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" Powers"
Tome 1, par Brian Michael Bendis et Michael Avon Oeming
Chez Semic Books.
Après le remarquable Sam & Twitch, on ne peut que se féliciter
de retrouver un scénario signé Brian Michael Bendis chez Semic.
D'autant que "Powers" est loin de décevoir le lecteur
avide de polar américain mi-fantastique mi-réaliste. Bendis, à
la manière d'un Alan Moore,
joue sur les superhéros pour mieux les détourner de leur fonction
initiale.
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Son intrigue repose sur le meurtre inexplicable de Retro Girl,
une justicière aux super pouvoirs qui est l'une des héroïnes de
l'Amérique. L'enquête est confiée à un excellent duo. D'un côté,
une montagne de muscles au passé mystérieux, l'inspecteur Walker.
Au début de l'histoire, il est appelé à jouer les négociateurs
dans une affaire de prise d'otages pas ordinaire. Mais c'est surtout
au retour de cette mission qu'il va découvrir ce que la vie lui
réserve.
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Son nouvel équipier est une femme. Elle a fait partie des Swaps
et demandé sa mutation pour faire équipe avec le célèbre Walker.
Le couple est bancal et l'esprit d'équipe y est inexistant. Deena
Pilgrim passera plus de temps à apprivoiser Walker et à découvrir
ses secrets qu'à faire avancer l'enquête.
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Dans un monde où les superhéros ne tiennent que les seconds
rôles, Bendis déroule sur le même ton son intrigue principale
et une série d'histoires parallèles destinées à donner de l'épaisseur
aux personnages. L'ensemble est captivant et d'une grande cohérence.
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Pourtant, le découpage très américain n'est pas toujours aisé
à suivre pour un lecteur de BD biberonné aux albums franco-belges.
Succession de très petites cases et de pleines pages, ruptures
de rythme continuelles, ellipses parfois redoutables, planches
racontant à la fois l'action elle-même et les programmes télé
en continu (pendant 21 pages, par exemple, une succession de vignettes
nous fait vivre en bas de page le programme de la chaîne locale
et nous distille ses informations parallèlement à l'histoire),
phylactères en chaîne se tenant à huit ou dix dans la même case...
tout cela est déroutant. Mais mené de main de maître. Et comme
le dessin de Michael Avon Oeming est d'une efficacité parfaite,
on se laisse emmener dans cette étrange enquête d'une grande densité.
144 pages qui valent au moins une heure et demie de cinéma.
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Thierry Bellefroid.
Images Copyrights
© Bendis & Oeming - Semic 2002
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