Psikopat N° 135 (Juillet/Août 2002)
de Damien Perez
Pas besoin de laisser traîner son Psikopat sur la plage pour que le sable entre les pages lui donne du volume. Car à numéro double, double épaisseur, et lon naura pas le temps de sennuyer quon se le dise, puisque toute lépique à mis le paquet pour que les rictus durent deux mois au lieu dun.
Bien sûr le contenu sen retrouve un rien chamboulé, ponctué de quelques jeux délirants et autres surprises qui ne le sont pas moins. Mais malgré cette débauche de friandises estivales jamais sans doute le Psikopat naura à ce point fait montre dune véritable ligne éditoriale, encore que le terme ne soit sans doute pas très approprié puisquon lon parlera plus justement ici de sensibilité commune à la plupart des auteurs.
Carali, on le sait, a déjà une longue carrière derrière lui, entrecoupée déchecs mais aussi de quelques succès : autant dépisodes sur lesquels il aime dailleurs revenir dans son autobiographie dessinée et mensuelle. Lexercice, de plus en plus inspiré sur le long terme, présente donc à la sauce maison les années Pif Gadget, Hara Kira ou Charlie Hebdo. La culture actuelle, semble-t-il, intéresse assez peu Carali, qui botte en touche au profit de Mélanie Ka, plus au fait dans sa rubrique « Le panier de la ménagère » des dernières sorties BD, CD ou cinéma. Nostalgique et passéiste le Psikopat ? Peut-être bien.
Car y bien y regarder que nous propose-t-on dans cet imposant numéro de congés ? Lhistorique du Docteur Tutut, personnage emblématique du magazine Pif, dont Carali assure quil lui a été volé par Stéphane Collaro dans les années 80, une incursion délirante dans lunivers des X-Men par Bouzard, les aventures du Baron de Munchausen par Lerouge, une satire de Little Nemo par Sourdrille, un clone comique des contes de le Crypte par Winshluss et Katou, les délires tintinophiles de Pixel vengeur (on lon recycle Amedée Bill, autre création de Carali) et du Robert Crumb par Robert Crumb.
Bien sûr on trouve dans le Psikopat ses fameux dossiers dactualité. Bien sûr dautres auteurs travaillent dans une veine plus contemporaine, comme Rifo, mais ce besoin manifeste quont la plupart des dessinateurs du mensuel de recycler leur culture est assez étonnant. Et peut-être indispensable à tout parcours artistique. Il ne sert pas à grand chose de sy attarder, tant ce constat nest après tout révélateur de rien. Si ce nest quau delà de la déconne outrancière, Carali et son équipe savent parfois faire montre dhumour sensible et dune volonté quasi pédagogique dexhumation dauteurs parfois méconnus des bédéphiles les plus jeunes, comme Crumb ou Shelton. Ce qui est tout à leur honneur.
Psikopat - 43/73, rue de l'Evangile CP 91 - 75886 Paris Cedex 18 - France
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