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Case 1 : Retour
dans le passé.
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Nous sommes maintenant en 1975. Plan sur le visage
de Joshua après 4 ans de captivité chez les vietcongs. Son regard
est fixe, perdu dans le vague, le contour de ses yeux creusés, menton
collé contre sa poitrine chétive. Ses cheveux sont longs, informes,
partant dans tous les sens. Sa barbe est dans le même état, complètement
hirsute. Son visage est terriblement émacié... tout son corps est
devenu incroyablement maigre. C'est un zombie, dans un état encore
plus triste que dans le tome 1. Une mouche est en train de se promener
sur son visage impassible, entre l'oeil et la narine... Il porte
toujours le même pyjama de prisonnier.
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Le petit commandant : Mais,
camarade... ce sont là d'incomparables réussites... |
Case 2 : Plan de
la cellule du tome 1. |
Joshua est assis sur son lit, impassible, de 3/4 face. La mouche
continue de marcher sur son visage. A côté de Joshua, debout, le petit
commandant Vietcong et un vietnamien, portant une élégante veste à
col Mao et un pantalon, noirs tous les deux, de grandes oreilles,
des petites lunettes rondes... et une serviette en cuir sous le bras.
Il est maigre, très raide. C'est un commissaire envoyé par le parti
communiste.
Le petit commandant montre Joshua de la main, l'air déconfi... déstabilisé,
plaidant sa cause. Le commissaire reste impassible. |
Le petit commandant : L'irréfutable preuve du pouvoir immense
de la psychologie ! |
Le petit commandant : Pourquoi me demandes-tu de m'en débarrasser
? Le parti peut être fier de ce que j'ai accompli !!! |
Le commissaire : La guerre est finie, commandant. Ce qui servait
le parti hier, peut, aujourd'hui, le desservir !!! |
Case 3 : Joshua,
de profil, la mouche est en train de marcher le long de sa lèvre supérieure...
Logan ne scille pas. |
Le commissaire : Vois ! Nos dirigeants ont promis la libération
de tous les prisonniers américains ! |
Le commissaire : Imagine que nous leur rendions ces "choses"
aux cerveaux anéantis ?! Que penseraient le monde de telles abjections
? |
Case 4 : Plan sur
le visage inexpressif du commissaire vietcong. |
Le commandant : Camarade, voyons... le parti se moque bien de
savoir ce que pense le monde... |
Le commissaire : Officiellement exact, commandant ! Mais officieusement,
nos dirigeants souhaitent que certaines "tâches" ne viennent pas ternir
leur victoire ! |
Case 5 : Même
plan que case 3, mais petit zoom avant, alors que la mouche vient
de passer sous le nez de Joshua et s'apprête à monter sans effort
sur la pointe du dit nez. |
Le commissaire : Ils veulent que l'horreur reste associée aux
seuls américains.
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Le commissaire : Des millions de personnes à travers le monde
ont manifesté en notre faveur contre le napalm et le massacre des
innocents !!! |
Case 6 : Plan sur
le petit commandant Vietcong, de plus en plus déçu, grimaçant, suppliant,
alors qu'à côté de lui, le commissaire reste d'une totale impassibilité..
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Le commissaire : Notre pays est exsangue, commandant... Nous
avons besoin que le soutien de ces gens nous reste acquis ! |
Le commissaire : Ne leur donnons pas de raisons de se retourner
contre nous ! |
Le commandant : Mais, camarade... c'est... c'est injuste...
je... je comptais publier le résultat de mon travail ! Je... |
Case 7 : Même plan que case 3 et 5,
mais cette fois zoom arrière alors que la mouche s'envole du front
de Joshua, perturbé par le soudain hurlement du commissaire. |
Le commissaire : C'EST UN ORDRE, COMMANDANT !!! |
Case 8 : |
Au premier plan : Le commissaire s'avance vers nous en ayant retrouvé
son calme parfait.
