Fabien Vehlmann serait-il enfin le scénariste de génie que nous attendions tous ? Pour sûr, il en a déjà l’odeur et le goût. Rien que pour s’être déjà gavé de son Green Manor, conteur de Bagdad ou autre Ian, il ne fait plus aucun doute que cela sent bien bon la relève et que moult lecteurs perdus, déviant vers le manga (Hérétique !) vont désormais pouvoir s’en retourner, grâce à lui, dans le droit chemin. Pour en revenir à la série qui nous concerne et pour les accros de la première heure, ayant découvert le marquis lors de sa première apparition, nul étonnement devant la qualité de ce quatrième opus. C’est parfait. Tout comme le bon vin, la série se bonifie avec le temps et chaque récolte nous fait oublier la précédente. Il y a là de l’aventure, du suspense, une écriture travaillée sans être pompeuse. Juste histoire de laisser au dessin le soin de raconter par lui-même. Un dessin maîtrisé, propre, technique, avec ce qu’il faut d’audace pour en faire un vrai dessin au style personnel et donc attachant. Bref un dessin autant d’artisan que d’artiste ! Le principe de la série est de démonter les veilles superstition et croyances qui stagnent à foison dans les campagnes du 18e Siècle. En ce sens, elle m’a fait songer à la série Scoubidou ou l’on poursuit (ou se fait courser) des heures durant par un soi disant fantôme qui ne se révèle, par ailleurs, n’être que le directeur du musée habilement grimé d’un masque de monstre. Mais là s’arrête ma comparaison. Car "Le marquis d’Anaon" n’est pas une bande dessinée pour les plus petits. Les situations sont cohérentes, logiques, plausibles et les réactions du personnage principal plus que réalistes. Nous avons là un vrai héros. Un héros qui a peur et qui se cherche, un héros qui doute et qui traîne un passé (comme un avenir) bien inquiétant, ce qui enrichit d’autant plus la série. De toute évidence, nous avons là un héros parti pour durer.