Patate Douce N° 1 (Mai 2002)
de Damien Perez
Que voilà une belle surprise dans le paysage du fanzine haut de gamme, avec la naissance de ce « Patate douce » hautement comestible et dont la ligne éditoriale apparaît plutôt originale et diablement séduisante. Ne nous le cachons pas : certaines publications montées à grands coups de subventions publiques ne sont parfois rien dautre quune caution culturelle pour des pouvoirs publics en mal de reconnaissance
et loccasion pour des auteurs parfaitement hétéroclites de se livrer à de vains exercices de style dont la seule finalité est la satisfaction de se voir édité dans un patchwork estampillé BD se targuant même parfois davant-gardisme.
Eh bien rien de tout cela dans cette « Patate », douce, comme son titre lindique, avec foison de planches noir et blancs soignées qui toutes traitent dun unique thème, essentiel et fondateur : lenfance. Dès la couverture, le petit « Henri » (par Jean-Marc Mathis ) qui ouvre également le bal de ce premier numéro - installe une ambiance un brin poétique et nostalgique, où lon réfléchit soudain au sens de son quotidien à la lumière des jeunes années. On croit à une individualité de ton, et puis Charles Dutertre (découvert dans le Comix 2000 de lAssociation) enfonce le clou avec ses chroniques enfantines et paysannes, jusquà ce que « Louise », journal dans le journal, véritable cri de bonheur dun jeune papa à sa petite
Louise nachève de convaincre le lecteur quici on ne se la joue pas, on fait de la bande dessinée, pour les autres cest vrai, mais aussi beaucoup pour soi, pour raconter ces émotions simples qui finalement rassemblent si bien. Quelques productions de qualité complètent ce tableau, un rien différentes mais logiques dans leur complémentarité en fin de compte, puisquelle narrent les errements de deux jeunes adultes en proie au doute (« Dérives » par Michel-Yves Schmitt et « 6 ans après » par Big Ben). Lenfance, avec ce quelle comporte dinachevé nest jamais bien loin et le fait que ce rapport logique simpose prouve à quel point lon a réussi chez « Patate Douce » à instaurer un ton.
Et puis parce quon a le respect des auteurs disons confirmés, léquipe accueille à bras ouverts deux artistes qui comme par hasard véhiculent une incroyable poésie enfantine dans leurs uvres respectives : Geerts (« Jojo » chez Dupuis) pour un abécédaire franchement réussi et Michel Plessix (« Julien Boisvert », « Le vent dans les saules ») pour une histoire inédite, « Mine de rien », scénarisée par Dieter.
Une bonne surprise je vous dis. Et pour prolonger ça se passe du coté de www.patate-douce.com
Patate douce - Le Potager Moderne - 12, Groupe Ellen à 88000 Chantraine - France - Internet : http://www.patate-douce.com/ - e-mail : info@patate-douce.com
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