Ekllipse n° 6 (Novembre - Décembre 2000)
de Eric Loze
Chez Ekllipse, il ny a pas de doute, on aime les pages bien remplies. Textes et illustrations inondent littéralement lespace et se bousculent sans cesse, souvent au détriment de la lisibilité. Dommage car cette politique de la mise en page (sur)chargée nuit parfois à des articles de qualité et très souvent pertinents.
Pour preuve, le programme de cette édition dEkllipse qui, malgré un solide méli-mélo graphique, ne manque vraiment pas dintérêt. Y figurent notamment des rencontres avec des grosses pointures comme Will Esner et le duo Schuiten-Peeters. Des auteurs qui ont fait de la Ville (avec un grand V) un élément central, une clé de voûte de leurs oeuvres respectives.
Les créateurs des Cités obscurs ont fait de leur série un chantier ouvert en permanence qui évolue sans cesse où lexpérimentation, la remise en question et le souci du détail sont des règles dor. Comme une ville, en somme.
Schuiten et Peeters aiment cette idée que chaque lecteur peut y faire son parcours, élaborer son propre système. « Quand mes copains lisent vos BD, cest un trip » sest exclamé le fils de Schuiten. Une phrase que les auteurs interprètent comme une envie de la part des lecteurs de saventurer dans de la BD différente où le cheminement est plus labyrinthique. Certains trouvent dailleurs les portes vers les Cités Obscurs grâce au web. Quantités de passionnés font évoluer lunivers de Schuiten et Peeters sur des sites qui ont reçu laval des auteurs.
Du monde virtuel à sa concrétisation, il y a un grand pas que Schuiten a pu franchir grâce à la réalisation de son Pavillon des Utopies pour lExposition Universelle dHanovre. Il raconte combien cette expérience qui a connu un énorme succès la touché.
Will Eisner, un des patriarches de la BD américaine, na exploré quune seule ville : la sienne, New York. Considéré comme le père fondateur du roman graphique, Eisner se décrit dabord comme un conteur dhistoires qui sont autant de tentatives dentrer en contact avec ses lecteurs par le biais de souvenirs partagés de la ville.
Une ville érigée en élément dominant dans laquelle évoluent des anonymes, des « gens invisibles ». Eisner voit la ville comme une scène de théâtre qui varie selon la mise en scène et léclairage. Restent les éléments du décor comme larchitecture et les édifices, qui ont immanquablement une incidence sur le déroulement des événements.
Bref, deux longues interviews très enrichissantes qui permettent de mieux cerner le travail dauteurs de référence qui ont transformé la Ville en un élément vivant du 9ème art.
Enfin, dans un tout autre genre, le lecteur intéressé ne pourra faire limpasse sur un article consacré au défunt magazine Pif Gadget dans lequel ont évolué des illustres personnages comme Gai Luron, le Concombre masqué ou encore Corto Maltèse ! Toute une époque...
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