|
Au terme de ce deuxième tome, "Les olives noires"
s'affirment comme un modèle absolu de complémentarité entre un
dessinateur et un scénariste. Il est amusant de constater que
le scénariste en question est lui-même dessinateur (et non des
moindres) tandis que le dessinateur, lui, poursuit sa propre oeuvre
en solo par ailleurs, à L'Association.
|
|
|
Deux auteurs complets qui arrivent à s'oublier ou plutôt à se
rencontrer pour raconter une histoire superbe, à la fois drôle
et touchante, merveilleuse et très proche de la vie, historique
et contemporaine.
|
Comme dans le premier album de ce récit, le petit garçon Gamaliel
est au centre de l'histoire. Il l'est d'autant plus que c'est
à lui, cette fois, que se présente le premier homme du monde,
celui que les autres ne peuvent pas voir et qui parle aux serpents.
La mythologie rejoint le fantastique et le merveilleux n'est jamais
loin de la religion. Tout cela forme une toile érudite mais jamais
ennuyeuse, une toile dans laquelle les personnages de Sfar semblent
pris corps et âme.
|
|
|
Le petit garçon juif et son nouveau "mentor", Josué,
un zélote plutôt acharné, entreprennent un étrange parcours initiatique
qui, comme souvent chez Joann Sfar, mêle aventure et philosophie.
La rencontre d'une communauté de Juifs plutôt contemplatifs dans
une oasis va permettre de très belles confrontations entre les
deux types de pensée. Le prophète Yeshayahou (Lewis Trondheim
croqué plus vrai que nature !) oppose sa sagesse presque intuitive
à l'intolérance doctrinale de Josué. Les textes sont d'une tenue
magistrale et Joann Sfar aborde à travers eux quelques-uns des
thèmes les plus brûlants aujourd'hui encore, 2000 ans plus tard,
dans ce Proche Orient déchiré.
|
Quant au dessin de Guibert, il privilégie comme
toujours une mise en scène à la fois transparente et brillante.
Croquant quelques-uns de ses amis dans chaque album, Guibert ne
cède pour autant ni à la facilité ni à la caricature. Au contraire,
à côté des textes aux consonances très contemporaines volontairement
mis dans la bouche de certains protagonistes par Joann Sfar, son
dessin amène ce qu'il faut de modernité pour sortir ces personnages
historiques du moule précieux de "pièces de musée".
|
|
|
Contemporains jusqu'à la moelle, et donc vibrants, touchants, bouleversants
parfois, ses personnages évoluent dans un décor d'une magistrale simplicité.
La scène de nuit en silhouette sur fond de voie lactée est une vraie
leçon de dessin. Elle dure quatre pages. Elle pourrait en faire le
triple, chaque case est un bijou. |
Thierry Bellefroid.
Images Copyrights
© Sfar & Guibert - Dupuis 2002
|