Interview de Jean-Pierre Gibrat
Le vol du corbeau



 

Interview de Jean-Pierre Gibrat, auteur de l'inoubliable "Sursis", à l'occasion de la sortie de l'album "Le vol du corbeau", paru dans la collection Aire Libre aux éditions Dupuis.

 

Attention, certains éléments repris dans cette interview pourraient donner des indications sur l'intrigue de l'album,
qu'il vaut peut-être mieux découvrir avant la lecture de la présente interview.

Jean-Pierre Gibrat, il aura fallu attendre près de trois ans après Le Sursis, pour Le Vol du Corbeau ?

Gibrat : Là, il est vrai que j'ai pris mon temps. J'avais déjà mis près de deux ans entre les deux tomes du Sursis. Ici, j'aurai mis environ six mois de travail en plus, mais cela reste raisonnable comme délai pour moi.

C'est l'écriture, la maturation de l'histoire ou le travail du dessinateur qui a pris le plus de temps ?

Gibrat : C'est vraiment le travail du dessin et de la couleur, sur laquelle je passe beaucoup de temps. En ce qui concerne l'histoire, je fais de toute façon ma trame de tous les épisodes et séquences. Je ne dialogue pas tout. Je dessine une vingtaine de pages et je redialogue quelques séquences. Je travaille ainsi, au fur et à mesure, et pas nécessairement dans l'ordre.

Le Vol du Corbeau peut-il être considéré comme une suite ou un appendice au Sursis ?

Gibrat : En fait, c'est une histoire qui peut exister entièrement indépendamment du Sursis. Mais pour les gens qui ont lu ce dernier, cela prend une dimension supplémentaire. On peut lire les deux de manière dissociée, mais on retrouve des liens entre eux, notamment certains personnages.

L'idée était donc de reprendre les mêmes éléments - notamment l'Occupation - mais de manière urbaine ?

Gibrat : Oui, tout en voulant néanmoins faire autre chose… avec le plaisir de dessiner Paris, par exemple. En imaginant le projet, j'avais envie que les deux histoires se renvoient, sachant que tout le monde attendait un peu une suite au Sursis. C'était marrant d'aller dans ce sens, mais de la manière la plus surprenante possible quand même. Ne pas faire une autre histoire avec Cécile. C'est plus compliqué que cela, tout en donnant satisfaction aux gens qui avaient envie que cela s'emboîte.

Paris est quasiment le troisième personnage de l'histoire, après Jeanne et François…

Gibrat : Oui. Cela faisait d'ailleurs plusieurs années que j'avais envie de faire des aquarelles sur différents endroits de Paris. C'était donc pour moi le cadre idéal pour le faire. C'est le plaisir de l'auteur également, de se faire plaisir à soi-même en choisissant les endroits qui nous plaisent pour raconter nos histoires. En l'occurrence les toits de Paris, le canal St Martin, le monde des péniches… Faire découvrir également des coins ou des points de vue que même les parisiens ne connaissent pas ou peu.

Il y a tout un travail de reportage derrière le travail de la création ?

Gibrat : J'y étais véritablement obligé, même si j'ai mélangé quelques éléments, notamment pour les boulevards de Paris. Je prenais des photos et des croquis de la ville, des canaux. J'avais procédé de la même manière dans Le Sursis, dans l'Aveyron.

Qui s'appuie sur qui ? Les décors s'appuient sur les personnages ou ce sont les décors qui font naître les personnages ?

Gibrat : C'est indépendant. J'aurais pu développer le principe de l'histoire dans n'importe quel décor, dans l'Aveyron ou à Paris ou ailleurs… C'est surtout mon envie de dessiner Paris qui a décidé des décors.

Le début de l'histoire voit la confrontation des deux personnages principaux, Jeanne et François. Un couple assez inattendu.

