La chambre des référés du tribunal de première instance de Bruxelles a rendu le 17 octobre son ordonnance dans le litige opposant la Fondation E.P. Jacobs aux Editions Blake et Mortimer.
La Fondation reprochait à la maison d'édition d'avoir usurpé le nom et l'héritage moral de Jacobs dans la présentation du dernier album qu'elle vient de publier : L'Affaire Francis Blake.
Jeudi 17 octobre en effet, le tribunal des référés de Bruxelles a tranché dans le différend opposant la Fondation E.P. Jacobs à la société anonyme "Editions Blake et Mortimer". Le juge qui avait à statuer sur l'éventuelle usurpation du nom et de l'héritage d'Edgar P. Jacobs dans les pages de couverture du dernier album des aventures de ses héros, a interdit, sous peine d'astreinte, la diffusion de l'Affaire Francis Blake, donnant ainsi raison à la Fondation. Les éditions Blake et Mortimer (Dargaud) vont devoir retirer de la vente cet album dû, non pas à Edgar Jacobs, décédé voici neuf ans, mais au scénariste Jean Van Hamme et au dessinateur Ted Benoit. La Fondation Jacobs, qui gère les droits moraux sur les personnages et l'oeuvre de Jacobs, avait intenté cette action devant les tribunaux car elle considérait que le nom et l'héritage de Jacobs avaient été usurpés par les éditions Blake et Mortimer dans ce 13ème album. Dans cette argumentation dont les grandes lignes se retrouvent dans le dispositif de l'ordonnance rendue par le tribunal, la Fondation Jacobs indiquait que c'était le nom du dessinateur défunt qui était mis en évidence sur la couverture, les noms des véritables auteurs n'apparaissant qu'en bien plus petits caractères. Ce qui est de nature à induire le lecteur en erreur sur la véritable origine de cette 13ème aventure. De même relevait la Fondation, la dernière page de couverture arbore une photo de Jacobs et non celles des deux véritables "pères" de l'aventure incriminée. Ceux-ci étant tout simplement absents de cette dernière page. Plus troubalnt encore, seuls le nom de Jacobs et le titre de l'album sont mentionnés sur la tranche de la bande dessinée....
La partie adverse (les éditions Blake et Mortimer) contestait cette procédure, tant en ce qui concernait sa recevabilité que son urgence et son bien-fondé. Maître Moreau, l'avocat des éditions Blake et Mortimer nous a confirmé hier que son client n'était pas satisfait par cette décision et qu'il allait interjeter appel. Et il a poursuivi en indiquant que les éditions Blake et Mortimer allaient entre-temps se conformer, dans les 48 heures comme le prévoit l'ordonnance du tribunal, à la décision de Justice. Il est vrai que cette ordonnance prévoit une astreinte (une amende) de 10.000 frs par album qui serait néanmoins vendu au-delà de ce délai... - Cette ordonnance pose certains problèmes, a encore indiqué l'avocat. Notamment en ce qui concerne l'interdiction de diffusion. Celle-ci concerne-t-elle uniquement la Belgique ou l'ensemble des pays où l'oeuvre est diffusée ? A priori, seule la Belgique est concernée : la juridiction belge ayant tranché un litige concernant deux associations de droit belge. Toutefois, moyennant une procédure particulière, pareille interdiction pourrait toucher d'autres pays... C'est ce que nous pouvons lire dans l'article paru dans le quotidien Le Soir du 18 octobre, article écrit par Monsieur Christian du Brulle
Prudents, nous avons interrogé Monsieur Francois Pernot, l'un des directeurs de Dargaud France à ce sujet. Ce dernier trouve le procédé quelque peu malhonnête ; à savoir que tous les projets de couverture (il y en a eu plusieurs) et les planches de l'album ont été transmis régulièrement et bien à l'avance à la Fondation pour que ceux-ci aient l'occasion de donner leur avis. Ils auraient été en possession de la dernière version de la couverture trois mois avant que celle-ci ne sorte dans le commerce.
La couverture aurait simplement été réalisée dans le respect des albums précédents afin de garder une certaine homogénéité dans la présentation de la série.
Il est à noter que la Fondation Jacobs aurait introduit sa plainte trois jours avant le sortie effective de l'album !!! Quelque chose n'aurait-il pas été digéré ? Les éditions Blake et Mortimer (Dargaud) auraient-elles osé prendre des risques là ou d'autres auraient hésité ?
Histoire de respect de l'oeuvre de Jacobs ou histoire de gros sous...? No comment....
|