Les 9 critiques de Bert74 sur Bd Paradisio...

Après l'Enquête Corse, le pétillant Pétillon nous régale de nouveau d'une de ses BD follement drôle et affûtée autour d'un thème on ne peut plus "dans le vent". Car ce qui frappe le premier dans les histoires inventées par Pétillon, c'est sa connaissance hyper-pointue de l'actualité, et la facilité avec laquelle il arrive à la glisser dans ses albums. Son travail de dessinateur de presse lui apporte évidemment une base on ne peut plus solide sur la question. Dans "L'affaire du voile" il fait de nouveau mouche, et les situations et les gags dont il nous abreuve sont d'une véritable délectation car inspiré d'anecdotes souvent réelles (paraîtrait que le tapis de prière équipé d'une boussole existe réellement... avec GPS c'est pour bientôt alors ?). Ces aventures de Jacques Palmer au sein de l'actualité (totalement en phase avec même depuis "Un détective dans le Yucca) résonnent du coup parfaitement chez le lecteur. Et surtout, surtout, Pétillon n'est pas méchant. Il ne recherche aucunement la charge virulente mais plutôt à moquer gentiment les travers de ses contemporains par un humour décapant et irrésistible : imam modéré ou intégriste ; jeune musulman fanatique depuis 2 jours; délégués de Ministères; chirurgien égocentrique... Il les décrit tous avec une petite pointe de tendresse qui ne les rend jamais, vraiment jamais, antipathiques. Et c’est rafraîchissant.
Après le concert de louanges lu sur ce deuxième tome, j'espérais qu'enfin je pourrais être séduit par un scénario de Yves Sente... Hélas, j'avoue avoir de nouveau (après les Blake et Mortimer, et le premier Skarbek) trouvé l'album BD bien fade de ce côté-là. Le coup de force de la cascade de révélations, moment fort de l'histoire, est, somme toute, bien tiède, voir téléphoné, et le propos reste finalement lourd et pesant. On pourrait le pardonner si ce propos s'était mis au service du style, surtout qu'il y avait matière avec ces multiples flash-back et récits parallèles. Mais tout est là d'un académisme sans tache et sans jubilation, l'auteur s’assurant plus que le lecteur le comprenne bien plutôt que de faire appel à son intelligence. D'ailleurs preuve en est l'intervention ou la mention de personnages historiques, qui avaient su rester de subtiles allusions dans le premier tome, et qui se trouve dans ce deuxième tome assénées à coup de marteau-piqueur. Reste le dessin magnifique et enivrant de Rosinsky qui peut s'apprécier en tant que tel.
Plus ça va et plus je suis amoureux de cette BD et de son héroïne. Ted Naifeh construit lentement mais surement un univers extrêment solide et subjugant, et ce qui paraissait une BD de petites chroniques autour d'une apprentie sorcière (encore !) se révèle d'une grande richesse (on découvre peu à peu les règles, l'histoire et les liens entre le monde des sorciers et celui des Choses de la Nuit), mais le tout sans pyrotechnie inutile et alourdissante, et sans enchantement merveilleux : le monde de la magie est sombre et plutot inquiétant, en faire partie n'est pas plus facile au quotidien que de vivre dans le monde ordinaire, et à peine moins déprimant. Le dessin et le magnifique noir et blanc de Ted Naifeh participent complètement à l'ambiance opressante, mais palpitante, qui habite ses albums. Un grand merci à Akileos de nous permettre de suivre ces aventures (un petit bémol : j'aurais bien aimé que les couvertures des issues de la VO soit reprises en couleur dans l'album, mais bon...) En résumé, on pourrait dire que si Harry Potter avait sombré dans la Dark Fantaisy, il aurait à coup sûr rencontré la petite Courtney... et s'en serait pris plein sa tronche d'enfant sage.
Quel plaisir de retrouver ces personnages de fables, expulsés de leurs mondes fantasmagoriques vers le réel et contraints de tenter de recréer une société où ils auraient leur place. Rien que pour cette idée de départ, cette série mérite une grande attention. Sans atteindre la portée philosophique du Prométhéa d'Alan Moore (oeuvre qui elle aussi présentait une confrontation de l'onirisme et de la réalité), Fables vous fera passer un très agréable moment de lecture jubilatoire où vous pourrez vous rendre compte que Blanche-Neige, les Trois "petits" cochons, le Prince Charmant, ou même Boucle-d'Or ont depuis longtemps perdu leurs illusions. Ce deuxième tome, qui s'affranchit de la corvée réservé aux opus d'ouverture de présentation de l'univers et des personnages, est très prenant et lorgne du côté d'Animal Farm d'Orwell. On y trouve également une intéressante incursion des personnages de Kipling, preuve que quand on s'attaque au monde des fables, on peut ratisser large. Seul regret : dommage que le personnage principal du "grand méchant loup" du premier tome, soit ici obligé de prendre un peu de distance. Bon... Vivement la suite, quoi.