Au second plan : Le petit commandant, les épaules basses, les bras
serrés le long du corps, baissant la tête en un au revoir plein de
déception.
Au troisième plan : Joshua, assis sur son lit, zombie amorphe, au
regard perdu.
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Le commandant : Bien, camarade... |
Le commandant : Il en sera fait selon ta volonté !!! |
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Case 1 : Nous sommes
dans une zone de jungle, sur une petite falaise herbue bordant une
grosse rivière. Le temps est exécrable. Des nuages verdâtres, lourds,
gorgés de pluie roulent dans le ciel. Une pluie fine commence à tomber.
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Le petit commandant attend, les bras croisés derrière le dos, un
peu à l'écart de ses soldats en train de préparer les prisonniers
à l'exécution. Des soldats vietnamiens armés de fusils surveillent
des feus en train de s'éteindre (ce sont les uniformes des prisonniers
qui viennent d'être brûlés) et un groupe d'une dizaine de soldats
américains, dépenaillés, maigres à faire peur, hagards, agenouillés
sur le sol. Les américains sont nus comme des vers. On n'en apprécie
que d'autant mieux leur maigreur cadavérique.
Un soldat sort du groupe et s'approche du commandant. Il le salue,
très droit, très militaire.
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Le soldat : Nous avons fini de préparer les prisonniers, commandant
! Plus aucun lien ne les rattache, désormais, à notre camp : leurs
uniformes ont été brûlés et les chiffres, tatoués sur leurs bras,
effacés à l'acide ! |
Le soldat : Une fois morts, la rivière se chargera de disperser
leurs corps dans toute la région ! |
Case 2 : Plan sur
le petit commandant. |
Il se tourne vers les prisonniers (hors champ) sur le point d'être
exécuté, bras toujours derrière le dos. La pluie dégouline sur son
visage et laisse retomber sur son front une ridicule mèche de cheveux
humides. Il regarde les prisonniers, l'air incroyablement troublé.
Des milliers de sentiments contradictoires se bousculent dans sa tête.
Il est pris entre son voeu d'obéissance au parti et son désespoir
de voir réduit à néant des mois d'expérimentation sur la psychologie
humaine.
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Le soldat : Nous n'attendons plus que votre ordre d'exécuter,
commandant ! |
Case 3 : |
Au premier plan : un prisonnier américain, sans réaction, visage
légèrement penché vers le sol, cheveux et barbe noires, yeux hagards,
nu et agenouillé.
Une main vietnamienne place un revolver contre sa nuque et ramène
le percuteur du revolver vers l'arrière, prêt à faire feu.
Au second plan : Le soldat toujours planté, au garde à vous, près
du commandant, ainsi que le commandant, bras derrière le dos, de trois
quart face, qui regarde son soldat prêt à abattre l'un des prisonniers.
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Case 4 : Même cadrage
que case 3, sauf que le commandant se précipite à grandes enjambées
en direction de du soldat en premier plan, agitant les bras, l'air
d'un fou. Le soldat au garde à vous, le regarde passer près de lui,
stupéfait. |
Le commandant : Non ! Attendez ! Pas comme ça ! |
Le commandant : PAS COMME CA !!! |
Case 5 : Le
petit commandant se retrouve au milieu des soldats américains à genoux
et de ses soldats prêts à les exécuter. Avec vigueur, le visage fiévreux,
il relève le prisonniers aux cheveux et à la barbe noirs. |
Le commandant : Pauvres abrutis ! Vous ne voyez donc rien ?!
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Le commandant : Ces hommes ont-ils l'air de bête féroces, qu'il
vous faille des armes à feu pour les supprimer ??? |
Case 6 : Sous le regard complètement
ahuri de ses hommes, le petit commandant fait s'avancer le prisonnier,
complètement nu, maigrichon, vers la caméra. Le pas est précipité
malgré le regard sans vie du prisonnier, qui se laisse guider par
l'officier vietnamien sans rien dire. |
Le commandant : Non ! Non ! Je les ai métamorphosés... rendus
plus dociles que des nouveaux-nés ! Voyez... vous pouvez faire d'eux
ce que vous voulez ! |
Le commandant : Bien sûr, ils ont l'air vivants, comme ça...
mais j'ai anéanti en eux les principes même de la vie : l'envie, le
désir, la volonté... |
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Case 1 : Plongée.