Gibrat : C'est un peu classique.. et en même temps, il y a deux ressorts : à la fois deux personnages qui n'ont rien pour s'entendre et évoluer ensemble, mais ça, on l'a déjà vu. Mais aussi dans une période où tout est plus compliqué… En installant le bon et le méchant, les gens qui se battent pour la bonne cause et ceux qui ne s'en préoccupent pas voire qui affichent un égoïsme assez flagrant, on se rend compte - en les voyant vivre - que le fossé n'est pas nécessairement aussi grand. Il y a des gens qui peuvent afficher des idées assez déplaisantes mais lorsqu'on les connaît mieux, on doit reconnaître qu'ils ne se comportent pas nécessairement moins bien que d'autres qui s'affichent avec de grandes idées de belles choses à défendre, alors que dans le quotidien, ceux-là sont parfois également capables d'être minable. C'est ça que je voulais montrer.

On se rend néanmoins compte dès les premières pages que François réalise un acte qui n'est pas désintéressé.. et que si le personnage du "mauvais" devient tout d'un coup si serviable et si gentil, c'est qu'il a aussi une idée derrière la tête.. ?

Gibrat : Sans doute. (rires) Je ne peux en dire plus pour l'instant. Il faut quand même noter que ce n'est pas uniquement pour ça qu'il revient et qu'il est gentil avec Jeanne, même s'il y a l'air de découvrir un élément qui change la donne. Les gens ne sont pas aussi noirs ou aussi blancs que ça. C'est bien pour ça que cette période m'intéresse. Dans cette période, on ne peut pas faire semblant. Aujourd'hui, on peut avoir un discours humaniste et se comporter tout à l'opposé, sans que cela ne se révèle ou ait des conséquences visibles.. du moins dans l'immédiat. Mais dans l'absolu, c'est beaucoup plus compliqué que ça. Certains peuvent réellement dire parfois des horreurs, mais en cas de coup durs, être les premiers à vous porter secours. Pour le personnage de François, je me suis inspiré d'un vieil oncle que j'avais à 20 ans, avec lequel tout nous séparait. On était à la fois très différents et malgré tout, une certaine complicité nous liait. Il était capable d'une grande générosité ponctuelle, avec des gens qu'il avait choisis, et parfois même bien davantage que certains autres que je connaissais et qui affichaient une espèce de générosité établie, de comptoir.. et finalement, ces derniers n'étaient pas nécessairement mieux au quotidien. En plus, François n'a pas peur de le dire, qu'il est lui-même un enfoiré…

Autour de François, il y a effectivement une famille choisie, René, Huguette …

Gibrat : Oui, contrairement à Jeanne, c'est François qui a choisi sa famille. Ca restera d'ailleurs assez flou. On ne sait pas trop d'où il vient, les autres ne lui posent pas trop de questions. J'aime beaucoup les personnages secondaires, comme dans les films des années 30-40, des seconds rôles que l'on voit quelques minutes mais dont on se souvient toujours lorsqu'on repense aux films… Je me suis donc régalé à imaginer et faire discourir les petits personnages de René et Huguette sur la péniche. Des couples dont on se demande parfois comment ils font pour se supporter.. et à la fois, si l'un disparaît, l'autre s'écroule… Ce n'est pas qu'ils se supportent, le plus fort, c'est qu'ils fonctionnent et sont bien comme ça..

L'Occupation est, si je puis me permettre, la même excuse que dans le Sursis, pour montrer le théâtre de la vie, alors que pour d'autres auteurs, cela peut être la science-fiction etc…

Gibrat : Oui, c'est tout à fait ça. L'Occupation, c'est ce qui fait que les personnages peuvent aller au maximum, donner le meilleur, ou le pire, d'eux-mêmes. Ils ne peuvent pas faire semblant. L'Occupation est à la fois un contexte important, et à la fois, elle reste en toile de fond. Jeanne dit d'ailleurs à un certain moment qu'elle n'arrive même pas à avoir des nouvelles du front, tellement les gens semblent s'en foutre. Et ce n'est pas loin, à mon avis, de la réalité de l'époque. Selon certaines sources, on recensait en 1943 environ 20.000 personnes ayant pris le maquis, c'est à dire environ 1 personne sur mille qui avait pris la décision de résister contre l'occupant. Cela veut un peu dire comment certains pouvaient réagir et en penser. Leur quotidien relevait plus des soucis de se nourrir, de se chauffer, etc.

