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Lire l'intégrale de la "Ligue", c'est plonger dans
un monde fantasque et fantastique qui semble ne pas connaître
de limites. Pour Alan Moore, cet exercice mi-ludique mi-parodique
est une occasion supplémentaire de prouver qu'il est l'un des
plus (ou le plus ?) grand(s) scénariste(s) vivant(s) en bande
dessinée.
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Il offre en outre à Kevin O'Neill l'occasion de montrer l'étendue
d'un talent virevoltant qui s'exprime tout au long de ces 144
pages. Hommage à Jules Vernes, "La ligue" exalte nos
récits de jeunesse et ceux de nos pères (voire des pères de nos
pères) pour les transcender et donner une vie nouvelle aux mythes.
Unis à la manière d'un gang de super héros américains, le capitaine
Nemo, Docteur Jekyll, Alan Quatermain, l'Homme Invisible et la
mystérieuse Whilhelmina Murray travaillent pour le compte d'un
Monsieur Bond lui-même aux ordres d'un Monsieur "M"
dont les motivations et le passé ne se découvrent qu'au-delà du
cinquième chapitre.
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Une galerie de portraits décoiffante qui joue avec l'image de
ces célébrités et oscille sans cesse entre les références et l'invention
pure.
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Le cadre de ces aventures fantastiques est Londres. Mais comme
les acteurs de cette étrange comédie, la ville est revue à la
sauce Moore. On est loin ici du Londres de "From Hell",
le chef d'oeuvre absolu de Moore récemment porté au grand écran
et paru en français chez Delcourt il y a deux ans. Dans cette
fresque presque historiquement obsessionnelle retraçant le parcours
de Jack L'Eventreur, la ville victorienne plongée dans le brouillard
était une sorte de cliché.
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Dans "La ligue", elle est au contraire
rêvée, reconstruite par l'imagination de Kevin O'Neill, réinventée
comme un décor de carton-pâte destiné à mieux encore souligner l'aspect
fantastique et irréel du récit. Tout cela témoigne à la fois d'une
maîtrise et d'une inventivité que peu d'auteurs peuvent afficher
aujourd'hui.
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Thierry Bellefroid.
Images Copyrights
© Moore & O'Neill - USA 2001
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