Vous qui avez adoré la série télé "MI5" diffusée par Canal +, venez découvrir une autre facette ultra-réaliste des services secrets de sa gracieuse majestée. A travers les histoires de l'agent Tara Chase (alias Gorille Deux), vous serez introduits au sein des S.I.S, les sections spéciales britanniques formées aux missions secrètes à l'étranger. Loin des james-bonderies de l'imaginaire collectif, les agents anglais essayent de faire leur boulot dans un monde chaotique loin de tout manichéisme, même pas sûrs d'oeuvrer dans le bon sens. Avec en toile de fond des opérations au sein des maffias russes ou des talibans, "Queen an Country" nous présente le quotidien professionnel des ces employés (presque) comme les autres : difficultés hiérarchiques, stratégies de positionnment, relations avec les partenaires (la CIA), gestion des ressources humaines, stress et déséquilibre psychologique... Cet excellent raconteur d'histoires qu'est Greg Rucka (Witheout, Gotham Central) nous sert des intrigues au petits oignons délicieusement commestibles sur les difficultés du travail quand on est un assassin en service commandé. Pas d'exploit ou d'acte d'héroïsme à attendre, juste des personnes essayant d'accomplir la tache qui leur a été confiée du mieux qu'ils peuvent, malgré les obstacles. Le dessin, fin et soigné, sans fioriture inutile, de Steve Rolston, accentue le parti-pris réaliste des scénarii, jusqu'aux physiques, assurément anodins, des protagnistes. Un seul regret : l'agent Tara Chase est apparement un personnage différent de l'espionne britannique qu'on rencontrait dans le premier "Witheout". Dommage, car le rôle aurait très bien pu être tenu par la même "personne", permettant ainsi à Greg Rucka d'assoir un univers de plus en plus complet...
Captain Biceps ne fait pas dans la dentelle. Ses auteurs non plus. Pourtant comment ne pas rire aux éclats devant ces gags tous très percutants et parodiant allègrement un genre qui pèche souvent par son absence d'humour ou de second degré, les comics de super-héros. On pourrait citer en référence la série TV "The Tick" de Bary Sonnenfeld (celui des Men In Black) qui maniait aussi l'humour complètement absurde dans un monde super-héroïque. Captain Biceps a en plus de taper directement sur les icônes du genre (les FF, Spidey, Batman et consor, mais aussi un Michael Jakson à l'honomatopée "spéciale" ou encore Terminator). A noter qu'un autre auteur, Cyril Munaro, s'attaque lui aussi au genre, dans des petits strips très drôles (faut quand même une certaine culture des super-héroïqueries de Marvel et DC) qu'on peut retrouver dans les éditions française des périodiques US. Pour en revenir au Captain Biceps, bien sûr, les blagues sont un peu lourdingues (mon fils de 4 ans adore), mais des petits strip verticaux en fin de planche font à chaque fois preuve d'un humour bien plus subtil et ravageur. Et certaines planches valent leur pesant de non-sens hypertrophié (les super-héros méconnus comme "nounoursman" ou "super-mal-gaulé", les super-pouvoirs inutiles, ...). Mais surtout l'album mets plusieurs fois en scène un nouveau type de super-héros (mon chouchou) : Pacific Man, l'ami des yaourts. Ce nouveau personnage justifie à lui seul l'existence de cette BD.
Quel talent ! Voila ce qui ressort de la lecture de la BD d'Eric Shanower, L'Age de bronze : un milier de navires. Voilà enfin toute l'histoire (7 volumes sont prévus) de la Guerre de Troie, l'autre Atlantide, enfin replacée dans sa vérité historique. Pas simplement une adaptation bédéphile de l'Iliade, mais une compilation documentaire fabuleusement riche de mythes antiques, de récits médiévaux et même d'une pièce de Shakespeare pour donner la lecture la plus réaliste de cette épopée. Grâce à un dessin d'une incroyable précision et une narration d'une redoutable efficacité, on est littéralement happé par cette histoire glorieuse. Sans concession à la "facilité mythologique" et à ses délires possibles, mais respectant les codes et les anecdotes (la folie feinte d'Ulysse, le talon d'Achille,...), Shanower nous livre là un travail de toute beauté dont la puissance et la portée subjugue (appuyé par l'excellente postface). Après des années d'overdose héroïco-fantaisiste, les auteurs de BD redécouvrent enfin les grands mythes antiques, berceau de la culture et de la civilisation occidentale, que ce soit par du relativement médiocre (Atalante), du très bon (La Gloire d'Héra, Tirésias), ou de l'excellentissime (L'Age de Bronze).
Juste un bémol en regard des louanges exprimées ici. Alors : oui, le dessin est agréable ; oui, le point de départ de l'intrigue est intéressant ; oui, il y a de l'action. Mais quel manque de profondeur dans le scénario, mon dieu ! Entre les raccourcis, le faible développement des caractères des personnages, et les nombreuses invraisemblances, on ne peut que regretter que les auteurs aient choisi autant de facilités pour mener une histoire qui semblait prometteuse au départ. Vraiment dommage...
Je viens de lire les critiques précédentes, et je tiens juste à apporter un bémol. Même si le scénario, le découpage, les dialogues et les dessins font du Messager une BD très agréable à lire, j'ai eu un petit regret : le scénario rappelle très fortement un film (très moyen) avec Antonio Bandéras qui est sorti il y a un ou deux ans sous le titre Le Tombeau. Même trame de l'histoire et quasiment mêmes personnages. M'enfin ! Van Hamme avait bien tout piqué à La Mémoire Dans la Peau pour écrire XIII, alors... Celà dit, et même si l'anedocte sur Hitler m'a aussi interpelé, ça reste une BD que je recommanderai autour de moi.

 
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