COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU SYNDICAT
DES ÉDITEURS ALTERNATIFS
Le festival
d'Angoulême nous avait habitués à des crises, le plus souvent
automnales, au gré des variations politiques locales. Innovation
en 2015: la crise éclate au printemps, à l'occasion de la fin du
contrat qui liait l'association du festival à la société qui
l'organise, 9ème Art+.
La mairie d'Angoulême
exerce actuellement de fortes pressions sur l'association du
festival (FIBD) afin qu'elle ne renouvelle pas le contrat avec
9ème Art+, comme elle était en train de le faire à des
conditions qu'elle juge favorables. Les nombreuses prises de
position de Samuel Cazenave, l’adjoint à la culture et
nouvellement nommé Président de la Cité de la bande dessinée,
font craindre une tentative de contrôle, direct ou indirect,
d’un festival jusqu'alors indépendant. Pourtant, les auteurs et
les éditeurs sont majoritairement attachés à cette indépendance,
qui seule a permis de faire du festival la référence qu'il est
aujourd'hui.
À quelques heures
d'une réunion cruciale pour le destin de la manifestation, une
pétition surgit opportunément sur internet, fruit d'un groupe
baptisé, non sans indécence, « Les indignés de la bande dessinée
d’Angoulême ». Cette pétition, qui reprend presqu’à la lettre
les déclarations d'intention de Samuel Cazenave, laisse peser le
doute sur ses initiateurs. Car, hormis les deux anciens
présidents de l'association, Yves Poinot et Jean Mardikian, qui
endossent le rôle de porte-paroles, l'opacité est bien
entretenue sur ce « mouvement informel de citoyens, d’acteurs
culturels et économiques ». Il est pourtant possible d'apprendre
qu'on y trouve bien peu d'auteurs et d'éditeurs, pourtant
nombreux dans la région, et beaucoup de sympathisants de la
mairie…
Nous, éditeurs du
SEA, voulons dire notre consternation face à la manœuvre indigne
de ces "indignés". Nous voyons cette nouvelle tentative de
déstabilisation du festival avec découragement et ne comprenons
pas qu'on en soit encore à ce stade après 42 ans d’existence
d'un événement qui a permis de développer l’écosystème de la
bande dessinée tout en dotant la ville d’une réputation
internationale.
Nous plaidons pour
que le respect et la coopération soient le cœur d’une
manifestation qui dépense depuis toujours trop de temps et
d’énergie à lutter contre les velléités régulières de prises de
contrôle qui ont jalonné son histoire. À l’âge qu’il a atteint,
le festival n’appartient plus à personne, car il appartient à
tout le monde; il relève du bien commun. C’est par la
préservation des équilibres qui le sous-tendent que le festival
pourra conserver son indépendance, et par là-même la diversité
qui fonde sa qualité.
Nous souhaitons que
le FIBD reste indépendant et puisse, s’il le souhaite, prolonger
le partenariat avec 9ème Art+, un organisateur qui, s’il n’est
pas exempt de critiques, aura permis de porter la manifestation
à un niveau de professionnalisme et de rayonnement qu’il n’avait
pas auparavant.
Nous sommes enfin
portés à considérer avec perplexité des promesses déjà proférées
par une longue descendance d’élus locaux qui, en 42 ans, n’ont
pas trouvé nécessaire de doter le festival de structures
pérennes, entraînant ainsi des dépenses répétées annuellement et
contribuant à maintenir dans une forme de fragilité l’événement
majeur d’une ville qui se surnomme elle-même « La cité des
festivals ».
En espérant que
l’intérêt général finira par prévaloir sur les intérêts
particuliers, nous souhaitons longue vie au Festival
d’Angoulême, dont la ville et le milieu de la bande dessinée
pourraient difficilement se passer.
Les éditeurs du SEA,
L’Association,
Arbitraire, Atrabile, Bicéphale, Çà et Là, Cornélius, Dérive
urbaine, Éditions 2024, FLBLB, Frémok, Hécatombe, ION, Ici-même,
L’Apocalypse, L’Égouttoir, L’Oeuf, L’Employé du moi, La 5ème
Couche, La Cafetière, La Cerise, Le Lézard noir, Les Requins
Marteaux, Les Rêveurs, Matière, Misma, NA, Pré Carré, Rackham,
Radio as Paper, 6 pieds sous Terre, Super Loto, Tanibis, The
Hoochie Coochie, Une Autre Image, Vide Cocagne