Alors le personnage féminin, Jeanne…

Gibrat : …la soeur de Cécile…

On le dit alors, Jeanne est la soeur de Cécile. C'était assez dangereux effectivement de reprendre les mêmes critères esthétiques - puisqu'elle lui ressemble beaucoup - et de lui donner néanmoins un caractère résolument opposé, faisant d'elle ainsi peut-être un personnage un peu moins touchant…

Gibrat : Elles ne sont pas nécessairement opposées, mais en tout cas, différentes. Elle est peut-être moins touchante, en effet. Elle est plus dure, elle fait des choix manifestes, elle n'a pas envie qu'on lui marche sur les pieds. Elle est plus volontaire, plus résolue, mais fragile aussi. On le voit notamment dans la scène avec le petit garçon, où elle n'est pas très brillante. J'ai d'ailleurs hésité à faire ce passage et montrer à certains moments qu'elle est capable de ne pas être à la hauteur, voire même un peu minable. Elle ne le fait pas finalement mais elle y pense. C'est comme ça, je pense, qu'il faut décrire les gens, et c'est peut-être aussi ce qui les rend attachants.

Le lecteur sera-t-il aussi amoureux d'elle qu'il ne l'a été de Cécile ?

Gibrat : Aucune idée (rires). Je ne sais pas. J'ai essayé de la faire différente, mais on retombe souvent dans les mêmes critères esthétiques. Heureusement, je savais que c'était la soeur de Cécile, parce que sinon, cela m'aurait posé une véritable problème. En tant qu'auteur, je connaissais cet élément dès le départ. Mais il est marrant de connaître le mécanisme auprès du lecteur qui ne l'apprend que plus tard dans l'album. Au début, beaucoup pourraient penser que Jeanne est la soeur de Cécile, changer d'avis au fil de la lecture, et finalement se dire qu'elle l'est quand même.

Jeanne, donc, fragile tout en étant plus dure, qui est "presque" amoureuse, sans vouloir se l'avouer ou le laisser paraître…

Gibrat : Pas au début. Mais je trouve séduisants les gens qui manient le paradoxe en étant un peu drôle avec ça. François joue carte sur table, lui, il ne fait pas semblant de s'intéresser à ce qui ne l'intéresse pas. Il en fait même un numéro. En même temps, elle trouve cela détestable, mais en même temps, il a la franchise pour lui, outre le fait qu'il s'occupe d'elle.

Au départ, il la sauve et elle ne lui en est absolument pas reconnaissante, d'ailleurs…

Gibrat : Oui, et d'ailleurs, au début, il la sauve un peu par hasard. Dans mon esprit, si cela lui avait facilité les choses de la laisser, il l'aurait fait. Au début, il s'en fout. Et puis sur les toits, il ne la laisse pas complètement tomber non plus.

Justement, pour en revenir à la scène sur les toits, il ne s'y passe absolument rien. Tout est dans les dialogues entre les personnages. Il n'y a même pas de théâtre entre eux, une façon de se mouvoir. Tout est suspendu dans le temps, tout est dans le travail des dialogues, c'est un vrai travail de metteur en scène…

Gibrat : J'avais comme impératif de faire passer, à ce moment-là, ce qu'ils sont tous les deux. Lui fait tout un numéro sur le fait qu'il ne s'intéresse pas à la guerre et qu'à la limite, il cultive le paradoxe qu'il vaut mieux faire le mal en bon artisan que faire le bien à grande échelle, parce qu'il y a des dégâts collatéraux. Bien évidemment, ça l'arrange. Il n'a pas de grande philosophie à défendre, il n'a rien à défendre du tout, d'ailleurs. Mais il faut le culot de le défendre comme ça… Et Jeanne qui s'est engagée, ne supporte pas ce discours. Ce moment sur les toits permettait donc de camper les personnages, leur personnalité, ce à quoi ils croient, ce qu'ils vont faire, etc…

Les dialogues sont très travaillés, très ciselés. C'est quelque chose qui vous amuse ?

