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" Rochecardon"
- T. 2 des "Histoires d'en Ville" d'Olivier Berlion.
Chez Glénat.
Deuxième volume de ces "Histoires d'en Ville" et confirmation
évidente d'un talent. Il y a longtemps qu'on sait que Berlion
est un dessinateur original en continuelle recherche. La "révélation"
était venue en 1999 de la lecture de "Lie-de-Vin",
chez Dargaud. L'album salué tant par la critique que par le public
devait beaucoup aux couleurs directes de Berlion, un dessinateur
que l'on croyait jusqu'alors destiné à rester cantonné aux histoires
et aux ambiances enfantines des deux séries ("Le
Cadet des Soupetard" et "Sales
mioches") concoctées par son unique scénariste, Eric
Corbeyran.
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Mais le travail sur le dessin cachait une vraie préoccupation
d'auteur. Berlion rêvait d'autre chose : raconter une histoire
à lui, inventer son univers, de A à Z. "Rochecardon"
n'est pas terminé mais on peut déjà dire que le Lyonnais a gagné
son pari.
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Certains dessinateurs restent des dessinateurs, quoi qu'ils fassent.
Leurs histoires sont poussives, convenues, creuses. Celle de Berlion
est intéressante, intriguante, menée sur un rythme parfait, sans
temps mort et sans empressement excessif. Des dialogues qui sonnent
juste, une intrigue qui se déroule petit à petit, avec son lot
de surprises, une sorte de vraie-fausse enquête policière. Et
puis surtout, il y a ces personnages, tous attachants, parce que
tous ont leurs faiblesses.
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Olivier Berlion construit sa trilogie avec un véritable talent
de metteur en scène. Les cadavres s'empilent sous le terrain vague
de Rochecardon et plus il y en a, moins le lecteur se laisse prendre
aux fausses évidences et aux pistes uniques. La vérité de cette
histoire sera plurielle. Elle sera nuancée aussi, forcément, comme
le sont les personnages principaux, pris dans la toile de la vie
et dans leurs contradictions.
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Après avoir suivi le point de vue d' Alfonso
dans le premier livre, l'auteur s'attache à sa jeune compagne, Karima.
Mais ce changement de centre de gravité n'empêche nullement l'intrigue
de se dérouler sous nos yeux ; l'histoire semble se raconter d'elle-même.
Il fallait une sérieuse maîtrise du scénario pour y parvenir. Ce
qui n'était encore qu'une promesse à la lecture d'un premier album
somme toute aujourd'hui moins "innocent" qu'il y paraissait
est désormais un acquis.
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Thierry Bellefroid.
Images Copyrights
© Berlion - Glénat 2001
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