| A bout de souffle
Par Michel Deligne
Libraire - éditeur - fondateur de la chambre belge des experts en bande dessinée
En mars 1996, le Docteur Tomasi et moi-même avons terminé le manuscrit sur lequel nous étions occupé depuis
près de deux ans, manuscrit concernant les relations entre les aventures de Tintin et les romans de Jules Vernes.
Après l'avoir fait enregistrer chez un huissier de Bruxelles, nous avons pris contact avec Messieurs Goddin et
Tordeur de la Fondation Hergé et leur avons remis une copie du travail, qu'ils ont examiné à loisir. Une lettre
aimable de Monsieur Philippe Goddin nous a renvoyé à l'autre société Moulinsart, puis nous n'avons plus eu de
nouvelles pendant trois à quatre mois que nous avons employés à revoir le manuscrit et à l"étoffer" de détails et
preuves supplémentaires.
A ce moment, il était terminé et devait s'intituler "Le tour du Monde de Tintin dans l'Univers de Jules Vernes".
J'avais, à l'époque, clairement dit à Monsieur Goddin que si la société Moulinsart voulait le publier, nous en
serions très honorés.
Entretemps, une très grosse Maison de Presse de Paris nous a indiqué son désir de publier cet ouvrage à la
condition que la Fondation Hergé donne son autorisation pour la reproduction d'une bonne centaine d'images-clés
pour les confronter à celles de Monsieur Benett qui illustra l'oeuvre de Jules Vernes.
Ceci bien entendu facturé par la société Moulinsart et payé par l'éditeur parisien.
Pas de réponse !! Mais en juillet, 1ère lettre d'interdiction suivie le 30 juillet d'une seconde lettre attaquant "Le
Deuxième Souffle" (librairie tenue par Michel Deligne à Bruxelles, de renomée internationale) et lui réclamant
100.000 FB pour avoir publié dans les pages saumon des annuaires téléphoniques Belgacom, la publicité de la
librairie où apparaissait Tintin entouré d'autres personnages.
Ce genre de citation et de clin d'oeil est fait par tout le monde dans ce métier, pour les affiches de Festivals ou
autres, et cela a commencé du vivant d'Hergé qui considérait cela comme un hommage.
Hergé a participé dans le passé à deux émissions TV tournées dans les locaux de la librairie avec Benoït Lamy et
Gérard Jourd'hui : il leur fallait un décor approprié et à chaque fois, nous avons répondu présent ! ... sans faire
payer le moindre penny.
Face aux demandes exorbitantes de la société Moulinsart, je me suis immédiatement mis à la recherche d'un
avocat spécialisé dans les questions de droits d'auteurs car ils me menaçaient de m'envoyer le leur qui ne ferait
qu'une bouchée de nous ! (Dixit Monsieur Dominique Rifon, le chasseur de primes de Monsieur Nick Rodwell).
Yvan Delporte, le collaborateur de feu Peyo, m'a chaudement recommandé Maître Laevens qui a pris l'affaire en
mains.
Par la suite, j'ai été personnellement invité à rencontrer Monsieur Rodwell, suite à une lettre que Monsieur S.
Steeman avait écrite à Madame Fanny Rodwell, lettre dans laquelle il se déclarait indigné de voir la façon dont on
nous attaquait alors que nous avions toujours été corrects et les premiers à honorer Hergé et son oeuvre.
Au cours de l'entretien avec Monsieur Rodwell, il fut plus qu'aimable et pendant 1 heure 3/4, il ne fit que ma
saouler de chiffres astronomiques concernant ses affaires personnelles, la fabrication de tous les objets et
vêtements en rapport avec Hergé.
Il m'a fait visiter les trois étages dont deux que je connaissais du vivant d'Hergé et de Bob de Moor. Le souk aux
vêtements et gadgets, j'y ai eu droit sous toutes les coutures.
Monsieur Rodwell m'a suggéré de faire "amende honorable" et de renoncer à prendre un avocat ; sans doute
croyait-il m'avoir mis dans sa poche avec tous ses "bonniments".
Par la suite, une nouvelle lettre de menaces avec obligation de payer 25.000 FB pour notre pub dans le BDM
1997.
Il est à souligner que ces encarts publicitaires ont été créés en 1995 pour être publiés en 1996-97 bien avant
notre rencontre de mars 96 avec les responsables de la Fondation Hergé.
Quant à notre étude sur Hergé et Jules Vernes, elle est plus que jamais bloquée.
Monsieur Rodwell nous a signifié que nous pouvions la publier en employant le système Van Opstal qui fit le très
beau livre sur Hergé en néérlandais (format boîte d'allumettes pour les reproductions) ou alors il le gardait dans
ses archives et le publierait lui-même, avec notre collaboration, dans une collection qu'ils veulent lancer dans dix
ans !!
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