|
"USS
Nebraska" tome 1 de Sanctuaire par Xavier Dorison
& Christophe Bec
(Humanoïdes Associés).
Comment ne pas penser à Jules Vernes au moment d'aborder cette
BD ? Jules Vernes qui a lui-même livré sa vision des abysses et du
fantastique. Jules Vernes qui a sans doute bien plus influencé le
cinéma qu'on ne l'imagine. |
|
|
Et si à l'heure d'écrire ces quelques lignes, je pense au septième
art et à ses influences dans la littérature, c'est parce que Xavier
Dorison fait partie des auteurs de bande dessinée qui lui doivent
tout. Du "Troisième
Testament" à "Prophet",
on retrouve la même écriture cinématographique chez ce jeune scénariste.
Et je ne serais pas étonné qu'il finisse un jour par écrire ou réaliser
lui-même un film ; il en a l'étoffe. |
Pourtant, on dit souvent qu'une bonne BD est une histoire que seul
le medium de la bande dessinée peut raconter, qui n'a sa place que
dans la narration dessinée. Dorison et Alice ont prouvé depuis quelques
années qu'il y avait moyen de faire du très bon cinéma sur papier.
Ne manquent ni le découpage redoutable, ni les cadrages intelligents,
ni le suspense, ni les effets spéciaux. Et finalement, quel que soit
le dessinateur qui exprime les idées de Dorison, il y a toujours la
même vision qui est comme une griffe personnelle. |
|
|
D'aucuns objecteront que Xavier Dorison recycle les mêmes recettes.
Son imagination semble stimulée par les énigmes à la Indiana Jones.
Archéologiques et souvent théologiques. Du fantastique mâtiné d'aventure
que des héros mal préparés subissent autant qu'ils le défient. C'est
encore le cas dans ce sous-marin, confronté à un mystère scientifique
majeur. Des maladies qui apparaissent de manière foudroyante sans
aucune explication, des membres de l'équipage qui commettent des actes
inexplicables, une vieille épave qui est comme un rébus à déchiffrer.
Et une grotte sous-marine (on dit un machélodon, j'ai appris ça en
lisant cette BD) qui n'a encore presque rien livré de sa mystérieuse
origine. |
Les ingrédients s'emboîtent, de manière peut-être un peu complexe
au début, et vous emmènent, 20.000 lieues sous les mers, sur les traces
de Babel. C'est captivant, tout simplement. Et rudement bien documenté.
Dorison joue comme dans "Prophet" sur les illustrations
pleines pages pour envoyer à la figure du lecteur quelques-unes des
images les plus fortes (c'est le cas en pages 8 /9, mais surtout,
en pages 22/23) et manie les ingrédients du huis-clos avec beaucoup
de savoir-faire. L'intensité dramatique dépasse de loin l'expérience
similaire menée dans la série "Les Aquanautes" (deux volumes
parus chez Soleil). |
|
|
Le dessin de Christophe Bec est quelque peu rugueux et rebutera
peut-être quelques lecteurs potentiels. Pourtant, en dépit d'une certaine
aridité et de quelques profils parfois vraiment trop cinématographiques,
Bec brille par son efficacité. Il le prouve notamment avec une couverture
très réussie ! |
Thierry Bellefroid.
Images Copyrights © Dorison
& Bec - Les Humanoïdes Associés 2001
|