Le commandant et son prisonnier s'avance à grande vitesse du rebord
de la falaise. Au pied de celle-ci, à 10 ou 15 mètres en contre-bas,
les eaux de la rivière, gonflées et rendues furieuses par les pluies,
se déverse en grondant. La flotte est boueuse et charrie des tonnes
des troncs d'arbres flottant, des feuilles. L'eau écume. |
Le commandant : Aujourd'hui, nous pouvons les conduire à leur
propre mort sans risquer la moindre résistance de leur part ! |
Le commandant : Rien ! Pas même un tressaillement ! |
Case 2 : Contre-plongée. |
Au bas de l'image, l'eau écumante et furieuse de la rivière. Au-dessus,
se dresse la falaise, rocheuse. Le commandant précipite le corps du
soldat américain, nu, dans le vide, direction la rivière. Le soldat
chute sans faire le moindre mouvement, ballotté comme une feuille,
comme si il ne se rendait pas compte de ce qui est en train de lui
arriver. |
Case 3 : Contre-plongée. |
Plan sur le petit commandant Vietcong. Son visage est illuminé d'une
joie délirante. Il pointe un doigt triomphant en direction de l'homme
(hors champ) qu'il vient de précipiter dans la rivière. C'est comme
si il avait apporté l'ultime preuve démontrant la parfaite réussite
de ses expériences psychologiques. La pluie est de plus en plus forte
et s'écrase en grosses gouttes sur son visage... mais il n'en a que
faire.
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Le commandant : REGARDEZ ! Mais regardez ça ! |
Le commandant : Admirez mon succès, comme il est total, absolu
!!! |
Case 4 : Plan sur
le prisonnier, qui s'enfonce dans les eaux tumultueuses de la rivière,
cernés des dizaines de saletés charriées par les eaux, alors que la
pluie dessine des centaines de ronds autour de lui. L'homme ne fait
pas le moindre geste pour surnager. On dirait un mannequin inerte
qui se laisse emporter sans rien dire. |
Le commandant : HA ! HA ! HA ! J'ai réussi à supprimer chez l'Homme
les instincts les plus primitifs ! |
Case 5 : Même cadrage
que la case 4. |
Plan sur ce qui transparaît encore du prisonnier, à savoir, un peu
de cheveux à l'arrière de son crâne et un bout de son dos. Le reste
a déjà été englouti par la rivière furieuse.
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Le commandant : Même son réflexe de survie... Même ça, je le
lui ai volé ! |
Case 6 : Le commandant
se tourne vers ses hommes et les invective, leur ordonnant de faire
comme lui... Il est hystérique. On voit ses soldats qui relèvent précipitamment
les militaires américains encore à genoux. |
Le commandant : Allez ! A votre tour, maintenant ! Amenez-les
par ici ! |
Le commandant : BALANCEZ-LES A LA RIVIERE !!! |
Case 7 : Plan sur
Joshua et l'un des militaires vietcong. Le soldat a enfoncé ses doigts
dans le biceps de Joshua et passé son autre main sous l'aisselle de
Logan. Il lui crie dessus comme si ses cris allaient réveiller Joshua.
Mais celui-ci reste aussi amorphe qu'avant. Il se contente de se laisser
bousculer et guider par le soldat vietcong |
Le soldat : Allons, fils de pute ! AVANCE !!! |
Case 8 : Plan au
bord de la falaise. On voit juste le soldat précipiter Joshua dans
le vide. |
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Le découpage des planches
précédentes :
Images Copyrights © Hirn & Brunschwig
- Editions Delcourt 2002
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