Bo Doï N° 50 (Mars 2002)
de Damien Perez
Lhiver agite encore les replis de son manteau neigeux que Bo Doï sort déjà ses bourgeons, SON Bourgeon plus exactement, puisquau delà de lhumour facile vous aurez bien sûr compris que lexcellent mensuel offre une tribune de choix à lauteur du Cycle de Cyann. Et le moins que lon puisse dire cest que lon nest pas trompé sur la marchandise. Car Bourgeon est à limage de ses productions : inclassable, touchant avec un bonheur égal à la fresque historique (les passagers du vent), au triptyque médiéval (Les compagnons du crépuscule) ou la saga futuriste (le Cycle de Cyann). Qui dit mieux ?. Lhomme, au fil des questions se révèle serein, évident de calme, de convictions, mais aussi dhonnêteté sanguine, qui fait quil ne cache rien de ses avatars passés et présents. De la brouille avec Jacques Glénat qui avait abouti à un procès - à son actuel conflit avec Casterman lauteur est sommé par décision de justice de livrer le troisième tome de Cyann- Bourgeon, lun des premiers à se battre pour ses droits dauteurs, campe lenvers du décors, celui des chiffres de vente, de lexploitation forcenée et parfois frauduleuse des images. Autant dépisodes attristants mais qui ne doivent pas faire oublier le fond de lhistoire, la base du débat. De superbes albums.
Quoi quil en soit, les démêlées de Bourgeon avec ses différents éditeurs résonnent de bien curieuse manière par delà les propos de trois auteurs qui ont franchis le pas de lauto-édition, suite aux même genre de problèmes. Et pas des moindres puisquil sagit de Jean Graton, Tabary, et Schetter - LE Schetter comme diraient certains sur le forum qui adorent dénigrer ;-). Au delà de linfluence sur le monde des neuvième art des dessinateurs concerné, ces trois entretiens sont remarquables. Plein de hargne constructive, de celle qui fait quon croit en soi et quon va tout gérer de A à Z. Trois parcours, trois individualités, trois véritables amoureux de la bande dessinée
pour une même envie de reconnaissance.
Avec en outre un article fort rageur, signé Christophe Arleston, en réponse aux maladroites déclarations de François Boucq, qui lors du dernier festival dAngoulême dénigrait purement et simplement le métier de scénariste. Sans trop déflorer le contenu du texte, jai trouvé sa tonalité tout à fait surprenante, toute empreinte dune indignation froide, exempte de cet humour léger, caustique, qui caractérise si bien le scénariste de Lanfeust de Troy. Cette mise au point est quoi quil en soit ponctuée de vérités bonnes à dire sans doute pas à entendre pour les concernés qui dénotent un agacement tout à fait compréhensible et justifié. En tant que simple lecteur, jadhère pour ma part à la rhétorique arlestonienne. Même si faisant fi de tout esprit de chapelle et de querelles sectorielles dont la bd na pas besoin, je me prend à rêver pour le prochain Bo Doï dun droit de réponse signé Boucq qui viendrait à point nommé apporter un bémol à son discours des plus blessant pour ceux qui, quoi quon en dise, sont des créateurs, dont le délicat métier consiste à camper des univers à la seule force de limagination. Ce qui nest pas moins ardu que de les cristalliser à la plume.
Avec coté prépublications, la fin de « Grunge en génétique », la deuxième partie de « Blackjack » et les nouvelles aventures du Gipsy (« Le rire aztèque » par Smolderen et Marini) avec son lot de cylindrées rugissantes et de pépées à la carrosserie rutilante, le tout complété dun copieux « Avant-première » magazine promotionnel des éditions Dargaud - inséré dans votre magazine favori et consacré à la nouvelle collection « Fictions ». Bigre ! Ca a été si dur que ça de négocier la prépublication de Gipsy ?
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