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chaque fois, c'est la même chose : selon une stratégie de marketing solidement
éprouvée, rien ne filtre sur le nouvel album d'Uderzo et , à une date déterminée
, 3 millions d'exemplaires en langue française (8 millions au total) inondent
le marché... La presse reçoit l'album en question le même jour, et ce qu'elle
écrit n'a pas d'importance : des milliers d'albums ont déjà trouvé preneur...
Pour le 31ème album, intitulé «Astérix et Latraviata » , la date fatidique
de sortie est fixée au 14 mars prochain.
Mais le secret de cet album, mieux gardé qu'un dossier de la Défense Nationale, est éventé : Hugues Dayez, journaliste culturel à la RTBF (et auteur par ailleurs de "Le Duel Tintin-Spirou" et de "Tintin et les héritiers") a lu cet album, plus de 15 jours avant sa sortie. Impressions à chaud... Qu'on se rassure : "ASTERIX ET LATRAVIATA" n'emmène
pas le petit gaulois dans le monde de l'art lyrique : "Latraviata"
est le nom d'un nouveau personnage. Plus précisément, il s'agit d'une
comédienne romaine que des conspirateurs de l'empire ont déguisé en Falbala.
Ainsi grimée, Latraviata doit inflitrer le petit village gaulois pour
récupérer le glaive et le casque de Pompée, le rival de César. Ce glaive
et ce casque ont été offerts par les mamans ( !) d'Astérix et d'Obélix
pour leur anniversaire respectif.... Falbala alias Latraviata va semer
la zizanie dans le village, à tel point qu'Astérix, frappé au cours d'une
dispute par Obélix, perd la mémoire... Soigné par Panoramix le druide,
Astérix saute alors dans les airs comme Superman, sous les regards inquiets
de Praline et Gélatine (les mères des héros précitées). Ce que j'en pense : résumé de la sorte, ce 31ème album ressemble à un salmigondis indigeste de petites idées mises bout à bout pour tenir péniblement la distance des 44 pages. Mais ce résumé est fidèle : "Astérix et Latraviata" EST un salmigondis, un scénario poussif qui vient rappeler, par contraste, combien Goscinny était grand. Mais plus encore que la maladresse de l'intrigue, c'est la platitude des dialogues qui frappe : alors que des dizaines de répliques de Goscinny sont entrées dans l'histoire de la BD, on serait bien en peine d'en retenir une seule de cet album. Heureusement, à près de 74 ans, Uderzo dessinateur n'a pas complètement perdu la main... Mais pour des raisons de manque de souplesse dans le doigté, il est forcé de confier l'encrage à un assistant, Frédéric Mébarki, qui n'a pas le pinceau aussi agile que le Maître à sa grande époque... En définitive, "Astérix et Latraviata" est un album qui fout le cafard : pourquoi Uderzo, dont le patrimoine personnel est très confortable, se sent-il encore obligé de pondre un nouvel opus ? Ce faisant, il ne fait que ternir une série mythique. Vite, allons plutôt relire "Astérix et les bretons" ou "Le domaine des Dieux" pour se redonner le moral... Hugues DAYEZ Images Copyrights © Uderzo & Goscinny - éditions Albert-René 2001 |
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