|
"Rodrigo"
Tome 12 de la série "Bois-Maury"
par Hermann & Yves H.
(Editions Glénat)
Sans doute le plus bel album depuis les débuts
des "Tours de Bois-Maury", en 1984. Avant de le lire,
je l'ai feuilleté, page par page, pour le plaisir d'entrer dans
le dessin d'Hermann. Les couleurs, comme à l'accoutumée, sont un
véritable régal, même si de temps à autre, il m'a semblé qu'un rien
moins de bleu n'eût pas nui à l'ensemble.
|
|
|
Mais il y a surtout ces cases magiques où l'on
se dit que personne ne peut faire mieux. L'arrivée à Tolède, page
8 ; les rêves de Rodrigo, pages 13 et pages 28 à 31 ; les deux premières
vignettes de la page 26 ; la vue de Cordoue à la page 32 et celle
de Grenade à la page 40 ; la scène dans la Mezquita de Cordoue à
la page 33... sans parler de l'équilibre qui règne à l'intérieur
même des planches ni du découpage sans faille qui saute aux yeux
!
|
Et puis j'ai lu. Je suis entré dans cette histoire
avec une aisance déconcertante. Les deux personnages principaux
sont parfaits. Ce n'est pas un hasard s'ils sont père et fils. Le
scénario est signé par le fils de Hermann avec qui il avait déjà
réalisé " Liens
de sang" dans la collection Signé des éditions du Lombard,
une autre BD marquée par les liens de la filiation. Yves H. signe
ici un scénario brillant, surprenant aussi, au regard des précédents
opus de la série.
|
|
|
L'histoire est à la fois magnifique et universelle
parce qu'elle ne se contente pas de verser dans la fresque historique.
Le combat des "Castillans" contre les Maures d'Andalousie,
les hésitations de certains religieux à suivre la haine du musulman
professée par le haut-clergé, leur admiration face à une culture
qui a élevé l'art, la poésie et la science au plus haut alors même
que la vieille Europe a sombré dans un certain obscurantisme...
tout cela constitue une fabuleuse toile de fond à ce récit espagnol
situé en 1325 !
|
Un récit qui est par ailleurs parfaitement dans
l'esprit de la série. L'époque, les lieux, les personnages n'ont
rien de dissonant. Bref, cette association père-fils trouve tout
son sens dans cet album où l'aîné a pu donner le meilleur de lui-même
dans le dessin et le plus jeune a jeté un regard neuf sur le scénario.
|
|
|
On regrettera juste le recours à une ficelle grosse comme un
câble d'ascenseur : les révélations du "méchant" en
fin d'album qui donne la clé de l'énigme vite fait, entre deux
râles. Mais pour le reste, un grand album !
|
Thierry Bellefroid.
Images Copyrights
© Hermann & Yves H- Glénat 2001
|