Cette interview de Franquin
a été réalisée peu avant la sortie du dernier
album de Gaston, Gaffe à Lagaffe, sorti aux Editions Marsu-Productions
en cette fin d'année 1996. Suite au comportement
abusif de la maison Marsu Production, toutes les images illustrant la présente
interview ont été supprimées.
Interview prémonitoire s'il en est de même ce dernier album sorti comme un au-revoir de la part d'un des dessinateurs qui aura amusé des générations d'enfants et d'adultes-enfants. Lorsqu'il apparait pour la première fois dans le beau journal de Spirou, le 28 février 1957, Gaston n'a pas encore la dégaine qu'on lui connait aujourd'hui. Il est raide comme un piquet et porte le noeud papillon. Sa naissance est presque le fruit du hasard. Franquin avait envie de sortir un peu des aventures de Spirou et Fantasio. Il lança alors une proposition au rédacteur en chef Yvan Delporte. Franquin : J'ai dit un jour : on devrait
faire dans le journal un personnage qui est trop bête pour être
un héros.Alors il a dit : oh oui ! Au départ donc Gaston n'est qu'un personnage secondaire pour Franquin. Pendant 10 ans, il se fera d'ailleurs aider par Jidéhem pour dessiner les décors des gags. Puis de plus en plus, Franquin va s'investir dans Gaston et y donner le meilleur de lui-même. Franquin : J'ai été un
maniaque mais vraiment excessif, pendant des années même.
Chaque dessin, chaque attitude, je faisais des brouillons étonnants. Franquin fait évoluer Gaston dans une rédaction de Spirou qui doit beaucoup plus à son imagination qu'à une observation détaillée et dans cet univers clos il se montre d'une ingénuosité fabuleuse pour se renouveler en permanence. Franquin : Mais c'est plutôt un habitude de recherche et d'inspiration. Ce qu'il faut dans une rédaction comme cela, c'est pas toujours le même truc. Justement, un gag, c'est y apporter quelque chose qui est parfois inattendu : un objet idiot, un poisson, la nourriture de Gaston qui veut manger en travaillant et il faut y amener des choses qu'on ne s'attend pas à y voir. Dans les années 80 pourtant, le rythme de production des gags se ralentit pour stopper net en 1986Car Franquin s'est lancé dans une série de dessins animés pour la télévision avec de nouveaux personnages, les Tifous. L'expérience mobilise toutes ses forces et a de facheuses conséquences pour son célèbre gaffeur. Franquin : C'est devenu un tel travail que j'ai du cesser Gaston et j'ai perdu le rythme. Quand j'ai repris un petit peu, j'ai eu beaucoup de mal. J'ai plusieurs gags de Gaston que je n'ai jamais fait, certains que je n'ai jamais finis. J'ai eu des problèmes.Il y a un rythme qui s'était perdu. Que je regrette car j'aurais aimé faire mille planches de Gaston (re-re rires). Et puis ne pas mentir comme j'ai menti longtemps en disant : - ah si,si l'année prochaine il y aura un album de Gaston ! Et je mentais de bonne foi mais je mentais. Comment considérez vous cette sacralisation que connait aujourd'hui le 9ème art ? Franquin : On s'en fichait quand on a commencé mais quand on a commencé, la bande dessinée était vraiment méprisée. En France un peu plus qu'ici parce qu'ils sont plus littéraires. Mais maintenant on a pris la bande dessinée très au sérieux. Je trouve que la vedette d'une bande dessinée c'est le héros, c'est pas le dessinateur. Je ne suis pas une star, bon Dieu, mince la star, c'est... Gaston ! (propos receuillis par Hugues Dayez et retranscripts avec son aimable autorisation). |
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