Gibrat : J'ai davantage de difficultés sur les textes « off » qui me demandent un vrai travail d'écriture alors que les dialogues coulent plus facilement, pour moi. J'en écris souvent plusieurs versions, mais cela me pose moins de problèmes. J'essaie de me mettre dans l'état d'esprit des personnages et de la scène et je me lâche comme si je jouais le personnage. Cela m'angoisse moins que les textes off pour lesquels le travail d'évocation et d'écriture doit être extrêmement précis. On a très peu de place dans les cartouches et il faut dire un maximum de choses en quelques mots.

L'humour est également très présent et très important dans cet album…

Gibrat : Je dois faire un peu attention de ce côté là. Cela peu être grisant de traiter les choses avec une certaine légèreté, mais il y a des moments où il faut se garder de le faire et rester sobre, et ne faire appel à aucun effet, ni humoristique, ni « poétique »,.. C'est toujours un tâtonnement et puis il y a des moments où l'on sent qu'on ne peut rien écrire d'autre. C'est LA phrase que l'on doit garder.

Est-ce que la maquette des séquences et bien définie dès le départ ?

Gibrat : Oui et non. Je m'attribue un certain budget de pages par séquence : la scène des toits, celle de l'installation sur la péniche, etc… mais souvent, je me laisse aller à écrire.. et je dépasse mes « budgets ». J'aime me laisser un peu de place pour des détails et des petites scènes « secondaires ». Par exemple : Huguette qui est saoulante tellement elle est en décalage entre ses petits problèmes quotidiens et la réalité du contexte. C'est ainsi que cet album aurait du être écrit en un tome, et il en fera deux.

On a très peu parlé du dessin jusqu'ici. Le dessin, c'est surtout la couleur et la lumière…

Gibrat : Oui, tout à fait. C'est très souvent de la couleur et pas assez de lumière, mais j'essaie… C'est une travail de longue haleine qui prend énormément de temps. Et c'est également très fatigant nerveusement. Plus je vieillis et plus je doute du dessin. J'ai souvent envie de refaire mes cases…et j'y passe pourtant déjà tellement de temps. D'autant plus que j'ai l'impression que je n'obtiendrais pas nécessairement beaucoup mieux si j'y passais encore plus de temps. Autant le travail du texte est dur, autant celui du dessin est angoissant pour moi. On veut toujours s'améliorer, faire mieux qu'avant.

C'est marrant pour un auteur qui dessinait avant sur les textes des autres.

Gibrat : C'est d'autant plus important que ce sont mes propres histoires. Je ne pourrais plus passer une telle énergie sur les histoires des autres. Le temps est tellement disproportionné entre le fait d'écrire une histoire et de la dessiner. C'est pourquoi je n'hésite jamais à réécrire un texte ou un dialogue, là où j'hésite davantage pour un dessin. Jusqu'au bout, j'ai réécrit des petits trucs ; notamment le fait que René parlait à la troisième personne ; ce n'est pas venu tout de suite.

Comment fait-on donc pour capter la lumière, puisque cela semble être une de vos préoccupations essentielles, et que l'on a retenu davantage depuis le Sursis ?

Gibrat : Souvent, je suis assez satisfait des premiers jus du démarrage de la couleur, ceux où l'on réfléchit vraiment en terme de lumières, là où on commence à placer les ombres ; les lumières restant en dehors du papier. Souvent, il y a un charme qu'on a du mal à conserver jusqu'au bout. J'essaie donc de raisonner dans le sens de la lumière. Je tente de conserver le plus longtemps possible une teinte ou deux pour finir ma planche, et de faire chanter ensuite les autres couleurs, mais en restant très sobre. J'ai d'ailleurs fait très attention au rouge, pour que le béret (rouge) de Jeanne soit réellement un signe de sa présence dans la scène. Je me suis donc interdit d'utiliser le rouge, chose assez difficile sur les péniches, sachant les couleurs parfois très vives que l'on peut y trouver.

