KOG N°1 (Octobre 2001)
de Damien Perez
KOG cest un nouveau mensuel de Science Fiction, LE nouveau mensuel de Science Fiction pourrait-on dire, tant lensemble, sur le fond comme sur la forme, apparaît riche et varié. Iconographie froide, glacée même, décors de sous-marin post-atomique, lécrin déjà invite au dépaysement, aux univers inédits. Léquipe pour sa part, bien au chaud de son bâtiment aquatique « vous souhaite une réception claire » de ce premier numéro dans un édito conceptuel et très obscur qui cherche délibérément à ancrer la publication hors du réel confortant. Peu ou pas de pub, des intervenants dont les portraits déformés dans de petits hublots font sourire, tout est réuni pour faire de KOG un objet plutôt quun magazine. Quant au contenu, rien de très nouveau finalement, toutes les rubriques que lon est en droit dattendre dune publication BD digne de ce nom sy trouvent : présentation des dernières sorties, planches estampillées SF etc etc. Si ce nest que le ton employé dans les tribunes de KOG est franchement libre et décalé. En témoignent les critiques BD et romans, diablement subjectives ce qui est un défaut ou une qualité selon le lecteur et une interview de Caza, le « grand ancien » qui finalement théorise mieux que léquipe rédactionnelle ce qui fut sans doute à lorigine de KOG.
Ici cest clair, on a une certaine conception non seulement de la SF, mais de la BD également. KOG est une sorte de super fanzine à grande distribution, ni plus ni moins , profitant dune publicité et dune mise en page soignée, mais un fanzine tout de même où des passionnés présentent leurs uvres, celles de leurs maîtres et débattent librement de ce qui leur plaît ou non dans la production actuelle. La dérive du fric et de la productivité sont allègrement pointées du doigt. KOG me semble se faire le chantre dun retour à lessentiel, à la création pure sans sembarrasser sur le moment de savoir si lon aura ou non du succès.
Caza le dit lui-même : « Dans les années 60/70 tout était encore à faire [
] à cette époque, nous avions la chance de pouvoir disposer de magazines qui étaient ouverts aux histoires courtes, aux débutants et aux expériences. [
] Un type qui commence maintenant, il faut quil aille chez un éditeur avec un projet de 46 pages minimum, et des planches déjà réalisées. Et cest encore mieux sil arrive avec un projet de série. ». Les planches publiées dans ce premier numéro sont donc diablement représentatives de cet état desprit un rien nostalgique. Peu ou pas de scénario, rien que des ambiances, certes magnifiques et servies par des dessins de haute volée. Les lecteurs avides de travaux conceptuels vont se régaler. Les autres risquent de rester sur leur faim. KOG, pour une bonne part cest de lexpérimentation, et des artistes qui se font plaisir. Cela pourrait être une critique. Là encore ça ne lest pas. Tout cela est varié avec de nouveaux talents et dautres plus anciens comme Toppi (quon en finit plus de connaître à force de lire quil nest pas connu
). La série phare KOG (Skie Ferranne et Igor-Alaban Chevalier) permet pour sa part de contrebalancer cette ambiance un rien élitiste daficionados de SF par une structure narrative plus classique. Bref, la lecture de ce premier de KOG est plaisante, mais un rien désarmante. KOG séduira sans doute les purs et durs de la SF. Mais pour sattirer de nouveaux lecteurs le sous-marin a peut-être intérêt à émerger pour ouvrir quelques écoutilles
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