Bo Doï N° 58 (Décembre 2002)
de Damien Perez
Aucun doute les Bidochons sont des icônes du rire, chantres dessinés dune forme dhumour unique, savoureuse, tour à tour tendre ou épaisse. Bref une série jamais égalée
et jamais imitée dailleurs, tant la recette du cocktail autobiographie déguisée + satire sociale documentée + économie précise du trait reste secrète et jalousement gardée par Binet. Comme on sait lhomme plutôt rare en interview, on se dit que lon tient là une belle occasion de détente, à deviser franchouillardise et France den bas en compagnie dun humoriste haut-de-gamme. Alors autant le préciser immédiatement : Binet, il le dit lui-même, na « pas un physique à la Coluche » et la bonne humeur de ce dossier se nichera plus dans les encarts illustrés que dans les propos de lauteur, dont le naturel parfois désabusé surprendra. Bien sûr, entre le récit dun récent contrôle fiscal et celui dune tentative de suicide, quelques éclairages inédits sur Les Bidochons viendront satisfaire lamateur avide. Mais lessentiel ne se trouve finalement-il pas dans ce troublant témoignage dhumanité que nous offre Binet, et qui vous emmènera avec simplicité dans les tréfonds de cette douce schizophrénie quest la création artistique ? Une interview étonnante, dautant que la couverture rose bonbon de ce numéro 58 laissait envisager plus de légèreté
Bien moins rose que la couverture du dit Bo Doï, lunivers impitoyable de la traite des bulles, avec dans ce numéro 58 une intervention de lun des acteurs les plus côtés du neuvième art, le désormais célèbre Jean-Baptiste, bédéphile repenti dont linfâme forfait fut de vendre aux enchères sa collection privée
et largement dédicacée. Bien sûr le collectionneur crie à lacharnement imbécile, en réponse à quelques auteurs, qui eux crient à lenrichissement facile. Lintervention du cinéaste Laurent Bouhnik, grand amateur de bande dessinée, vient heureusement tempérer les divers propos et replacer cette triste affaire dans son contexte premier : celui du « sale argent », à la base de tout échange commercial, fut-il artistique. Un éclairage plutôt juste et clairement désintéressé, et dont on espère quil sonnera le glas dune polémique inutile autant quhypocrite.
Avec bien sûr, foultitude dinformations indispensable, et plus particulièrement un copieux dossier consacré à Xavier Dorison, et de la prépublication en pagaille, avec le début des « Cris de Nortso », par Ronzon et Vanloffelt, la suite du « Bal de la sueur », par Cromwell, Riff Rebs, Ralph et Ruffner et la fin des « Eternels » (superbe jeu de mots involontaire) par Meynet et Yann.
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