Autre signe identifiant Jeanne dans cet album ; c'est sa chaussette (rires). Elle se promène avec une seule chaussure durant tout l'album.

Gibrat : Oui, c'est vrai. C'est une chose dont je devrai sérieusement m'occuper dans le second album (rires). C'est le genre de détail de la vie quotidienne que j'aime beaucoup développer.

Avec l'âge et le métier, est-ce que la façon d'aborder la sensualité change ?

Gibrat : Je ne sais pas. Il y a une espèce d'honnêteté qui vient en vieillissant que l'on a peut-être pas à 20 ans, où l'on essaie toujours de faire un peu le malin. Plus on vieillit, plus on trouve qu'il vaut mieux être honnête en avouant qu'on ne comprend pas grand chose, que les choses nous échappent ou que l'on est séduit par elles. Je pense que je n'aurais pas pu mettre en scène des personnages féminins de la même manière à 30 ans que maintenant, quand même !

Pinocchia, cela pourrait encore se faire maintenant ?

Gibrat : Oh non ! Je suis même gêné de parler de ça, j'étais très malheureux du contenu quand même. L'idée de départ n'était pas mal, mais cela n'a pas atteint ce que cela aurait pu être. J'aurais envie de raconter une histoire érotique, mais avec une vraie dimension, parce que c'est un truc qui existe dans la vie, alors pourquoi ne pas en parler. Mais arriver à en parler avec une espèce d'honnêteté, de dignité, de justesse.

Un mot de la suite, pour conclure, sans trop en dévoiler ? Qu'est ce qui va motiver le lecteur pour le second tome ?

Gibrat : On va davantage entrer dans le monde des mariniers, des bateliers, des éclusiers, monde assez méconnu, d'autant plus durant l'Occupation. Cela se passera beaucoup en province, pas très loin de Paris. Il y a plein de détails de la vie assez marrants et intéressants à raconter. Par exemple, lorsque vous faites un aller-retour sur un canal, en passant par une écluse et que vous commencez une discussion avec l'éclusier, au retour, vous reprenez la discussion là où vous l'aviez laissée ; du genre « Et alors, comme je te disais… ». C'est très marrant. Plein de petits détails, tout en suivant le fil de l'histoire. On revient à Paris pour la fin.. parce que finalement, le Vol du Corbeau commence là où finit le Sursis…

Une petite explication sur le choix du titre : Le vol du corbeau ?

Gibrat : Je ne peux pas encore la donner pour l'instant. On comprendra dans le second tome. Pour le Sursis, j'avais trouvé immédiatement. Pour celui-ci, j'ai longtemps hésité entre 4 ou 5 titres. Notamment avec "L'ancre bleue", jouant sur l'ancre et l'encre… Mais je n'ai pas osé, notamment à cause du magnifique "Cahier Bleu" de Juillard ou "La Bicyclette Bleue"… J'ai donc abandonné l'idée et choisi le Vol du Corbeau qui sonnait très bien pour cet album.

Comment abordez-vous la réalisation du second tome, maintenant que le premier est fini ?

Gibrat : Quand on aborde un second tome, c'est comme les années scolaires. Quand on finit une année, on a quelques regrets. On se dit qu'on aurait pu faire mieux. Quand on recommence et qu'on a des cahiers tous neufs, on a l'impression qu'on va mieux travailler, mieux écrire, qu'on va bien ranger son cartable tous les soirs. C'est la même chose pour la BD. On fait un trait sur ce qui a été fait et on prend un nouveau départ. On se dit que les faiblesses qu'on a eues, on ne les aura plus, etc… Même si l'on sait pertinemment qu'il y en aura d'autres évidemment. On remet le compteur à zéro et c'est agréable. On a l'impression qu'on a plus à assumer ses précédentes erreurs et que l'on va être jugé sur un autre truc.

Merci beaucoup.

 

Interview réalisée par Thierry Bellefroid
Dossier réalisé par Catherine Henry

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