Tintin"
adapté par l'écrivain Didier Van Cauwelaert, "Bob et Bobette" en flamand…),
de pièces de théâtre ("De cape
et de crocs"…), de produits dérivés…
Les images créées par les auteurs de BD sont aussi utilisées en politique
(mobilisation anti-Le Pen), pour la publicité
dans de grandes campagnes de communication ("XIII" pour La Française
des Jeux, "Boule & Bill" pour la Poste, "L'élève Ducobu" pour la Croix
Rouge de Belgique…) et sur Internet,
bien entendu. Enfin, de nombreuses expositions
lui sont consacrées ("Maîtres de la bande dessinée américaine" au
CNBDI d'Angoulême, "Au Pérou avec Tintin" au Musée du Cinquantenaire
de Bruxelles, "Reportages graphiques" au Musée de l'Homme à Paris…).
La BD apparaît donc comme un loisir intégré dans les pratiques culturelles
de l'Europe francophone et elle touche toutes les générations et les
couches sociales. Aujourd'hui, par exemple, plus d'un tiers des Français
lisent au moins un album de BD par an et disposent d'une bibliothèque
de plus de 10 titres. Ces chiffres sont révélateurs d'une légitimité
auprès de la population qui considère la BD comme éducative, originale
et populaire ; et si le taux de lecture des BD décroît avec l'âge,
il faut noter qu'il augmente avec le niveau d'études…
Informations et étude émanant de Gilles Ratier, secrétaire général
de l'ACBD (Association des journalistes et Critiques de Bandes Dessinées).
29/12/02.
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