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Il s'appelle Galileo Galilei. En ce début de dix-septième
siècle, il est convaincu de pouvoir prouver que la Terre tourne autour
du soleil. L'Histoire a retenu son nom. Pourtant, il aurait pu tomber
dans l'oubli. A la fin de sa vie, l'Inquisition l'a rattrapé. Et l'a
fait abjurer. C'est à un voyage poétique au cœur de la connaissance
que nous convient Yves Vasseur et Claude Renard. Un voyage initiatique,
aussi. Pour le réaliser, ils ont mis leurs pas dans les traces du
savant pendant quatre années. Ils ont rêvé avec lui sous les étoiles
de Toscane. Ils ont emprunté ses mots, réinventé son journal de bord.
Car "Galilée, journal d'un hérétique" est une autobiographie
supposée du mathématicien. C'est lui qui raconte, qui se raconte,
à travers la langue magnifique d'Yves Vasseur et les dessins somptueux
de Claude Renard. |
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Le livre.
Le livre de grand format et d'une centaine de pages est un véritable
objet d'art. Les dessins de Claude Renard suffiraient à eux seuls à valoir
l'achat de ce bel objet. Réalisés pour la plupart à la mine de plomb,
parfois à l'encre de Chine, parfois au lavis, ils nous font entrer dans
l'univers de la Toscane, dans sa lumière, dans sa profondeur, sans aucun
recours à la couleur. C'est déjà une performance.
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Il fallait un grand dessinateur comme Claude Renard
pour parvenir à ce résultat. Professeur à l'ERG (Ecole de Recherche
Graphique) de Bruxelles, il a enseigné le dessin à Saint Luc pendant
de nombreuses années. Ses élèves : Schuiten, bien sûr (on retrouve
des dessins si proches de ceux de François qu'on finirait par se demander
lequel a eu le plus d'influence sur l'autre) avec qui il a publié
deux livres (Aux médianes de Cymbiola et Le Rail). Mais aussi Berthet,
Cossu, Andréas ou Sokal. Passionné de théâtre, de scénographie, d'illustration,
il donne libre cours à toutes ses envies dans ce vaste projet. Car
« Galilée » est bien plus qu'un livre, nous y reviendrons. Et puis,
il y a le texte d'Yves Vasseur, un collier de mots posé à même la
peau de papier. Ecrits à la main, ils permettent à Galilée de se raconter
à sa manière. Et que cette manière est belle ! |
Quelques
extraits, au hasard :
"Nous arrivâmes à Padoue par une nuit d'éclairs orange.
La ville était moite comme un linge et nos chevaux en vain tentaient aux
margelles des citernes forcloses d'étancher leur soif immense".
Plus loin :
"Marina, c'est un flot de lumière sur les certitudes qui se délitent
comme le sable à la marée, c'est un harnais d'amour sur ma solitude qui
réclame déjà sa part de malheur."
Plus loin encore :
"Dans l'antichambre des Doges, où Elle m'a fait venir, j'attends
sagement assis sur le canapé, genoux joints comme ils me l'ont appris,
comptant sans cesse comme un enfant du siège des infinies patiences les
larges rayures verticales d'ivoire et d'émeraude tissées, j'attends que
Sa Seigneurie daigne faire quérir pour lui donner audience ce gamin de
Pise né sur les berges de l'Arno boueuse et qui prétend conquérir du bout
de sa lunette les confins blafards de l'horizon incertain et toutes ses
nébuleuses."
L'histoire.
L'histoire de Galileo Galilei est passionnante. Parce qu'elle est universelle.
Parce qu'elle est humaine, aussi. Galilée passe par Pise et Padoue, par
Venise et Rome. On chemine avec lui, on regarde les croquis savants, les
tâtonnements, les interrogations qu'il laisse sous forme d'annotations
en bas des pages, on "l'écoute parler" de son monde, de son
époque, des étoiles et des planètes, on observe la façon qu'il a de braver
les interdits.
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Pour convaincre les Doges de l'utilité de son
télescope, il leur dit qu'ils pourront voir au-delà de ce que leurs
yeux peuvent voir. "Sachez qu'il n'y a rien d'existant et de
visible que Dieu et l'Eglise n'aient d'abord admis et confirmé"
lui répond-on. Et lui de répliquer : "Comme Dieu et l'Eglise
prétendent qu'il n'y a point d'enfant en dehors du mariage, j'en ai
pourtant deux déjà, et le troisième fait gros le ventre de ma femme"
Galilée arrivera à ses fins. Il convaincra les Doges en les invitant
sur le toit du Campanile à poser leur œil sur son premier télescope.
Il a ira plus loin. Trop loin, bien sûr. Dénoncé à l'Inquisition,
il devra renier ses écrits et mourra seul, aveugle, loin de tout honneur.
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Le projet.
"Galilée, journal d'un hérétique" est plus qu'un livre. C'est
aussi une somme de travaux artistiques les plus divers. Claude Renard
a réalisé 18 bas-reliefs en Petit Granit de Soignies de 40 x 40 cm sur
socle et cinq autres, de plus grande taille, le plus volumineux étant
de 1,2 m x 1,2 m. Ils forment une sorte de prolongement symbolique et
"solide" à la cosmogonie galiléenne. Ajoutez-y 6 Astrolabes
en métal, pierre et bois ou encore des sculptures mobiles inspirées de
Léonardo da Vinci et vous avez le matériau idéal pour monter une exposition.
C'est ce que va faire la Galerie Ziggourat à Bruxelles,
par ailleurs éditrice du livre. Près de 300 m² d'exposition qui
iront d'abord à Bruxelles (le lieu est encore en discussion, mais
il pourrait s'agir de la très belle Abbaye du Rouge-Cloître), puis
à Sierre, du 14 juin à fin août, à Rome en octobre-novembre, pour
arriver à Paris au début de 2001. L'épouse de Claude Renard a en
outre réalisé une série de bijoux sur le même thème, il y aura donc
des choses à voir.
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Pour en savoir -et en voir- davantage.
Le plus simple est de vous rendre sur le site de la Galerie Ziggourat.
Vous y trouverez quelques animations et des photos de certaines
des sculptures de Claude Renard. Un beau complément à la lecture
hautement recommandée de "Galilée, journal d'un hérétique".
http://www.galerieziggourat.com
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Thierry Bellefroid.
Images Copyrights © Yves
Vasseur et Claude Renard, aux éditions Pyramides 2001
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